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Stefan Zweig, Le monde d'hier

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Stefan Zweig, l'auteur de 24 heures de la vie d'une femme et du Joueur d'échecs, adressa le manuscrit du Monde d'hier à son éditeur la veille de son suicide, en 1942. Au-delà du récit de sa vie, Zweig fait un formidable livre d'histoire, de géographie, un livre d'art, la narration d'un grand voyage qui le mena de la Vienne de 1900 au Paris de Montparnasse, du Berlin des années 1920 au Londres de 1940 un chef-d' uvre. Ce fin connaisseur de l'âme humaine y dresse également le portrait de tous les grands hommes qu'il croisa, de Freud à Mahler, d'Einstein à Klimt, en passant par Rilke, Rodin, Dalí...

C'est enfin la description des bouleversements dont Zweig a été le témoin, autant que la victime (la
Mittel Europe de 1900, le grand massacre de 1914-1918, la renaissance de l'Europe après-guerre, les espoirs suscités par la République de Weimar, les craintes du Moscou de Staline, l'ascension du nazisme). Le Monde d'hier est bel et bien la biographie du tournant du XXe siècle. De ce document unique et foisonnant, Laurent Seksik a rêvé de faire un beau livre, de marcher dans les pas de l'auteur en montrant ce que Zweig a vu. Des passages entiers du livre choisis avec soin seront ainsi illustrés de photographies et de documents d'époque (avec l'accès aux Archives Zweig de l'Université de l'État de New York), introduits et commentés par Laurent Seksik.

240 pages, Hardcover

Published October 19, 2016

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About the author

Laurent Seksik

36 books13 followers

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Displaying 1 - 7 of 7 reviews
Profile Image for Tessa.
294 reviews
August 23, 2020
Quand j’ai proposé ce livre à mon club de lecture, c’était en relation avec les nouvelles et les romans que j’avais lu de cet auteur, pour son écriture un peu surannée mais dont les personnages étaient tellement bien définis, fouillés psychologiquement (Freud pouvait bien admirer son écriture et souhaiter avoir des clients aux profils semblables). Je comprenais peu son pacte de suicide mais ça m’intriguait. Je ne m’attendais pas à découvrir un intellectuel de si grande stature avec des préoccupations et un engagement tels que j’ai découvert. Je ne savais pas non plus – pour n’avoir jamais rien lu de sa biographie – qu’il avait connu la richesse (l’indépendance de fortune grâce à ses parents) et la gloire alors qu’il a été l’auteur le plus lu et traduit de sa génération. J’ignorais tout cela. Étrange qu’après que son œuvre ai été condamné au bûcher, 70 ans plus tard, elle soit toujours si populaire. Mais laissons là son style mais regardons l’intérêt de son testament biographique.

Même si elle peut être léguée, partagée d’une époque à une autre, la lucidité n’est pas une qualité donnée à tout le monde, écrit Fabien Deglise en décembre 2016 dans sa chronique sur Le Monde d’hier de Zweig.

Lucidité, pacifisme en ce qui a trait au caractère de Zweig, le citoyen apolitique qui vénère le raffinement de la culture européenne, tous arts confondus. Zweig a toujours privilégié nuances, prudences et modérations dans l’expression de ses opinions, au risque même de passer pour un peureux (ref : conférence de presse New York 1941). Il s’est toujours montré réticent à toute forme d’engagement.

Par contre, sa lucidité et la façon dont il nous livre une analyse sans pareille de la tragédie humaine du siècle passé, nous force à constater à quel point les faits relatés dans ces pages résonnent avec ceux que nous vivons. Seksik écrit : certains passages auraient pu avoir été écrits au matin du 14 novembre 2015 (attentats revendiqués par Daech) par le correspondant d’un journal étranger en France :
"J’ai connu la forme et le degré les plus élevés de la liberté individuelle et la dégradation la pire qu’on eût vécu depuis des siècles… J’ai vu se répandre parmi les masses les grandes idéologies, (..) et avant tout, cette pestilence des pestilences, le nationalisme qui a empoisonné la fleur de notre culture européenne." Les temps changent, écrit-il, les hommes ne changent pas.

