Ce document retrace l'histoire de la France du XVIIIe siècle, évoquant la démographie, les institutions, la culture, etc. Il analyse également quelques sources historiques et les débats engendrés par cette période.
La France des Lumières 1715/1789 De la mort de Louis XIV à la convocation des États Généraux, La France des Lumières est en effervescence. Elle fait depuis deux décennies l'objet d'un profond renouvellement historiographique qui permet de balayer bien des certitudes et des poncifs sur l'Ancien régime. De l'expérience réformatrice des années Régence aux entreprises modernisatrices des années 1760-1780, le royaume est un laboratoire où des administrateurs dévoués au service du roi comme à celui de l'État inaugurent des chantiers aussi ambitieux que socialement et politiquement risqués, au premier rang desquels la refonte fiscale et la réorganisation de la monarchie administrative. Les enquêtes qu'ils diligentent nourrissent une science de l'État dont les enjeux et les résultats sont débattus dans toute l'Europe. Loin d'être cantonnés dans la sphère intellectuelle, gens de lettres et figures des Lumières animent l'espace public et bousculent les frontières du secret du roi. Jamais pour l'époque moderne, un appareil d'État n'a disposé d'autant d'indicateurs ni reçu autant de projets de réformes. Pourtant, lorsqu'il s'agit de changer d'échelle, de passer de l'expérimentation limitée à l'application généralisée, le roi et ses ministres hésitent et souvent trébuchent. De fait, les craintes d'un despotisme ministériel qui sacrifierait les libertés et les droits des corps intermédiaires sont largement partagées, des métiers urbains aux magistrats des cours souveraines. De témoin, l'opinion publique devient arbitre et bientôt juge devant lequel les partisans des réformes et leurs détracteurs plaident. Alors que Louis XV rompt avec la représentation traditionnelle du roi de guerre pour se poser en roi de paix et en roi citoyen, serviteur du bien public, le processus de désacralisation de l'autorité monarchique devient clairement perceptible. Dans un contexte de croissance économique inégalement répartie, la société est sous tension, travaillée par des mobilités ascendantes qui bousculent les cadres de la société d'ordres, mais aussi par la fragilisation de pans entiers de la population. Sur le plan international, l'heure est également aux expériences audacieuses, de l'alliance franco-anglaise défendue par le Régent Philippe d'Orléans à l'intervention armée aux côtés des Insurgents américains en lutte contre leur souverain.
Pierre-Yves Beaurepaire (né le 9 février 1968) est un historien français, spécialisé en histoire sociale et culturelle de l'Europe des Lumières.
Il étudie les sociabilités mondaines, savantes et culturelles, la franc-maçonnerie, les réseaux de correspondance, les « ego-documents », et développe de nouveaux outils de recherche : bases de données relationnelles, systèmes d'informations géographiques. Il s'oriente aujourd'hui vers une histoire du monde au siècle des Lumières attentive à la prise en compte aux circulations extra-européennes.
Ancien élève de l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, agrégé d'histoire, Pierre-Yves Beaurepaire soutient sa thèse en 1997, sous la direction d'Alain Lottin, sur L'Autre et le Frère. L'Étranger et la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, qui a obtenu le prix Le Monde de la recherche universitaire. Il a présenté son habilitation à diriger des recherches à l'Université Paris IV-Sorbonne sous la direction de Lucien Bély en 2002. Il est membre de l'Institut universitaire de France depuis 2007 et lauréat de la Japanese Society for the Promotion of Science. Il a enseigné à l'Université d'État de San Francisco, à l'Université de Tōkyō, à l'Université de Tunis et à l'Université libre de Bruxelles et participé au développement de l'Université de la Nouvelle-Calédonie.
Depuis 2003, il est professeur d'histoire moderne à l'Université de Nice Sophia-Antipolis, où il a dirigé le Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine. Délégué scientifique à l'agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, il coordonne depuis 2009 pour l'Agence nationale de la recherche le programme CITERE (Circulation, Territoires et Réseaux en Europe de l'Âge classique aux Lumières).
Auteur d'une douzaine d'ouvrages dont certains ont été traduits en arabe, espagnol, japonais ou encore bulgare, il a créé la collection « Les Méditerranées » aux éditions Classiques Garnier.
