Jump to ratings and reviews
Rate this book

Le français est à nous ! Petit manuel d’émancipation linguistique

Rate this book
Apporter des connaissances en matière d'histoire de la langue, donner des outils pour interroger la fabrication des règles linguistiques en français, mettre en lumière leurs aspects politiques et idéologiques : un livre indispensable pour se forger un point de vue éclairé et critique non seulement sur la langue française, mais aussi sur les discours tenus en son nom.

À force de le lire et de l'entendre, cela semble admis : la langue française serait en péril. Diverses menaces contribueraient à la dégrader : les argots, les anglicismes, les barbarismes, le langage SMS, le politiquement correct, etc. De fait, défendre la langue est devenu un prétexte facilement recevable pour tempêter contre la société contemporaine (forcément décadente).
Mais qu'est-ce donc qu'aimer la langue française ? C'est passer du temps à lire, parler, écrire et surtout s'interroger : sur la langue, mais aussi sur les discours qui la concernent et sur ceux qui sont tenus en son nom. Le français n'est pas figé, il a une histoire, qui continue à s'écrire. Si la langue est un dispositif de maintien de l'ordre social, elle est aussi une construction politique qu'il est possible de se réapproprier.
Entrons ensemble dans l'histoire sociopolitique du français et dans les débats citoyens qui y ont trait ! Ce sera l'occasion de découvrir les liens subtils entre langue, politique et société. De voir qu'on peut à la fois aimer le français, sa richesse, sa complexité et son histoire, et avoir confiance dans sa vitalité, sans se complaire dans la nostalgie d'un passé mythique. Avoir l'ambition de se saisir de la langue française est une démarche exigeante, mais c'est une exigence joyeuse. Alors n'ayons pas peur de le proclamer : le français est à nous !

240 pages, Kindle Edition

Published April 12, 2019

19 people are currently reading
345 people want to read

About the author

Maria Candea

4 books3 followers

Ratings & Reviews

What do you think?
Rate this book

Friends & Following

Create a free account to discover what your friends think of this book!

Community Reviews

5 stars
122 (64%)
4 stars
53 (27%)
3 stars
14 (7%)
2 stars
0 (0%)
1 star
1 (<1%)
Displaying 1 - 18 of 18 reviews
Profile Image for Laëtitia.
75 reviews
August 11, 2020
"Les cris d'alarme lancés par un petit cercle élitiste sont très efficaces pour dissuader le plus grand nombre de poser des questions [...] il ne faudrait surtout pas que tous ces gens réalisent tout d'un coup que la langue leur appartient. Qui sait ce qu'une telle remise en question pourrait engendrer. Une émancipation en appelle une autre..."

Vous aimez le français ? Vous aimez lire et écrire ? Vous aimez aiguiser votre esprit critique ? Lisez ce livre.

Vous pensez que la langue de Molière se dégrade, que les gens ne savent plus l'orthographe et la grammaire, que l'écriture inclusive est un péril, que le français est menacé par les anglicismes et que décidément, c'était mieux avant ? Lisez de toute urgence ce livre.

Une lecture qui répond à de nombreuses idées reçues sur la langue et nous donne des clés pour comprendre l'histoire sociopolitique du français : "Toute remise en question peut effrayer, d'autant plus que nous n'avons pas l'habitude de remettre en question ce que nous croyons savoir sur la langue, précisément parce que l'histoire du français n'est pas ou peu enseignée, même quand on passe les concours d'enseignements en lettres ! [...] Ne pas vouloir remettre en cause ce que nous croyons savoir sur la langue peut-être l'expression de la peur d'une dévalorisation de ce que nous avons acquis, la peur d'un déclassement social, voire d'une perte d'identité [...] Mais la peur ne doit pas nous paralyser et nous empêcher d'utiliser notre raison et notre sens critique."

Une lecture qui ouvre de nouvelles perspectives et arment contre les réactionnaires de tous bords.
Profile Image for Anthony Jauneaud.
Author 1 book7 followers
May 22, 2019
l y a quelques jours j'ai terminé "Le français est à nous ! Petit manuel d'émancipation linguistique" écrit par Laélia Véron et Maria Candea.

Le livre, pas bien gros il faut l'avouer, s'attache à démonter, critiquer, analyser, décrypter les mythes et les légendes du français — ou plutôt de l'image du français. Le ton léger ouvre l'appétit et d'ailleurs ça tombe bien puisque les deux autrices donnent de très nombreuses références avec à chaque fois des notes sur la difficulté ou l'exigence nécessaire pour comprendre.

