Et si votre smartphone, à votre insu, se mettait à écrire son journal ? Vous découvririez alors qu'il connaît tout, absolument tout, de votre vie. C'est ce qui arrive à Victor Riabine, jeune et ambitieux chef de cabinet du ministre de l'Économie et des Finances. Promis à un bel avenir et ardent défenseur du libéralisme et des géants du net, ce dernier se trouve soudain pris dans une obscure affaire de chantage où sa jeune maîtresse, Nadia, trouve la mort. Accident ou meurtre ? Victime ou coupable ? Son smartphone, qui a tout enregistré, croit tenir la réponse. Mais la vérité s'avère bien plus terrifiante qu'il n'y paraît... Un roman noir saisissant sur les dangers qui menacent nos libertés à l’heure de l’économie numérique.
Ce roman qui, selon moi, est plutôt une nouvelle, compte tenu en l’occurrence du nombre de pages, une petite centaine, et du fait que très peu de personnages sont mis en scène, possède une particularité narrative qui a éveillé ma curiosité. En effet, le narrateur est… un smartphone de 5ème génération !
Eh bien, ma foi, je dois féliciter Rick Fapatello qui a relevé le défi haut la main. Si au départ cela peut sembler déroutant, la façon de décrire les événements, nourrie par une écriture fluide et limpide, font que l’on s’y habitue assez rapidement. Par ailleurs, au fil des chapitres, ce choix devient cohérent, voire naturel, car l’auteur ne rend pas à l’appareil sa fonction première, passer et recevoir des appels, mais tisse une critique acerbe à la dépendance aux portables, si ce n’est leur emprise sur notre quotidien, donnant ainsi la parole à cet objet qui ne nous quitte jamais et que l’on utilise même aux toilettes.
Bon, on ne va pas se mentir, l’intrigue à proprement parler n’est pas stupéfiante : Victor Riabine, chef de cabinet du ministre de l’Économie et des Finances, qui trompe allègrement son épouse (Victor, hein), fait l’objet d’un chantage : soit il paye la somme demandée, soit une photo compromettante sera diffusée en ligne. Toutefois, l’originalité du récit, outre le narrateur, repose sur le fait que l’enquête est menée par le portable de Victor, à partir de tous les éléments enregistrés dans l’appareil et sauvegardés dans les applications.
Bref, un récit original, même s’il ne casse pas trois touches à un smartphone.