Qu’avons-nous fait du passé, de l’héritage de nos parents, des premiers peuples qui ont habité notre pays ? Que faisons-nous de la nature qui nous entoure et nous nourrit ? Quel sens avons-nous aujourd’hui de notre humanité ? Et qu’en est-il des grandes énigmes liées à l’infini du temps, à la beauté, à l’amour, à la parole humaine, à l’âge qui vient, à la mort qui nous attend ?
Ces questions, Serge Bouchard ne les aborde jamais de haut, en théoricien ou en professeur de morale, mais au plus près de lui-même et de sa vie, comme des thèmes existentiels pour l’élucidation desquels il convoque ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, ses voyages, ses découvertes, ses lectures ou ses enquêtes d’anthropologue du concret, et toutes les leçons de tendresse, de lucidité et d’ironie que ces expériences lui ont apportées. Ainsi les pages de ce nouveau recueil forment-elles en même temps une sorte d’autobiographie en pièces détachées, où apparaît peu à peu le portrait d’un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup réfléchi, reçu sa part de joie comme sa part de chagrin, et qui n’a jamais cessé de chercher partout les traces de l’humain, de cette simplicité, cette modestie et cette lenteur qui à ses yeux font toute la valeur de l’humain.
C’est une partie de ces réflexions que Serge Bouchard nous livre ici, à travers cette prose à la fois limpide et poétique que nous lui connaissons, une prose où s’entendent les inflexions d’une voix unique, absolument singulière, qui nous parle de près, de tout près, comme à des proches.
Serge Bouchard est né à Montréal en 1947. Diplômé des Universités Laval à Québec et McGill à Montréal, il a d’abord été chercheur dans le domaine des études nordiques. Spécialiste des questions amérindiennes, il a touché à de nombreux champs d’enquête allant de l’ethnohistoire jusqu’aux contextes contemporains des changements sociaux et politiques. Son mémoire de maîtrise (1973) a porté sur le savoir des chasseurs innus du Labrador, tandis que sa thèse de doctorat (1980) décrivait et analysait la culture et le mode de vie des camionneurs de longue-distance dans le nord du Québec.
Devenu consultant autonome en anthropologie appliquée, il a fondé en collaboration une firme de recherche en sciences humaines, firme qu’il a dirigée jusqu’en 1986. À ce titre, il a travaillé sur des questions relatives à la formation interculturelle (évaluation de matériel pédagogique, conception de contenus, conférences), à l’environnement(consultations publiques, études d’impact) à la justice (formation policière, déjudiciarisation) et à la gestion (culture des organisations). Durant cette période, il a été chargé de cours au département des sciences administratives de l’Université du Québec à Montréal. Entre 1987 et 1990, il a dirigé les services de recherche en sciences humaines de l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail du Québec. En 1991, il agissait comme commissaire aux audiences publiques tenues par la Ville de Montréal sur le sujet de la gestion intégrée des déchets.
Serge Bouchard a donné de nombreuses conférences auprès du personnel de la GRC. Dans le domaine des recherches anthropologiques en management et organisation du travail, il a travaillé pendant près de cinq ans (1991-1996) en France et en Belgique pour le compte de Giat Industries (industrie française de l’armement terrestre). En 1996, dans le même domaine, il fut consultant auprès de la Sûreté du Québec et de la Police de la Communauté urbaine de Montréal et a travaillé en collaboration avec Hydro-Québec.
Chercheur, consultant en anthropologie et conférencier durant toute sa carrière, Serge Bouchard a publié seul ou en collaboration huit livres et une soixantaine d’articles dont de nombreux sur les Inuits, les Amérindiens, les Métis et les peuples autochtones d’Amérique du Nord. En 1991, il a publié son premier ouvrage littéraire, Le Moineau domestique. De 1992 à 1996, il a animé en compagnie de Bernard Arcand l’émission Le Lieu commun sur Radio-Canada. Chroniqueur-anthropologue à l’émission de Marie-France Bazzo durant l’année 1996-1997, il a signé aussi une chronique régulière dans la revue L’Agora. Les Éditions du Boréal ont déjà publié sept volumes de lieux communs signés Bernard Arcand et Serge Bouchard, dont en 2003 un «Best-of» de ces textes, intitulé Les Meilleurs Lieux communs, peut être.
Serge Bouchard a participé à de nombreux documentaires et émissions de télévision et a donné régulièrement des entrevues sur sa vision anthropologique du monde.
