Dans le royaume d'Ombre, les femmes qui possèdent le don sont persécutées par le Clos, ordre religieux patriarcal qui voit en elles une menace. C'est dans la cité devenue légendaire de Sav-Loar, protégée par une série de sorts et d'illusions au coeur de la forêt des Songes, que se réfugient ces femmes depuis des décennies. Lorsqu'à l'adolescence, Bleue découvre ses puissants pouvoirs, elle s'allie à un groupe d'esclaves pourchassés par des hommes du Clos pour rejoindre la ville des magiciennes bannies. Au cours de ce périple dangereux, elle croisera Fèl, une beauté manipulatrice et éprise de liberté, et Til'Enarion, un redoutable membre du Clos qui traque les jeunes magiciennes pour les éliminer... Les prémices d'une guerre impitoyable se profilent entre les magiciennes et le Clos. De quel côté se rangeront Bleue, Fèl, Til'Enarion et leurs compagnons dans ce conflit ? Un mythe pourra-t-il renverser l'ordre établi ? Leur seul espoir : rejoindre Sav-Loar, la ville des magiciennes, dissimulée au coeur du royaume d'Ombre !
Une jeune auteure déjà confirmée dans la fantasy et le thriller : elle a obtenu le Grand Prix du Journal de Mickey ainsi que le prix des Imaginales 2016
Née en 1987, Manon Fargetton a grandi à Saint-Malo. Régisseur lumière, elle est passionnée par le théâtre et les littératures de l’imaginaire. Elle a été publiée dès 2005 puis a écrit chez Mango Aussi libres qu’un rêve et la trilogie June. Elle vit à Paris.
FR Six petits jours pour le lire, et pourtant, j'ai l'impression d'avoir vécu toute une vie avec les personnages. J'ai ADORE ! L'écriture, les personnages, les réflexions, l'histoire, les reflets de l'actualité : tout était parfait. Je n'ai pas pu retenir mes larmes à la fin. Une aventure, une épopée … Mais, maintenant, j'en veux encore !!
EN Six little days to read this book, and I felt like I lived an entire life with the characters. I LOVED it SO MUCH!! Be it the writing style, the characters, the reflexions, the story, the way it reflects our society: it was perfect. I couldn't help myself and shed some tears at the end. So hard to part from them all, and watch some die… my poor heart! It was an adventure, an epic… And now, I want MORE!! (and I hope it'll be translated in English one day!)
Fans de fantasy, de magie, d’univers complexes hyper bien construits et immersif et, surtout, fans d’héroines badass à souhait: ce roman est pour vous. Gros gros gros coup de coeur. Les 850 pages sont passées beaucoup trop vite. J’ai adoré l’intrigue, les rebondissements, les personnages, les constructions et déconstructions du genre qui parsèment ce roman et aussi, bien entendu, l’ode à la féminité qui est un pilier de ce livre. Ce roman est somptueux!
Que dire pour résumer plus de 800 pages d'une fantasy foisonnante, originale et surprenante ?! Je ressors fortement impressionnée et touchée par ce roman dont la richesse se situe bien au-delà d'un univers bien construit et de personnages complexes. Dans ces quelques centaines de pages, Manon Fargetton s'empare de sujets sensibles avec une finesse et une audace qui ne laissent pas indifférents. Cette plume élégante et percutante donne ainsi à ce roman de fantasy une incroyable portée féministe. Et quand je dis incroyable, c'est vraiment incroyable ! Les femmes de ce roman, magiciennes ou non, sont merveilleusement badass 💪 des forces de caractère, des tempéraments bien trempés et des volontés farouches de liberté et d'affranchissement du patriarcat. La question de la liberté de disposer de son corps est abordée franchement, les femmes ne s'excusent pas de ce qu'elles font, elles assument leurs choix et ne se laissent pas juger par autrui. Et en même temps, il y a une vraie réflexion sur tous ces sujets, des prises de conscience, des débats, des conflits intérieurs. Le roman se déroulant sur plusieurs années, on a le temps de voir les personnages évoluer, voire de changer d'une façon que seul le temps peut permettre.
Mon seul regret (et la raison pour laquelle je ne mets pas 5 étoiles) ? Toute cette histoire aurait facilement pu donner 2 ou 3 tomes tant on aimerait mieux connaître chaque personnage et rester plus longtemps dans cette histoire qui aurait pu s'étirer sans ennuyer. En creusant encore plus cette fabuleuse histoire, j'aurais été totalement accro je pense !