Je retire de ce "manuel d'émancipation linguistique" c'est cette idée très forte que notre langue est vivante, qu'elle bouge, qu'elle évolue, qu'elle change et qu'il faut embrasser cette énergie au lieu de vouloir l'emprisonner.
Profile Image for No Avissara.
12 reviews5 followers
July 16, 2019
CE BOUQUIN EST INCROYABLE!
J'ai dévoré cet essai comme un roman, j'y ai tant appris, j'ai même souvent souri. La plume est simple, sans prétention et toujours claire, l'intention des autrices est noble je trouve et j'y ai appris à aimer réellement le français, pas seulement celui des dictionnaires et du théâtre classique mais aussi (et surtout) celui d'aujourd'hui, celui de nos textos, nos tweets et nos mots d'amour. La langue ne doit jamais être un carcan emprisonnant la pensée dans une forme figée mais celle-ci doit y évoluer librement, y compris en lui donnant de nouvelles formes, preuve de créativité et signe d'une volonté de s'approprier les mots !
A lire absolument, qu'on soit de formation littéraire ou linguistique (mais pas que) ! Je le recommande vivement aussi à tous les curieux de savoir (vraiment) ce que devient notre langue, loin des cris d'alarme ou de la nostalgie pathétique d'une pureté chimérique.
Merci pour ces belles découvertes et d'avoir ravivé en moi l'envie de lire toujours plus et de cultiver avec enthousiasme cet amour des mots, dans toutes leurs formes.
Profile Image for Tim.
645 reviews82 followers
March 30, 2021
Ah, the French language. Since 2015, I've been working on mastering the French language, orally and written. Then again, my job also requires me to be at least bilingual. As languages are part of my interests, reading informative books like this one here helps to acquire insight and knowledge.

Maria Candea and Laélia Véron are both specialists of the French language. They joined forces to explain - mainly in layman terms, though the book is food for thought for anyone who uses French in his/her job, studies, work, leisure time, ... - what all the fuss is about regarding their mother tongue, in France and other Francophone countries/regions. For obvious reasons, they had to go back a few centuries and tackle the problem at its source, whilst trying to explain and prove that there is no one French language, just like there isn't one kind of Dutch, one kind of English, one kind of German, and so on.

----------

'Le français est à nous !' is divided into eleven chapters divided over three parts, sandwiched between a Prelude and a Conclusion. At the end of the book there is also a glossary containing a short explanation of specific linguistic terms/inology.

Each chapter begins with a few assertions that are then invalidated/disproved: "On pense souvent, à tort, que: (enter assertion) ... Mais souvent on ne sait pas que: (enter invalidation/explanation)"

The chapters, each containing sub-chapters/themes, are:

I - Qu'est-ce que la langue?
01) Comment définir la langue?
02) Qu'est-ce qu'une faute?
03) Qu'est-ce qu'une langue en danger?

II - Au nom de la langue
04) Langage, pouvoir et violence: la langue comme arme
05) Masculinisation et féminisation du français: la langue comme champ de bataille
06) Langue française et colonialisme: la langue comme étendard?
07) L'Organisation internationale de la francophonie (OIF): la langue comme prétexte

III - Langue et débats: promenades dans les histoires de la langue
08) Qu'est-ce que le "génie" de la langue française? Le français à l'Âge classique
09) La politique linguistique de la Révolution française (fin XVIIIe siècle)
10) Enseignement et scolarisation de masse: aux sources de la grammaire scolaire (XIXe-XXe siècle)
11) Révolution numérique et défis (plus ou moins !) nouveaux

Each chapter also contains a 'Focus', a separate block focusing on a specific person or theme:
* Comment Molière écrivait-il?
* À quoi sert l'Académie française?
* Aller "au coiffeur" ou "chez le coiffeur"?
* Assiste-t-on à l'arabisation du français?
* Le retournement du stigmate
* L'écriture dite "inclusive"
* Le français "petit nègre"
* Senghor, au-delà du mythe
* L'Europe était-elle francophone ou francophile au XVIIIe siècle?
* Les mots de la Révolution: l'invention d'un nouveau lexique?
* Faut-il réformer l'ortografe du français?
* Qu'est-ce qu'un accent "authentique"?

