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392 pages, Paperback
First published July 1, 1900
…j’avertis charitablement les personnes qui me liront que mon intention en écrivant ce journal et de n’employer aucune réticence, pas plus vis-à-vis de moi-même que vis-à-vis des autres. J’entends y mettre au contraire toute la franchise qui est en moi et, quand il le faudra, toute la brutalité qui est dans la vie. Ce n’est pas de ma faute si les âmes, dont on arrache les voiles et qu’on montre à nu, exhalent une si forte odeur de pourriture.
« Il ne faut jamais se plaindre de la bêtise de ses maîtres, ma petite Célestine… C’est la seule garantie de bonheur que nous ayons, nous autres… Plus les maîtres sont bêtes, plus les domestiques sont heureux… »
Nous avons trois garçons pour servir les clients, une bonne à tout faire pour la cuisine et pour le ménage, et cela marche à la baguette… Il est vrai qu’en trois mois nous avons changé quatre fois de bonne… Ce qu’elles sont exigeantes, les bonnes à Cherbourg, et chapardeuses, et dévergondées !... non c’est incroyable et c’est dégoûtant…

Est-ce vraiment de ma faute, ce qui m'arrive ?... Peut-être!... Et pourtant, il me semble qu'une fatalité, dont je n'ai jamais été la maîtresse, a pesé sur toute mon existence, et qu'elle a voulu que je ne demeurasse jamais, plus de six mois, dans la même place... Quand on ne me renvoyait pas, c'est moi qui partais, à bout de dégoût. C'est drôle et c'est triste... j'ai toujours eu la hâte d'être "ailleurs", une folie d'espérance dans "ces chimériques ailleurs", que je parais de la poésie vaine, du mirage illusoire des lointains...
On ne s'imagine pas combien il y a de femmes avec des bouches d'anges, des yeux d'étoiles, et des robes de trois mille francs, qui, chez elles, sont grossières de langage, ordurières de gestes, et dégoutantes à force de vulgarité de vraies pierreuses !

https://www.youtube.com/watch?v=MoHgW...