On se retrouve aujourd’hui avec un ouvrage de fantasy joliment intitulé Les illusions de Sav-Loar, de Manon Fargetton. Un auteur dont j’avais très envie de découvrir l’univers depuis la sortie de L’héritage des Rois-Passeurs l’an dernier, et dont le nouveau roman, paru en novembre, a finalement atterri dans ma pile à lire avant son prédécesseur, grâce à Babelio et à sa masse critique du mois dernier. J’ai découvert une plume agréable et passionnante, et j’ai très envie de vous en parler.
Tout commence sur un marché aux esclaves, où l’on fait d’emblée la connaissance de celles qui vont devenir les héroïnes de cette aventure : Fèl, belle et rebelle, habituée à user du moindre de ses atouts pour survivre du mieux possible, et la jeune Bleue, qui élève la discrétion au rang d’art véritable, et dont les puissants pouvoirs magiques ne tardent pas à se déclencher avec la puberté. Toutes deux achetées dans le but de rejoindre le harem du Sker, les voilà bientôt liées à leur corps défendant et embarquées dans une aventure qui va de loin dépasser leurs petites personnes.
Ces deux personnages féminins sont indubitablement l’un des points forts de cette histoire. Fèl est une jeune femme indépendante et éprise de liberté, qui refuse toute forme d’attachement qu’elle considère comme une entrave. Bleue, quant à elle, voit son innocence réduite à néant au contact du Sker, et la magie qu’elle développe la met cruellement en danger. Car dans le royaume d’Ombre, les magiciennes sont exterminées par les mages, qui craignent la puissance de leurs illusions. Deux femmes fortes et fragiles à la fois, auxquelles on s’attache avec une facilité déconcertante.
Elles sont entourées d’une galerie de personnages tout aussi intéressants : Oreb, le guérisseur, Guilhem le pur, Tiriss la guerrière, mais aussi Manala la magicienne, ou encore Til’Enarion le magicien du Clos… Tous sont différents et bien travaillés, j’ai envie de dire qu’il y en a pour tous les goûts ! Le second point fort de ce roman, c’est indubitablement son univers. Car entre l’aride Désert des Regrets et la profonde Forêt des Songes où se dissimule la légendaire cité de Sav-Loar, le dépaysement est garanti. J’ai été littéralement fascinée par la cité des magiciennes et son organisation, mais aussi par l’Ile-Qui-Rêve et les dons de ses guérisseurs.
Un roman qui parle de magie, certes, mais aussi de liberté, de vengeance, de religion, d’intrigues politiques et de rédemption. Une aventure épique très rythmée, une plume enlevée, des personnages attachants et un univers passionnant, tout est réuni pour vous faire passer un excellent moment de fantasy. J’ai adoré, et je ne saurais trop vous le recommander.
Les illusions de Sav-Loar est un roman de fantasy (adulte), paru en 2016, situé dans le même univers que le précédent livre de Manon Fargetton, L’héritage des Rois Passeurs, et publié comme celui-ci aux éditions Bragelonne (les deux ouvrages sont également disponibles en format poche ainsi qu’en numérique chez le même éditeur). Pour les lecteurs du livre précité qui ne connaîtraient pas Sav-Loar, je me permettrai de faire une série de comparaisons pour mettre en évidence les ressemblances et dissemblances entre les deux romans. En effet, si les deux volumes se déroulent dans le même univers et se croisent, autant en matière d’informations que de personnages, ils n’empruntent pas le même chemin générique et leur construction diverge en tous points.
Ce commentaire contiendra le moins de révélations possibles sur le contenu du roman !
Pour commencer, L’héritage des Rois Passeurs relevait de ce qu’on pourrait nommer la fantasy épique, c’est-à-dire qu’il comprend, comme bon nombre d’ouvrages de fantasy publiés de nos jours, une introduction, un nœud, et un climax (ainsi qu’une variété d’autres éléments que je ne citerai pas). En outre, l’intrigue est circonscrite dans un cadre temporel court, avec un nombre limité de personnages, et un évènement central qui représente le cœur du roman (le combat de Ravenn et de ses compagnons pour récupérer son trône et asseoir son règne). Au contraire, Les illusions de Sav-Loar se rapprocherait plus d’un ouvrage tel que Métamorphoses de Samantha Bailly, en cela que ces deux ouvrages comportent un objectif biographique qui ne correspond pas au schéma narratif épique. Le scénario du roman se déroule sur une période de neuf ans et suit les trajectoires de plusieurs personnages dont les aventures s’échelonnent en plusieurs épisodes qui revêtent chacun leur importance.