----------

History is key in this essay. Have you ever heard of 'Les Serments de Strasbourg' (842 AD)? (lexilogos.com, the website contains links to other sources) I haven't either. So yes, already the first chapter is very interesting as a basis for what's to come and to start seeing the French language and its evolution from a different perspective. The 16th, 17th and 18th centuries are often mentioned throughout the book, no matter the subject. It was also in that period that the Académie française was founded, by the grace and orders of Cardinal Richelieu. But this academy's legitimacy is firmly contested by the authors of this wonderful essay. And they offer more than enough proof and evidence to corroborate their claims.

Prepare for a very interesting trip through history, through everything that's related to (the French) language. Not just the evolution of French and its links with Latin, English, and so on. You'll also witness how French colonies came into contact with the French language, but how the French colonists, the army, and others deemed the African citizens of those colonies unworthy of a decent education and immersion in the French language. You'll learn that what is taught in school (orthography, grammar, ...) is still subject to change, is not thé be-all and end-all. This is clearly shown in the respective chapter(s). The authors therefore ask to not hold on too tight to what you've learnt, even though every language needs a set of rules as a basis. However, because of the economy, migration, travel, and so on, every major language - there are many smaller, local/regional languages everywhere that have gone extinct or are on the verge of going extinct - will continue to be influenced by other languages.

Speaking of French variations, let's not forget France's regional languages, and countries like Canada (and especially Québec), Switzerland, Belgium, ...

Racism, sexism, discrimination, sociology, technology, education, politics, migration, economy, ... When you think of it, language (spoken and written) is linked to every aspect of our lives. Words don't kill? No, not literally, but once again, it's important to choose your words wisely. The larger your vocabulary, the richer the choices you have.

As is custom in this digital age, there are many websites and YouTube-channels that allow you to learn almost any language. Two channels that were mentioned a few times in the book are Elles Comme Linguistes and Linguisticae, as they tackled some themes and subjects that were relevant to specific chapters.

Both authors also approached French from a sociological point-of-view through works of (mainly) Pierre Bourdieu. Among the mentioned works:
* Langage Et Pouvoir Symbolique (on my TBR-pile)
* Contre-feux, Tome 1: Propos pour servir à la résistance contre l'invasion Néo-libérale (my review)
* La Domination masculine
* Ce que parler veut dire.

Especially this last one looks quite interesting to me. Other books by Bourdieu that I've read:
* Sur la télévision, suivi de L'emprise du journalisme (my review)
* Contre-Feux 2: Pour un mouvement social europeén (my review)

Of course, there's also mention of dictionaries, especially when l'Académie française was supposed to be thé reference and keepers of the French language; a role they have practically always neglected and continue to neglect, holding on to their strict and conservative rules; furthermore, its members seem to count no linguists whatsoever. On the contrary, it's because of private initiatives like Larousse, Le Robert, and others that dictionaries have seen the light of day and are regularly, in accordance with contemporary trends and changes, updated. However, this also means that the most recent edition isn't always the best or that previous editions don't have any value any more. On the contrary, one should cherish the older versions, too, even if language(s) continue to undergo changes in vocabulary, orthography, meaning, etc.

And what about regional dictionaries, like Dictionnaire des belgicismes? (my review)

Oh, and let's not forget the educational works like Bescherelle, for example, the box set (Conjugation, Grammar, Orthography).

----------

Maria Candea and Laélia Véron have touched upon a large assortment of themes about and aspects of the French language, showing especially how no one owns a language, as language belongs to everyone; this also explains in part why each language is subject to change and how politic(ian)s should never intervene in such a way as in, for example, George Orwell's '1984', which is detrimental on so many levels.

As is common with a book aimed at (mainly) a general public, though it's also a recommended guide for experts in the field (linguists, teachers, sociologists, politicians, ...), not everything could be treated more elaborately. However, each chapter ends with a handful of related works and articles, most of which are still available online, in bookshops or in libraries.

'Le français est à nous !' (transl.: French is ours!) is more than recommended food for anyone, including those with a heart for language (especially French), and who wishes to understand the importance of (the use of) language, in any context.

----------

In addition, I would like to add these related works:

* La Langue mondiale. Traduction et domination (my review)
* La parole manipulée (my review)
* Convaincre sans manipuler
* L'utopie De La Communication: Le Mythe Du "Village Planétaire
* Éloge De La Parole
* Une histoire des langues et des peuples qui les parlent
* Le Prisme des Langues
Profile Image for Blanche.
291 reviews99 followers
November 15, 2020
Un essai qui me semble d'utilité publique. On y apprend à questionner notre rapport à la langue française, aux institutions qui l'encadrent, aux discours qui sont produits sur celle-ci.