I have read three other volumes of the series before (1789-1815, 1815-1870, 1870-1914), this one was the hardest to get through, but that I lack knowledge of the period may have played a considerable role. Nevertheless, a good structure is not a forte of the book. Instead of jumping immediately into political developments, structural issues should perhaps have been presented first. In general the author highlights particular cases to illustrate general developments. But nonetheless my understanding of mid-18th century France has increased considerably.
In the beginning the author dedicates considerable attention to the controversy about the Jansenist current in French Catholicism and its subsequent, suppression. Religion appears as major issue in the end again, with the Toleration Edict ending most discrimination of Protestants in 1787. As to be expected the financial problems of the state are a recurrent topic, of course also because these difficulties finally lead to the revolution. Beaurepaire does, however, not describe the development as unavoidable, in general he argues for understanding the period in its own right. The Enlightenment which gave the volume its title, is embedded in the description of new forms of sociability, reflecting the authors research interests (freemasonry in particular). As I have said in the beginning the structure is not the strength of the book, demography, rural and urban economy are dealt with relatively late in the book, had these aspect been dealt with in the start, this would have facilitated the understanding of the period considerably. In general, these aspects which are not the specific research interests of the author are the most readable, perhaps because he looked at it with an outsider's eye. Not much ink is spilt on the kings, as the government business was in the hands of technocrats. But of course their importance for the public perception of the monarchy is given due attention.
Unlike what one might expect from a book on French history, the volume is not very parisocentric. Developments in various provinces are often referred to. An exception, is alas one I am particular interested in, Alsace, which in thesis period was still culturally deeply integrated in the German language area, and where the Lutherans were tolerated (and even had their Academy in Strasbourg).* A more serious deficit is that French colonialism only appears only on the margins, as losses and gains in wars with the British, as a source of wealth for the major ports. The "traite des nègres" and slave labor is not dealt with in detail, although they are the central aspect of the history of territories which are today officially considered as integral parts of France (The Départements d'Outre-Mer in the Caribbean and the Indian Ocean).
As common in the series the book provides in the end short biographies of characteristic figures, a timeline, remarks on specific types of sources and one historiographic debate, in this case France's economic development in comparison to that of Britain. He discards claims that France was close to her Northern rival, but he highlights as well the dynamic of development in the 1780. He follows Chaunu who points out that the disruption by the revolution prevented France from catching up.
** When it comes to this area one stumbles also over some mistakes. All Alsace is shown as a part of France on the maps, although there were still a number of territories that belonged to principalities within the Holy Roman Empire, while Mulhouse was a part of the Swiss Confederacy. Further North he names Landau (in der Pfalz) as the last place France could retain East of the Rhine, while the town lies to the river's West.
Une excellente synthèse du siècle des Lumières en France, depuis la mort du Roi Soleil à la Révolution de 1789 : ce livre thématique brosse un portrait lumineux de cette période fascinante. Prenant en main un pays rendu exsangue par un précédent régime glorieux militairement mais intolérant et intolérable, la régence prépare un nouvel équilibre en Europe avec une alliance avec l’Angleterre à l’issue de la guerre de succession d’Espagne, laquelle avait confirmé la présence de Philippe V sur le trône espagnol, et permis aux Anglais de prendre pied sur péninsule Ibérique. Cette assez longue paix durera jusqu’à la guerre de succession d’Autriche (1740-1748), à l’issue de laquelle la Prusse va tirer les marrons du feu après avoir traitreusement lâché la France en plein milieu du conflit. Les hostilités reprennent moins de dix ans après avec la guerre de Sept Ans(1756-1763), laquelle peut être considérée comme le premier conflit mondial puisque les puissances coloniales s’affrontent sur tous les continents, et où, pour s’assurer une victoire certaine quoique peu honorable, l’Angleterre coule préalablement la flotte française sans déclaration de guerre.
Pour contenter l’insatiable goinfrerie de l’ogre britannique, Choiseul abandonne les immenses territoires peu rentables et inhospitaliers d’Amérique du nord qui jouxtaient les colonies anglaises de la côte atlantique, se réservant les lucratives pêcheries de terre-neuve et îles à sucre des caraïbes. Comme prévu, les puissances belligérantes se sont endettées à mort auprès des banquiers suisses, et l’Angleterre à la mauvaise idée d’en faire payer le prix aux américains. Ces derniers, près de leurs sous, se rebellent un peu plus de dix ans après (1775-1783), la France va leur apporter un soutien officieux puis ouvert, non pas uniquement pour se venger de la perfide Albion que par un enthousiasme réel et sincère pour les idéaux de la Révolution Américaine. Les finances ne s’en portent évidemment pas mieux, et l’impéritie de l’ensemble des acteurs chargés de traiter le problème va ouvrir la voie à la Révolution.
