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Power

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« Ici, comme dans les autres ghettos, pas d'artifice à la Marilyn, ni de mythe à la Kennedy. Ici, c'est la réalité. Celle qui macère, mendie et crève. »

1965. Enlisés au Vietnam, les États-Unis traversent une crise sans précédent : manifestations, émeutes, explosion des violences policières. Vingt millions d’Afro-Américains sont chaque jour livrés à eux-mêmes, discriminés, harcelés. Après l’assassinat de Malcolm X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence prônée par Martin Luther King, quand surgit le Black Panther Party : l’organisation défie l’Amérique raciste, armant ses milliers de militants et subvenant aux besoins des ghettos. Une véritable révolution se profile. Le gouvernement déclare alors la guerre aux Black Panthers, une guerre impitoyable qui va bouleverser les vies de Charlene, jeune militante, Neil, officier de police, et Tyrone, infiltré par le FBI. Personne ne sera épargné, à l’image du pays, happé par le chaos des sixties.

Un roman puissant et viscéral, plus que jamais d’actualité.

464 pages, Paperback

Published April 4, 2018

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About the author

Michaël Mention

21 books8 followers

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1 (1%)
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1 (1%)
Displaying 1 - 18 of 18 reviews
Profile Image for Sahar.
458 reviews85 followers
May 3, 2018
Une chose qui se confirme pour moi, à chaque nouvelle lecture d'un roman de Michael Mention, je suis transportée par la puissance de ses mots et de ses tournures de phrase. Il arrive à faire ressortir les émotions des pages avec une telle netteté qu'on ne peut y échapper !
Un auteur dont je retrouve la plume avec toujours autant de plaisir grâce à ce roman qui retrace l'histoire du Black Panther Party de sa naissance à sa chute avec une telle humanité.
J'ai été bouleversée à plusieurs reprises lors de ma lecture par ce récit qui, à travers ces différents personnages qu'on suit, nous permet de plonger dans cette période trouble des Etats-Unis tant au niveau politique que social et culturel.
On vit avec ces personnages les premiers espoirs qui nous transportent de joie rien que pour expérimenter la désillusion et le désenchantement vers la fin.
Je ne peux que vous conseiller de lire ce roman si vous êtes intéressés par l'Histoire et plus encore par l'histoire des Etats-Unis.
Profile Image for Elodie Drt.
302 reviews10 followers
May 8, 2018
Regardez à nouveau cette couverture. Ces lettres rouges qui se détachent sur ce fond blanc et ce poing levé fièrement. Comment passer à côté de cette couverture sans la remarquer ? Elle est d'une puissance ! Cette typographie fine en lettre capitale résume très bien le style de l'auteur. Des chapitres courts où l'action s'enchaîne de manière endiablée. Des phrases percutantes comme des coups de couteau. On reconnaît le style journaliste. C'est le premier livre que je lis de cet auteur et je n'ai pas du tout était déçue. Il s'agit de ces livres que l'on arrive plus à poser une fois les premières lignes lues. Et je trouve d'autant plus original qu'il soit accompagner d'une playlist tout au long de la lecture. La musique a vraiment le don, comme les mots de nous faire voyager. Qui ne s'est jamais rappelé de moments précis de sa vie en écoutant une musique particulière ? Pour ma part je sais que certaines chansons seront à jamais attachées à un voyage que j'ai fais par exemple. 

La première partie du livre se concentre surtout sur Huey et Bobby et les raisons pour lesquelles ils ont fondé le BPP (Black Party Panther) alors que la deuxième alterne entre les points de vue de trois personnages tentant de changer l'ordre établi. Cela restitue encore mieux l'atmosphère instable dans laquelle se trouve les Etats-Unis avec des problèmes externes (guerre du Vietnam) et internes (lutte des Noirs pour leurs droits civiques). Les faits réels entremêlés de fiction rendent cette lecture aussi bien divertissante qu'instructive. Et j'ai beaucoup apprécié que l'auteur liste les supports (livres, films etc.) qu'il a utilisé pour écrire ce roman. Cela me permettre d'approfondir encore plus le sujet. 

