Comment faire tourner les usines sans les travailleurs vigoureux, nourris, blanchis, qui occupent la chaîne de montage ? Loin de se limiter au travail invisible des femmes au sein du foyer, Federici met en avant la centralité du travail consistant à reproduire la société : combien couterait de salarier toutes les activités procréatives, affectives, éducatives, de soin et d’hygiène aujourd’hui réalisées gratuitement par les femmes ? Que resterait-il des profits des entreprises si elles devaient contribuer au renouvellement quotidien de leur masse salariale ?
La lutte contre le sexisme n’exige pas tant l’égalité de salaire entre hommes et femmes, ni même la fin de préjugés ou d’une discrimination, mais la réappropriation collective des moyens de la reproduction sociale, des lieux de vie aux lieux de consommation – ce qui dessine l’horizon d’un communisme de type nouveau.
Silvia Federici Silvia Federici (née en 1942 à Parme en Italie) est une universitaire américaine, enseignante et militante féministe radicale. Elle est professeure émérite et chercheuse à l'Université Hofstra à New York. Elle a notamment écrit Caliban et la sorcière.
Silvia Federici is an Italian and American scholar, teacher, and activist from the radical autonomist feminist Marxist and anarchist tradition. She is a professor emerita and Teaching Fellow at Hofstra University, where she was a social science professor. She worked as a teacher in Nigeria for many years, is also the co-founder of the Committee for Academic Freedom in Africa, and is a member of the Midnight Notes Collective.
je n'ai compris qu'après la deuxième ou troisième partie que cet essai était en fait un assemblage de textes de federici déjà publiés depuis plusieurs années. à mon avis, l'autrice explique à merveille sa conception du capitalisme patriarcal tout en soulevant des critiques (et solutions/propositions) pertinentes par rapport au marxisme dans le féminisme. déjà plus de trois semaines après ma lecture, je pense encore à certains principe comme la naissance de la famille nucléaire contemporaine et ses fonctions ou encore la notion de travail et de prostitution. je dois malgré tout mentionner que le fait que les textes n'aient pas, à la base, été conçus pour être publiés ensemble apporte une certaine quantité de redite qui pourrait donner l'impression que l'autrice bute dans sa pensée. or, ce n'est pas du tout le cas. capitalisme patriarcal me donne faim pour approfondir la pensée de l'autrice et se conclut sur un chapitre très intéressant qui apporte énormément au sujet alors qu'on pourrait croire qu'on va réexpliquer une fois de plus la même chose. enfin bref. à lire
Un livre très intéressant qui montre bien comment le capitalisme et le patriarcat ne font qu'un. J'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire du travail des femmes et sur comment le capitalisme a changé la vie de la travailleuse pour en faire une femme au foyer.
Cet ouvrage est une compilation de différents articles qui abordent les thèmes du féminisme et du capitalisme. De ce fait, il y a de nombreuses redondances qui m'ont parfois ennuyées.
Néanmoins, le sujet est intéressant. L'autrice développe comment le capitalisme a fait évoluer les rôles qu'il a assigné à la femme dans la société, au fur à mesure que ses besoins de production ont changé. On y découvre ainsi, notamment, que le concept de famille nucléaire comme nous le connaissons encore aujourd'hui est assez récent et a été créé de toute pièce pour que les ouvriers soient plus productifs car en rentrant à la maison, ils avaient une "domestique" qui s'occupaient de tenir la maison, de leur préparer un bon repas et de leur fournir les services sexuels nécessaires à leur décompression. Cette construction a été "nécessaire" car le taux de natalité chutait et le taux de mortalité des ouvriers étaient trop élevé : hommes et femmes travaillaient tous deux à l'usine, s'épuisaient et n'avaient plus l'envie, ni le temps de faire des enfants. Or les enfants, c'étaient les ouvriers de demain. D'autant plus que les femmes ayant un salaire, n'étaient pas spécialement pressées de s'enfermer dans un couple mais préféraient passer leur temps libre en faisant des activités qui les détendaient...