Pendant toute cette période, la figure royale perd inexorablement son aura que Louis XIV avait portée à son comble. Souhaitant tourner le dos au règne de son ancêtre, Louis XV aspire à être le roi bien-aimé. Il laisse les rênes du pouvoir au cardinal de Fleury, et ne prend plus autant part aux affaires de l’État que le Roi Soleil qui lui, avait été terrifié par les rois fainéants et les maires du palais. Ses revers militaires le font mépriser, et ses penchants pour la lubricité n’arrangent guère son image. L’influence des favorites comme Mme Pompadour, la comtesse du Barry, pour ne citer que les plus célèbres d’un véritable sérail. Honni à la fin de son règne, tous les espoirs se fixent sur Louis XIV, dont on espère les plus hautes vertus, car Louis XII + Henry IV =16. Hélas, son image va également s’effriter dans l’opinion, et on sait quel sera son destin lors de la révolution.
Mais en dehors de la politique, d’autres thèmes importants sont traités, en particulier le rôle de plus en plus important de la finance, lequel devient indispensable, et constitue un formidable levier de développement économique, malgré des échecs retentissants, comme la très fameuse faillite de Law au début du siècle. L’importance pour le commerce de disposer de marchands internationaux compétents fait chercher des moyens de les fixer dans un état héréditaire, en de leur accorder une reconnaissance qu’ils n’avaient pas ; mais la chose est malaisée car tout marchand aspire avant tout à devenir un propriétaire foncier. Les théories économiques, déjà bien étudiées au siècle précédent, trouvent le chemin des ministères et sont appliquées avec plus ou moins de bon sens et de bons résultats à cause du fanatisme parfois aveugle et systématique de la secte des économistes, comme Turgot. Necker, un banquier suisse devenu ministre, est plus malin. Il se fait aduler car pour maintenir la confiance tout en baissant les impôts, il a trouvé une technique redoutable : maquiller les comptes.
La maitrise des techniques administratives de gouvernance connait un essor considérable : on mesure, on arpente, on calcule, on fait des recensements et des statistique : tout est réduit à des informations, des tableaux, des synthèses destinées à faciliter et rationaliser la gestion. L’introduction de cartes d’identité ouvre des débats extrêmement animés sur les dérives possibles d’une telle emprise de l’état sur l’individu, lequel est également surveillé par une police de plus en plus efficace et rompue aux techniques d’information moderne. Par contre, du côté de la religion, le siècle est marqué par des conflits très durs, internes au catholicisme, entre jésuites et jansénistes. Ces derniers, quoique le pouvoir les ait soutenu très longtemps, perdent toute influence pour une bête affaire de banqueroute, et sont chassés aussi bien de France que d’Espagne. Enfin, le siècle est marqué par une effervescence dans le monde des lettres et des sciences grâce à des réseaux de sociabilité denses qui soutiennent une activité et un échange des idées remarquable, mais on en finirait pas s'il fallait commenter ce thème.
Au final, un excellent ouvrage, très complet, très clair, magnifiquement illustré et pourvu d’annexes passionnantes pour découvrir une période prise pour elle-même, et non pas comme une trajectoire fatale devant immanquablement et inéluctablement aboutir à la Révolution.
Entre l’apogée de la monarchie absolue dans le tome précédent et le suivant sur la Révolution et l’Empire que je suis impatient de lire, je n’attendais pas grand chose de ce huitième volume de la collection Histoire de France éditée par Belin sous la direction de Joël Cornette.
Sous le titre La France des Lumières, il couvre la période de 1715 à 1789 : il commence à la mort de Louis XIV, relate le règne de Louis XV puis les quinze premières années de celui de Louis XVI, et s’achève à la veille de la convocation des États-Généraux.
J’avais donc peu d’attentes sur ce volume, consacré à une période que je connaissais très mal et qui me semblait manquer d’intérêt, entre deux périodes plus palpitantes. En réalité, j’ai été passionné du début à la fin.
