La théorie de la reproduction sociale admet des exceptions dont il faut rendre compte pour en mesurer la portée. Ce livre a pour objet de comprendre philosophiquement le passage exceptionnel d’une classe sociale à l’autre et de forger une méthode d’approche des cas particuliers. Il s’agit dans une première partie de mettre en évidence les causes politiques, économiques, sociales, familiales, singulières, qui président à la non-reproduction sociale, et d’analyser dans une seconde partie leurs effets sur la constitution des individus qui transitent d’une classe à l’autre et sont soumis à une logique fluctuante de l’entre-deux. Cette démarche, qui met l’accent sur la dimension du passage « transclasse », implique de penser un concours de causes, relevant aussi bien de l’histoire collective que de l’histoire intime, et de briser l’isolement disciplinaire pour appréhender la singularité au carrefour de la philosophie, de la sociologie, de la psychologie sociale et de la littérature. Elle requiert une déconstruction des concepts d’identité sociale et personnelle au profit d’une pensée de la complexion et du métissage des déterminations.
Chantal Jacquet is a French philosopher. She is currently a professor at the University of Paris 1 Panthéon-Sorbonne where she leads an international research seminar on Spinoza and where she directs the Center for the History of Modern Philosophies at the Sorbonne
Très beau travail de Chantal Jaquet qui met en lumière un thème particulièrement d'actualité lors de la dernière rentrée littéraire. L'auteur mobilise des références philosophiques (Platon, Nietzsche, Pascal, Sartre et, bien entendu, Spinoza) mais aussi sociologiques et anthropologiques pour décrire son concept de transclasse. Elle mentionne évidemment Bourdieu tout en offrant une nouvelle perspective de compréhension du parcours et des travaux du sociologue. Elle s'appuie également sur de nombreux exemples de la littérature française et étrangère. Le tout se lit très bien et a un effet “apaisant” pour ceux qui s'y reconnaîtront et percevront que leurs affects sont légitimes. Enfin, c'est un livre optimiste pour tous les transclasses dotés d'une forte adaptabilité mais aussi en proie à des sentiments de honte et de culpabilité pour lesquels l'auteur suggère des pistes de dépassement.
J'ai adoré cet ouvrage, en tant que transclasse ça fait du bien de lire cet ouvrage complètement dédié et plein de complexité.
La construction du livre, ses différentes ressources transsciences (philosophie, littérature, sociologie,...) permettent de comprendre très facilement et de manière très éloquente le processus de pensée de l'Autrice. Comment défendre une théorie de la complexité autrement qu'en unissant les sciences et en faisant des liens entre elles ? Elle a réussi avec brio.
Merci beaucoup pour cet ouvrage et toutes ces ressources, ça m'a donné envie de relire le rouge et le noir.
Très ému de lire la conclusion, l'ascenseur émotionnelle, la complexité de l habitus Clivé et des affects contraires, ce genre d'ouvrage est exactement la voie à suivre pour comprendre où se placer. Ne pas devenir un batard mais être un barbare.
Le transclasse, loin d'avoir choisi sa voie, a une position préférentielle pour se subjectiver. Entre ces deux milieux qui n'accepteront jamais sa singularité, il peut, en travaillant sur ses affects et en maîtrisant son besoin d'être reconnu, trouver sa place dans le monde. Une place nuancée et complexe, entre simplicité prolétaire et culture bourgeoise. Un bel entre-deux entre deux mondes violents et dogmatique
Dans cet essai paru en 2014, la philosophe Chantal Jacquet mobilise des ressources philosophiques, littéraires, sociologiques et psychologiques pour définir et analyser le concept de "transclasse". Certains auteurs utilisent plutôt l'expression "transfuge de classe", mais l'autrice explique très bien en quoi ce terme lui semble péjoratif et pourquoi elle lui préfère celui de "transclasse".
Le propos est clair, bien structuré, même si certains passages utilisant des concepts philosophiques m'ont semblé un peu moins accessibles. Par contre, j'ai aimé l'utilisation des textes d'Annie Ernaux et de Didier Eribon, deux auteurs que j'apprécie beaucoup et dont j'ai lu avec plaisir certains de leurs ouvrages.
En un peu plus de 230 pages, Chantal Jacquet propose un essai à la fois synthétique et dense sur un concept qui m'intéresse particulièrement; et personnellement.
Un autre cas intéressant de « transclasse » qui n’a pas été mentionné dans l’ouvrage est celui de l’écrivain Édouard Louis, repoussé par son milieu d’origine à cause de son homosexualité.
