Les signataires de ce recueil en sont-ils les auteurs ? La question n’est pas anodine qui introduit une distinction inusitée, celle précisément sur laquelle l’un d’entre eux a fondé l’essentiel de son travail dont voici la part écrite et publiée de son vivant. D’autant plus auteur celui-là qu’il aura dérobé presque toute son œuvre au sceau de « sa » signature. Mais, comme le chasseur se dévoile aisément dans l’entrelacs des branches où le dessin est supposé l’avoir dissimulé, le lecteur ne manquera pas de vite identifier le rédacteur prétendument véritable de ce livre improbable. Ce faisant, il risque de se priver du trop rare bénéfice d’une lecture indemne de l’influence de toute « autorité ». L’enquête qu’il convient de conduire ici est autrement subtile. Elle portera aussi bien sur d’exceptionnelles stratégies d’écriture spéculaire (qui n’ont guère à envier à celles dont la littérature s’est enrichie en ce siècle) que sur le statut d’écrits dont le motif est à chercher d’abord dans l’activité plastique de leur secret scripteur.
Lecture fastidieuse et compliquée. La plupart des textes m'ont demandé une attention très soutenue, j'ai du en relire quelques uns plusieurs fois pour tenter de me faire une idée de leurs contenus, sans toute fois pouvoir affirmer les avoirs vraiment compris. En général, l'écriture des auteur.ice.s est assez corsée et je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à la découvrir. Quelques textes sortes du lot, souvent parce qu'ils semblent se livrer plus facilement au lecteur. Dans l'ensemble, cela m'a sembler refléter l'aspect intellectuel du travail de Philippe Thomas, et sa possible dérive vers une aridité tout de même déplaisante. Les "notices" finales sont une bénédictions.