Malgré la présence de plusieurs personnages et de plusieurs points de vue, le roman reste centré autour de Bleue, de son enfance à sa vie de jeune adulte. Le lecteur ayant lu L’héritage des Rois Passeurs avant Sav-Loar sait déjà dans quelle situation les femmes capables d’utiliser la magie se trouvent en Ombre : elles sont traquées et tuées dès la manifestation de leurs pouvoirs magiques (vers le début de l’adolescence), et celles dont le don n’est pas développé au point de présenter un danger pour les magiciens du Clos (leurs ennemis, ceux qui les traquent, et qui gangrènent la politique du royaume d’Ombre), voient leurs pouvoirs bridés (avant même qu’elles prennent conscience de leurs dons, une aiguille est enfoncée à la base de leur nuque, entre deux vertèbres, pour stopper le flux magique – la plupart d’entre elles ne sont pas conscientes d’avoir été ainsi mutilées).
Les illusions de Sav-Loar est un roman qui m’a plu bien au-delà de L’héritage des Rois Passeurs auquel j’avais déjà attribué une bonne note et qui m’avait surprise sur bien des niveaux. Cependant, une fois que vous aurez lu Sav-Loar, vous comprendrez que Manon Fargetton n’avait pas encore déployé toute l’étendue de son talent ! Si je commentais un film, un jeu vidéo, ou une série, j’utiliserais l’expression « bigger & better ». Sav-Loar est « plus » sur tous les niveaux. Le roman nous fait voyager à travers des contrées à peine évoquées dans L’héritage des Rois Passeurs, les informations foisonnent (sans pour autant inonder le lecteur), les personnages sont chacun dotés d’une psychologie et d’une histoire uniques et originales, les enjeux sont à la fois plus personnels et plus grands, l’amplitude temporelle ouvre la voie à un développement poussé des protagonistes et des antagonistes… En fait, le seul bémol que représente une telle lecture réside dans le fait que L’héritage des Rois Passeurs risque de vous paraître « moins »…
En parlant de L’héritage des Rois Passeurs, justement, je me demandais au début de ma lecture comment les deux romans viendraient à se croiser, et s’il était possible pour un lecteur n’ayant jamais lu le premier roman de plonger sans encombres dans le second (pour être passée en salon du livre il y a peu de temps, visiblement, cette question revient souvent ?). J’ai mentionné plus haut Métamorphoses de Samantha Bailly. Ce n’est pas innocent. C’est un roman qui est présenté de la même manière que Sav-Loar : un ouvrage inscrit dans une série, un univers, mais que l’on peut lire indépendamment. C’est également un roman qui m’a plu, et qui était le premier roman que je lisais de cette auteure. Malheureusement, mon plaisir de lecture a dégringolé en fin de volume. Malgré toutes ses qualités, Métamorphoses n’a, pour moi, pas réussi à redresser la barre, faute à, probablement, une mauvaise communication, puisque la fin du roman n’a aucun sens pour qui n’a pas lu la série précédente de Samantha Bailly, Oraisons. En effet, d’un chapitre à l’autre, les personnages sont pris de réactions étranges et soudain fascinés par une jeune fille sortie de nulle part (l’héroïne d’Oraisons, donc), alors qu’en apparence, ils ont d’autres chats à fouetter. Je craignais donc que Sav-Loar répète cette erreur. Or, le caractère épisodique de l’ouvrage a permis ce tour de force, ou plutôt ce tour d’adresse. Le retour de la princesse Ravenn se déroule dans l’avant-dernier épisode, laissant de cette façon à Sav-Loar l’occasion de clôturer son récit de manière originale. Il est donc possible que le lecteur soit perdu, mais seulement momentanément, et Manon Fargetton fait en sorte que ce qui doit être compris pour Sav-Loar soit compris, et que ce qui n’appartient qu’à L’héritage des Rois Passeurs, demeure l’apanage des Rois Passeurs. En conclusion, oui, il est tout à fait possible de lire et d’apprécier Sav-Loar sans avoir lu L’héritage des Rois Passeurs.