À lire absolument ! L'écriture immersive de Michaël Mention nous offre une fresque unique des années 60 et 70 aux États-Unis et nous fait enchaîner les pages à une vitesse folle. 
Profile Image for Amal_zammeli.
47 reviews12 followers
April 26, 2021
☠ Power est le dixième livre de l’auteur français Michaël Mention, paru chez la maison d’édition STÉPHANE MARSAN, en 2018.
☠ Les sixties, les Etats-Unis. Le pays est au bord du gouffre, rongé par la violence et les émeutes, une situation sombre et dramatique qui nécessite un auteur hors norme tel Michaël Mention pour la dépeindre.
☠ 1966, Le Black Panther Party for Self-Defense (BPP) a été fondé à Oakland, en Californie par Huey P. Newton et Bobby Seale, dans un pays préoccupé par une guerre au Vietnam, marqué par le racisme, la violence policière, les gangs, et les assassinats dont celle de Malcome X.
☠ Dans la première partie du livre, nous témoignons la naissance de l'idée et les principes sur lesquels est fondé le BPP, qui lutte pour défendre la communauté Afro-Americaine, marginalisée et harcélée.
☠ Dans la deuxième partie, nous suivons 3 personnages : Charlene,  jeune militante au BPP, Tyrone ex taulard, infiltré par le FBI et Neil ,flic idéaliste tiraillé entre son job et ses principes.
☠ A travers ces 3 personnages, l'auteur arrive non seulement à décortiquer l'histoire du BPP, la lutte et la descente en enfer, mais aussi la crise tumultueuse et complexe dans laquelle est plongé tout le pays.
☠ En 2021, 36 ans après la dissolution du BPP, je reprends les mots de Charlene " Je me demande souvent ce que ça aurait donné, si on n’avait pas été persécutés avec un tel acharnement..."
☠ Power : PALPITANT.. MAGISTRAL
Profile Image for Aude Bouquine Lagandre.
725 reviews218 followers
July 27, 2018
Powerful « Power » !
Michaël Mention nous cadenasse en février 65 et nous libère en octobre 71 en agitant sous nos nez la triste réalité d’un peuple en souffrance. Incroyable conteur, c’est par le prisme de 3 personnages qu’il nous conte l’Histoire Américaine à travers la création du Black Panther Party. Il donne surtout le pouls d’un monde en pleine mutation….

En bref, ce roman évoque l'histoire des Etats-Unis de février 1965 à octobre 1971, période éminemment riche en évènements qui ont marqués l'avenir d'une des plus grandes puissances mondiale.
Il est construit en 2 parties :
- partie 1 : What we want (ce que nous voulons)
Bobby Stills et Huey Norton fondent le BPP, Black Panther Party, ils ont des rêves, des espoirs, des besoins de liberté et d'égalité.
A leurs côtés, Eldridge Carlson rédacteur en chef du journal du BPP et Fred Carlson dirigeant de la cellule de Chicago. Ensemble, ils font un rêve, pour reprendre la célèbre phrase de Martin Luther King, un rêve qui abolirait les différences liées à la couleur de peau, qui mettrait les blancs et les noirs sur un pied d'égalité, qui ferait cesser la ségrégation une fois pour toute.
Cette partie se fonde sur les grands leaders des années 60 : Kennedy, Malcom X, MLK parallèlement à la création du BPP.
- partie 2 : What we believe (ce que nous croyons)
Cette partie est une histoire dans l'Histoire. Le lecteur suit 3 protagonistes, chacun dans un rôle différent, qui, d'une certaine manière, contribuent à L'Histoire en marche.
Charlene, jeune idéaliste militante qui veut donner un sens à sa vie en combattant auprès des noirs opprimés.
Neil, flic blanc qui chaque jour est confronté à la violence ordinaire de son métier mais aussi de la rue.
Tyrone, ex-taulard noir, infiltré dans le BPP pour le compte du FBI contre sa volonté.

Cette partie relate aussi de grands faits historiques : la guerre froide, le Vietnam, les assassinats de hautes figures de l'état, le Klu Klux Klan, mais surtout comment le BPP a gagné des batailles, en a perdu d'autres et a réellement été une "béquille" pour sa communauté.

Ce livre est un témoignage d'enfants du siècle, ceux qui de 65 à 71 ont combattu ou subi les évènements d'un peuple qui créait son Histoire et qui avait décidé de prendre son destin en main.
C'est aussi un reportage journalistique sur des problématiques dont nous avons presque tout oublié... Et pourtant, c'était il y a à peine 50 ans. Il y a encore une cinquantaine d'années, aux Etats-Unis, les noirs étaient toujours persona non grata, on les attaquait encore dans les rues, on les arrêtait à tour de bras, on les condamnait sans raison : ça s'appelait le délit de sale gueule.
J'ose le parallèle avec le monde américain d'aujourd'hui : Trump a succédé à Obama, après la lumière et l'espoir, la nuit et la désillusion. Les batailles raciales sont présentes plus que jamais, les inégalités sont creusées, la menace de guerre plane toujours au dessus de nos têtes... Les choses n'ont pas tellement changées...

Le roman de Michaël Mention m'a donnée des frissons, les mêmes que ceux que je peux ressentir en regardant "Mississippi Burning", "Malcom X", "Selma", "Hidden Figures", ou dans un registre plus général "12 years of slave" ou "Le majordome" : la révolte, l'écœurante réalité d'un peuple honni pendant des siècles.