En tant que professeure de français, force est de constater que mes lacunes sur l'histoire de notre langue sont immenses. Ce livre m'a donné envie de me renseigner davantage, de questionner mes usages et par conséquent mes façons de transmettre.
Profile Image for Ronan.
50 reviews5 followers
April 2, 2025
Si tu es déjà familier avec la linguistique puis c'est peut-être un peu à la surface mais pour quelqu'un qui n'est pas familier c'est un bon placé à commencer. Aussi si tu es en train d'apprendre le français c'est un bon livre qui est très facile à comprendre. C'est le premier livre en français que j'ai lu sans besoin de dictionnaire.
Profile Image for Eric.
211 reviews3 followers
October 17, 2024
J'ai eu une impression étrange en lisant ce livre : c'est rare que je m'intéresse autant à un livre que je trouve particulièrement désagréable à lire. Ce qui est étrange avec ce livre c'est que malgré le sous titre "Petit manuel d'émancipation linguistique", beaucoup des points traités n'ont qu'un rapport ténu avec la linguistique et sont tous présenté sous un jour très militant.

Par exemple dans la conclusion : "Mais qui sont les vrais démagogues ? Sont-ce vraiment les personnes qui comme nous, considèrent que le français doit appartenir à ceux et celles qui le pratiquent ? Les personnes qui œuvrent pour diffuser des outils et une réflexion linguistique rigoureuses, qui veillent à enrichir les débats sur la langue et qui assument pleinement les liens entre prise de position sur la langue et prises de positions citoyennes ?"

Je ne comprends pas ces phrases, en particulier le "nous" s'agit-il du même nous que dans "le français est à nous" c'est à dire tous, ou alors est-ce que les autrices se défendent d'une attaque et le nous ne désignerait que les autrices ? Peut-on considérer que le français appartient à tous sans penser qu'il faille absolument prendre position dessus (mais s'il faut prendre position je suis pour c'est pratique d'avoir une langue pour communiquer) et suis-je obligé de l'utiliser pour une prise de position citoyenne ?

Ce "nous" me pose problème car j'ai l'impression que souvent on l'utilise pour forcer l'appartenance au groupe. Mais c'est vrai que dans sa version la plus limitante on pourrait penser que dans ces phrases le "nous" désigne les autrices. Dans ce cas là le sous-titre "le français est à nous" aurait un tout autre sens...

La première partie "comment définir la langue" est celle qui m'a le moins plu. J'ai trouvé qu'elle ne permettait pas vraiment de répondre à la question de savoir ce qu'est une langue (dommage). On en arrive à : "En linguistique, il est fréquent d'entendre, comme formule simplifiée, qu'une langue est un dialecte qui a réussi, ou qu'une langue est un dialecte qui dispose d'une institution scolaire et d'une armée." et "(...) si du jour au lendemain les belges décidaient d'appeler leur langue du wallon, et non du français. Il suffirait que la décision soit prise au niveau de l'État, aucune autre intervention linguistique ne serait requise".

Ces citations sont là pour montrer que la langue, son nom, sinon son origine, du moins son officialisation, dépendent de décisions politiques (même a priori le méchant politique qui nous opprime, sûrement Louis XIV ou Napoléon, peut-être même les deux). Mais ce n'est pas satisfaisant de penser que cela ne dépend que de cela. D'ailleurs ce n'est pas ce que les autrices pensent puisque plus loin, à propos de la colonisation, elles changent en quelque sorte leur fusil d'épaule puisqu'elle s'exclament : "Mais la mainmise de la France sur l'IOF est encore forte, comme si le français appartenait à la France". Considérer que le français n'appartient pas à la France me semble un écart par rapport à : "une langue est un dialecte qui dispose d'une institution scolaire et d'une armée".

Dans la même partie, les autrices semblent regretter que finalement on parle de "français" et qu'on pourrait tout aussi bien dire qu'on parle latin (comme ce qui se fait pour l'arabe). Puis que pour le latin (le "français") l'accord entre l'article et le nom est une règle de grammaire qu'on ne peut pas remettre en question. Alors qu'à l'origine il n'y avait pas d'article en latin. C'est donc une règle que l'on peut remettre en question et même ça l'a déjà été.

