"- Non, je les connais, beaux masques ! Je n'ai pas besoin de lorgnette. Voilà ce qu'ils font, écoute : au moment où Murataure pique droit sur Quelte, la baronne a entendu le bruit du moteur (et peut-être même les coups de trompette ; il est encore assez cocardier pour trompeter, le Murataure) et elle a pris son fusil de chasse. Elle monte au second ; elle a ouvert la fenêtre ; elle surplombe. Quand la voiture passe à côté de Quelte, la baronne tire ses deux cartouches de chevrotines sur l'automobile. Elle recharge à toute vitesse et elle tire encore deux fois sur Murataure qui s'esquive et qui s'en va."
Jean Giono, the only son of a cobbler and a laundress, was one of France's greatest writers. His prodigious literary output included stories, essays, poetry, plays, film scripts, translations and over thirty novels, many of which have been translated into English.
Giono was a pacifist, and was twice imprisoned in France at the outset and conclusion of World War II.
He remained tied to Provence and Manosque, the little city where he was born in 1895 and, in 1970, died.
Giono was awarded the Prix Bretano, the Prix de Monaco (for the most outstanding collected work by a French writer), the Légion d'Honneur, and he was a member of the Académie Goncourt.
Un homme s'évade d'un pénitencier et est entraîné dans des aventures et des rencontres étranges. Passages drôles et descriptions telles que Giono les affectionnent, c'est mon Giono préféré.
"C'étaient simplement le ciel qui descendait jusqu'à toucher la terre, racler les plaines, frapper les montagnes et faire sonner les corridors des forêts. Après il remontait au fond des hauteurs."
C'est un bout de la vie du personnage principal, un instant après un évènement marquant qui l'a poussé à partir et se cacher, cette pause va lui faire découvrir un coin de pays et des gens dont il va connaître la vie de plus en plus. Son passé est révélé petit à petit lorsqu'il repense la nuit à sa vie et à la réaction des gens qui l'ont connu si on leur posait des questions sur lui. On le découvre au fur et à mesure, son personnage prenant de l'épaisseur et on prend nos repères dans ce nouveau bout de campagne où plusieurs personnages hauts en couleurs animent le village et donnent à parler pour de longs moments. Le style de Giono est toujours aussi agréable à lire, comme si un orateur nous racontait un conte, enchaînant les pensées intérieures et les dialogues des personnages qu'il croise. Et toujours cette description si colorée à grand renfort de vocabulaire varié de la nature et du temps qui paraissent peu de choses mais sous le coup de stylo de Giono se révèlent merveilleux et dignes d'attention.