Il reste que Michaël Mention est un formidable conteur, passionné d'Histoire, qui par le prisme de 3 personnages très différents, nous fait entendre les cris d'un peuple vivant dont le pouls bat pour un besoin profond de reconnaissance. Ce pouls, est rythmé par une sacré playlist de morceaux collectors que l'auteur a eu l'intelligence de nous donner à la fin du livre. La musique entêtante résonne donc à chaque page, entre les cris, les larmes et le sang, comme un film qui se déroule sous nos yeux.
Il faut que je vous dise à quel point j'ai aimé le personnage de Neil que je trouve extrêmement bien dépeint, du début à la fin, dans son évolution, sa façon de combattre des traditions familiales, une certaines éducation qui va de paire avec une mentalité très présente alors dans de nombreux foyers. Ce personnage est d'une puissance rare et le message qu'il véhicule est vraiment d'un réalisme dérangeant.

Ce genre de romans n'est habituellement pas ma came.
D'abord, parce que ça me renvoie à une réalité qui me dérange et me met mal à l'aise,
Ensuite, parce que je ressens alors de la honte à être blanche,
Enfin, parce que j'ai l'impression que notre société est plongée dans un marasme qui ne permet plus qu'on veuille se battre, VRAIMENT se battre pour une cause.
Parce que nous nous révoltons derrière nos postes de télé et que ça ne fait pas avancer les choses, et que comme pour le livre d'Olivier Norek sur les migrants ("Entre deux Mondes"), on ferme les yeux sur une réalité qu'on ne veut pas voir.

Je prédis à Michaël Mention de beaux romans à venir s'il persévère dans cette volonté de vouloir transmettre des choses essentielles de notre Histoire.
C'est un roman qui a du sens, dans lequel il y a des messages, dans lequel on vibre de joie ou de honte, un roman d'émotions pures qui vous transpercent le cuir qu'est devenue notre peau. Et surtout, il nous renvoie à la notion première de ce que doit être l'Homme avec un grand H : un être complexe, qui se doit d'évoluer en ayant la connaissance de son Histoire. Parce que ça sert à ça aussi de connaitre l'Histoire : en tirer les leçons pour devenir meilleur.

Merci pour ces quelques heures de lecture, fines, intelligentes, empreintes d'émotions qui m'ont certainement rendue plus humaine.

https://audebouquine.blogspot.com/201...
Profile Image for Sarousss.
14 reviews
April 10, 2025

Résumé (très) concentré

Power retrace le parcours des Black Panthers, depuis la naissance du mouvement jusqu'à son épuisement en passant par les épisodes impressionant qui ponctuent son histoire. Alors que la première partie (la plus courte) aborde les débuts des Black Panthers, notamment avec la mort de Malcom X, la seconde se focalise plutôt sur des personnages de fiction plongés dans les Etats-Unis des années 1970. On retrouve alors les récits de Charlene (adolescente qui voue sa jeunesse au parti), Tyrone (infiltré pour le compte du FBI) et Neil (policier qui combat les gangs et les Black Panthers). Ce roman est emplit de scènes particulièrement violentes qui retracent l'histoire des Black Panthers, aussi spectaculaire que sanglante. 



Principaux personnages 

Huey Norton et Bobby Stills: fondateurs du mouvement à Los Angeles, les deux sont incarcérés  à tour de rôle et perdent peu à peu leur influence au sein du parti

Elridge Glazer: rejoint très tôt le BPP, il est nommé "Ministre de l'information" et se charge du journal du mouvement, personnage particulièrement influent, il est forcé de fuir en Algérie avec sa femme et pactise avec le FLN

Fred Hampton: dirigeait la section de Chicago avant de se faire asassiné par le FBI

Charlene: jeune adolescente qui s'engage très tôt dans le BPP, elle est issue d'un quartier défavorisé et monte graduellement les échelons dans le parti, et ce malgré son âge. Elle est victime de nombreuses violences dont des viols particulièrement choquants. Finalement, Charlene est l'unique personne du roman qui survit jusqu'à la fin, lorqu'elle raconte les avancées qu'a connu la cause des Noirs, mais également le chemin qu'il reste à parcourir. 

Neil: policier autrefois plutôt sympathique et compatissant avec les Noirs, il participe à l'arrestation de Huey, assiste à un meurtre bouleversant (Tate), il fait alors volte-face. Neil devient un assassin et tente même d'assassiner Nixon en vain (bien sûr). Il se suicide en avalant les pages de la Bible.

