Elles balaient, font la cuisine, montent les seaux de charbon, vident les cuvettes et frottent l'argenterie, du matin jusqu'au soir. Elles n'ont point de vie à elles. Car ce sont les bonnes. Mais d'elles, on exige plus encore que l'accomplissement des tâches ménagères. Il faut qu'elles soient le dévouement incarné. Car elles sont les servantes. Et si ce livre s'emploie, en détaillant leurs conditions de travail et d'existence, en décrivant les mentalités dans lesquelles elles étouffent, à dire quelle place est assignée aux bonnes par la moralité bourgeoise à la Belle Epoque, c'est dans le but d'exorciser le fantôme de la servante, qui hante encore la plupart des femmes d'aujourd'hui, lorsqu'elles rentrent à la maison.
Parisienne, docteur ès lettres, Anne Martin-Fugier a fait de la vie sociale et culturelle française au XIXe et début du XXe siècle son territoire d'historienne. Parmi la douzaine d'ouvrages publiés par elle sur ce thème : La Bourgeoise (1983), La Vie élégante ou la formation du Tout-Paris (1993), qui fut un grand succès, Comédienne, de Mlle Mars à Sarah Bernhardt (2001). Chez Perrin, elle est également l'auteur, avec Jean-Paul Martin-Fugier, d'un roman historique : Les Exils de la princesse (2002) et d'un essai à paraître : Les Salons de la République.
Anne Martin-Fugier est une historienne et historienne de l'art française, helléniste, qui, après son doctorat en histoire des cultures, des savoirs et de l'innovation soutenu à l'EHESS en 1979, s'est notamment intéressée à la naissance de l'art contemporain au début du XIXe siècle. Elle soutient aussi le travail des artistes. Elle applique à l'art contemporain ses méthodes d'historienne du XIXe siècle.
Dense, précis, passionnant. Diverses sources sont mobilisées : archives, journaux syndicaux, littérature, etc. L’autrice nous rappelle souvent que concernant la littérature, il s’agit du point de vue et des idées fantasmées des maîtres, des bourgeois, posés sur les domestiques. Plus que nécessaire.