Le Québec vit en quelque sorte une situation d’exil intérieur dans le Canada. Jamais, depuis plus de cinquante ans, le Québec n’a été si peu présent dans les cercles du pouvoir à Ottawa, tant au sein du cabinet du premier ministre Stephen Harper que dans la haute fonction publique et dans les instances principales. Collectivement, jamais la voix du Québec n’a compté pour si peu, constate le professeur Guy Laforest. Le Québec souffre de ne pas être reconnu adéquatement dans le Canada. Et cette situation inconfortable a des effets négatifs sur la capacité des Québécois de se comporter comme une nation hospitalière. Il faudra se battre simultanément sur deux fronts, propose Guy Laforest : approfondir notre débat interne par l’adoption d’un régime de laïcité équilibrée sur fond d’«interculturalisme d’espoir», tout en cherchant à mettre fin à cet exil intérieur par des aménagements à la Charte canadienne des droits et libertés. Après avoir dressé une fresque interprétative des questionnements identitaires au Québec et au Canada, l’auteur s’attarde sur la théorie politique du fédéralisme canadien et sa pratique. Dans la dernière partie de l’ouvrage, Guy Laforest explore la thématique de la liberté politique du Québec dans le cadre canadien depuis 1982. Le Québec est-il collectivement pris dans une sorte de camisole de force ou jouit-il de suffisamment d’autonomie pour transformer les principes de son association constitutionnelle avec ses partenaires
Ce recueil de dix articles traite d'autant de sujets, comprenant le segment de l'histoire du Canada où le fondement du fédéralisme multinational (détruit en 1982) a été posé ; la relation entre la Charte des valeurs québécoises mise en débat en 2014 et la situation minoritaire du Québec au sein du Canada et de l'Amérique du Nord ; le rôle de Lord Durham et de son rapport dans la genèse du nationalisme canadien français puis Québécois ; la défense d'une réhabilitation du fédéralisme contre le désaveu survenu en 1982 ; l'examen du caractère global et multidimensionnel du déficit fédéral actuel, assorti d'observations sur la lourdeur des obstacles pesant sur la correction de ces déficits ; l'opposition de Claude Ryan à Pierre Trudeau ; l'évaluation du ''gâchis de 1982'' et du dogmatisme intellectuel de Pierre Trudeau par l'un de ses proches conseillers et rédacteur de discours, André Burelle ; la conférence constitutionnelle précédent le rapatriement ; les critiques adressées au philosophe James Tully par Michel Seymour; l'exil Québécois au sein du Canada proprement dit, et trois remèdes possibles (qui se limitent à des modifications à apporter à la Charte Canadienne des droits et libertés).
Force du livre • L'analyse offerte du régime canadien, en particulier de ses déficits structurels et culturels en matière de fédéralisme, est claire, appuyée sur des références solides et partagées (notamment, par des figures aussi divergentes que Joseph Facal, Jean Charest, Benoît Pelletier), et la qualité de la vulgarisation est indéniable;
Faiblesse du livre • On remarque un certain manque d'uniformité dans les intentions - le projet d'une constitution interne au Québec, par exemple, est d'abord désavoué puis avancé en guise de solution possible à la fin de l'exil; • Comme recueil, Un Québec exilé dans la fédération accuse un certain manque d'unité -au risque d'exagérer, il semble que les 10 chapitres soient autant de livres en soi.