Chantal Jaquet widmet sich in „Les transclasses ou la non-reproduction“ einem lange vernachlässigten Thema der Sozialphilosophie: nicht der Klassenfrage als solcher, die seit Marx und Bourdieu intensiv diskutiert wurde, sondern dem Ausnahmephänomen der Nicht-Reproduktion. Während klassische soziologische Theorien – allen voran Pierre Bourdieu – eindrücklich gezeigt haben, wie stark Klassenlagen über Kapitalformen weitergegeben werden, richtet Jaquet den Blick auf die Ausnahmen. Sie fragt: Was geschieht mit Individuen, die nicht im Herkunftsmilieu verharren, sondern den Sprung in ein anderes Milieu vollziehen? Diese Frage stellt sie nicht normativ als „Erfolgsgeschichte“, sondern als philosophisch-soziologische Untersuchung der Brüche, Spannungen und Metamorphosen, die den Klassenwechsel begleiten. Das Buch beginnt mit einer Analyse der Mechanismen der sozialen Vererbung, um dann die „Nicht-Reproduktion“ als Sonderfall zu thematisieren. In dichter Sprache entfaltet Jaquet anhand von biographischen und literarischen Beispielen – etwa Didier Éribon oder Richard Wright – die Lebenswege von Menschen, die ihre Klasse verlassen haben. Ambition, Mimikry, familiäre Muster und sozioökonomische Bedingungen bilden dabei die Folie, auf der sich die transclasses abzeichnen. Besonders eindrücklich ist Jaquets Betonung der „sozialen Scham“ (honte sociale), die ebenso Motor der Abwendung vom Herkunftsmilieu wie Quelle existenzieller Zerrissenheit sein kann. Philosophisch originell ist Jaquets Konzept der „complexion des transclasses“. Angelehnt an Spinozas Begriff des ingenium beschreibt sie die Transklasse als ein komplexes Geflecht aus Determinationen – ökonomischen, affektiven, familiären, historischen –, das eine große Plastizität und Anpassungsfähigkeit ermöglicht. Die Dynamik der Nicht-Reproduktion lässt sich daher nicht monokausal erklären, sondern erfordert eine kombinatorische Denkweise. Ehrgeiz, Scham, Liebe oder auch Begegnungen mit Lehrerfiguren wirken dabei zusammen und eröffnen neue Räume. Der Aufstieg ist hier kein linearer Prozess, sondern eine fragile Metamorphose. Besonders prägnant wird das Konzept des entre-deux, des Dazwischen-Seins, das die Identität der Transklassen prägt. Sie sind weder fest im Herkunftsmilieu verankert noch vollständig im Ankunftsmilieu integriert. Diese Zwischenstellung ist Quelle von Distanz, von ständiger Anpassung, von Oszillation zwischen Anziehung und Abstoßung. Jaquet macht deutlich, dass der soziale Aufstieg mit tiefen Identitätskrisen verbunden ist: Ethnologischer Schock, Mimikry und das Verbergen eigener Unzulänglichkeiten gehören ebenso dazu wie die fragile Aneignung neuer Codes. Jaquets Buch überzeugt durch die Verbindung philosophischer Konzepte mit soziologischen Beobachtungen und literarischen Stimmen. Sie verschafft den Transklassen einen theoretischen Raum, in dem deren Komplexität sichtbar wird – jenseits von simplen Erfolgserzählungen oder soziologischen Statistiken. Dass sie Spinozas Affektenlehre fruchtbar macht, um die widersprüchlichen Triebkräfte von Ambition, Scham und Liebe zu fassen, zeigt die Originalität ihres Ansatzes. „Les transclasses ou la non-reproduction“ ist somit ein Beitrag zur Philosophie der sozialen Differenz, der sowohl für Soziologie als auch für Sozialpsychologie von Bedeutung ist. Und doch bleibt am Ende die bedrückende Einsicht, dass unsere modernen Gesellschaften nur wenig zu einem kollektiven conscience de classe beizutragen vermögen. Während Jaquet präzise die inneren Zerrissenheiten der Transklassen seziert, zeigt sich zugleich, wie sehr diese Erfahrungen in der Gegenwart individualisiert und vereinzelt bleiben. Marx hatte den Schritt von der „Klasse an sich“ zur „Klasse für sich“ als entscheidend für jedes emanzipatorische Projekt beschrieben. Heute hingegen bestehen die scharfen Linien sozialer Differenz zwar fort, doch das Bewusstsein ihrer gemeinsamen Grundlage ist brüchig geworden. In dieser stillen Vereinzelung erscheinen die Transklassen eher als isolierte Grenzgänger denn als Mittler einer solidarischen Praxis. Obgleich die Bedingungen für die Entstehung von Klassenbewusstsein – und damit kollektiven Handelns – seit Marx und seinen Nachfolgern immer wieder diskutiert wurden, bleibt auch für mich unklar, unter welchen Umständen es sich tatsächlich leicht entfalten kann. Diese Entstehung ist umso dringlicher, um dem capitalisme cognitif, dem Technofaschismus, dem Technokolonialismus und schließlich dem drohenden Technofeudalismus wirksam die Stirn zu bieten – damit die vielen nicht zu Opfern einer Geschichte werden, die nur den wenigen dient.