Tyrone: ancien détenu qui devait être condamné à la peine capitale. Il est recruté par le FBI qui l'engage en tant qu'espion dans le section de Fred. Tyrone accède rapidement au pouvoir en tuant en manipulant. Il devient chef de sa section mais lorque le mouvement perd de son ampleur, il est renvoyé en prison et finit à l'asile





Notes personnelles

Encore une fois Power  est un roman qui aborde l'un de mes sujets préférés: la ségrégation raciale sous tous ses angles. Il s'agit d'un écrit historique juste et précis qui m'a personnellement plongée dans cet univers révolutionaire des Black Panthers. On réalise alors les proportions immenses qu'on pris ce mouvement qui se fonde seulement sur deux hommes, Huey Norton et Bobby Stills, qui sont parvenus à rallier un nombre de partisans énorme en très peu de temps. Le parti ne s'est d'ailleurs pas cantonnée aux Etats-Unis puisqu'à ma grande surprise, il s'étendait également en Afrique du Nord (Algérie, Palestine), en Asie (Inde), et même en Europe (Royaume-Uni). C'est notamment l'entrée dans le Capitole qui m'a ouvert les yeux sur l'importance politique de ce mouvement. 

Par ailleurs, on découvre une réelle scission entre les Black Panthers et le mouvement des droits civiques porté par Martin Luther King. Ayant enchaîné cet ouvrage après avoir lu La Rose dans le bus jaune, il est évident qu'il s'agissait au final de mouvements presque antagonistes. Alors qu'ils revendiquaient tous deux les mêmes droits pour le peuple Noir, on remarque que d'un côté comme de l'autre, il existe un véritable rejet. En effet, d'une part, Martin Luther King accuse le parti fondé sur Malcom X puisqu'il irait "trop vite" et avec trop de violences; d'autre part, les Black Panthers incriminent le pacifiste qui est jugé trop laxiste et lent. Les luttes ne sont également pas situées dans les mêmes places géographiques et dans les mêmes milieux sociaux. Ainsi, les partisans du BPP s'adressent majoritairement aux population Noires défavorisées, qui vivent principalement dans des ghettos, tandis que Martin Luther King semble se trouver bien loin des conditions de vie déplorables dans ces quartiers. Jusque dans l'écriture des deux auteurs nous retrouvons des différence évidentes. Eugène Ebodé était parfois très (trop) lyrique tandis que Michael Mention est tout autre.  

A propos de l'écriture, je dois dire qu'elle est assez surprenante dans la mesure où l'auteur incarne véritablement les ghettos et ses habitants. Parfois un peu lourde, sa plume permet toutefois de véritablement être happé dans un monde bien éloigné du notre. Entre alcool, drogue, prostituées et fusillades, ces quartiers autrefois synonymes de violence ont été le théâtre de Michael Mention, qui a su s'adapter à leurs codes et leur langague.

Je dois avouer que ce livre me laisse assez dubitative. Entre les scènes de violence sans précédent et des pulsions révolutionnaires inhérentes au sujet, je dois dire qu'il s'agit d'une oeuvre poignante lorsque l'on s'intéresse à ces mouvements qui luttaient contre le ségrégation raciale. 



Citations 

"De Fanon ils ont gardé la révolution.                                                                                       

De Malcolm ils ont gardé la rage.                                                                                           

De King ils ont gardé la mesure.                                                                                           

Du Che ils ont gardé l'anti-impérialisme.                                                                               

De Bruber ils ont gardé le culot."



"Le Black Panther Party for Self-Defense appelle le peuple américain, et la communauté noire en particulier, à prendre concsience du caractère raciste de la législation californiennequi maintient les Noirs sans pouvoir et désarmés." (Bobby Stills pendant l'épisode du Capitole, rediffusé sur les télévisions)



"Et King ferait bien de lire Fanon, lui aussi. On se fait humiliet jour après jour et ce qu'il trouve à faire, c'est un rêve! "J'ai fait un rêve"! Non, mais sérieux!" (Bobby Stills)



"C'était pas notre pote, mais c'était pas notre ennemi non plus. Pour nous, il était comme un voisin. Et un voisin qui crève, même s'il était chiant, c'est jamais cool" (Charlene sur la mort de Martin Luther King)



"David Faraday, dix sept ans, et Betty Jansen, seize ans.                                                       

Ils flirtaient dans une Rambler, sur un parking désert.                                                        

Une balle dans la tête pour l'un, cinq dans le dos pour l'autre" (Neil)



"Dans la chambre, un flic s'approche du cadavre fumant de Fred, puis vise sa tête. Deux dernières balles, au cas où. Et c'est un Noir qu'a fait ça." (Tyrone)
Profile Image for The Cannibal.
657 reviews23 followers
August 29, 2018
Les États-Unis, peuplé en masse par des descendants d'immigrés est une terre d'asile, d'accueil, de droits pour tous et toutes !