Sur le même sujet j'avais lu un article sur internet qui m'avait beaucoup marqué. En particulier parce qu'il mettait en évidence le fait qu'il y a des langues et des dialectes soit, mais au dela de ça nous ne parlons déjà pas tous la même langue puisque nous avons tous un lexique et des tournures de phrases différentes.

Un autre point abordé dans cette partie c'est la position du linguiste. Petite citation : "La linguistique cherche plutôt à mettre en évidence la fréquence élevée ou faible des formes ou des règles concurrente observées, ...". Dis comme cela on comprend que le linguiste c'est quelqu'un qui va surtout se charger de surveiller les évolutions de la langue. Ce qui me gêne c'est que tout le livre ne parle pas tant des évolutions de la langue plutôt que de comment il faudrait changer la langue, pour le meilleur, bien entendu. Le programme est d'ailleurs annoncé clairement : "Changer la langue ou changer le monde ? Les deux mon général !" (apparemment pour les autrices, le français ne va pas mal du tout, mais le monde si !)

La première partie éclaire quand même sur l'évolution de la langue et de son orthographe. La thèse est un peu : l'orthographe a beaucoup varié au cours de l'histoire, ce qui est considéré comme une erreur aujourd'hui peut très bien être correct demain ou avant-hier. Si tout le monde était au courant de cette variabilité, plus personne n'aurait peur de faire de fautes et aurait un rapport apaisé à la langue. Je pense que c'est une intention tout à fait louable, mais je me demande si ce n'est pas un peu mettre la charrue avant les bœufs. J'ai l'impression que de plus en plus de spécialistes militent pour qu'on enseigne leur spécialité qui seule serait à même de faire comprendre aux petits enfants le monde dans lequel ils évoluent. Ainsi il faudrait que les jeunes apprennent la programmation, l'économie, maintenant la linguistique. Le problème c'est que s'ils ne sont pas motivés à la base, toutes ces matières censées les libérer et les aiguiller se transforment en autant d'heures d'ennui et de possibilités d'échecs supplémentaires. De surcroît, les erreurs dans "l'orthographe" sont parfois aussi, comment dire ça de façon compatible avec le livre, des grandes variations par rapport à la norme qui rendent le discours très difficilement intelligible.

J'ai trouvé les deux autres parties beaucoup plus consistantes. Même si j'ai l'impression que la structure globale n'est qu'un prétexte à plein de petits paragraphes expliquant tout ce qui ne va pas dans le monde. Certaines parties m'ont passionné, par exemple celle parlant de l'enseignement du français dans les différents pays colonisés, de la francophonie ou de l'histoire du français et de comment il s'est répandu et imposé dans le territoire de la métropole après la révolution.

D'autres parties vont un peu loin dans le militantisme, parfois même si loin que les autrices elles-mêmes semblent avoir un léger doute. Par exemple quand elles abordent la glottophobie (la discrimination de quelqu'un basée sur son accent ou sa langue). Certes, mettre un mot sur un concept permet d'en parler plus facilement et peut le rendre réel. Admettons que c'est une condition nécessaire, mais certainement pas suffisante (e.g. les dragons).

Mis-à-part l'enseignement de la linguistique généralisé, j'ai l'impression que l'autre grande idée des autrices c'est une réforme profonde de l'orthographe comme le français en a connu de nombreuses dans l'histoire. En effet, j'ai trouvé intéressant d'apprendre que l'orthographe française n'a plus connu d'évolution depuis 1835, mais qu'avant, si. La réforme de 1835 était quand même importante car elle a changé par exemple l'ancienne orthographe françois pour l'orthographe français qui correspond à la prononciation.

Les autrices pensent qu'il est grand temps de refaire une réforme d'ampleur. Si l'on comprend cela en creux dans tous le livre, ce n'est que dans un "focus" appelé "Faut-il réformer l'ortografe" que ce point est abordé plus en détail. Et justement je suis resté sur ma faim concernant cette partie. Déjà parce que, contrairement à ce que le titre laisse entendre, il n'y a pas vraiment d'explications concernant les avantages et les inconvénients de la réforme (surtout pas de partie sur les inconvénients de la réforme, j'ai donc essayé de les imaginer après).

En ce qui concerne les avantages de la réforme, j'ai également trouvé que c'était très léger : effectivement le point de départ est le constat que l'orthographe française serait difficile et que donc elle laisserait beaucoup d'élèves au bord de la route ou que les professeurs passeraient trop de temps à l'enseigner. Ce constat semble largement partagé, soit. Le reste du paragraphe est plus technique et détaille ce qu'il faudrait faire pour réformer l'orthographe. Je l'ai également trouvé frustrant.