Je suis vendu, conquis d’avance. Lire Serge Bouchard est toujours une joie absolue. Le recueil L’ALLUME CIGARETTE DE MA CHRYSLER NOIRE ne fait pas exception.
Au fil des ans, j’avais entendu le vénérable anthropologue faire la lecture de la plupart de ces textes dans le cadre de sa chronique EN CIRCUIT FERMÉ de l’émission C’EST FOU, émission que j’écoute religieusement. J’avais d’ailleurs très hâte à la publication d’un tel recueil, pour y goûter de nouveau.
J’ai encore en mémoire la fois où j’écoutais l’épisode dédié aux murs, alors que je prenais une marche. C’était au printemps 2017. En fin d’émission, Bouchard nous récite FRAPPER UN MUR, un court texte dans lequel il relate le jour où son dos l’a violemment abandonné, changeant ainsi le cours de sa vie, le laissant limité pour le reste de ses jours. Je fus si ému, que je dû arrêter ma marche pour reprendre mes esprits. En quelques paragraphes, Bouchard m’a tristement fait comprendre que je dois (que nous devons) profiter du moment présent, que l’équilibre est si fragile.
Je souhaitais que FRAPPER UN MUR soit inclus dans l’éventuel recueil qui serait publié. Il l’est. Tout comme les cinquante-neuf autres bijoux qui l’accompagnent, ce merveilleux composite de mots est à la fois instructif, intelligent, touchant, pertinent et, avant tout, divertissant. Merci Serge Bouchard.
Je suggère une lecture à petites doses, pour ne pas diluer l’effet magique sur le cœur et sur l’esprit.
Dans son livre, Serge Bouchard nous ballade avec ses réflexions qui sont des fois très profondes et nécessitent de faire une pause et d’y réfléchir...il nous parle des indiens du Canada qui ont été maltraités, de la forêt et la nature vierge de l’Amérique où les colons n’y ont vu que bénéfice en y exploitant ses richesses au lieu d’admirer sa beauté. Il nous parle de sa mère qui a élevé ses enfants avec amour et sacrifice, il nous parle de modernité qui a détruit tant de valeurs...il nous parle de l’oubli et de la nostalgie des autobiographers...
4 ⭐️ pour ce livre écrit par un philosophe anthropologue Canadien Francophone à connaître à tout prix.
Merci à l’ami Goodreads Patrick Martel qui me l’a fait découvrir
Ces courts textes abordent tour à tour les thèmes de notre lien avec la Terre et avec les autres, de notre réaction face au temps qui passe, de la vie… Les propos de l’auteur sont plein de sagesse et suscitent sans contredit des réflexions chez le lecteur.
J'ai adoré cette sélection de textes de Serge Bouchard écrits pour la radio qui s'apparentent à de micro-essais. Les sujets étaient extrêmement variés et je suis surtout frappé par le fait que certains textes qui au premier abord ne m'intéressaient pas du tout sont peut-être ceux qui au final ont généré le plus de réflexions et me sont le plus restés en tête. Une lecture différente pour moi, agréable et enrichissante.
Ce livre recense une collection de divers articles écrits par Serge Bouchard, surtout diverses réflexions sur sa vie, initialement utilisés dans le cadre de l'émission de radio qu'il animait avec Jean-Philippe Pleau « C'est fou ».
Si la lecture y est par moment légère, elle nous fait plus souvent que non réfléchir à notre propre vie à travers le prisme de celle de Bouchard. Pourquoi faut-il vivre à toute allure, sans prendre le temps de s'arrêter et réfléchir? En quoi est-ce étrange de se rendre dans un parc, simplement pour s’asseoir sur un banc et profiter de la brise fraîche, pour méditer sans rien faire et pour faire l'expérience du « nouveau » courant « bin zen » du niksen (n'oubliez pas d'acheter le livre qui explique ce principe au combien complexe!) ?
Nous avons tendance à voir tout uniquement par l'entremise du présent. Ça bouge vite en tabarouette le présent. Toutefois, la mémoire, tout comme le temps, est pour nous quelque chose d'éphémère qui nous quitte aussi rapidement qu'elle nous parvient. Pendant notre temps sur terre, il faut donc la chérir, tout en prenant bien sûr le temps de créer de beaux souvenirs authentiques aujourd'hui.