Autre gros point positif du roman : la modernité du récit et des personnages. Les personnages sont originaux, on compte parmi eux un médecin qui cherche vengeance, une courtisane qui n’en est pas une, un shaman à la dérive, des personnages de tous âges et de tous horizons qui ne s’insèrent pas des les schémas narratifs éculés et qui sont par conséquent d’une grande modernité. Manon Fargetton ne nous parle pas de héros au sens épique, elle nous parle de personnes. Elle brosse des portraits crédibles qui ne cherchent ni à séduire (les protagonistes) ni à repousser (les antagonistes) les lecteurs. Elle s’y prend avec tant de finesse que vous finirez par apprécier lire les points de vue des antagonistes les moins rédemptables (sans pour autant oublier la raison pour laquelle ce sont des antagonistes), et parfois grimacer devant les passages contés par les protagonistes qui vous plaisaient cinquante pages plus tôt (sans pour autant oublier pourquoi ils font ces choix – et comprendre ces choix). Les personnages, leur parcours, leur psychologie, sont très soignés et représentent la force des Illusions de Sav-Loar.
Il n’y a pas que les personnages qui s’inscrivent dans une écriture moderne, le récit et l’univers lui-même est profondément actuel. Il me rappelle d’ailleurs La servante écarlate de Margaret Atwood. Dans sa postface, Atwood explique qu’elle n’a rien imaginé des souffrances de ces femmes (La servante écarlate est une dystopie dont les premières victimes sont les femmes), qu’elle n’a fait qu’emprunter à l’histoire humaine ses plus sombres moments. Sans en avoir la certitude, j’ai l’impression que le projet de Manon Fargetton (mis à part son univers de fantasy), n’est pas très éloigné de telles considérations. Je trouve cela brillant, bien pensé, en termes de construction littéraire. En termes plus sociaux, et personnels, Manon Fargetton nous remet face au monde. Beaucoup disent lire pour échapper à une actualité oppressante, mais ce n’est que la part visible de l’iceberg. Oui, il nous arrive de lire pour nous évader. Mais le vrai lecteur sait qu’il lit pour comprendre le monde et ceux qui l’habitent. En ce sens, l’auteure nous délivre un parfait croisement entre l’échappée et la confrontation. On peut lire Les illusions de Sav-Loar pour le plaisir. Mais il est impossible d’en ressortir en ignorant le monde.
Les illusions de Sav-Loar s’inscrit de plus dans une longue (et trop souvent ignorée) tradition des récits de fantasy féministes (le féminisme, qui semble être aujourd’hui devenu un vilain mot, un mouvement humaniste pour l’égalité des sexes). La fantasy comprend beaucoup d’auteurs qui se désintéressent de la question et prennent le contexte passéiste (par exemple, d’inspiration médiévale) comme prétexte pour traiter les personnages féminins de manière molle et peu recherchée (en clamant que « oui mais avant c’était comme ça », merci Sherlock). À côté de ces auteurs, heureusement, persiste une part d’écrivains qui délivre des romans qui pansent les plaies occasionnées par les premiers, avec plus ou moins de tact, et, parmi eux, il y a des auteurs comme Manon Fargetton qui prennent la question à bras le corps, sans pour autant sacrifier ni la beauté de leur texte, ni les aventures de leurs protagonistes. Les illusions de Sav-Loar, comme L’héritage des Rois Passeurs, s’inscrit dans une perspective contemporaine qui refuse les excuses et évite les écueils, où l’on présente une situation initiale sexiste et injuste, que les protagonistes viendront modifier pour rétablir une égalité de fait et de droit.
Je vous ai dit beaucoup de bien sur Les illusions de Sav-Loar jusqu’à présent, car c’est, effectivement, un roman de fantasy à recommander (sous réserve de prévenir le futur lecteur de la dureté du traitement réservé à certains personnages). Jusqu’à présent, j’ai aussi beaucoup chipoté sur des détails, permettez-mois donc de continuer ce chipotage sur les rares éléments qui ne m’ont pas plu dans le roman.
