« Je sais maintenant, grâce aux récits intimes de mon for intérieur, et aux histoires des enfances fracassées, qu’il est toujours possible d’écrire des soleils. Combien, parmi les écrivains, d’enfants orphelins, d’enfants négligés, rejetés, qui, tous, ont combattu la perte avec des mots écrits ? Pour eux, le simple fait d’écrire changea le goût du monde. Le manque invite à la créativité. La perte invite à l’art, l’orphelinage invite au roman. Une vie sans actions, sans rencontres et sans chagrins ne serait qu’une existence sans plaisirs et sans rêves, un gouffre de glace. Crier son désespoir n’est pas une écriture, il faut chercher les mots qui donnent forme à la détresse pour mieux la voir, hors de soi. Il faut mettre en scène l’expression de son malheur. L’écriture comble le gouffre de la perte, mais il ne suffit pas d’écrire pour retrouver le bonheur. En écrivant, en raturant, en gribouillant des flèches dans tous les sens, l’écrivain raccommode son moi déchiré. Les mots écrits métamorphosent la souffrance. »B. C. Un livre bouleversant, de témoignage et d’émotion, où Boris Cyrulnik convoque les déchirures d’écrivains célèbres, les conjugue à l’aune de ses propres souffrances pour mieux convaincre chacun de nous des bienfaits de l’imaginaire, de la puissance du rêve, des pouvoirs de guérison que recèle l’écriture.
Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d'enseignement à l'université de Toulon. Il est l'auteur d'immenses succès, notamment Un Merveilleux malheur, Les Vilains Petits Canards, Parler d'amour au bord du gouffre et De chair et d'âme.
Un livre merveilleux, lumineux et plein d’espoir qui regarde dans l’âme de ceux avec des vies déchirées par la souffrance, certains anéantis, mais bien d’autres qui ont réussi à se reconstruire. Cette force qui nous aide à émerger de la nuit, qu’il appelle résilience, a plusieurs sources, mais il se concentre sur le rôle de la littérature dans ce procès. Avec des exemples d’écrivains célèbres, en comprenant les mécanismes neurologiques à la base de cette transformation, nous apprenons que le fait de lire et, surtout, d’écrire change la representation des traumatismes et transforme le souvenir du passé douloureux.
“ Notre société serait-elle en train de se cliver, entre ceux qui découvrent le monde en lisant et ceux qui, en ne lisant pas, se rendent prisonniers de l’immédiat? Lire ou ne pas lire témoigne de deux styles existentiels différents: la littérature ouvre sur l’exploration, le rêve, les utopies heureuses et parfois dangereuses. Alors que les non-lecteurs se contentent du bien-être immédiat dont la jouissance brève empêche de donner sens à la vie.”
"Quand l'orphelinage augmentait sous l'effet des épidémies, quand l'immense pauvreté des parents leur faisait penser que leurs enfants seraient moins malheureux dans une institution, l'abandon n'était pas considéré comme un crime."
"Leur poids éducatif était moins lourd qu'aujourd'hui : un coin pour dormir, une gamelle à la table commune, un peu d'école et un travail précoce suffisait à leur socialisation."
"un enfant sans famille devenait arriéré et malfaiteur. La réaction sociale adaptée à une telle représentation culturelle consistait à punir ces petits voleurs et ces jeunes prostituées."
"Les Rougon Macquart qui illustraient la théorie de l'hérédo-dégénérescence." "transmission héréditaire de cerveaux de mauvaise qualité"
"Il n'est pas rare que l'isolement (...) altère d'abord le fonctionnement des neurones pré-frontaux qui, non stimulés, paraissent atrophiés."
"Un sujet ainsi façonné par l'appauvrissement de son milieu précoce ne peut pas gouverner ses relations."
"Les sourds et les étrangers sourient pour ne pas faire répéter et donnent ainsi l'illusion qu'ils ont entendu. Mais ce type de relation n'apporte pas plus de plaisir que de côtoyer un étranger sympathique avec qui on ne peut rien échanger." de façon durable.
"(...) engagez-vous dans une association, agissez : vous reprendrez ainsi possession de votre monde intime délabré par l'agression."