J’ai appris par cette lecture une quantité énorme de renseignements sur l’histoire de la première guerre mondiale, sur la crise de l’entre deux-guerre (d’un point de vue européen) sur la montée du fascisme en Italie et du nazisme en Allemagne (ce peuple militariste, comme le décrit Zweig), sur les relations amicales entre artistes des différents pays européens que je ne soupçonnait pas : Toscanini l’Italie, Romain Rolland et Paul Valery la France, James Joyce l’Irlande, H. G. Wells l’Angleterre, Bartok la Hongrie. J’ai appris aussi que la 2e guerre mondiale n’était pas le fait d’un seul homme, Hitler, mais qu’elle était soutenu par l’industrie lourde, les industriels avec des intérêts purement capitalistes. L’Ordre du jour d'Éric Vuillard (Goncourt 2017) développe cette thèse. J’ai appris que Hitler n’était pas pris au sérieux par l’intelligentia allemande, lui qui n’avait pas dépassé le lycée alors que tous les hommes de pouvoir allemands devaient obligatoirement, à cette époque, avoir fait des études universitaires.
Et je n’en suis pas revenue de la clairvoyance de cet écrivain qui avant tout le monde pressentait la catastrophe, aussi bien pour la grande guerre que la 2e.

Ce livre, qualifié de chef d’œuvre, a été écrit dans sa première version en 5 semaines, vers la fin de sa vie, sans les notes ni la documentation personnelle auxquelles l’auteur était si attachée et qu’il utilisait pour la rédaction de ses biographies mais dont il était privé au Brésil. L’homme qui rédige ce livre est un exilé qui possédait tout et qui a tout perdu mais dans son récit, aucune plainte ni lamentation. Il y a dans ce récit une quête de restitution qui fait penser à La Recherche du temps perdu de Proust.

En opposition, la passion, qu’elle soit motivée par des ambitions politiques ou par de pulsions sentimentales, est le leitmotiv de son écriture aussi bien romanesque que pour ses biographies, alors que rien ne semble plus éloigné de sa personne : on le décrit comme un être contrôlant tout ou tentant de tout contrôler, un homme paraissant ne jamais se laisser déborder par les sentiments. Si on cherche la passion dans Le Monde d’hier, on la trouvera dans sa passion de l’écriture à quoi il a voué toute sa vie. Et sa passion de collectionneur d’autographes pour lesquels il était devenu un vrai connaisseur. Une énorme capacité d’analyse de ses propres comportements, de l’histoire qui s’écrit.

Un mot sur Vienne, ville cosmopolite qui a vu naître ce que la culture européenne a produit de plus sensible : Rilke, Klimt, Mahler, Joseph Roth, Musil, les chefs d’orchestre Bruno Walter (naturalisé Autrichien en 1910) évidemment Freud dans un autre domaine.
129 reviews1 follower
June 14, 2022
Un livre qui retrace avec une grande lucidité les événements marquants du XXeme siècle et notamment les deux guerres mondiales. Stefan Sweig était un auteur juif né à Vienne, extrêmement populaire entre les deux guerres et maintenant encore. Avide de connaissances, de culture, il a aussi beaucoup voyagé, côtoyé les plus grand penseurs et artistes de son temps: Freud, Dali, Rodin, Klimt... il se considérait ainsi européen plutôt qu'autrichien, apolitique.. Il commente avec mélancolie et tristesse la montée du nazisme notamment lui qui a principalement œuvré pour la paix.. La première partie du livre relate le sentiment de sécurité et de stabilité qui régnait en Europe dans les années 1900, on voit aussi que les différentes montées des nationalismes sont dans un premier temps largement ignorées par la population et les gouvernements, que ces mouvements sont financés par les industries capitalistes qui en profitent. Un récit tout en mesure et modération, qu'il livre à son éditeur en 1942, quelques jours avant son suicide.
On peut aisément dresser des parallèles avec le monde de demain, notre monde d'aujourd'hui, pas bien plus élevé moralement, toujours relativement instable et donc simplement chérir notre liberté et notre paix qui règnent globalement en Europe depuis 75 ans!
Profile Image for Julie Luinyy.
66 reviews1 follower
August 4, 2019
Des réflexions incroyables sur la société européenne entre 1914 et 1940. Quel talent ! La mise en perspective de l'éclatement des 2 guerres mondiales est remarquable. Et quel déchirement d'assister à la déchéance de l'auteur au sein de l Autriche sous domination nazie.
Le feuilleton de France Culture est définitivement passionnant, je vais me procurer l'ouvrage papier pour aller plus loin.
7 reviews1 follower
December 8, 2023
Je me suis sentie si proche de l auteur comme une confidente, une amie, tellement en phase avec ce citoyen du monde, cet européen avant l' heure aimant la paix et qui a tout perdu face au déchaînement de la brutalité humaine
Profile Image for Jeanne.
103 reviews1 follower
June 24, 2020
Interesting read, culturally and historically rich! Would recommend
37 reviews
December 23, 2019
Coup de Coeur 2019. Une lecture fascinante et indispensable
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