Et décortiquée par cet ouvrage, la "libération sexuelle" vendue dans les années 1970 est tout autant une vaste arnaque... Bref, c'est intéressant de lire ces mécanismes qui donnent une autre perspective sur l'image idéale que l'on nous a vendue du couple.
Une très bonne analyse qui reprend le propos du Capital dans une perspective féminine et féministe. " Aujourd'hui, en revanche, nous travail lons gratuitement, au lit comme en cuisine, non seulement parce que le travail sexuel n'est jamais payé, mais parce que de plus en plus souvent, nous fournissons des services sexuels sans rien attendre en retour. Le symbole de la femme libérée est d'ailleurs la femme toujours disponible mais qui ne demande plus rien en retour."
La théorie Marxienne et sont analyse du capitalisme sont indéniablement importante mais doivent être mise à jour et surtout poussé dans la réflexion. Federici , nous offrent une analyse matérialiste poussé de la lutte des classes à travers une vision contemporaine et féministe radicale politique. Le nerf de la guerre , la reproduction sociale et le travail gratuit des femmes comme principe de base de l’accumulation primitive du capital. Ce concept aussi nous amène à revisiter la division sexuelle et sociale du travail ainsi que la définition de classe ouvrière comme étant hétérogène et non comme un bloc monolithique relié à l’usine. J’ai adorer, sa critique éco féministe de l’industrialisation et de la mécanisation de la société moderne comme source d’oppression et de domination de la nature donc des femmes , très intéressante. Je le recommande !! Je relirai d’autre œuvre de Federici pour sur !!
3 bon dieu que de répétitions pour finalement assez peu de nouvelles choses apprises. le propos est très intéressant (la première partie se concentre sur une relecture critique féministe de Marx et la deuxième sur la dichotomie ménagère/putain) mais l'écriture ne l'a pas vraiment servi. à un moment je me suis quand même retrouvée à lire la MÊME citation reprise à l'identique comme si de rien n'était. c'est peut-être parce que c'est de la théorie des années 80, mais c'est fort peu intersectionnaliste. il manque selon moi beaucoup de thèmes qui auraient pu être abordés plutôt que de tourner autour de Marx pendant des heures (un calvaire sur la fin).
j'ai cependant aimé l'analyse des gauches et de leur attitude envers les travailleuses, l'explication du rôle sociétal et familial comme 2e emploi, la façon dont le fordisme a construit la bonne/mauvaise femme. il y avait des bons éléments à prendre, c'est dommage qu'il ait fallu aller les chercher dans les 50 dernières pages
(3,5) enfin repris et fini en une après-midi je me déteste de l’avoir délaissé aussi longtemps. 30 dernières pages incroyables sur l’invention de la ménagère, la réglementation de la prostitution et la fabrication de l’illusion de la libération sexuelle
Super introduction au travail de Federici, notamment le dernier chapitre "Origine et développement du travail sexuel" sur l'arnaque que constitue la fameuse "libération sexuelle des femmes" dans les années 70.
Essai très intéressant, j'ai appris beaucoup de choses. Format très équilibré, très simple à appréhender. En revanche je déplore l'absence de conclusion, une petite synthèse générale n'aurait pas fait de mal je pense !
Ce livre englobe plusieurs articles différents (“Le Capital et le genre”, “L’invention de la ménagère”, “Origines et développement du travail sexuel aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne”).
Marx nous on apprend qu’il y a deux modes de production : ’une chaîne de montage qui produit les marchandises et une autre qui produit les travailleurs et dont le centre est le foyer. Ici on a deux concepts: la production et la reproduction. Marx indique que la reproduction du travailleur est une condition essentielle de l’accumulation capitaliste, mais il ne reconnait nul part que la reproduction de la force de travail suppose le travail domestique. C’est l’essor de l’écoféminisme qui a fait le lien entre la dévalorisation des femmes et de la reproduction chez Marx ; elles ont montré qu’il y avait un lien profond entre le rejet du travail ménager, la dévalorisation de la nature et l’idéalisation de ce qui est produit par l’industrie. Puis, on a reproché à Marx de défendre une conception asymétrique du rapport entre l’homme et la nature.
