C'est l'histoire de Stradi qui naît avec un violon dans le crâne. A l'école, il va souffrir à cause de la maladresse ou de l'ignorance des adultes et des enfants. A ces souffrances, il va opposer son optimisme invincible, héritage de ses parents. Et son violon s'avère être un atout qui lui permet de rêver et d'espérer. Roman de l'éducation, révérant la différence et le pouvoir de l'imagination.
Stradi est né avec un violon dans la tête, organe unique qu'il ne sait comment considérer : don ou fardeau ? La question s'avère difficile à trancher, à travers les problématiques liées à son enfance, son adolescence jusqu'à son entrée dans la vie d'adulte... Un roman comme une longue symphonie, qui nous laisse orphelin de ses personnages terriblement attachants mais avec le reste, malgré tout, d'une petite mélodie dans la tête : celle de la vie, celle de l'amour...
une histoire très touchante et très spéciale sur un garçon qui naît avec un violon dans le cerveau et qui apprends à vivre avec ce handicap. la fin m'a mise à terre. 😭
Comparé aux livres de Mathias Malzieu dans les différentes critiques que j’ai pu lire, je ne pouvais qu’être intéressée. Le résumé évoque effectivement un univers surréaliste, un garçon qui naît avec un violon dans la tête, dont les cordes s’affolent au rythme de ses émotions et qui a la chance de pouvoir parler aux oiseaux. Nous allons le suivre jusqu’au moment où il va devenir à son tour papa et ressentir avec lui le rejet des autres. Le tout est chargée en poésie, en musicalité, les mots jouent entre eux, se répondent, s’échangent pour se donner une autre interprétation d’autant plus évocatrice.
Je pensais que l’histoire serait beaucoup plus gaie comme ce que l’on peut trouver dans les livres de Malzieu. Ici non, mais ce n’est pas un mal, on ressent un gros travail sur les mots, la mélancolie qui s’en dégage donne plus de force au message de l’auteur. L’émotion gagne à sa lecture et surtout à sa fin.
Il faut noter aussi le travail magnifique sur la couverture.
Un funambule sur le sable, une partition sur la différence, l'extraordinaire, des notes qui résonnent toujours en fond, et, à chaque nouvelle étape, changement de portées, le tout sur des tons poétiques et attachants.
La mer à l'horizon. Le vent s'engouffre sous les vêtements et glisse sur la peau. Il siffle dans les oreilles. Est-ce vraiment lui qui produit ce bruit chuchotant ? N'est-ce pas le grincement d'une corde ? N'est-ce pas le son scintillant qui éclate au coup d'archer ? Un violon dans la tête. Une jolie image pour décrire un rêveur. Un assemblage étrange de mots pour parler d'un fou. Pour le héros de cette histoire, pas de sens figuré, c'est une réalité. Il est Stradi, le garçon avec un violon dans la tête.
Un funambule sur le sable. Un acrobate qui chavire entre normalité et extraordinaire, soutenu par les cordes de son violon prêtes à trembler, à craquer à tout moment. Le récit s'ouvre sur un enfant avec un violon dans la tête qu'on transporte d'hôpitaux en hôpitaux. "Extraordinaire !" "Incroyable !" "Du jamais vu !" Les mêmes interjections et la même réponse "il n'y a rien à faire". Enfermé dans son cocon familial : un père inventeur, fou de science et grammaire, une maman dévouée et amoureuse des livres et un grand frère intrépide. Une seule visite de l'extérieur : la gentille infirmière et sa piqûre porteuse d'une douleur stridente. Le violon de Stradi chante suivant ses émotions, improvise une série de notes toute la nuit. Les vacances à la mer. L'unique moment de l'année où l'instrument se tait, s'efface face aux chants des vagues. Le temps d'un été, le silence s'installe dans sa tête. Puis en septembre : les cordes se réveillent, Stradi passe ses journées dans les pages d'un livre ou partage de longues conversations avec des oiseaux. Une autre particularité de son violon. Puis la vie s'immisce dans cette tranquillité. Le collège. Le regard des autres. Les jugements. Les invitations d'anniversaire jamais reçues. L'amitié. Le lycée. Les premiers sentiments. L'indépendance. Les premiers boulots. La vie couple. La vie de famille. Et toujours la mélodie d'un violon en fond. L'histoire d'une différence, d'un don raconté sur une longue partition de vie.
J'ai ouvert les pages de ce roman à l'aveuglette. Sans attentes ou scénario préconçu. Un personnage avec un violon dans la tête ? Drôle d'idée ! Pendant plusieurs chapitres, j'ai douté : est-ce une métaphore ? une interprétation de la folie ? Non, juste un petit instrument de musique logé dans une boîte crânienne. Et alors tout est devenu doux, magique et musical. Je me suis très vite attachée à Stradi - d'ailleurs on ne le connaît qu'au travers de ce joli surnom- : un jeune garçon timide, rêveur et courageux. On le suit à chaque étape de sa vie : sa première piqûre, sa première rentrée scolaire, son premier ami, son premier baiser. Quand ses parents découvrent effrayés ses conversations avec les oiseaux, quand à l'école il retient le son de son violon comme on retient son souffle ou quand son violon interprète les battements de son cœur. Poésie et émotion. Un roman à écouter. Entre les lignes, on imagine quelques notes de musique éclore par ci par là. Je ne me suis pas lassée de ce texte une minute.
