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Et si, comme les femmes, les hommes étaient depuis toujours victimes du mythe de la virilité ? De la préhistoire à l'époque contemporaine, une passionnante histoire du féminin et du masculin qui réinterprète de façon originale le thème de la guerre des sexes.
Pour asseoir sa domination sur le sexe féminin, l'homme a, dès les origines de la civilisation, théorisé sa supériorité en construisant le mythe de la virilité. Un discours fondateur qui n'a pas seulement postulé l'infériorité essentielle de la femme, mais aussi celle de l'autre homme (l'étranger, le " sous-homme ", le " pédéraste "...). Historiquement, ce mythe a ainsi légitimé la minoration de la femme et l'oppression de l'homme par l'homme.
Depuis un siècle, ce modèle de la toute-puissance guerrière, politique et sexuelle est en pleine déconstruction, au point que certains esprits nostalgiques déplorent une " crise de la virilité ". Les masculinistes accusent le féminisme d'avoir privé l'homme de sa souveraineté naturelle. Que leur répondre ? Que le malaise masculin est, certes, une réalité, massive et douloureuse, mais que l'émancipation des femmes n'en est pas la cause. La virilité est tombée dans son propre piège, un piège que l'homme, en voulant y enfermer la femme, s'est tendu à lui-même.
En faisant du mythe de la supériorité mâle le fondement de l'ordre social, politique, religieux, économique et sexuel, en valorisant la force, le goût du pouvoir, l'appétit de conquête et l'instinct guerrier, il a justifié et organisé l'asservissement des femmes, mais il s'est aussi condamné à réprimer ses émotions, à redouter l'impuissance et à honnir l'effémination, tout en cultivant le goût de la violence et de la mort héroïque. Le devoir de virilité est un fardeau, et " devenir un homme " un processus extrêmement coûteux.
Si la virilité est aujourd'hui un mythe crépusculaire, il ne faut pas s'en alarmer, mais s'en réjouir. Car la réinvention actuelle des masculinités n'est pas seulement un progrès pour la cause des hommes, elle est l'avenir du féminisme.
528 pages, Paperback
First published January 1, 2017
''Aussi, n'est-ce pas à la 'fin des hommes' que nous assistons aujourd'hui, et tant mieux, mais au déclin du système viriarcal et à la déconstrution du mythe viril, élaborés par l'homme pour son propre malheur, autant que pour celui de la femme. Car ce n'est pas elle qui a émasculé l'homme: il s'est automutilé, en tombant dans son propre piège. ''
''La condamnation universelle de la femme au silence n'aura pas seulement pour effet de l'asservie aux besoins procréatifs et domestiques de l'hommes. Elle est aussi source d'aliénation identitaire: la femme ne pouvait jamais s'autodéfinir, elle ne se pense, ne se voit, ne se comprend elle-même qu'à travers l'image qu'en fabriquent les hommes. (...) Qu'est-ce qu'une femme? Ce n'est pas à elle de répondre, c'est à lui.''
(Sur la honte / gêne / et l'instrumentalisation de la prostitution) ''Mais là encore, que d'hypocrisie et d'aveuglement! La prostitution est-elle la seule activité professionnelle où s'exerce une soumission du corps à la loi de l'argent? N'y a-t-il pas quantité de métiers dans lesquels le corps du travailleurs est pro-stituté, c'est-à-dire, littéralement exposé devant, voire malmené, mis en danger? Le travail à l'usine, à la mine, voire dans le mannequinat, n'implique-t-il pas une mise à disposition du corps, dans des conditions souvent dégradantes? Au nom de quelle idéologie sexuelle sanctifiante juge-t-on que le sexe tarifé est plus indigne que d'autres contrats impliquant l'instrumentalisation du corps et une marchandisation de la force du travail?''
''Les liens entre misogynie et homophobie sont étroits depuis toujours; plus une société déconsidère les femmes, plus elle traque les homosexuels. (...) Elle constitue pourtant la pierre angulaire, car être homme, c'est d'abord et avant tout ne pas être homosexuel, ni même efféminé.''
''La révolution du féminin sera pleinement accomplie quand aura lieu la révolution du masculin, quand les hommes seront libérés des assignations sexuées qui entretiennent, souvent de manière parfaitement inconsciente, la misogynie et l'homophobie, lesquelles procèdent toutes deux d'une répulsion envers le féminin venue du fond des âges. ''