Essai très intéressant sur le parcours des transclasses et la sensation d'être toujours entre deux mondes, jamais à sa place. Toutes les personnes dans ce cas s'y retrouveront probablement, de nombreux passages ont fait écho à mon propre ressenti et c'est quelque part rassurant de ne pas être seule à éprouver ces sentiments de malaise et de honte de la trahison des siens et d'hypocrisie dans son nouveau milieu.
L' autrice fait de nombreuses références à des œuvres littéraires et essais, ce qui donne beaucoup de pistes pour prolonger la lecture sur ce thème (Didier Eribon, Annie Ernaux, Jack London, Bourdieu, Stendhal...).
Un bémol sur quelques passages très "philosophiques" et plus ardus à appréhender, même s'ils sont peu nombreux. Globalement l'ensemble du livre reste quand même très accessible en dehors de ces quelques passages très théoriques, ça reste une lecture qui vaut vraiment le coup pour les personnes concernées par la thématique.
Très bel ouvrage qui s’intéresse aux transclasses, ces « exceptions » qui passent d’un milieu défavorisé à un milieu bourgeois ou aristocrate. La réflexion porte notamment sur les facteurs moteurs de ces trajectoires singulières. S’appuyant sur les travaux de Bourdieu, Annie Ernaux ou encore Didier Eribon, l’ouvrage rappelle aussi la trajectoire d’Edouard Louis (dont la majeur partie de son œuvre a été publiée après cet ouvrage).
Un livre de philosophie avec des références littéraires très bien mises en valeur et très pertinentes. La façon dont le sujet des transclasses est abordé fait justice à l'objet de réflexion. Je conseille à toutes celles qui s'intéressent à ce sujet, et à toutes celles qui adorent la littérature et qui veulent avoir des références et suggestions par rapport au sujet.
Yazar Chantal Jaquet kitabında Pierre Bourdieu ve Jean-Claude Passeron'un Yeniden Üretim ve Varisler: Öğrenciler ve Kültür kitaplarında ele aldıkları "sınıf atlayan" ya da sınıf-ötesi bireyleri edebiyattan örnekler vererek felsefi bir sorgulamayla inceliyor. Adı geçen iki eseri okumasanız da metni anlarsınız çünkü yazar başta ve metnin devamında açıklamalar yapıyor iki kitaba dair.
Bourdieu ve Passeron kabaca "insan işçi ya da patron olarak doğmaz, ama işçi babanın oğlu işçi, patron babanın oğlu patron olur" önermesini ve bu durumu yaşamayıp sınıf atlayanları incelerken boş bıraktıkları kısımları Chantal Jaquet dolduruyor. Pierre Bourdieu'nün kendisi sınıf-ötesi bireylerden ama sebeplerini açıklamaya kalkışmamış. Ele alınan soru şu;
"Ortada devrim ya da reform yönünde derinlikli bir kolektif hareket yokken toplumsal yeniden-üretmezlik [non-reproduction sociale] nasıl açıklanacak, görünürde tekerrürden ibaret olan bir tarihte istisnaların tekilliği nasıl kavramlaştırılacaktır?"
Yazar önce yöntemini açıklıyor. Sonra da kimlik inşasından arka sıradakiler kavramına, ırk ayrımcılığından farklılık yaratan eğitim yöntemlerine, sınıf kininden bölünmüş varoluşa pek çok konuya değiniyor. Bunu yaparken değindiği yazar ve eserler şöyle;
Severek takip ettiğim yayınevinin editörü Annie Ernaux hayranları için alınacak notlar var demişti ama beklentimi aşan bir kitap oldu. İnsanların hayatında değişim yaratan ve hayallerine ulaşmalarını sağlayan toplumsal ve bireysel etkenler harika bir şekilde analiz edilmiş.
Çeviri, dipnotlar, parantez içi açıklamalar vs. her şey okumayı kolaylaştıran haldeydi. Çevirmen Aziz Ufuk Kılıç'ın, dizi editörü Bilge Sancı'nın, editör Işık Ergüden'in, yayıma hazırlayan Sanem Işıl Aytuğ'un, kapak uygulama için Aslı Sezer'in, sayfa tasarımı için İklime Yılmaz'ın emeklerine sağlık.
Interesting book if you want to understand the differences between social class, how some people jump to another one and others don't. This book is also explaining the reason why we are seeing the social class with vertical scale instead of having an horizontal view. The author Chantal Jacquet takes in her book some example of true story (e.g Annie Ervaux personnal experience) and fictionnal story (e.g Le Rouge et le Noir de Sthendal).