STOP ! On rembobine la bande : vu son origine, elle aurait dû être une terre d'asile, d'accueil, de droits pour tous et toutes… J'ai le droit d'avoir un rêve.

Pour ceux et celles qui rêvent encore éveillés, je leur suggère de lire le dernier roman de Mention. Les racistes crasses de tous poils devraient aussi le lire, mais ils risqueraient de ne pas vouloir comprendre car ces personnes sont accrochées à leurs idées comme une moule à son rocher et ne verrait dans la réalité que de la propagande.

Et puis, 452 pages, se serait trop dur à lire pour ces personnes que je connais (on choisit pas sa famille, même si se sont des pièces rapportées) et qui me font souvent soupirer dans ma tête.

Michaël Mention a fait fort ! Documenté à mort, à fond, sa plume trempée dans l'acide, il m'a fait assister à l'assassinat de Malcom X, vivre celui de Martin Luther King, celui de Kennedy (Robert, pas John), j'ai foulé la moquette du bureau de ce parano de Hoover, appris les meurtres du Zodiac et vu la scène de crime de Sharon Tate…

Je me suis assise, en buvant une Bud, dans le local des Black Panther, assistant à leur naissance, leur émergence, leurs combats pour avoir des droits élémentaires, refait le monde avec eux, j'ai participé à des patrouilles de flics, me suis révoltée devant des arrestations arbitraires, des abus de pouvoir et senti un peuple oppressé se soulever.

Dans un pays où la nation Noire doit fermer sa gueule, baisser la tête, dire « oui » à tout, n'ayant aucun droit, sauf celui d'aller se faire tirer dessus au Vietnam, il était normal qu'un jour, elle en ait marre et réclame le minimum syndical qui était d'avoir les mêmes droits que Le Blanc qui l'avait jadis réduit en esclavage.

Chez Mention, pas de manichéisme, on ne se retrouvera pas avec des Noirs gentils et des Blancs méchants, il y en aura pour tous les goûts, toutes les haines, toutes les trahison : Le Blanc comprenant que le Noir a raison de s'insurger et le Noir trahissant les siens, sans que l'on juge l'un ou l'autre.

C'est violent, c'est clash, c'est un peuple qui se révolte, c'est un peuple américain qui en a marre de vivre dans la misère, les ghettos et de se faire contrôler et arrêter arbitrairement.

C'est un roman noir fort, un roman qui fout la gerbe quand on voit cet acharnement sur les Black Panther alors qu'on ne fait rien contre les gangs, les dealers, et autres. C'est un roman qui explore un mouvement qui commença petit pour devenir grand avant de sombrer, sabordé par la propagande, les rumeurs, les coups de pute du FBI, du gouvernement, des flics, des médias, des lois s'appliquant aux uns et pas aux autres.

Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage… Ça marche toujours et ça marche encore de nos jours. Vieux comme le Monde.

Un roman qui laisse aussi planer une question : si les autres ne s'étaient pas acharnés dessus, le parti aurait-il continué ou aurait-il sombré aussi, victime de ses propres matelots et de l'usure ?

Un roman noir qui donne la parole à plusieurs personnages, à tour de rôle, afin de mieux nous immerger dans les événements de cette époque, une véritable plongée en apnée dans une période qui n'est pas si loin de nous, une critique au vitriol d'un pays qui se dit garant des droits de l'Homme et des libertés pour tous.

Je croyais savoir mais je ne savais rien… Ce roman noir m'a ému, tordu les tripes, emporté loin d'ici, m'a mis au centre d'un peuple sans droits qui ne faisait qu'en réclamer un peu, d'un mouvement dont je ne connaissais pas grand-chose, au final, sauf ce que la propagande et les médias en ont fait.

Un
Roman
Coup
De
Poing
Profile Image for Exuline.
469 reviews9 followers
February 18, 2021
Il y a certains livres que l'on choisit parce qu'ils collent à l'actualité et que l'on souhaite se faire sa propre opinion, comprendre comment tout ça a commencé, comment en est-on arrivé là, ne pas prendre ce que nous raconte les médias pour argent comptant, parce que justement il y a des sujets qui comptent.

Comment ne pas s'arrêter quelques secondes, quelques minutes ou même, dans mon cas, quelques heures sur le mouvement Black Lives Matter ? Comment ne pas se remémorer cette résonnance particulière en mai 2020, à la mort de Georges Floyd, Afro-américain mort asphyxié par un policier blanc à Minéapolis ? Comment démêler le faux du vrai sans comprendre ses origines, l'histoire de ce pays, l'histoire de ces gens qui ont créé un mouvement qui a fait échos dans l'espace et le temps ? Pourquoi ne pas revenir quelques années en arrière et s'intéresser au Black Power, aux Blacks Panthers ?

