«En 2008, Michelle Porte, que je connaissais comme la réalisatrice de très beaux documentaires sur Virginia Woolf et Marguerite Duras, m’a exprimé son désir de me filmer dans les lieux de ma jeunesse, Yvetot, Rouen, et dans celui d’aujourd’hui, Cergy. J'évoquerais ma vie, l’écriture, le lien entre les deux. J’ai aimé et accepté immédiatement son projet, convaincue que le lieu – géographique, social – où l’on naît, et celui où l’on vit, offrent sur les textes écrits, non pas une explication, mais l’arrière-fond de la réalité où, plus ou moins, ils sont ancrés.»
The author of some twenty works of fiction and memoir, Annie Ernaux is considered by many to be France’s most important writer. In 2022, she was awarded the Nobel Prize in Literature. She has also won the Prix Renaudot for A Man's Place and the Marguerite Yourcenar Prize for her body of work. More recently she received the International Strega Prize, the Prix Formentor, the French-American Translation Prize, and the Warwick Prize for Women in Translation for The Years, which was also shortlisted for the Man Booker International Prize in 2019. Her other works include Exteriors, A Girl's Story, A Woman's Story, The Possession, Simple Passion, Happening, I Remain in Darkness, Shame, A Frozen Woman, and A Man's Place.
...Je crois que la double influence, de mon éducation et du 'Deuxième sexe', m'a prémunie contre l'idée très répandue après 1968, d'une literature spécifique des femmes. Je lisais, j'entendais, qu'on écrit avec son corps, son corps de femme. Quand je me suis mis à écrire, je n'ai pas eu l'impression d'écrire avec ma peau, mes seins, mon utérus, mais avec ma tête, avec ce que cela suppose de conscience, de mémoire, de lutte avec les mots! Je n'ai jamais pensé, voilà, je suis une femme qui écrit. Je ne suis pas une femme qui écrit, je suis quelqu'un qui écrit...
Annie Ernaux says she doesn't consider herself a 'woman writer', she is just 'someone' who writes. I really identify with this thought. I've never considered that there was a feminine literature distinct from a masculine literature. I've always thought of books by men and books by women as simply all belonging to 'literature'. Similarly with readers. I think we are readers first, men and women second. We don't read differently because we are one or the other.
La découverte de l’œuvre d’Annie Ernaux est une des plus belles choses qui me soient arrivées cette année. Sans avoir partager les mêmes expériences qu’elle, je me sens extrêmement proche de son écriture et des sujets qu’elle aborde.
Ce livre est dans la lignée de L’écriture comme un couteau, sur sa mémoire, son processus d’écriture. Pourquoi elle écrit aussi. C’est extrêmement inspirant.
Annie Ernaux est l'une de mes autrices préférées, et ce depuis ma lecture de La Place, des Années et surtout depuis le visionnage du documentaire de Michelle Porte, Les mots comme des pierres (grâce auquel j'ai découvert Annie Ernaux, une révélation). Le vrai lieu est la retranscription de ce documentaire.
Ici, on retrouve la genèse des textes d'Annie Ernaux. Elle expose son rapport à la lecture, à l'écriture (tout comme Cris Peri Rossi, l'écriture est sa maison, son "vrai lieu"), sa sociabilité difficile, son transfuge de classe, ses parents, son arrivée à Paris et à Cergy. Annie Ernaux me parle, toujours. Elle parle de sa vie tout en nous parlant à nous, je trouve ça formidable. Son rapport à Paris, par exemple ; elle se sent toujours à la marge, en banlieue, jamais légitime d'habiter la capitale. L'écriture est toujours dénuée de toute fioriture ; et pourtant, qu'est-ce qu'elle est puissante ! En somme, cette retranscription des entretiens avec Michelle Porte représente le manifeste de toute l'œuvre d'Annie Ernaux. Tout ce pourquoi j'aime cette autrice, toute sa trajectoire, tout son vécu, toute sa vie qui me fascinent tant. La vie "découverte et éclaircie", selon les dires de Proust. Annie Ernaux représente cet éclaircissement. L'écriture avant tout...
