Phora signifie en grec l'action de porter. Dans le même mot se rejoignent le devenir, ce que nous portons comme un enfant, et la douleur, ce que nous portons comme un fardeau. Seule la condition de toutes ces fagoteuses et travailleurs qui viennent se déposer dans son cabinet, seul le réel de tous les parcours de vie fascinants et émouvants de ses patients pouvaient réveiller un écrivain en pleine fatigue culturelle. Nicolas Lévesque reprend la plume pour témoigner de ce que peut mettre en scène un mois dans sa pratique de psy. Aucun regard totalisant ici, aucun jargon hermétique, aucune étude de cas classique, plutôt un peuple de fragments qui incarnent la diversité des vivants, la richesse de nos mises en jachère, le labeur de la thérapie. En lisant Phora, on découvre que la psychanalyse n'est pas morte, qu'elle peut même, au contraire, être de la plus grande vitalité en embrassant les contradictions de son époque, en reconnaissant les effets d'une violence sociale aux multiples visages, en délaissant les peurs et la rigidité au profit de la singularité merveilleuse, inexplicable, de chaque être humain. Un livre pour le coeur et pour la tête, pour ce qui nous déchire et nous rassemble, dans nos maisons psychiques et politiques.
NICOLAS LEVESQUE est psychologue et, comme il se plaît à le dire probablement psychanaliste. Comme écrivain, il a déjà publié aux Éditions Nota bene deux essais remarqués : Le deuil impossible nécessaire. Essai sur la trace, la perte et la culture (2005) et (…) Teen Spirit. Essai sur notre époque (2009). Il a signé de nombreux articles dans des revues où il force la rencontre de la psychanalyse, de la philosophie, de l’art, de la littérature et d’un certain regard sur l’actu¬alité. Il a participé à la fondation de Radio Spirale et dirige depuis 2010 la collection Nouveaux Essais Spirale, lieu rare où les mélanges sont encore permis.
J'ai lu cet essai à la recherche de réflexion sur les liens entre psychanalyse et création/écriture. J'étais un peu loin de mon profit, certes, puisque ce n'est pas le sujet du livre mais j'y ai puisé plusieurs citations fortes et intéressantes. Surtout, j'ai été fascinée par la beauté de l'écriture, la clarté de l'expression et la bienveillance infinie. Mon plus grand regret est que Nicolas Lévesque ne pratique plus le métier, car j'aurais aimé l'avoir comme professionnel (ou quelqu'un comme lui). On en parle trop peu, mais les expériences psys peuvent être traumatisantes à leur tour (les miennes, à une exception près, on été très négatives), ce qui fait que je me dis 'plus jamais' tant que je n'aurai pas trouvé "mon" Nicolas, c'est-à-dire quelqu'un capable de faire preuve d'empathie tout en m'aidant à sortir de mes ornières -- bref, il fixe la barre haut pour ses collègues et en même temps ça devrait être le standard de base.
(3) Réflexion très stimulante et personnelle sur le métier de psy et sur la psychanalyse. Intuitions sociales et politiques puissantes. Écriture par fragments élégante et sensible, qui n’exclut pas l’humour.
Phora est une lecture inspirante & rassurante, sans être mièvre et désincarnée, comme peuvent l’être certaines lectures sur la psychologie. Ce livre m’a, au contraire, émue. Nicolas a brisé le sentiment de solitude qui m’envahie souvent quand je discute de la pratique (psychoéducation toutefois pour moi) avec d’autres collègues. J’y retournerai certainement.
Réflexions d'un psy bienveillant. J'ai adoré la section Soigner le politique, elle était cadencée d'observations justes, arrimées à tout ce que je pense aussi. Le meilleur moment du livre, des pages lucides sur le capitalisme, l'aliénation des travailleurs, la médicamentation excessive. J'ai aimé les fins détails de son travail : comment les gens lui écrivent des textos, lui apportent des cadeaux, l'organisation de son temps, etc. Ça rendait vraiment bien comment est le quotidien du psy. Le seul truc qui m'a agacée, difficile de mettre des mots dessus, c'est le fait de savoir que ses patients sont pour la plupart des artistes ayant pour certains déjà une vie un peu ou beaucoup publique, et que des fragments des vies de ces patients sont exposés comme ça, à nu. Je me suis demandé qu'est-ce que ça servait au juste. J'avais l'impression de me faire inciter malgré moi au voyeurisme ou au potinage en lisant ces bouts d'intimité. Je ne sais pas si ces exemples sont importants pour le livre. Outre cela, on sent que ce psy aime profondément ses patients, qu'il se sent une part nécessaire à leur cheminement et que ceux-ci le font évoluer comme humain.
si jamais je me décide à subir (entamer?) une thérapie, j’aimerais que ce soit avec nicolas lévesque. j’aime comment il réussit à ancrer solidement sa pratique dans le monde actuel et à vulgariser un sujet qui au premier abord peut paraître hermétique. on navigue aisément dans cet essai malgré toutes les bifurcations et chemins de travers que sa pensée emprunte. let’s make psychoanalysis great again.
Constitué de fragments qui entremêlent des éclats de la vie de l’auteur aux éclats des vies de ses patients, cet essai réfléchi sur le lien entre création littéraire et psychanalyse de manière efficace. C’est un véritable amoncellement d’images disparates organisés par idées thématiques.
Collection de vignettes qui peuvent se cueillir comme une offrande dans la jarre à biscuits. On entre dans le bureau du psy pour goûter à des tranches éparses de psychanalyses du point de vue du divan ou de l’analyste. L’approche ouverte et créative de l’auteur donne le goût d’y retourner…
Intéressant, touchant, désordonné, certaines choses coincent dans la lecture, mais d'autres ouvrent sur des horizons, des vallées, des cavernes, des plateaux...j'ai aimé!