Déjà en premier lieu, il semble d'emblée acquis qu'il ne faut pas une orthographe phonétique pour le français. Je n'ai pas compris vraiment pourquoi, car c'est vraiment ce qu'il y a de plus pratique pour écrire. Mais alors que faut-il ? Deux choses : enlever les th, ph, y, etc.. des mots d'origine grecque, ce qui est justifié par le fait que les autres langues romanes l'on fait depuis longtemps. Mais le truc c'est qu'un sondage google/autre prof de 5 minutes me fait comprendre que l'italien et l'espagnol ont une écriture phonétique donc évidemment qu'ils ont fait cela ! Avoir une langue qui a une écriture phonétique est un avantage tel qu'il est évident qu'il faut remplacer l'écriture des mots grecs. Mais dans la mesure où l'orthographe du français n'est pas phonétique, je me demande si c'est la priorité, d'autant plus que la langue la plus parlée au monde (l'anglais) n'a pas fait ce choix. Et l'anglais a comme point commun avec le français (outre un lexique très largement partagé) de n'être pas une langue dont l'écriture est phonétique.

L'autre réforme à faire c'est d'enlever les consonnes redoublées. Je n'ai pas d'opinion très tranchée sur la question, je remarque juste que dans le paragraphe* figurait "nous somes" alors le débat est ouvert, avec les prononciations régionales et tout, mais moi j'aurais plus tendance à prononcer ça avec un o fermé que ouvert comme j'ai l'impression que c'est plutôt l'usage. Cela voudrait dire que l'on écrirait aussi les droit de l'home je suppose. Alors ce serait l'home et la fame ? Je trouve que cela serait amusant puisque ces mots s'écriraient pareil que deux mots empruntés à l'anglais qui ont une certaine renommée...

*comme l'indique son titre, le paragraphe "faut-il réformer l'ortografe du français" était écrit avec la nouvelle orthographe. Et force m'a été de constaté qu'effectivement c'était difficile à lire, pour certains mots il fallait s'y reprendre à plusieurs fois. Cela nous amène à quels pourraient être les inconvénients d'une telle réforme. Comme le livre est muet à ce sujet, je ne peux qu'imaginer. Premièrement, pour des personnes habituées à l'ancienne orthographe, la nouvelle serait difficile à lire. Cette difficulté est évacuée par un : si c'est pour le bien des jeunes, nous devrions tous faire l'effort. Pourquoi pas, mais je pense que plusieurs personnes ne franchiront pas le pas. Ce n'est pas grave après tout chacun peut écrire différemment sans que cela ne pose trop de problèmes. Je pense quand même que nous sommes dans un contexte très différent de 1835 : à l'époque presque personne ne savait écrire, en France métropolitaine, tout le monde ne parlait pas français. Une réforme d'une telle ampleur aurait je pense des difficultés à passer car les preneurs de décisions sont tous des adultes qui auront fait l'effort d'apprendre l'ancienne orthographe et donc il est compliqué d'imaginer qu'ils se recompliquent la vie volontairement.

Mais le bien des enfants dans tout ça. Les autrices pensent qu'une telle réforme pourrait rendre le français tellement plus facile à apprendre. Et que le temps "économisé" pourrait être utilisé pour apprendre des choses plus importantes (la linguistique). Je pense qu'elles ont plus creusé le sujet que moi. Mais pour être au contact de quelques personnes d'âge scolaire (et d'autre qui ne sont pas d'âge scolaire), il me semble que les mots d'origine grecque et les consonnes redoublées ne concentrent pas l'essentiel des difficultés. Je ne suis pas sûr qu'écrire "ftisie" fasse beaucoup gagner de temps d'apprentissage par rapport à l'alternative. J'ai l'impression que les principales difficultés orthographiques en français sont plutôt :
- les homophones du type : o, au, eau
- la lettre "s" qui fait n'importe quoi : os, dos, dose, drosse, anse, parasol. Et de l'autre côté le son "ss" qui peut s'écrire selon le contexte : c, ç, s, ss, sc, t et même dans certains prénoms apparemment ssh ! Je n'ai jamais compris pourquoi le "z" qui fait zzzz n'est pas plus souvent utilizé, pour le coup ça me semblerait être une vrai simplification.
- les lettres muettes y compris dans les conjuguaisons e, es, ent, etc...
- et bien sûr, last but not least, la fameuse erreur er/é pour les participes passés des verbes du premier groupe ; je pense sincèrement que l'usage va aboutir à l'acceptation des deux orthographe tellement cette erreur est courante.

