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704 pages, Mass Market Paperback
First published July 1, 1982
Parce que des cannibales qui se lancent dans une guerre tribale pour étendre leur empire, ça fait sf, comme thème ?
Non ; mais la question de savoir si une société fonctionnelle issue d’un peuplement originellement humain mais qui a dérivé à tel point que tout les critères sociaux habituellement admis ont volé en éclat est encore composée d’humains, n’est-ce pas SF, comme thème ?
Si, complètement. il n’en reste pas moins que, dans ce roman, certains éléments (les combats tribaux, l’espèce de médiévalisme que j’ai pu y ressentir) me font penser que le classement en SF est quelque part un peu artificiel. Pour ma part, si j’avais dû placer ce roman quelque part, je l’aurais mis dans une nouvelle catégorie : la hard-”sciences humaines”. Car si, dans les bouquins d’Egan, par exemple, les éléments qui sont très largement extrapolés sont des éléments de sciences dures, Kingsburry, lui, choisit d’extrapoler de la même manière des éléments purement humains : comment survivre et adapter la civilsation à un environnement dont l’hostilité est on ne peut plus hostile. Il en tire ainsi des conséquences politiques, sociales, psychologiques, qui ne peuvent que laisser le lecteur sans voix.
C’est parce que tu es trop conditionné par l’association entre SF et technologie. Alors que la SF est un état d’esprit que tu évoques fort bien dans la suite [... cf paragraphe du dessus …] Le tout ficelé dans une histoire intéressante. Voilà une bonne recette pour un bon bouquin de SF, je dirais. L’important, ce n’est pas la technique, c’est la remise en cause des certitudes et la rationnalité (même basée sur des bases qui peuvent être complètement farfelues scientifiquement, l’important étant que cet a priori soit relativement clair). Bref, la SF cherche à explorer et découvrir le réel, le plus souvent au travers de virtualités savamment élaborées, tandis que la fantasy joue plus sur comment faire revivre les structures narratives ancestrales et leurs émotions associées dans un contexte littéraire modernisé. Cela dit, c’est mon point de vue et je le partage (du moins jusqu’à ceje le relise demain), mais sans doute manqué-je de biscuits (comme disait mon prof de philo de terminale), i.e je n’ai pas mon diplôme de pipologie appliquée, euh pardon, de critique littéraire avancée. Notons au passage que Kingsburry a obtenu l’an dernier une distinction en tant qu’auteur de SF libertaire, ce qui cadre bien avec cet esprit de remise en question.
En fait, il n’y a pas non plus de doute pour moi, mais ça reste un bouquin tellement étrange que le placer en sf me pose de nombreux problèmes d’organisation de mon catalogue mental.
Franchement, je trouve que c’est un des bouquins que je conseillerais pour quelqu’un qui voudrait découvrir la SF autrement que sous la forme de batailles dans l’espace avec des robots. Le seul truc queje regrette, c’est la concession qu’il fait en faisant trop directement référence à l’histoire du XXe siècle, je trouve que cela affaiblit l’effet de dépaysement. Mais en même temps cela sert aussi l’histoire,et la référence est immédiatement compréhensible, voire même ressentie par lecteur, bien plus que le seraient des inventions de l’auteur.