L’auteur, Pierre-Yves Beaurepaire, prend le temps de raconter les événements, de les expliquer, de les placer dans leur contexte, et de les illustrer avec une documentation riche et parfois inédite.
J’ai ainsi eu l’occasion de découvrir ou de redécouvrir une période historique rendue d’autant plus passionnante par un plan qui m’a semblé parfaitement construit :
Dans un premier court chapitre, l’auteur prend le temps de présenter l’état de La France à la mort de Louis XIV, d’un point de vue politique, militaire, financier, social et religieux.
Les deux chapitres suivants commencent le récit historique, avec La Régence de Philippe d’Orléans puis Les années Fleury, du nom du principal conseiller de Louis XV à sa majorité.
Suivent des chapitres qui alternent la progression du récit historique et le traitement de thématiques spécifiques.
Du côté des chapitres classiques poursuivant le récit historique, on trouve :
- Au Mitan du siècle, avec notamment la défaite française lors de la guerre de Sept ans - L’autorité royale en question avec le sacrifice des jésuites et la fronde des parlements et les tentatives réformatrices - Des années Turgot au tribunal de l’opinion sur le débat du règne de Louis XVI, les dernières tentatives réformatrices, et ses reculs, avant les événements révolutionnaires de 1789
Concernant les chapitres thématiques :
- De la gloire de Fontenoy au désamour du Bien-Aimé sur l’évolution de l’image du roi dans l’opinion publique - Experts, théoriciens et administrateurs notamment sur la transformation de l’administration et l’émergence de l’économie vue comme une science - Sociabilités et Lumières consacré à la vie mondaine mais aussi au grand projet philosophique et scientifique de L’Encyclopédie - Le royaume aux 28 millions d’habitants qui dresse un état démographique précis de la France de la deuxième moitié du XVIII° siècle
Le livre s’achève sur une courte conclusion, mais aussi le toujours intéressant Atelier de l’historien détaillant les sources, l’évolution de l’historiographie, les chantiers et les débats sur l’histoire de la période. Les annexes (chronologie, bibliographie, sources des illustrations et documents, index) ferment l’ouvrage.
Contrairement au volume précédent sur l’apogée de la monarchie absolue qui m’avait semblé aride, très pointu et peu accessible aux non-connaisseurs, celui-ci permet à la fois d’apprendre et de comprendre la période à laquelle l’ouvrage est consacré.
J’ai pris un grand plaisir avec ce livre, lisant en détail avec avidité certains chapitres ou parcourant d’autres de façon moins précise, mais sans jamais perdre le fil. J’ai encore plus hâte de lire le prochain volume, consacré à la Révolution, au Consultat et à l’Empire.
Chaque être humain sur cette terre doit lire cet ouvrage et, plus généralement, s’intéresser à cette période. Étant donné qu’au lycée et au collège on étudie pas mal cette période, je me suis dit que j’allais un peu m’ennuyer et pas trop kiffer, mais eh pitié, je pleure sur le poulet tellement c’était bien à étudier.
Étonnamment, ma partie préférée, c’était sur la fiscalité . Le système fiscal qui a été mis en place sous Louis XIV et qui a été “amélioré” ensuite est tellement intéressant ! Et surtout, ça nous montre bien que les problèmes liés à l’économie actuelle, avec les ultra-riches qui ne paient pas vraiment de taxes, existent depuis les années 1500.
Le problème étant toujours que, lorsqu’un État subit une crise financière, au lieu de faire pression sur les personnes qui possèdent les ressources financières nécessaires, on va faire pression sur le petit peuple en le culpabilisant et en lui expliquant qu’il faut se serrer la ceinture. #lafrancedemacron au final Bref, cet ouvrage est génial, mais il peut être un peu obscur si on n’a pas un petit contexte avant, donc je conseille d’écouter des podcasts ou de feuilleter un manuel pour avoir une idée générale.
Riche ouvrage de Beaurepaire qui est une figure d'autorité dans le monde universitaire. Ce livre assez synthétique et complet pour un niveau licence introduit parfaitement la richesse de la France au XVIIIe siècle, époque charnière dans son histoire. Un livre avec une bonne mise en page, papier glacé, des images, extraits de lettres, documents matériels qui se fondent parfaitement avec le chapitre.