Alors qu'il vient de se marier avec une jeune femme de la grande bourgeoisie, l'auteur, bipolaire en grave crise maniaco-dépressive, est emmené en hôpital psychiatrique. Enfermé une nouvelle fois, il nous plonge au coeur de l'humanité de chacun, et son regard se porte avec la même acuité sur les internés, sur le monde paysan dont il est issu ou sur le milieu de la grande bourgeoisie auquel il se frotte. Il est rare de lire des pages aussi fortes sur la maladie psychiatrique, vue de l'intérieur de celui qui la vit.
C'est réfugié sur une statue de Jaurès que Pierre est emmené pour l'Hôpital Psychiatrique, un endroit qu'il connaît malheureusement trop bien car il y avait fait un séjour lorsqu'il avait 20 ans.
A l'époque, il avait été diagnostiqué bi-polaire.
Pierre n'a aucune envie d'être là, il ne comprend d'ailleurs pas pourquoi il s'y trouve entouré de paranos, d'alcooliques, de toutes ses vies délitées, de cette misère humaine ..
Tout allait pourtant bien pour lui, il avait remonté la pente, était devenu journaliste, s'était marié à Garance, une fille de la grande bourgeoisie, lui; le fils de la terre, le paysan d'Ardèche.
Tout allait bien, il était stable et le toubib l'avait progressivement libéré de son traitement. On n'a rien vu venir et une grosse rechute, une phase maniaco-dépressive avant d'en arriver là.
Pierre est un révolté social, attaché à ses origines, une famille pauvre de paysans de Serre de Barre, se retrouvant dans sa belle-famille riche, il va péter un câble et tout rejeter.
Il a la rage en lui, il se livre à nous, se met à nu pour nous faire vivre l'intérieur de sa maladie, sa bipolarité. Il nous décrit avec humour souvent, sur un ton vif son quotidien mais aussi sa rage d'être toujours comme l'épiphyte du parc, le chêne vert sur le séquoia : SEQUOIA SEMPERVIRENS : encore vivant !
Il nous parle abondamment de la lutte des classes, de la guerre sociale qu'il a fait sienne. Ce n'est pas pour rien qu'il s'est réfugié sur la statue de Jaurès..
Les entretiens avec son père sont très touchants, il nous parle de l'histoire des paysans en train de mourir, des châtaigniers, des sangliers , de la nature beaucoup, mais aussi de ses ancêtres soldats de guerre du vingtième.
Il nous fait comprendre l'ambivalence existante entre la prise de conscience et le besoin de traitement et sa reconstruction mais aussi le rejet de l'institution psychiatrique. Il attire l'attention sur l'étiquette que l'on colle ou le regard que l'on porte en général sur les maladies psychiatriques que l'on stigmatise.
C'est fort, c'est prenant, un premier récit autobiographique qui secoue et que je vous recommande.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
C'était terrible, d'être passé du côté d'une drôle de barrière dont on n'avait même jamais songé qu'elle existait. La barrière des fous. Celle qui nous séparait des autres, les normaux, eux dont la vie était belle.
Ca veut dire que si tu es toi-même, si tu exprimes vraiment ce que tu as en toi, ce que tu sens, tes projets, tes énergies, ben ça peut changer le monde. Je crois vraiment qu'il faut d'abord commencer par soi avant de penser à changer le reste. Si on n'arrive pas à se changer soi-même, à être soi-même, on ne peut pas avoir des projets pour des autres.
Parce que toi, et vous tous, ici les déchirés, vous la tenez trop serrée entre vos mains brisées, vous la portez, l'humanité.
L'urgence, c'est de travailler mieux plutôt que de travailler plus.
... -Acceptez votre maladie, et ce qu'elle implique. - Mais, c'est justement là que ça ne va pas, madame Ducis. Je me suis entièrement construit sur l'inverse, c'est-à-dire contre l'acceptation. Quand on milite, c'est pour changer les choses. Donc ça suppose qu'on croie au changement, à la possibilité de la trsnformation, et qu'on ne fige rien en l'état. Qu'est-ce qu'on fait avec l'ordre social ? On l'accepte ? Je le vomis, l'ordre social. Donc je me bats pour le transformer.
L'amour de ton fils comme refuge, la seule chose que ton mari ne pouvait pas te voler. Il avait tout pris.