Le roman Power est comme ces vieilles coupures de presse que l'on touche délicatement pour ne pas les abimer plus qu'elles ne le sont déjà. Ca papier jauni, lisse, presque transparent, sentant l'odeur des vieux cartons rangés dans le grenier que personne n'a ouvert depuis tant d'année. Ou mieux encore, ce roman est comme un roman intime trouvé dans un vieux mur d'une maison que l'on retape, mais en fait il ne s'agirait pas d'un seul journal, mais de trois qu'un ancien propriétaire c'est forcé à réunir pour que celui qui va les découvrir, poussé par la curiosité qui fait l'Homme, va forcément ouvrir et lire son contenu. Ces trois journaux tenus par trois personnes qui ne se connaissent pas qui pourtant vont se croiser et se recroiser sans prendre conscience réellement de qui est l'autre. Chacun avec ses mensonges, ses regrets, ses angoisses, sa violence qui lui est propre, sa vulnérabilité, sa dépendance, son épée de Damocles, et son choix ou plutôt ses choix qu'il aura fait pour tout simplement vivre.

Comme vous l'aurez compris ce roman n'est pas seulement un arrêt sur image ou un récit quelconque sur le BPP : Black Panther Party, mais une immersion profonde dans cette époque si particulière de la fin des années 60 aux Etats-Unis. Roman collégial porté par trois personnages fictifs évoluant parmi des personnages qui ont réellement existés.

Alors, au début, pour ceux comme moi qui n'y connaissement rien, on est forcément un peu perdu, comme si on était dépassé par ce qui est décrit, par ce qui s'est passé, par la violence de cette guerre des rues, cette guerre opposant noirs contre blancs ou blancs contre noirs, mais avec aussi des noirs soutenant les blancs et des blancs soutenant des noirs. et aussi des noirs contre des noirs et des blancs contre des blancs. Pas de camps à choisir ou au contraire quelque soit le camp, nous sommes obligés d'en choisir un, le meilleur, on, le moins pire, surement. Car oui, la vie, l'Histoire n'est jamais blanche ou noire, la vie n'est pas rose n'ont plus, et on évolue au rythme des couleurs que chacun veut nous faire vivre.

Michaël Mention a su dépeindre avec beaucoup de réalisme cette histoire, Notre Histoire, même si moi j'habite à des milliers de kilomètres. Mais cette histoire qu'en est-elle, aujourd'hui, à l'heure de l'ultra médiatisation, et de l'ultra communication ? Peut-on faire comme si ce qui se passait de l'autre côté de l'Atlantique ne nous concernait pas ? Que jamais cela n'arriverait chez nous, que nos enfants ne connaitront jamais cette violence ? N'est-ce pas ce qu'on avait dit d'un petit virus Covidé apparu de l'autre côté de la Terre ? Je pense qu'il faut rester en alerte, se faire son opinion, comprendre : ce roman est fait pour ça. L'auteur loin de tenir une plume manichéenne, a voulu entrer dans le dur, complexifié l'histoire pour quelle en soit d'autant plus proche de la réalité. De permettre cette transposition à l'époque actuelle. Il a créé des psychologie de personnages en résonnance avec une époque que nous n'avons pas connue mais qui est pourtant si proche de nous.

C'est rare que je le dis, un récit magistral.
Profile Image for Histoire et fiction.
285 reviews12 followers
March 16, 2022
Power est un roman de Michaël Mention qui retrace l’histoire du Black Panthers Party (BPP) aux Etats-Unis du milieu des années 1960 au début des années 1970. La genèse, la montée en puissance puis l’implosion du parti créé par Bobby Seale and Huey P. Newton à Oakland en 1966 est abordée à travers les points de vue croisés de trois personnages :
• Charlene, la jeune afro-américaine rebelle qui veut changer le monde et retrouver sa dignité,
• Tyrone, un ex-prisonnier recruté comme indic par le FBI pour infiltrer le mouvement,
• Neil, un policier blanc confronté à la violence du BPP à Los Angeles.

D’un côté, l’auteur multiplie les références au contexte historique : émeutes de Watts (1965), manifestations contre la guerre du Vietnam, assassinat de « Bobby » (Robert) Kennedy en 1968, meurtre de Sharon Tate par la secte du guru Charles Manson en 1969, arrivée au pouvoir de Nixon… D’un autre côté, Mention choisit d’utiliser des pseudos plutôt que les véritables noms des personnages historiques (« Bobby Stills » et « Huey Norton. »), suggérant ainsi qu’il s’autorise certaines libertés avec les personnages. L’originalité de l’approche consiste à aborder les différents aspects du mouvement à travers trois personnages aux motivations bien distinctes. Le personnage de Charlene permet ainsi d’aborder le rôle des femmes, tandis que les parcours de Neil et de Tyrone permettent de comprendre le rôle du Counter Intelligence Program du FBI dans le « sabotage » des Black Panthers.

