Zapatistes, altermondialistes, Indignés, Occupy, printemps érable et Nuit debout. Alors que ces mouvements populaires sont présentés par certains comme l'incarnation de l'idéal de la démocratie directe, d'autres n'y voient que des mobilisations certes sympathiques mais insignifiantes, quand ils ne tentent pas de les discréditer en les associant à la violence. S'appuyant sur une très bonne connaissance de ces expériences politiques ainsi que de l'histoire des pratiques démocratiques, y compris hors de l'Occident, Francis Dupuis-Déri propose une réflexion inspirée et critique. Il présente de manière dynamique la lutte entre l'agoraphobie et l'agoraphilie politiques, soit la haine et l'amour de la démocratie directe, dévoilant les arguments et les manoeuvres des deux camps. Il discute aussi du rapport délicat entre le peuple assemblé à l'agora pour délibérer (le dêmos) et celui qui descend dans la rue pour manifester, voire pour s'insurger (la plèbe). Cet ouvrage à la fois original et provocateur est d'autant plus stimulant qu'il se situe à la croisée des chemins entre la philosophie politique, l'anthropologie et la sociologie.
Francis Dupuis-Déri est professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Spécialiste des idées politiques et des mouvements sociaux, il est l’auteur de nombreux ouvrages.
Ouvrage de pensée politique/philo politique sur le débat entre agoraphiles et agoraphobes politiques, c'est-à-dire ceux qui voient dans le peuple assemblé un modèle d'organisation sociale et politique positif et ceux qui, au contraire, y voient, au mieux, un sujet de dérision et de pitié ou, au pire, une menace.
La réflexion contenue dans cet ouvrage est très bien ficelée et présentée avec précision et élégance. Évidemment, Francis Dupuis-Déri étant lui-même un agoraphile politique - l'un des penseurs anarchistes les plus importants et prolifiques du Québec -, la thèse vise à défendre le peuple assemblé des diverses attaques qui lui sont adressées et à mettre en valeur de nombreux exemples d'organisation politique horizontale à travers le monde (et pas seulement dans le monde occidental).
Un élément qui m'a beaucoup plue est la place qu'il accorde à la pensée féministe tout au long de l'ouvrage. Il est très commun, lorsqu'on lit des penseurs (le masculin est utilisé consciemment ici) anarchistes ou progressistes, que les femmes soient volontairement ou involontairement ignorées et invisibilisées, ce qui n'est pas le cas de cet ouvrage. Outre le dernier chapitre, qui parle plus franchement des enjeux féministes au sein des mouvements agoraphiles, une prise en compte de la réalité des femmes, tout comme des personnes racisées, est présente à chaque chapitre. Idem pour les exemples qu'il met de l'avant et les auteurs et autrices auxquel.les il se réfère. (Il est chercheur à l'IREF, l'Institut de recherches et d'études féministes, et s'intéresse véritablement à ces enjeux - ça paraît.)
Bref, un ouvrage qui peut parfois donner l'impression de tirer en longueur, mais qui se rattrape au détour d'une page et qui vaut la peine d'être lu jusqu'à la fin. Un chapitre à la fois.
Le peuple assemblé en agora pour délibérer est t’il le fondement d’une stratégie politique émancipatrice ?! Le suffrage universel , les régimes de représentation sont t’il réellement pertinent et représentatif de la volonté du peuple ? Est ce que l’aristocratie élective et l’état nation peuvent décider au nom du peuple ?! Est ce que les élites détenteurs d’un pseudo rationalisme infus sont les meilleurs être humains pour parler au nom du bien commun ?! Toute ces questions et plus encore sont répondu dans cette œuvre magistrale de Dupuis-deri. L’agoraphobie et l’agoraphilie politique , 2 concept expliqué a fond dans cet œuvre , sont des concepts que j’utiliserai à bon escient dans l’avenir. J’ai adorer ce livre , un des meilleurs livre que j’ai lu de ma vie. Dupuis-Deri est littéralement un des penseurs anarchiste francophone les plus pertinents de notre époque.
Excellente oeuvre de référence sur l'argumentaire des démocraties directes et anarchismes. Beaucoup de passages clés pour comprendre cette vision de la démocratie.