Si vous êtes un grand amateur d’action (comme moi), et de bonne bagarre (toujours comme moi !), Les illusions de Sav-Loar délivrera des scènes d’action et de bagarre et remplira parfaitement son contrat. Toutefois, ces scènes sont, selon moi, et selon les standards de la bagarre en fantasy, trop brèves. Comprenez-moi, un duel, un échange de coups de poings, peuvent être brefs, rapides, rythmés… Mais une bataille navale devrait s’étendre sur un nombre conséquent de pages. Une bataille, ce n’est pas seulement un échange de coups et des chiffres (armes, combattants, etc.). Une bataille demande de développer une stratégie claire (et toute la difficulté de la stratégie, en fantasy, consiste à rendre celle-ci crédible et compréhensible sur papier sans emprunter trop clairement à l’histoire, aux stratèges, à d’autres auteurs, etc.), des enjeux, une description des armes spécifiques (surtout si celles-ci sont inventées pour l’occasion), une focalisation comprenant plusieurs points de vue pour décrire la bataille dans sa totalité… La plupart de ces éléments se retrouvent dans Les illusions de Sav-Loar mais en trop petite quantité, ce qui tronque la grandeur du combat.
Les deux pierres d’achoppement qui ont, selon moi, empêché Sav-Loar d’atteindre la perfection, concernent également la bataille finale (dans ce paragraphe, quelques spoils). Tout d’abord, je ne comprends pas pourquoi Fèl s’engage dans la bataille. Sacrifier tant de vies pour une femme qu’elle a aimée dix ans auparavant est difficile à croire, surtout quand on sait qu’elle n’a jamais rencontré l’hostilité des Aranéides (les a-t-elle seulement rencontrées ?), et, en outre, quand une grande partie de l’histoire de Fèl a été consacrée à trouver une manière, pour elle, de tourner la page. Je peux imaginer qu’elle rende service à Ravenn à cause de leur passé commun, mais prendre part à une guerre, c’est une autre histoire (c’est suicidaire, disons-le). Le deuxième élément qui a entravé ma lecture apparaît au même moment, puisqu’il s’agit des Aranéides elles-mêmes. Pour quelles raisons ces femmes vont-elles au combat ? Tout bon vilain a une bonne raison. La raison d’abord évoquée par les Aranéides est la rancune accumulée par des siècles d’oppression des femmes et des magiciennes. Dans une certaine mesure, c’est une raison que nous pouvons comprendre (qui n’a jamais eu envie de se venger des inégalités ? Même de manière violente et irrationnelle ?). Les proportions de leur combat sont énormes, et la raison pour laquelle, parmi elles, personne ne questionne cette idéologie violente, est justement ce qui m’a un peu ennuyée. Après avoir lu L’héritage des Rois Passeurs et la quasi-totalité des Illusions de Sav-Loar, j’avais eu deux très bons récits, modernes, construits, avec des personnages qui avaient, chacun, leurs raisons de partir au combat, ces raisons donnant de l’ampleur au récit, rendant les enjeux parfois insupportables… Or, les Aranéides, à leur origine, ont entendu la voix d’un dieu, en ont tiré des conclusions, ont créé un culte cruel, endoctriné des dizaines de milliers de femmes, torturé et réduit des hommes à un état d’esclavage le plus infâme… Je me doute qu’il est possible d’ériger un tel culte, cela s’est déjà vu, mais les proportions de ce culte, et les raisons de sa création, m’ont amenée à ne pas apprécier les Aranéides en tant qu’antagonistes, dans ce récit qui m’avait habituée à des enjeux plus subtils, dans ce récit éloigné de la dichotomie traditionnelle du bien et du mal.
Enfin, avant de clôturer ce (long, très long) commentaire, j’aimerais souligner que, dans les derniers chapitres, Manon Fargetton se surpasse. Son écriture a toujours été impeccable, parfois poétique, toujours tournée vers le lecteur. Néanmoins, dans les derniers moments, l’écriture touche au sublime. Je vous mets au défi de ne pas verser une larme en terminant Les illusions de Sav-Loar. Quant à moi, je guetterais le retour de Manon Fargetton dans la fantasy adulte avec beaucoup d’attention (peut-être pour un troisième voyage en Ombre ?).
Il mérite bien ses cinq étoiles, j'ai été bluffée par la maîtrise de Manon Fargetton à employer une plume magnifique en réinvestissant le monde d'Ombre et en donnant vie à des personnages extraordinairement humains 💜
Un nouveau roman préféré, je l'ai lu après qu'une de mes meilleures amies me l'ait recommandé et je me suis plongée dans ce monde fantastique tête baissée, pour en émerger 850 pages plus tard, en demandant plus! J'étais investie dans cette histoire du début à la fin, les personnages de Bleue, Fèl, Oreb, et compagnie sont devenus certains de mes personnages préférés de tous les temps. Ce livre est plein d'ellipses afin de suivre une histoire qui se passe sur environ dix ans, mais personnellement j'aurais lu avec plaisir des passages plus lents détaillant ces personnages et leur parcours plus en profondeur.