J’ai mis un peu de temps à entrer dans le roman mais, au fil des pages, je me suis vraiment intéressée aux trois personnages principaux, à leurs conflits internes, puis à leur descente aux enfers respective. Power est en effet un roman qui va crescendo vers de plus en plus de violence, jusqu’à l’implosion du BPP, ses déchirements avec les gangs et les branches dissidentes comme la Black Libération Army (BLA). Certaines scènes sont vraiment très violentes, et l’intégration fréquente d’extraits de chansons emblématiques de la période sert à rythmer l’action – même si l’effet est moindre lorsqu’on n’est pas familier avec les titres en question. J’ai aimé suivre l’évolution des personnages, même si c’est très dur. Le personnage de Neil en particulier est intéressant : comment un policier blanc initialement plutôt progressiste et critique de la politique de la police envers les Noirs vire-t-il à l’extrême violence raciste, jusqu’à devenir un psychopathe sanguinaire ?
En définitive, malgré la difficulté à saisir toutes les références historiques et le malaise créé par les scènes d’extrême violence, j’ai quand même apprécié de découvrir le mouvement des Black Panthers « de l’intérieur » (heureusement que j’avais quelques bases grâce à la superbe BD de David F. Walker et Marcus Kwame Anderson). Il me semble d’ailleurs que Power ferait une excellente mini-série télé !
Profile Image for L'atelier de Litote.
651 reviews41 followers
September 29, 2018
Une plongée en apnée, dans un autre monde, une autre époque à travers Power faire la connaissance des noirs américains, à l’époque de la guerre du Vietnam et de la création du mouvement des « Black Panther Party ». Voilà la traversée que nous propose Michaël Mention. Un talent certain pour nous raconter cette noirceur de l’Amérique raciste, la misère, les ghettos, ces noirs qui n’ont plus que la révolution comme horizon en réponse à l’arbitraire, l’oppression et la mort. Cet élan vers la liberté va entraîner avec lui de grands bouleversements, de l’ultra-violence et faire trembler ce colosse aux pieds d’argile qu’est l’Amérique. La période est trouble entre le Vietnam qui n’en finit plus et les exactions contre les noirs, le refuge et l’espoir semblent être pour eux ce nouveau parti et bien tout cela accompagné des musiques qui elles aussi crient leur révolte au travers des succès de James Brown et de la Motown, une bande son dont la playlist nous est fournie à la fin, du son qui arrache et qui déchire. Les Black Panthers arrivent juste après Malcom X et Martin Luther King, ils viennent rétablir l’ordre, une nouvelle parité et les débuts du mouvement à vivre ainsi sous la plume de l’auteur sont très enthousiasmants.
Une ambiance superbement rendue avec une écriture au plus proche des ressentis, des personnages attachants, c’est rythmé et fluide, ça se dévore. On sent un véritable travail de documentation de la part de l’auteur sur des faits historiques ainsi mis en lumière, de la réalité à la fiction car bien sûr Power n’a rien d’un documentaire j’ai adoré l’anecdote des JO, tous les petits détails de la grande et de la petite histoire ainsi regroupés c’est jubilatoire. La construction du roman passe par la parole donnée à différents personnages Neil, Charlène et Tyrone dont on suit l’évolution tout au long du roman. Grandeur et décadence du BPP, la descente sera rude et pleine de désillusions alors qu’on a failli toucher au but. Le sabordage, les rumeurs, le FBI étaient les grains de sables d’une machine qui commençait à peine à tourner. Je suis ravie de cette lecture qui m’a permis de mieux comprendre cette période de l’histoire que finalement je connaissais peu. Bonne lecture.
55 reviews
June 23, 2023
Power, où l'histoire de la révolte des noirs américains pour leurs droits et pour l'égalité.
Le roman a la particularité d'être en deux parties avec deux modes de narration différents. Le premier est une narration "classique" qui décrit la formation du Black Panther Party et décrit le contexte historique et social. Il s'agit d'une partie assez courte qui passe vite.
Ensuite, l'auteur plante 3 personnages qui vont chacun raconte leur parcours avec une narration à la 1ère personne. Un personnage, un chapitre.
Il y a Neil, le policier blanc un peu idéaliste qui vit pour son travail.
Il y a Tyrone, le taulard noir qui va infiltrer le BPP pour le compte du FBI.
Il y a Charlène, l'adolescente qui rêve d'un monde meilleur pour elle et ses "frères" quitte à lutter armes à la main.