J’ai trouvé la plus intéressante la partie sur le travail domestique, qui est en effet une construction récente (XIX-XX siècle), quand “sous la pression de l’insurrection de la classe ouvrière et pour répondre au besoin d’une main-d’oeuvre plus productive, la classe capitaliste d’Angleterre et des Etats-Unis a engagé une réforme du travail qui a transformé non seulement l’usine, mais aussi la collectivité et le foyer”, les femmes sont donc exclues des usines. Cette réforme était soutenue non seulement par le gouvernement et les employeurs, mais aussi par les travailleurs hommes. Ces derniers ont été convaincus que l’exclusion des femmes de travail leur permettrait de négocier leur salaires, ce par justifiant qu’ils doivent entretenir leur famille. Les travailleurs pensaient aussi que cela résoudrait la “crise domestique”, qui consistait en manque l’énergie et “d’affection pour les enfants” et “l’incapacité de coudre et cuisiner" de la part des travailleuses, qui rentraient fatiguées après 8h de travail. Ainsi, cette réforme de la famille prolétaire a assuré que la femme devait faire d’elle "le garant de la production d’une main-d’oeuvre plus qualifié”.
Puis, un autre article intéressant portait sur les théories de Freud, qui a essayé d’expliquer pourquoi, après toutes ces réformes, la femme, qui a pour but d’assurer une production d’une main-d’oeuvre, parfois refuse son “devoir conjugal”. Car “rendre le foyer plus agréable, par la réorganisation du travail sexuel au foyer, était également vital en période d’augmentation des salaires, qui risquaient autrement d’être dépensés à faire la fête”, et par la fête ici on entend le travail sexuel fourni par les “non-mères”. Et une de raisons pour ceci était que les bordels étaient aussi les lieux de discussion et d’organisation politique ! Et après la Première guerre mondiale, on ne voulait pas ça. Donc, non seulement la femme devait nettoyer le sol, mais elle devait faire ça en ayant mis un vernis à ongles et surtout, elle devait avoir des orgasmes.
Une réflexion puissante à laquelle rien n'échappe de ce qui fait le quotidien des femmes depuis la révolution industrielle. Un très bon ouvrage pour s'initier aux courants du féministe marxiste, radical ou matérialiste. C'est une lecture très intéressante des rapports de classe et des liens très profonds entre capitalisme et système misogyne, où la femme était et reste un outil essentiel à la domination bourgeoise. Les liens entre domination des femmes et des prolétaires sont révélés et on peut être surpris d'à quel point la sauvegarde du capital a la mainmise sur les éléments de ce qu'on pourrait qualifier naïvement de "vie privée". Un ouvrage fascinant, qui ouvre grand les yeux sur le travail non payé des femmes pour les hommes.
Ce livre est une superbe introduction à la problématique de la place du féminisme dans le marxisme. L'écriture de Federici est accessible et brillante. Les chapitres sont bien structurés et pas trop longs (ce qui est parfois regrettable puisqu'on ne se lasse pas des arguments de l'autrice).
À mon goût, il est essentiel quand on se dit marxiste de lire ce livre. Il permet de bien comprendre comment Marx aurait pu pousser plus loin son analyse du travail domestique et de l'oppression des femmes.
Excellent ouvrage. Il se lit rapidement et fait une excellente porte d'entrée pour qui veut en savoir plus sur la condition des Femmes et sur les mécanismes économiques et politiques qui créent une inégalité parfaitement absurde et scandaleuse.
Une démonstration implacable, rigoureuse et pourtant très fluide à lire. Dommage que les questions de la prostitution ou de la GPA soient si rapidement évacuées.
Un livre très intéressant malgré des passages un peu compliqué quand même.
La première partie du livre permet de bien saisir les rapports entre féminisme et marxisme, tout en critiquant les écrits de Marx. Moi qui avait du mal à saisir ce lien, ce livre m'a permis de bien le comprendre ainsi que de me construire un avis plus critique sur l'œuvre de Marx.
