Les essais rassemblés dans cet ouvrage balisent et condensent une vingtaine d’années d’enquêtes ethnologiques, de réflexions et de lectures au cours desquelles Alban Bensa, spécialiste du monde kanak, propose une approche novatrice de la différence qui le conduit à concevoir véritablement, loin de la fossilisation des cultures, la fin de l’exotisme d’antan.
Page 282, il est dit que « l’exercice littéraire est partie lié à l’écriture de l’ethnologue ». S’il est clair et incisif dans certaines démonstrations à visée critique, c’est un ouvrage haché et semble-t-il contradictoire à la fin. Il est généralement très désagréable à lire (sauf lorsqu’il est question de l’ « habiter » p.130), aride et répétitif. La première partie idéalise la méthode historique sans problématiser celle-ci dans le but l’ériger en contre-modèle de l’anthropologie structurale, ce que je trouve peu convainquant. Intéressant quand même sur le point très précis de l’analyse des conséquences de l’écriture ethnographique, il sait intéresser aussi lorsqu’il y est question des musées ethnographiques. Il affronte la difficulté dans un dialogue fictif, c’est intéressant.
Contre la notion de culture version structuraliste, Alban Bensa appelle à un usage raisonné de l'histoire et de la sociologie, afin de montrer à quel point l'effacement de l'individualité des Autres est problématique. L'exemple qui m'a le plus marqué est celui des musées d'ethnologie qui mettent en avant des oeuvres extra européennes sans préciser l'auteur, comme il est d'usage dans les musées d'art.