Les destins de ces 3 personnages vont se dérouler et se croiser, décrivant une amérique déchirée par la violence, la guerre au Vietnam et la rancoeur.
Mention ouvre une fenêtre sur une époque trouble et qui apparait terrifiante.
En tant que lectrice, j'ai toutefois été mal à l'aise face à ce déchainement de violence (scènes de fusillades, de torture, de meurtre...) et par la déchéance des 3 personnages sur le dernier quart du roman.

Finalement, j'ai l'impression après avoir refermé ce roman que le BPP c'est une belle idée qui a foiré et s'est perdue dans la violence et l'affrontement avec le FBI.
Malgré tout, l'héritage du BPP est colossal et vibre à travers des mouvements comme Black Lives Matter. Signe que les Etats-Unis n'en ont pas fini avec leurs vieux démons.
Profile Image for Jess ツ.
106 reviews
August 19, 2019
1 étoile pour ne pas le mettre dans la pile des DNF mais sans plus ....Si le pitch était alléchant, force est de constater que l'atterrissage tient pour moi plus d'un crash qu'autre chose.

On assiste ici à une partie du francophonissime qui s'étale sur pas loin de 400 pages :
un badge pour le plus grand nombre de fois où un seul et même mot est utilisé : check
un badge pour le plus grand nombre de noms célèbres cités : check ( Malcolm,Ali,King, Kennedy,Zodiac,Tate ,Reagan etc etc )
un badge pour les divers faits qu'on n'approfondit pas : check

Jongler avec différents points de vue, ça ne me dérange pas pour autant qu'il y'ait une trame et ça peut être un page-turner efficace ...pas ici, au contraire, je décroche plus souvent que je ne tourne les pages
Reçu ce livre gratuitement lors d'une OP Bragelonne et tant mieux, j'aurais regretté amèrement mes euros
Profile Image for Lisboète.
29 reviews1 follower
December 26, 2019
Un roman très dur qui nous fait revivre tout un pan de l’ Histoire des États Unis qui a encore des répercussions dans la société américaine actuelle. Un roman violent, comme l’ Histoire qu’ il retrace.
Une plongée dans le monde des Black Panthers, victime de l’ acharnement du FBI et une grande question: que serait-il devenu sans cette persécution ? Aurait- il survécu aux dissensions internes entre le courant qui voulait englober d’ autres luttes, tous les pauvres, quelle que fût leur couleur de peau, ou le courant qui souhaitait une scission permanente aurait-il eu le dessus?
On souffre de lire tant de gâchis et d’ injustices et de voir que bien des choses n’ ont pas beaucoup évolué depuis ce temps.
Profile Image for ALEXANDRE NEDELEC.
74 reviews
May 11, 2019
Un roman qui retrace avec réalisme la trajectoire des Black Panthers dans l'Amérique des sixties. Plutôt que de se centrer sur les grandes figures du mouvement, l'auteur dresse les trajectoires parallèles ou rapprochées de plusieurs acteurs, des plus anonymes aux leaders régionaux. Les rivalités internes, les querelles de pouvoir, les intrigues, commandées ou pas, les trahisons dressent un tableau ambigu de l'engagement idéaliste initial. Mais les plus belles réalisations des Panthers émergent quand même de ce maelstrom politico-crapuleux et donnent, in fine, un coup de projecteur assez positif sur la lutte des Panthers.
Profile Image for Fanny.
38 reviews2 followers
May 18, 2018
Un livre passionnant où l'on suit plusieurs personnages, tous plus ou moins coincés dans un monde qui ne leur convient pas ! On apprend beaucoup sur le contexte historique des années 60-70, avec l'émergence de la lutte pour les droits civiques !! Evidemment un livre qui fait échos à l'actualité des Etats-Unis.

Une histoire vraiment très bien écrite, avec une bande son excellente -j'ai beaucoup aimé la playlist qui est donnée par l'auteur-. Je conseille vivement !
27 reviews
May 16, 2018
Un très bon livre. Une histoire forte, belle et d'une grande richesse.
Il est parfois difficile de savoir où fini l'Histoire et où commence le roman.
J'ai appris énormément de chose sur le Black Panthere Party et sur les "déboires" avec le FBI.
4 reviews
December 10, 2018
I really enjoyed learning about the Black Panthers movement and the politics of the time. I also liked the many points of view the story offers, but I didn't believe in the cop's story, especially at the end of the book.
Profile Image for LeBossu.
276 reviews
July 11, 2019
Une chronique électrisante du tourbillon des sixties au goût de révolte et de sang
Profile Image for Anais Verdoux.
5 reviews1 follower
April 11, 2020
Très belle manière de se retrouver au cœur de la résistance et de découvrir les Black Panther. Des mots poignants, très belle plume.
Displaying 1 - 18 of 18 reviews

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