Si vous avez lu La quête d'Ewilan dans votre enfance, ce livre de fantasy adulte est fait pour vous. Plus qu'à me jeter sur l'autre bouquin dans cet univers...
Intelligent, subtil, des personnages hauts en couleurs et avec des personnalités qui comportent différentes couches. Personne n’est blanc ou noir ici (à part peut-être Sker Nazar) et c’est ce que j’ai aimé par dessus tout ! Belle découverte !
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3,5⭐️ Des très bonne choses dans l’ensemble : un système de magie comme j’en ai jamais vu, des rebondissements et des personnages attachants ! malheureusement trop d’infos par moment, avec de nombreux personnages et des scènes « longues »
TW : je mets les premiers sans spoiler car ils sont très importants : scène de viol explicite, viol sur mineure (mentionné), viol collectif (mentionné très brièvement) Pour les autres :
L'autrice a voulu écrire un roman féministe, c'est indéniable. Mais l'exécution ne m'a pas du tout plu. Malgré les 860 pages, tout est fait à la hâte. On a pas le temps de se poser avec les personnages, d'intégrer ce qui leur arrive. Les multiples ellipses m'ont empêchée de me plonger dans l'histoire, de m'attacher aux personnages. Des thèmes très lourds sont abordés mais seulement survolés. La scène de viol explicite intervient très tôt dans le récit sans que je n'y vois aucun intérêt (on pourrait presque croire que ça a été écrit par un homme lol). Au final, j'ai trouvé que tout était maladroit. Le rythme de l'histoire, la façon dont les thèmes sont abordés, la dynamique des relations entre les personnages... et ne parlons même pas de la romance. J'ai retrouvé là ce qui m'a toujours agacée dans les livres de l'autrice : des romances auxquelles on ne croit pas du tout.
Les 2 étoiles que j'attribue à ce livre sont dédiées à la plume agréable de l'autrice et à certaines idées que j'ai tout de même appréciées. Mais en reposant ce livre et après en avoir discuté avec mon frère, je me demande si l'âge de l'autrice lors de l'écriture et le moment où ce livre a été publié n'expliquent pas tout ce qui m'a déplu. Je serais vraiment curieuse de voir ce que l'autrice dirait de ce livre aujourd'hui. En tout cas, ça a été une déception pour moi. Dommage!
L'histoire débute avec une rencontre qui va changer la vie des 6 protagonistes dont on va suivre le parcours durant plusieurs années. Fél, jouant de sa beauté et Bleue, jeune adolescente secrète sont achetées sur le marché comme esclaves ainsi que Guilhem, un homme d'arme, Tiriss, une femme mercenaire et Orub, un guérisseur. Ils sont examinés par Amesan, le médecin aux intérêts ambigus du demi-Dieu, pervers et sadique, Sker. Il y a une multitude de personnages qui parcourent les pages de ce long roman mais on les remet sans mal. Ils en sont la richesse même si le roman à son lot de morts qui font mal 🙁 L'univers est riche et développé. On découvre au fil de l'histoire, des couches sous les couches, des secrets qui se dévoilent, des Dieux dans l'ombre, des intérêts divergents etc... Les combats et batailles sont rondement menés, on ne s'ennuie pas une seule seconde. Mais ce livre, c'est surtout une leçon de vie, de liberté, de tolérance et une réflexion sur la condition humaine tant du côté féminin que masculin. J'ai craint au début que ce roman ne vire au pamphlet féministe mais l'auteur évite ce dérapage avec maestria,. Les personnages féminins évoluent, apprennent, soupèsent tout en restant des caractères forts et badass, avec leurs règles souvent dures et intransigeantes. On a droit des magiciennes qui haïssent les hommes et n'ont qu'une obsession se venger en leur rendant la monnaie de la pièce, d'autres qui ne rêvent que de paix dans cet havre qu'est Sav-Loar et celles qui pensent que l'égalité est possible et que la haine ne mène à rien. On a leur équivalent du côté des hommes aussi et c'est un gros plus parce que si ca dénonce le patriarcat. Au final, ça ne résume pas tous les hommes à des oppresseurs. Ce sont ces conflits, ces remises en question, ces analyses que j'ai adorés. Les personnages sont creusés et tout en nuance même du côté des antagonistes. Les mondes, les différentes magies, les légendes qui se mêlent à la réalité, la fantasy et la modernité des sujets enrichissent tout cet univers sans l'alourdir. Une excellente surprise que je conseille aux amoureux de la fantasy mais aussi aux curieux... ❤ ❤ ❤
Un très beau livre, avec un beau message. Je ne m'attendais pas à ce que j'ai trouvé. C'était mon premier livre de Manon Fargetton, et après l'avoir fini, je sais que je lirai ses autres livres.