Les articles suivants exposent réellement le rapport entre capitalisme et construction familiale. Le texte "L'invention de la ménagère" et "Origines et développement du travail sexuel" permet de comprendre comment les intérêts économique et politique ont façonné la société et la famille. Ces deux articles sont particulièrement intéressant, ça m'a retourné le cerveau. Ils sont faciles à comprendre et à lire et peuvent être mis entre toutes les mains, faudrait vraiment les diffuser pour montrer à tous que la construction familiale et sociale "normale" de notre époque n'est en réalité qu'une construction politique au service du capitalisme.
En bref c'est un super livre qui se lit assez vite et qui permet de s'ouvrir à de nouvelles questions très intéressantes et importantes.
Un ouvrage accessible, les deux derniers chapitres m'ont particulièrement touché, dans ma tête, un lien s'est rapidement établi avec les oeuvres naturalistes d'Émile Zola. Je me souviens de la description minutieuse des conditions de vie des parisiens, et notamment de la condition des femmes, de leur place dans la société, de l'inégalité existante entre elles et les hommes (qui perdure encore aujourd'hui), des violences incessantes, sexistes et sexuelles, commençant dans leur foyer, en bref les ouvrages de Zola illustrent parfaitement le regard de Federici.
Quand on parle de capitalisme, on pense à Marx. Il faut avoir des références de ses oeuvres ou en avoir la connaissance afin de mieux saisir puisque plus de la moitié de l'ouvrage porte sur une critique (pas forcément négative) des ouvrages de Marx, Federici articule même ses idées avec celles de Marx.
Concrètement, ça m'a permis d'avoir une vue d'ensemble sur la société française et de la place presque inexistante des femmes. Ce sont des choses que je savais déjà, tout comme vous sûrement, mais je peux désormais m'appuyer sur un ouvrage qui croise le capitalisme et le patriarcat.
Bien que ce livre soit plutôt dense, les mêmes concepts se répètent dans presque tous les essais (il s’agit en effet d’un recueil de textes de Federici). La répétition ne m’a pas dérangée du tout, au contraire je l’ai trouvée très utile afin de bien assimiler la théorie de l’auteure. Dans cet ouvrage, Federici critique le Capital de Marx dans une optique marxiste-féministe, en mettant en lumière les points de force de Marx tout en critiquant certains aspects de sa théorie (l’importance de l’industrialisation, la critique de la prostitution, le capitalisme comme étape nécessaire du développement historique, etc.) L’autre grand thème du livre est la création de la famille prolétaire, conséquence de la deuxième révolution industrielle, et le rôle de la femme au sein ce celle-ci. C’est un livre très inspirant et vraiment intéressant, comme d’ailleurs les autres œuvres de Federici que j’ai lues, et facile à lire. Certaines parties sont peut-être un peu trop optimistes, comme quand elle parle du fait que l’État n’est pas nécessaire dans la société post-capitaliste... mais je ne peux que recommander ce livre :) <3
en vrai c’était cool, très intéressant, mais je suis sceptique à propos de son travail en général depuis que michèle zancarini fournel a sorti son livre « sorcières et sorciers », et j’arrive pas trop à donner mon avis sur des essais de théories politiques comme ça (comme pour les livres de françoise verges) à part dire si ça a été dur à lire ou pas et en l’occurrence lui ça va et en plus c’est assez court
super intéressant, très bonne intro au féminisme marxiste un peu dérangée par certains arguments du dernier chapitre (genre que le seul plaisir des ouvriers c’est le sexe et qu’ils en ont besoin, un peu des relents de justification de viol lol)
une excellent lecture sur le poids financier du patriarcat qui pèse sur les femmes, mais une lecture assez théorique et peut être pas pour des non-amateurs d’essais
great stuff, plenty of new insights and lots to think about. big recommendation for those interested in marxism and feminism but who can’t always neatly piece the two together.
« Nous avons dès lors cessé d’envisager le salaire comme une simple quantité d’argent, pour plutôt le considérer comme une façon d’organiser la société ».