Manifeste du Muséum. Quel futur sans nature ? / Museum manifesto. What future without nature?
Un premier manifeste pour réaffirmer le rôle et à la nécessité de l’histoire naturelle dans les sociétés contemporaines.
Quelle est la place de l’histoire naturelle dans la société européenne du XXIe siècle ? Cette problématique est le fil rouge du manifeste qui détaille en neuf points courts et incisifs les missions fondamentales de l’histoire naturelle : inventorier la biodiversité, conserver des collections naturalistes, comprendre le monde de façon rationnelle sur des échelles de temps très long (question des déchets radioactifs par exemple…), aider à placer « l’homme en nature », « une espèce parmi d’autres », s’inscrire dans les programmes éducatifs ou encore alerter sur la perte de biodiversité… Plusieurs planches iconographiques illustrent élégamment cette diversité des missions. Escargots, mammifères, fossiles, planches d’herbiers, météorites… sont autant d’objets représentés qui aident le lecteur à mieux appréhender le message du manifeste.
Qu'est-ce que l'histoire naturelle ? « L’histoire naturelle, source de connaissances, observe et compare toutes les composantes du monde minéral, végétal, animal, ainsi que la diversité humaine dans ses dimensions biologiques et sociales. Elle a pour rôle d’identifier et de conserver tous les objets de référence constituant le grand dictionnaire de la nature ».
Bruno David est un naturaliste français spécialisé en paléontologie et en sciences de l’évolution et de la biodiversité. Depuis 2015, il est président du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN).
Il a été chercheur au CNRS et directeur de l’unité Biogéosciences à l’Université de Bourgogne. Paléontologue et biologiste marin, ses recherches l’ont conduit à explorer l’évolution de la biodiversité à partir de modèles actuels comme fossiles. Bruno David a participé à plusieurs grandes missions océanographiques, notamment dans l’Océan Austral, la mer des Caraïbes et dans le Pacifique avec le submersible Nautile.
« notre espèce échappe plus aisément aux puissances de la nature ; mais elle n’en participe pas moins d’une manière essentielle à la vie qui anime notre globe tout entier ».
c’est bien de dire que l’histoire naturelle a vocation de comprendre le monde et son histoire, de parler de rationalité occidentale; mais bon on oublie pas que le naturalisme et le muséum ont connu leur essor et ont pu étendre leurs collections (tout comme imposer une certaine conception du monde) avec la colonisation :)
donc oui quand le manifeste parle de la naissance de l’histoire naturelle dans l’Europe des Lumières en disant que cela impose des devoirs vis-à-vis des autres conceptions du monde naturel, c’est un peu cringe quoi, même si c’est pas forcément la responsabilité des gens qui y bossent aujourd’hui, ce serait nécessaire d’au moins mentionner le passé colonial du muséum
dans le manifeste il y a aussi cette idée qui se dégage qu’une découverte ou connaissance appelle à une application scientifique pour la société, on sent un peu le besoin de « justification » et de la difficulté à se détacher des attentes productivistes de la société, bon c’est pas trop un plaidoyer pour la beauté de la recherche ou de la connaissance pour elle-même; un peu dommage car il y a beaucoup de gens au muséum qui portent cette vision
le texte insiste aussi sur le fait que le naturalisme doit être une science et une culture accessibles à toustes et d’avantage présentes dans le débat public, qui doivent participer à éclairer les questions de sociétés et la perte de biodiversité actuelles; est également soulignée la pertinence des sciences naturelles dans la déconstruction d’un anthropocentrisme des idées, ce qui me semble bien dans l’ADN du muséum aujourd’hui et constitue à mon sens un message positif :)