Le vrai lieu restera l'un de mes livres de chevet, je m'y replongerai avec bonheur pour repenser des pans de ma vie et pour me retrouver dans une définition de la lecture et de l'écriture qui me parle tant (les livres lus au cours de notre vie en disent long sur nous, l'écriture de l'indicible qui devient politique, par exemple). Un coup de cœur, un régal, un bonheur ! Et surtout, merci Annie Ernaux ! 💜
Il y a des livres dans lesquels l’auteur.trice parle à ses lecteurs, lectrices. Il y en a d’autres qui transmettent un fort envie d’écrire à ces derniers. Comme celui-ci.
موضوع کتاب رو زده داستان های فرانسه! اما مصاحبه با نویسنده هست! تعجب میکنم از این اشتباه! من به عنوان داستان خریدم کتاب رو اما خب مصاحبه بود و اولش تو ذوقم خورد اما خب خوندمش... خوشم اومد، به هر حال شنیدن حرف های نویسنده ها رو هم دوس دارم...
« La douleur des enfants qui se séparent culturellement de leurs parents vient de ce que ces derniers veulent que leurs enfants soient plus instruits, donc plus heureux, soient « mieux qu’eux » - « tu seras mieux que nous », j’ai entendu souvent cette phrase - et en même temps ils voudraient qu’on reste identique à l’enfant qu’ils ont connu, qu’on puisse continuer de rire aux mêmes choses qu’eux, regarder les mêmes émissions de télé qu’eux. Qu’on ne les perde pas en cours de route. Il y a une double contrainte, s’instruire et rester pareil ».
« Ouvrir un livre, c'est vraiment pousser une porte et se trouver dans un lieu où il va se passer des choses pour soi. C'est comme ça que je conçois la lecture, et s'il ne se passe rien pour moi, j'oublie très vite le lieu où le livre ne m'a pas emmenée finalement. »
Très beau entretien, sur l’enfance et l’écriture. Son expérience ressemble beaucoup à la mienne. Transfuge de classe, une enfance dans une épicerie, l’importance donné au savoir et l’éducation par les parents ouvriers, relation mère-fille un peu difficile mais une prise de conscience de la force de la mère en tant que femme de la part de la fille adulte. Sauf que moi, j’écris pas. Pas maintenant.
« J’ai un problème avec l’abstraction, les choses sans forme matérielle… je n’écris qu’avec des images visuelles intériorisées, des images de la réalité aussi, qui m’amène vers l’idée. L’idée, l’idée ne précède pas , elle vient après….les souvenirs sont des choses. Les mots aussi sont des choses. Il faut que je les ressente comme des pierres, impossibles à bouger sur la page, à un moment…écrire, je le vois comme sortir des pierres du fond d’une rivière. »
« Écrire, ce n’est pas laisser sa trace en tant que nom, en tant que personne. C’est laisser la trace d’un regard, d’un regard sur le monde…écrire vraiment, c’est viser à la connaissance… une connaissance autre, qui passe par l’émotion, la subjectivité. Qui dépend de ce qu’on appelait autrefois le style. »
Clément Rosset : « ne regardez pas en vous-même, vous ne trouverez rien. »
« Tenir un journal consiste en une déposition des jours. Il n’y a pas un travail de construction. C’est la construction qui caractérise les grands écrivains… La construction, c’est ce qui rivalise avec le monde et qui crée un autre temps que le temps vécu. Écrire, c’est créer du temps. Celui où va entrer le lecteur. C’est silencieux, la ou ça se passe. »
À ne pas lire si vous n'avez rien lu d'elle (ou qu'un ou deux livres comme dans mon cas), c'est vraiment une réflexion sur son oeuvre et son écrire, mais sans les référents, il est absolument inutile de le lire (gardez-vous le pour après en avoir lu quelques-uns).
Sinon, en terme de contenu, c'est assez peu informatif (plusieurs entrevues et les lectures de ses romans informent quand même très bien une partie de ce qu'elle dit ici), il n'y a certainement pas de grandes réflexions ou révélation esthétique, plus un partage de ce qui la pousse à écrire, des détails sur sa famille, des réflexions plus complexes sur sa mère, son ressenti vis-à-vis la lecture, l'érudition et le fait d'être transclasse.
Les fans adoreront, les autres, c'est court et ce n'est pas une mauvaise lecture. Elle donne définitivement envie de la (re)lire toutefois!