Ainsi j'ai le très fort pressentiment qu'une telle réforme serait en quelque sorte un coup d'épée dans l'eau : rendant la lecture plutôt difficile pour beaucoup sans véritablement aboutir à un gain de temps sur l'apprentissage de l'écriture. D'ailleurs, c'est une pensée qui me vient à l'instant. Un de chevaux de bataille des autrices c'est qu'une langue est parlée avant d'être écrite, mais ne faudrait-il pas ajoutée qu'elle est lue avant d'être écrite également. Je me demande quel serait le quotient entre la quantité de texte lu par rapport à la quantité de texte écrit par une personne. À vue de nez, je dirais de l'ordre de 10000 �� 100000 pour 1 ? Donc je me demande si le but de l'orthographe ne devrait pas être de simplifier la lecture plutôt que l'écriture, mais le livre n'aborde pas cet aspect ou semble penser que la lecture est une question d'habitude. Or, les autrices ont de suite évacué l'idée d'une écriture phonétique du français, est-ce parce que cela serait un changement trop important, ou est-ce parce qu'il y a trop d'homophone qui doivent être différentiés par une orthographe différente pour rendre la lecture possible, ou une autre raison à laquelle je ne pense pas, je ne saurais pas le dire. Et il faut également penser à tous les livres des bibliothèques qui deviendraient d'un coup difficilement lisibles...

Un autre aspect de ce livre que j'ai trouvé frustrant c'est que je n'ai pas trop compris à quel niveau il s'adressait. Comme il s'appelle le français est à nous, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un livre de vulgarisation, donc accessible à tous, mais parfois j'ai l'impression de ne pas avoir compris. Par exemple, dans le chapitre sur l'histoire, il y a un encadré disant qu'"on pense souvent à tort que : (...) [la révolution française] aurait montré un intérêt pour les parlers populaires et régionaux, qui étaient auparavant méprisés par le pouvoir royal". Mais j'ai l'impression que l'une des principale choses que l'on apprend sur la révolution est qu'elle a voulu forcer toutes les populations des différentes régions en imposant le français. Aussi j'ai lu le paragraphe avec intérêt, constatant que la répression pour imposer le français n'avait pas été si violente que ça pendant la révolution. J'ai donc eu l'impression que j'avais trop peu de connaissances pour avoir le bon mauvais préjugé sur la révolution française, ce qui est très bizarre.

Autre exemple, il y a tout un paragraphe qui (littéralement) vilipende le COD (Complément d'Objet Direct). En fait, les autrices montrent clairement qu'elles détestent la règle d'accord des participes passés avec le verbe avoir et pour elle le complément d'objet direct en fait partie puisqu'il aurait été créé uniquement pour cette règle. Le truc c'est que je n'ai pas trop compris ce qu'elles voulaient mettre "à la place". D'après le paragraphe elles semblent dire que les compléments circonstanciels qui peuvent être directs, en donnant l'exemple "La nuit, on dort" donc je pense qu'elles voudraient qu'on apprenne que dans "La nuit, on dort." et dans "Je mange une pomme." les deux sont des compléments directs ? Le truc c'est que dormir est un verbe intransitif, et la notion de complément d'objet c'est quelque chose que (à titre personnel) je trouve très pratique. Par exemple, en japonais la particule "wo" を s'utilise très souvent pour marquer le COD, mais pas le "La nuit" complément direct d'un verbe intransitif.

Bref, je me suis complétement senti dépassé par ce paragraphe. Enfin, un des argument des autrices pour dire que le complément d'objet direct c'est n'importe quoi c'est de dire qu'il a changé de nom et qu'avant il s'appelait complément direct d'objet. Je confesse que je n'ai jamais compris ce nom COD, mais c'est pas tellement l'hésitation entre savoir si c'est le complément ou l'objet qui est direct (ce qui pose problème dans le nom, et en particulier le changement de nom aux autrices). Moi, là question que je me suis toujours posé c'est pourquoi on dit que c'est un complément d'OBJET alors que c'est vraisemblablement lui l'objet. Et du coup j'ai appris, si j'ai bien compris, que pour les grammairiens c'est le verbe l'objet (donc manger) et pas le complément (la pomme).