"Pour nous libérer de la blessure, nous devons agir sur le réel autant que sur la représentation de ce réel."
"processus d'héroïsation de la blessure." soigne autant celui qui raconte que celui qui écoute. aide à se resocialiser.
"En 1550, l'empereur Charles Quint fait de ce succès un problème économique et moral : si on considère que les Indiens ne sont pas des êtres humains, on peut les atteler pour les faire travailler, ce qui est une bonne affaire. On peut même les chasser et les dépecer, ce qui n'est pas immoral. Mais si on pense qu'en tant qu'êtres humains ils sont porteurs d'une âme, on ne peut plus les faire travailler comme des boeufs, on se prive d'une main d'oeuvre bon marché."
"Le philosophe Sepulveda devait affronter le dominicain Las Casas. Le philosophe soutenait que les Indiens n'étaient pas des créatures de Dieu alors que le dominicain admirait leur douceur et leur intelligence qui leur donnait un statut d'être humain à part entière."
(p.76 Villon, orphelin devenu clerc et poète, nous trouble avec sa malédiction "la ballade des pendus". (...) Son foyer n'est qu'un havre de paix dans le contexte de la guerre de Cent Ans.)
"Ce qui remplit notre monde mental, ce n'est pas le réel, c'est la représentation du réel par la rêverie et le récit."
"L'aptitude à la rêverie est une caractéristique de la condition humaine puisqu'en cas de malheur nous possédons une arme virtuelle pour combattre un réel douloureux."
"Pour ces enfants blessés, les mots sont des bijoux."
"la méningite syphilitique, la méningite tuberculeuse, la folie urémique, le crétinisme des Alpes, étaient des maladies psychiques clairement identifiées, provoquées par des microbes et des intoxications."
"l'épuration extra rénale, en éliminant l'urée toxique pour le cerveau, supprimait les troubles psychiques et l'ajout d'iode dans le sel de table a supprimé le crétinisme, en rétablissant le métabolisme de la thyroxine."
"La conscience de soi naît dans l'altérité."
(à propos de Viktor Frankl, né à Vienne en 1905 :) "C'est en praticien, les pieds sur terre, en paysan si vous préférez, qu'il devient chirurgien, puis neurologue, puis psychiatre, puis philosophe. Pendant la guerre, il refuse d'obéir aux ordres des nazis qui exigent l'euthanasie des malades mentaux."
"Imaginons que les "Hackers", perturbateurs endocriniens, comme les substances plastiques, cosmétiques, sprays, vernis et appareils électroniques, détournent la synthèse de la thyroxine: qu'est-ce que ça produirait ? Diminution du quotient intellectuel ? Abaissement de l'âge de la puberté chez les filles ? Esprits plus influençables, à cause du ralentissement neuronal ?"
"Il faut accepter les désaccords pour faire évoluer la pensée."
"Un jour, Jean Genet a dit : "Ici, dans le Morvan, beaucoup de gens prennent les enfants de l'assistance pour des domestiques et les font travailler."( env.1940)
"Le développement de l'empathie, cette aptitude à se décentrer de soi pour se représenter le monde des autres, dépend des pressions du milieu."
"J'étais dans l'impossibilité d'en parler (...) on ne m'a pas cru, on m'a fait taire, (...) on a ri de mon trauma ." On a fait semblant de ne pas croire.
"En écrivant j'ai raccommodé mon moi déchiré ; dans la nuit, j'ai écrit des soleils."
"En choisissant le pseudonyme "Aurige", j'exprimais mon désir, mon besoin de me revaloriser en volant au secours des opprimés. (...) Mon cheminement m'a orienté vers d'autres libérations : l'ouverture des hôpitaux psychiatriques, les centres de soins gratuits, la suppression des entraves éducatives dans les écoles maternelles et les quartiers difficiles."
"La culture joue un rôle majeur en organisant des lieux où les rencontres déclenchent de nouvelles manières de voir le monde. Chaque catastrophe sociale ou culturelle est une occasion d'évolution." (Arythmie ) "des extinctions de masse"
"Quand sa mère est altérée par sa propre histoire, par son mari ou par la précarité sociale et culturelle, les substances du stress, secretées en excès, modifient l'expression de l'ADN du bébé qu'elle porte."