Je ne savais pas en commençant ce livre que c’était une autobiographie, comme d’habitude je n’ai pas lu la 4e de couverture en le commençant. C’est un roman qui m’a beaucoup touché, un homme, Pierre Souchon, journaliste vous raconte sa bipolarité. Le début du roman commence sur une crise, l’homme voit le mal partout et se réfugie sur une statue. De là, c’est l’internement. Il nous raconte avec force, lucidité, parfois avec humour, mais aussi sans mâcher ses mots ce qu’il vit depuis son adolescence. Il dénonce la médecine à 2 vitesses, la société actuelle tellement individualités, qui condamne sans chercher à d’abord comprendre l’autre. Les crises maniaco-dépressives qui lui sont arrivées, la façon dont il a été soigné. On lit les dialogues avec son père, dialogues pleins d’amour entre les 2 hommes, il raconte la campagne, son Ardèche natale et les difficultés des exploitants aujourd’hui. Il raconte les autres malades qu’ils croisent, le regard que porte la société sur ces gens, sur lui. Les erreurs de diagnostic ou les médecins qui soignent en ayant perdu leur humanité, car c’est ce qu’il réclame lui, de l’humanité, pour lui, pour tous. Avec beaucoup de force et de courage il se met totalement à nu vous narrant sa dernière descente aux enfers et tout ce qu’il a perdu, son travail, son épouse Garance qu’il aime tellement. Les traitements qu’il prend et qui lui font perdre ou oublier ce qu’il a pu faire la veille. Un très beau témoignage à lire, durs à certains moments, on souffre avec cet homme brillant qui a tellement à dire, mais qu’on écoute plus forcément. On veut aller jusqu’au bout du livre pour comprendre, pour le comprendre, pour les comprendre. Je ne peux vous en dire plus si ce n’est que dans ce livre vous lirez bien sûr ce que c’est qu’être bipolaire, mais aussi les hôpitaux psychiatriques, ce que c’est d’être rejeté par la société, les différentes phases, les autres malades aussi, tous très touchant. Beaucoup d’humanité ressort de ce roman.
"Encore vivant " de Pierre Souchon (248p) Ed. La brune au rouerge.
Bonjour les fous de lectures....
Déniché dans une boite à lire et ... mauvaise pioche !!! Abandon à mi-parcours sans aucun état d'âme.
L'auteur, bipolaire, tente de nous raconter ses expériences en hôpital psychiatrique. A cela s'ajoute un comparatif entre le milieu bourgeois qu'il vient d'intégrer suite à son mariage et le milieu paysan dont il est issu.
Ce récit autobiographique est très décousu et m'a fait bailler d'ennui et m'endormir dans le canapé. J''ai eu beaucoup de mal à ressentir de l'empathie pour Pierre et son récit très très nombriliste ( Normal .. c'est une autobiographie !!), à la fois grossier et distingué ( normal il est bipolaire !!) Bref... passée complètement à côté
Pierre Souchon est journaliste au " Monde diplomatique"
J'ai trouvé la première moitié du livre difficile à comprendre, brouillon, décousue. En avançant dans ma lecture, j'ai compris que cela retranscrivait la façon de vivre les évènements et de penser de l'auteur pendant ses périodes de crise. Il est atteint de bipolarité.
La deuxième moitié de l'ouvrage fait la part belle à la description des conditions de vie en hôpital psychiatrique (HP), des interactions entre les patients qui y sont internés et qui souffrent de maladies complétement différentes.
Pierre Souchon dépeint aussi, ici, la fin de la paysannerie et sa vision de la lutte des classes en fonction de son vécu.
Livre sincère et poignant sur l'expérience de la bipolarité et de l'internement en hôpital psychiatrique. Le point fort de l'ouvrage repose sur la description fine, mais tendre, des relations avec les malades, avec les infirmiers et les médecins, où les relations de pouvoirs et le processus de stigmatisation ne sont jamais dénués d'affection ni, paradoxalement, d'humanité.
Ecrire sur sa propre histoire, sur sa propre maladie mentale avec suffisamment de recul et d'insight. Belle écriture, très poétique qui nous entraine dans la colère de son auteur.
Difficile de vraiment savoir ce que j'en ai pensé: puisque je l'ai lu pour un cours, et que selon moi, ça change le point de vue et l'angle d'approche. J'ai aimé certaines choses, notamment le style (même s'il rend parfois le récit difficile à suivre). J'ai été déçue par le tour "critique sociale" que prend le livre dans la deuxième moitié; ce n'était pas ce que je voulais lire.