Document capital, cette épître est, avec " La Doctrine des douze apôtres " ou " Didachè " (SC 248 bis), l'un des textes patristiques les plus anciens : contemporain des derniers écrits du Nouveau Testament, il se situe aux environs des années 95/100, vers la fin du règne de l'empereur Domitien ou sous celui de l'empereur Nerva. La tradition attribue la rédaction de cette épître au pape Clément, le troisième successeur de Pierre. C'est un écrit de circonstance : l'Église de Rome intervient auprès des chrétiens de Corinthe, divisés par des rivalités personnelles et des contestations qui mettaient en péril l'autorité des presbytres et l'union fraternelle. Témoignage de l'autorité de l'Église de Rome, ce texte n'est pas moins intéressant par ce qu'il nous fait connaître des thèmes de sa prédication et de sa liturgie, bref de l'antique communauté romaine. Cet écrit a joui d'une autorité exceptionnelle dans les premiers siècles et dans toute la tradition.
« Eh bien donc, frères, soyons humbles de cœur ; déposons tous les sentiments de jactance, de vanité, de fol orgueil, de colère, et accomplissons ce qui est écrit ; car l’Esprit Saint dit : “Que le sage ne se vante pas de sa sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de sa richesse, mais que celui qui se vante se vante dans le Seigneur, de le chercher et de pratiquer le droit et la justice.” Souvenons-nous surtout des paroles du Seigneur Jésus, lorsqu’il nous enseignait la bienveillance et la longanimité. »