"Ce petit bout de vérité alimente les récits collectifs et s'inscrit dans la mémoire intime des individus de ce groupe."
"(...) l'écriture rassemble en une seule activité les principaux mécanismes de défense : l'intellectualisation, la rêverie, la rationalisation et la sublimation."
"L'évènement qui provoque le besoin d'attachement sécurisant, c'est la perception d'un danger dans le monde extérieur."
"l'Autre, pour être sécurisant, doit être présent."
"Elle s'isolait pour écrire, au lieu de confronter ses idées avec des amis ou des opposants."
"Les images participent à la fabrication des grands récits."
"Figés dans leur passé, ils ne sont pas sortis de leur tombeau psychique."
"Le danger apparaît quand une seule narration prend le pouvoir et impose le silence à toute autre histoire."
"On peut passer sa vie en n'exprimant que ce que les autres acceptent d'entendre, ce qui construit une crypte dans l'âme."
Un livre ma foi unique en son genre, à la croisée des genres (philosophique, scientifique, bio- et autobiographique). Plusieurs fois je me suis demandée: il parle de quoi en fait? Ni roman basé sur de l’imaginaire, ni thèse scientifique centrée autour d’un sujet central spécifique et délimité, ce livre m’est apparu comme un exercice d’écriture personnel afin d’explorer les raisons, bienfaits et autres aspects prometteurs de l’écriture. Bref, un livre unique, original de par l’entrée qu’il offre dans le monde intime de l’auteur tout en maintenant une trame scientifique en tant que fondation. Parfois beau et touchant, parfois contrariant, parfois inspirant et prometteur, parfois déroutant. On pourrait écrire plein d’autres adjectifs mais ça sert à rien, allez lire ce livre où tenez-vous en à ce commentaire (que je n’écris que pr moi et pr me souvenir de ce que j’ai lu d’ailleurs!!! à bas les rageux) et faites vous votre propre avis et choix d’adjectifs. Merci Boris pour l’originalité et la fraîcheur du propos. Bye =p
Un libro que prometía muchísimo y su lectura me ha resultado muy tediosa por la circularidad en la que relata los hechos. Mas anecdóticos que clínicos enfocando la resiliencia solo en la infancia traumatizada por duelo o por maltrato (concretamente II Guerra Mundial, la cual vivió el autor). El autor parafrasea mas a otros escritores en los que se basa para contar sus teorías mas cercanas a la filosofía y la poesía que escribir con la veracidad del psicoanalisis lo que el título promete. A decir a su favor, la forma que tiene de plasmar sus pensamientos y teorías es rica en emoción, sensibilidad y claridad. Una forma como dije antes muy poética de expresarse.
Still as instructive as ever, this work by Boris Cyrulnik, neurologist, psychologist and father of the concept of resilience. He tells us the story of all these writers Sartre, Maupassant, Rousseau, DOSTOÏÏEVSKI, Primo Levi, Victor Frankl etc. Why all these lame ducks who have suffered from grief, loss, trauma have experienced the ultimate need to immerse themselves in the art of writing in any style, both psychologically and cognitively (cognitive development from childhood from late childhood to adolescence). A remarkable work of art. NB: not translates yet.
Avec ce titre somptueux, « La nuit, j’écrirai des soleils« , Boris Cyrulnik nous entraîne sur les chemins de la littérature ! Où plutôt sur les traces des écrivains ! A partir de sa propre histoire et de la capacité de certains de pouvoir dépasser leurs traumatismes, Cyrulnik, neuropsychiatre, décortique l’enfance troublée, abimée de certains auteurs et dissèque leurs processus de création littéraire. Le concept de résilience qu’il a largement contribué à concevoir et vulgariser en France à partir des travaux de psychiatres américains spécialistes de la petite enfance est analysé ici à partir de l’histoire orpheline ou maltraitée ou abandonnique d’un certain nombre d’écrivains. De la perte ou du manque sort la créativité à condition d’accepter de griffonner encore et encore pour éponger et mettre du sens sur cette souffrance. A chaque ligne, à chaque mot, on croit entendre sa voix grave et sereine qui murmure en mots si simples qu’on finit par croire qu’il se répète, digresse et s’éparpille… Car, il se mérite, le bougre ! On le lit semblant radoter encore et encore! On pourrait se lasser. Mais d’un coup, les quelques mots couchés sur la ligne font sens et nous emmène vers une explication comme une évidence… La suite ici https://vagabondageautourdesoi.com/20...