Deux points en particulier m'ont frappé. Le premier, ce sont les thèmes abordés, qui sont tout sauf simples : l'esclavage, le viol, la grossesse, la vengeance, la différence, la peur et la haine de l'autre, l'égalité, la guerre, la propagande... et tout ça, j'ai trouvé, avec brio. Voilà un livre qui fait énormément réfléchir, à des thématiques qu'on pourrait étudier en cours de philo. C'était parfois crû, souvent triste, toujours touchant. J'ai d'ailleurs pleuré plusieurs fois.
Ensuite, le deuxième point fort de ce livre, ce sont les personnages. Au début, je n'en pensais pas grand choses. Sauf que le livre fait quand même 861 pages, c'est un pavé... qui se déroule sur plusieurs années. On a donc le temps de découvrir les personnages, de s'attacher à eux, et surtout de les voir évoluer. Car les personnages de Les Illusions de Sav-Loar ne stagnent pas : ils souffrent, subissent, se relèvent, se découvrent, et changent. J’ai particulièrement aimé suivre les aventures du petit groupe de Fèl, Oreb, Guilhem et Tiriss. Les dieux jouent également un rôle ici. J’ai particulièrement détesté Aa et Izil, qui sont des dieux égocentriques, qui se savent immortels et intouchables, et qui méprisent toute autre vie que la leur. Pour eux, les vies humaines ne valent rien, tout n’est qu’un jeu, plus ou moins intéressant, selon qu’il pique leur intérêt ou pas. Bref, leur politique est de ne rien faire pour aider l’humanité, mais au contraire de pimenter leur observation en orchestrant guerres et désastres…
Je trouve la fin particulièrement touchante, et, c'est mon ressenti, libératrice. Une véritable bouffée d'espoir. Je pense que j'ai rarement été autant touchée par un livre. J'ai les larmes aux yeux rien qu'en écrivant ce commentaire, et je viens juste de fermer le livre.
L'intrigue est vraiment pas mal non plus, et c'est intéressant de voir le retournement de situation à la fin.
En bref, un très bon livre, que je recommande vivement, très touchant, très "vrai". En plus l'auteure est malouine... j'aurais dû me douter dès le début que ce serait excellent !
J'ai absolument adoré ce livre ! Au tout début, on a l'impression que ça va être un peu manichéen et assez facile pour les personnages, mais on découvre (avec un choc) que ça va être au contraire très compliqué. Et au fur et à mesure de l'histoire, on découvre que les personnages ne sont vraiment pas en 2D mais sont des êtres complexes avec un passé qui les pousse à prendre certaines décisions, qui nous paraissent parfois bonnes ou mauvaises mais sont toujours justifiées pour le personnage. Vraiment très bien construit, ce livre ce dévore du début à la fin.
L'histoire croise celle des Rois Passeurs, mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire de l'avoir lu pour apprécier celle-ci. Même si je recommande vivement de lire d'abord les Rois Passeurs, ne serait-ce parce qu'il était très bien aussi
Je pense avoir retrouvé avec ce livre la sensation que j'ai eue en lisant June à 12 ans. Je sais que cette autrice est absolument géniale, que chaque texte que j'ai lu d'elle a été une très bonne lecture, voire un coup de cœur... Mais Les Illusions de Sav-Loar a été un véritable "wahou" (j'en perds mon français). Les personnages, magicien(ne)s ou non, sont terriblement humains, dans toute leur beauté et leurs imperfections. On assiste, impuissants, à la mise en place d'un véritable massacre, opposant a priori les femmes et les hommes, mais aussi plus simplement deux groupes que les méfiances réciproques ont poussé à s'éloigner jusqu'à se détruire mutuellement, sans plus de place pour le doute ou la compassion. J'ai laissé échapper plusieurs larmes, et j'ai eu toutes les peines du monde à me détacher de l'histoire une fois la moitié du roman dépassée.
