Entretien d’un philosophe chrétien, et d’un philosophe chinois, sur l’existence et la nature de Dieu: Littérature française; philosophie et théologie écrite ... philosophe théologien
Extrait : Une personne très respectable, et digne de foi, s’il en fut jamais, m’ayant assuré que par le commerce qu’il avait eu avec les Chinois lettrés, il avait appris que leurs sentiments sur la divinité étaient tels que je vais les exposer ; et m’ayant sollicité plusieurs fois de les réfuter, de manière néanmoins que je me servisse des vérités qu’ils reçoivent pour rectifier la fausse idée qu’ils ont de la nature de Dieu, je me suis cru dans une espèce d’obligation de lui obéir ; espérant que peut-être mes raisons serviraient aux missionnaires qui travaillent à la conversion de ces peuples. Je ne sais si pour justifier mon obéissance, je puis ajouter, que la personne dont je parle, m’a assuré que les Chinois goûtaient fort mes sentiments ; et que dans une lettre d’un père jésuite de la Chine à leurs pères de France, j’ai lu le sens de ces paroles : ne nous envoyez point ici de vos savants dans la philosophie, mais ceux qui savent les mathématiques, et les ouvrages du père Malebranche. Au reste ce n’est ni par les ordres de la personne dont je viens de parler, ni par mes soins, que l'Entretien a été imprimé. On en a obtenu l’approbation sans même que je le susse. Je ne regardais pas ce livret comme un présent digne d’être offert au public. J’avoue cependant que je me suis rendu au désir que mes amis avaient qu’il fût imprimé, et cela pour deux raisons : la première, parce que l’on m’a représenté que j’y démontrais des vérités d’une extrême conséquence, et qu’il pouvait servir à réfuter le libertinage ; ceux qui le liront avec attention, jugeront de ce qui en est. La seconde raison, c’est que les copies manuscrites, s’étant répandues dans le monde, il courait un bruit que j’écrivais contre les pères jésuites. J’ai cru que mon écrit paraissant, ce bruit mal fondé se dissiperait...
Nicolas Malebranche, né à Paris le 6 août 1638 où il est mort le 13 octobre 1715, est un philosophe, prêtre oratorien et théologien français, considéré comme un cartésien. Dans ses œuvres, il a cherché à synthétiser la pensée de saint Augustin et Descartes. Malebranche est surtout connu pour ses doctrines de la Vision des idées en Dieu et de l'occasionnalisme qui lui permettent de démontrer le rôle actif de Dieu dans chaque aspect du monde ainsi que l'entière dépendance de l'âme vis-à-vis de Dieu.
Nicolas Malebranche was a French Oratorian and rationalist philosopher. In his works, he sought to synthesize the thought of St. Augustine and Descartes, in order to demonstrate the active role of God in every aspect of the world. Malebranche is best known for his doctrines of Vision in God and Occasionalism.
The work of a 17th century French philosopher priest, this small imaginary dialogue between a Christian and a Chinese regarding religion and philosophy is vivid and original as an example of culture clash and philosophical differences.
Alas, such a discussion faced perhaps even more barriers than it would today: distance, language and framework of understanding.
What Malebranche works with is but hearsay, a summary of short rebuttals of Western religion and philosophy. His answers are comprehensive, but the dialogue is unequal for the opposing side. This makes this dialogue in itself slightly more worthy than a game of Chinese whispers. In all likelihood, there was a learned Chinese behind the questions and answers Malebranche combats, but these valiant tennis men of the mind face each other on opposing sides of different tennis courts. (image courtesy of Tim Minchin)
The worth of this dialogue comes from the then-perception of the Chinese and as a short, clearer introduction to Malebranche's opinions. In those aspects, it is fresh and quite entertaining.