Proche de la fin du livre, j'étais en train de me dire que c'était quand même plein d'enseignements mais je suis tombé sur ce paragraphe qui m'a énervé de nouveau : "Qu'est-ce donc qu'aimer la langue française ? Pour nous*, ce n'est pas vraiment déployer toute son énergie à couvrir d'opprobre** une personne qui ne sait pas qu'il y a deux "n" à "donner" mais un seul "n" à "donateur", (...). Aimer la langue, c'est passer du temps à lire, parler, écrire et surtout s'interroger. C'est se demander pourquoi, dans le cas de "donner" et "donateur" par exemple, deux mots de la même famille ont cette orthographe différente : il y a sûrement anguille sous roche...***"

*encore le "nous" de "le français est à nous"
**à ce stage il faut changer de fréquentations
***en résumé, il faut s'interroger sur pourquoi il y a deux "n" à "donner" et un seul "n" à "donateur" SANS SAVOIR qu'il y a deux "n" à "donner" et un seul "n" à "donateur" ?!? (bon chance)
Profile Image for Elodise.
95 reviews9 followers
October 8, 2019
Un petit livre très instructif sur l’histoire et l’évolution de la langue française. Les autrices partent d’idées reçues souvent reprises dans le discours public (la langue française est en danger, menacée par l’invasion de mots anglais, par les nouvelles technologies et l’écriture sms ; les gens ne savent plus écrire...) et les retournent une à une.
La lecture est très facile, ouverte au grand public qui n’y connaîtrait rien en linguistique, mais s’appuie sur des sources scientifiques toujours citées, et détaillées en fin de chapitre pour ceux qui voudraient aller plus loin.
Un modèle de vulgarisation scientifique réussie.
Profile Image for Marie-Helene Fasquel.
Author 24 books16 followers
Read
July 11, 2019
Un grand merci à Net Galley et aux deux autrices pour ce bijou !
Deux autrices (qui d’ailleurs nous expliquent l’origine de ce mot) passionnantes et passionnées, deux maîtresses de conférences qui sont spécialisées dans la langue mais qui ont su écrire (très bien) un ouvrage simple que tout un chacun peut lire/dévorer, s’il est amoureux de la langue française.
Le texte est concis mais très complet et comprend l’Histoire de la langue, l’Histoire tout court, une réflexion sur la définition de la langue, sur la faute, la francophonie, les débats qu’ont suscités notre belle langue, la révolution numérique…
Un ouvrage fascinant qui nous pousse parfois dans nos retranchements (de façon très saine) et qui partage avec nous cet amour de la langue.
Un livre à lire de toute urgence !
Profile Image for Sylvain.
28 reviews2 followers
August 31, 2020
Un excellent livre qui en plus de m'apporter des éléments concrets à ce que je pensais déjà de la linguistique et de l'orthographe m'a surtout fait changer d'avis sur des aspects de la langue sur lesquels je croyais avoir raison parce que j'avais sans le savoir écouté les discours conservateurs dominants notamment sur le sujet de l'écriture inclusive.
Profile Image for Emmanuel Parfond.
51 reviews5 followers
August 20, 2019
Un livre très intéressant, qui change notre façon d'aimer et de penser à notre langue.
1,355 reviews
March 25, 2020
Intéressant, et très instructif. Mais un peu trop pointu à mon goût, ça ne se lit vraiment pas "comme un roman" !
26 reviews3 followers
June 18, 2020
C'est un livre sur l'histoire de la langue française, et surtout ça nous donne une image plutôt sociale de cette langue et les implications de comment il faut aimer français ! Très bien écrit.
Profile Image for Salimaaaaa.
93 reviews
April 20, 2025
J'ai tellement appris pendant cette lecture, c'est absolument à lire !
Profile Image for Apoorva.
707 reviews75 followers
May 8, 2025
Lu en moins de 7 heures ; passionnant, politique, abordable. Les manuels pour les cours doivent être comme ça.
Profile Image for Elisa Iovino.
9 reviews1 follower
May 22, 2023
Preferisco commentare il libro con il sottotitolo :manuale di emancipazione linguistica della lingua francese!
Manuale che va contro l'idea di una lingua artificiale, che analizza la lingua francese dall'interno del tessuto socio-culturale da cui si sviluppa. Fortemente consigliato!
Displaying 1 - 18 of 18 reviews

Can't find what you're looking for?

Get help and learn more about the design.