Un vrai coup de cœur pour ce livre et pour l'autrice de ce livre qui sait créer des personnages aussi imparfaits qu’intéressants et attachants. L'univers de cet œuvre est dense et foisonnant, l'histoire racontée haletante et impitoyable, les thèmes abordés par ces biais essentiels...
Pour le moment mon périple est achevé puisque Manon Fargetton n'a pas écrit d'autre livre dans cette univers mais j'espère sincèrement qu'elle éprouvera l'envie un jour de s'y replonger: Je la suivrai avec un immense plaisir.
Le monde de ce livre m'a transporté jusqu'a la dernière page ! J'ai développé une attache sincère avec tous les personnages au fil de l'histoire. Cette attache à par moment à été mise à rude épreuve. Parmi les décès et les séparations, j'ai je l'avoue versé quelques larmes. Hormis l'histoire, ce livre contient beaucoup de phrases riche de sens et invitant à la reflexion. Une superbe fin à vous réchauffer le cœur, vous attend. Je conseille vraiment ce livre et il restera, je pense dans mes univers favoris
Coup de coeur ! Autant le premier tome/pendant "L'Héritage des rois passeurs" m'avait laissé une impression mi-figue mi-raisin, sans réussir à m'attacher aux persos, sans un travail sur l'univers très poussé... Autant là, c'est l'inverse opposé, une intrigue avec une multitude de persos qui s'imbriquent les uns avec les uns, une profondeur de personnages, un univers suffisamment développé. Je ne pouvais plus lâcher ce livre !
Époustouflant. En lisant Les illusions de Sav-loar, j'ai eu les mêmes sensations que lorsque j'ai découvert pour la première fois la fantasy. Ce monde était si vivace, si vivant, si colorés, j'aurais aimé que ça dure 1000 pages de plus, mais à la fois c'était la longueur idéale pour compter l'histoire de Bleue. J'ai adoré. J'ai hâte de découvrir les autres livres de l'auteure !
J'ai beaucoup apprécié ma lecture. Manon Fargetton écrit extrêmement bien, son world building est complexe, intéressant et original. Le seul reproche que j'aurais à faire à ce roman est que le milieu du livre était un peu creux, notamment avec tous les apprentissages des différents personnages. Je recommande cette lecture !
Que d'émotions ! Voilà touc ce que j'aime : une fresque dépaignant un large univers, une chronique qui voit ses personnages grandir et mûrir et des enjeux qui ne se résument pas à un bête manichéisme. Une suite juste pour l'Héritage des Rois-Passeurs qui conclut parfaitement cette histoire et apporte plus de réponse et de profondeur à l'univers !
J'ai apprécié ma lecture, mais j'ai trouvé la fin un peu longue. Il y a plusieurs incohérences dans l'histoire, ou dans les réactions des différents protagonistes. Tout n'est pas toujours très crédible... mais en revanche, les personnages sont bien crampés et attachants, et j'ai aimé suivre leur évolution au fil des pages.
Une épopée porteuse d'un message inspirant, avec une intrigue complexe et des personnages fascinants. Je vous le conseille si vous aimez les belles briques de fantasy, même si, comme moi, vous n'auriez pas spécialement accroché avec l'Héritage des Rois-Passeurs.
J’ai vu cette recommandation sur tiktok, je lis plutôt rarement de fantasy française et je peux vous dire que je suis agréablement surprise. Il contient des TW, mais la plume de l’autrice m’a happé dans ce monde et je ne peux que le recommander.
Coup de coeur ❤️ j'ai tout aimé, l'univers, le système de magie et les personnages. J'ai particulièrement aimé l'évolution des personnages principaux parce qu'ils changent beaucoup mais de manière crédible. Le livre est gros mais on est à fond dedans du début à la fin.
Un excellent livre de fantasy. Je suis sûre qu'il y a quelques défauts ici et là mais les personnages, le monde, sont très attachants. J'ai personnellement un petit faible pour Fel.
Ce livre est une vrai pépite! A découvrir de toute urgence pour les fans de fantasy, de magie, et d'héroïnes badass surtout ne vous fier pas à sa taille