«مکان واقعی» (نشر قطره)، درباره مصاحبه خانم میشل پورت با آنی رنو، نویسنده فرانسوی و برنده جایزه نوبل ادبیات است. این اثر در واقع یک مستند ادبی است و به زندگی شخصی آنی رنو می پردازد. در این کتاب، خانم میشل در قالب سؤالات مختلف در اتاق کار آنی رنو سعی دارد به نقاط پنهان زندگی او پی ببرد و یک نویسنده را از نزدیک بشناسد. مکان واقعی در واقع اشاره به وابستگی آنی به خانه ای است که در آن سکونت دارد. گرچه این خانه از پاریس دور است، اما تنهاترین مکانی است که به او کمک می کند بهتر فکر کند و بهتر بنویسد. حضور در این خانه، موهبتی است که او را غرق نوشتن می کند. آنچه بیشتر به چشم می آید، دید سیاسی و اجتماعی آنی رنو در این مصاحبه است. او در جامعه امروزی همچنان از تبعیض ها بیزار است و فاصله های طبقاتی او را ناامید می کنند و البته برخی موضوعات شخصی نیز قلب او را به درد می آورد و او را برای یک زندگی جدید مشتاق تر می کند.
"Cette idée d'entrer dans un livre n'est pas un cliché. Ouvrir un livre, c'est vraiment pousser une porte et se trouver dans un lieu où il va se passer des choses pour soi. " "Je crois que je considère aussi l'écriture comme un don. Mais on ne sait pas ce qu'on donne, on ne sait pas. Ce que les autres vont prendre dans ce qu'on donne. Ils peuvent refuser aussi."
Un recueil très intéressant sur l'écriture - et la lecture. Il me donne envie de relire ses livres qui sont assez uniques en leur genre. Elle explique ici ce qui fait l'originalité de son approche d'écrivaine - ce qui fait qu'elle m'atteint alors que nos expériences de vie sont si dissemblables.
Le truc c’est qu’après l’avoir entendue parler 2 heures (<3), avoir lu son texte du Nobel et quasi tous ses livres, je n’ai pas l’impression d’avoir appris grand-chose de nouveau - mais dans l’idée si je l’avais lu au début, avant de bien la connaître, je pense que ça m’aurait beaucoup plu. J’aime bien quelques choses qu’elle dit sur l’écriture et le début sur Cergy mais autrement ça reste un peu superficiel comme entretien, littéralement les réponses aux questions sont au début de chacun ses livres…
Difficile à noter : ce n’est pas vraiment un roman, mais plutôt un aperçu dans la vie d’un des écrivains - c’est bien le terme qu’elle emploie - les plus marquants des dernières décennies dans la littérature française. Très intéressants comme entretiens, en revanche, surtout les instances qui traitent du fossé que sa profession et sa passion pour la littérature ont crée entre elle et son père issu de milieu ouvrier. J’ai bien hâte de lire « Les Années ».
⭐️ 3,5/5 Tout petit livre lu en une heure. Mon tout premier Annie Ernaux. C’est la retranscription d’une interview qu’elle a eu avec Michelle Porte. J’ai beaucoup aimé l’écriture d’Annie Ernaux, tout dans la simplicité.
Je suppose que ce livre est un peu différent de ces autres œuvres car c’est une interview écrite mais moi qui n’était pas forcément tentée par cette autrice, j’ai bien envie de la découvrir un peu plus en detail avec d’autres de ces livres.
Premièrement, je suis désolé pour mon français c’est encore terrible hahaha. Je voudrais dire que je suis un peu jaloux d’Annie Ernaux parce que je me sens qu’elle voit le monde avec un tel sincérité. Quand elle décrit elle-même ou sa époque de la vie je la peut voir et ressentir ses émotions. Cette année je vais lire 3 livres d’Annie et je pense que je vais aimer tous.
Un petit condensé de la vie d'Annie Ernaux et de son travail d'écriture à travers les questions de Michelle Porte. Se lit très rapidement (lors d'un trajet en train Orléans Tours dans mon cas) et synthétise la pensée de l'autrice. Très bonne lecture, comme tout ce que je lit de cette femme incroyable.
« L’art nous dit quelque chose même là où nous pensons qu’il ne nous le dit pas. (...) Il faudrait, si on vet savoir qui on est, de quoi on est héritier, rassembler les pièces du musée intérieur qui nous constitue. »
Un cadeau d’Annie Ernaux qui nous plonge dans son désir d’écriture. J’ai souligné plusieurs passages pour pouvoir y revenir par la suite. Parfait pour amorcer une période d’écriture comme je le fais présentement.