Un livre qui se lis facilement mais dont les concepts sont mal expliqués, le livre parle très souvent de la théorie de l’attachement sans y dédier une explication. Pour la résilience on n’a pas de définition claire, les exemples permettent d’en comprendre l’idée mais c’est tout.
Les théories plus récentes issues de la psychologie interculturelles ne sont pas non plus abordées c’est vraiment dommage. Le livre reste intéressant malgré tout.
Boris Cyrulnik ne déçoit pas. Tout ce qu'il explique dans son livre met la lumière sur la triste vérité qui existe dans le monde des auteurs. Au fil de la lecture, j'ai parfois dû relire certains passages en ayant l'impression que Boris Cyrulnik partait dans une digression, mais au final, je me rends compte que ces petites histoires insérées dans une explication viennent supporter son propos, qu'il existe un fil conducteur entre toutes ces informations qui me semblaient disparates.
Interesantes reflexiones sobre diferentes conceptos que influyen de diversas maneras en las personas: establecer un vínculo, el apego, el duelo, la pérdida, la carencia, la ausencia, el aislamiento sensorial, el nicho sensorial, la disonancia cognitiva, la creatividad, la poesia, la música, el arte, el suicidio, la muerte... Importancia de la palabra oral, pero sobretodo escrita, para llenar el vacío, superar la adversidad, para elaborar un proceso de resiliencia.
Beaucoup d’idées qui pourraient être passionnantes mais la structure est brouillonne et répétitive, sans logique évidente. J’ai aussi l’impression que l’auteur fait un bon nombre d’amalgames pour relier des faits et réflexions très divers à un propos bien-pensant préformé. Enfin, les références culturelles sont beaucoup de lieux communs qui font un peu « tarte à la crème » rencontrée cent fois.
S’appuyant tant sur son expérience que sur le vécu d’illustres génies, le neuropsychiatre poursuit sa théorie de la résilience, thème central de son travail. ⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀ Ainsi, de nombreux grands auteurs sont de prime abord des orphelins, des enfants malheureux ou dans le besoin. Pour Boris Cyrulnik, ce ne peut être qu’une simple coïncidence...
en réalité il vaut 3,5 étoiles, voire 4. même s’il y avait quelques passages que j’ai trouvé long et peu intéressants, ça reste un livre plein de ressources, de belles phrases, de belles idées et de mots très joliment détournés. Boris a tellement de références calées dans chaque page que je prend aussi ce livre comme recueil de références très intéressantes !
J’ai lu ce livre pour un exposé sur la résilience. Je fais un commentaire pour m’en rappeler, j’avoue que j’ai pas grand chose d’autre à dire parce que je m’en souviens plus bien depuis le temps. Après, c’est Boris Cyrulnik, pas un style d’écriture de folie à mon goût et puis j’ai le sentiment que ses livres sont tous un peu les mêmes mais c’était une lecture quand même super intéressante.
“Los colores de la agonía psíquica son azules, verdes o grises”, ésta es una afirmación de Boris Cyrulnik en su magnífico e ilusionante libro titulado ESCRIBÍ SOLES DE NOCHE”. Una obra muy accesible, cercanísima, que tiene la virtud de embeber con su luz tanto el pasado de quien se aventura a leerla como de proyectar un foco sobre el futuro del lector si sabe aprovechar las grandes enseñanzas, muy bien ejemplarizadas, por cierto, con sus propias vivencias y que el autor nos obsequia. “Conócete a ti mismo”, el famoso aforismo griego nos viene de muy antiguo, más contemporánea es la afirmación que nos ha legado don José Ortega y Gasset y que dice así: “El hombre es él y su circunstancia” y aunque el gran filósofo y pensador español nació en el siglo diecinueve, y ya andamos metidos de lleno en el veintiuno, al igual que sucede con lo escrito por Boris Cyrulnik, todo deviene perfectamente válido y nos hará reflexionar.