Une sympathique histoire surréaliste sur la différence, le handicap.
D'entrée de jeu, un univers décalé où l'insolite est la règle, où le langage, métaphorique et créateur, peut insuffler de la vie à un lampadaire ou faire d'un violon un handicap, où le langage définit, est tout puissant. Ainsi le violon, central, qui matérialise une différence dérangeante pour les autres. Or, en affirmant cette différence, dont le narrateur n'est d'abord pas conscient et dont il ne souffre pas, la société l'oblige à changer, lui refuse le droit d'être, et c'est en essayant de se conformer à la « normalité » que le narrateur devient véritablement handicapé. Différence dérangeante parce qu'elle oblige à la voir, qu'il faut atténuer, cacher, ou opérer, qui devient suspicieuse et est même taxée de folie, dès lors qu'elle ne peut plus être comprise par les autres. Qui, même lorsqu'elle n'existe plus, a stigmatisé son porteur, et que seules l'amnésie et une nouvelle naissance peuvent laver.
Il est vrai que j'ai mis quelques pages avant de vraiment rentrer dans l'histoire. Mais une fois qu'on y rentre, nous n'avons plus envie d'en sortir. Nous avons soif de découvrir ce qu'il va arriver à ce charmant personnage qu'est Stradi et aux personnages, tous très bien construits, de son entourage.
Cette histoire est d'une poésie, d'une allégorie remarquables sur le handicap et la différence.
Comment vivre avec un violon dans la tête ? Stradi apprend à l'apprivoiser au prix d'efforts énormes et de sacrifices. Doit-on apprendre à effacer nos différences ou à vivre avec ? Roman émouvant, parlant à toutes celles et tous ceux qui ont un violon dans la tête et qui se sentent comme des funambules sur le sable.
Je comprends le principe de ne pas nommer le handicap et d'utiliser l'imaginaire... Mais il y en a un peu trop à mon goût ce qui m'empêche de vraiment ressentir les émotions.
Celui-là, je l'ai aimé dès les premières pages. J'ai retrouvé avec plaisir la plume si particulière de Gilles Marchand, ce subtil mélange d'humour, de douceur, de tendresse, d'humanité, de poésie, tout en touchant à un sujet qui m'ébranle à chaque fois : la marginalité, l'originalité, le fait d'être différent et la difficulté à s'adapter à un monde qui ne comprend pas. C'est un roman câlin, il donne vraiment envie de câliner les personnages, on est dans une petite bulle créée par l'auteur et on n'a pas envie de quitter Stradi, Max, Lélie.
Je crois aussi que le fait de prendre le point de vue de Stradi dès l'enfance est d'autant plus touchant, il y a cette innocence propre à cet âge, la violence aussi parfois à laquelle il est confronté que ce soit à cause des autres ou juste à cause de l'incompréhension profonde du monde. On suit ensuite son évolution au fil du temps, au gré des rencontres, des espoirs et des désillusions.
C'est aussi cette amitié qui se noue, cet amour qui éclot, cette envie d'assumer qui on est et en même temps, de vouloir s'intégrer. J'ai adoré cette phrase dans le roman : "Nous sommes des accentués de la vie."
Mais dans ce roman, il y a aussi la musique qui est très présente. Stradi avec son violon dans la tête, qui résonne selon ses émotions, selon ce qu'il vit, l'enfermant dans une bulle (souvent contre son gré) et le différenciant des autres, alors que physiquement, ça ne se voit pas.
Max avec sa passion pour la musique, rêvant de jouer d'instruments et se plongeant à corps perdu dans une écoute religieuse des titres. Une collection de vinyles à faire pâlir, une manière d'écouter et de vivre les morceaux qui m'a touchée également. Jusqu'au jour où il découvre le morceau absolu, l'enfermant également dans une bulle.
Les oiseaux avec leurs trilles, leurs histoires, leurs conseils, c'est un aspect du roman que j'ai savouré, surtout que l'auteur met le doigt sur plusieurs vérités essentielles : on ne voit jamais de bébé pigeon et les goélands sont les pigeons de la mer.
Ca m'a donné envie de créer la meilleure playlist pour moi et de la jouer en boucle tout en lisant le roman, c'est un roman qui s'accompagne mais qui nous accompagne encore ensuite, résonnant dans la tête et dans le cœur.
C'est sûrement ce pour quoi j'ai le plus d'affection : chaque roman parle aussi bien à mon cœur, de par les émotions qui s'en dégagent, qu'à ma tête, par la maîtrise des mots, de la langue française (surtout dans celui-là, avec le père du héros) et de la culture (historique ou musicale).