La meilleure façon que j'aurais de décrire l'ouvrage : un hommage à ralentir et se souvenir, vivre librement et simplement. Pour reprendre Bouchard : « Je n'ai jamais aimé la vitesse. Devrais-je admettre que j'étais déjà vieux lorsque j'étais jeune? »
"Je revois dans ma tête cette scène de film: un homme, en hiver, sur les rives d'un grand lac gelé, installé sous un arbre, est en train de manger des bines qu'il a réchauffées au-dessus d'un feu. Il boit aussi du thé. On devine qu'il s'agit d'un trappeur qui vient de passer l'hiver dans les grands bois du Nord, dans la neige, le vent et les épinettes. Il doit être en voyage et il s'est arrêté ici, à la décharge du grand lac. Il n'a pas vu âme qui vive depuis dix mois. Il entend le bruit de son feu, les cognements de sa cuillère contre le métal de sa gamelle, il entend le vent, deux branches gelées qui se frottent l'une contre l'autre, le cri du corbeau solitaire. Sur la surface du lac, au loin, il aperçoit une silhouette humaine qui semble se diriger vers lui. La distance est grande, notre homme ne s'excite pas, il continue à manger ses bines, à boire son thé. La distance est si grande qu'on dirait que la silhouette n'avance pas, comme si le marcheur faisait du surplace. Une heure passe, puis une autre. À la longue, la silhouette finit par se rapprocher, l'homme arrive et rejoint celui qui est près de son feu. Le nouveau venu s'assoit, essoufflé, enlève ses mitaines et se réchauffe les mains au-dessus des braises. Sans dire un mot, le trappeur lui prépare un plat de bines, une tasse de thé. Le visiteur mange volontiers, il boit sa tasse de thé. Pour dessert, il fume une bonne pipée. Après une demi-heure sans rien dire, n'échangeant que des regards avec son hôte, le visiteur se lève et repart. Après avoir fait dix pas, il s'arrête, se retourne et dit: 'À la prochaine, mon ami!' Et l'autre de répondre: 'Si nous sommes encore en vie!'
En vérité, ces grands silences avaient tout dit, ces deux hommes avaient fait le tour du sujet, ils avaient pensé ensemble, partagé des émotions et des états que les mots ne parviendront jamais à bien traduire. La vie, la mort, la distance, la solitude, le froid, le thé, les bines, autant de questions insolubles autour desquelles il est inutile de caqueter."
Très beau recueil d'essais de Serge Bouchard, qui aurait préparé ces textes en court format pour son émission à Radio-Canada. M. Bouchard apporte ses réflexions sur grand nombres de sujets, en commençant par son enfance, ses mémoires de son père (à qui appartenait la fameuse Chrysler noire) et sa mère, et passant par ses séjours avec les peuples autochtones du Québec, la grande nature québécoise, et finalement, le vieillissement et la mort. Les essais son toujours bien posés, élégants sans être ostentatoires, souvent liés a une thématique non-attendu qui fait penser et découvrir notre monde d'avantage. Il est seulement dommage que le format de 2-3 pages par essai nous donne pas la chance de voyager de manière plus profonde dans les pensées de cet anthropologue de grande humanité.
Serge Bouchard était un de ces sages dont la plume et la parole débordent de poésie et de philosophie bien ancrées dans les choses concrètes de la vie. Dans ce livre composé de plusieurs douzaines de courts textes, M. Bouchard nous entraîne dans l'univers de sa vie, de sa jeunesse, de ses parents, et de ce qu'il a pu apprendre de tout cela. Il déchiffre l'essentialité de l'immensité de la nature, ou chaque arbre possède un univers en soi et une spiritualité. Son message principal devrait retentir haut et clair: écoutons la sagesse ancestrale autochtone, écoutons la nature qui nous parle, apprenons de la lenteur et trouvons refuge hors de la cacophonie contemporaine.
Serge Bouchard. C’est dommage que j’aie rate sa chronique sur Radio-Canada. Ses récits, pris de l’émission, sont extraordinaires. Nous avons grandi plus ou moins à la même époque et je me trouve souvent dans ses essais. Ses pensées sont claires et loin des ambigüités qui nous bombardent avec les médias sociaux. Merci Serge, et merci a une autre Bouchard – Céline-Marie (pas de la même famille) qui m’a suggéré ce titre.
Un excellent livre de Serge Bouchard. À saveur philosophique, il touche de nombreux sujets avec ces essais qui sont court mais percutants. Son écriture est belle et stylisée. J’aurais parfois aimé des essais un peu plus longs. Il touche aux thèmes du racisme, de la nature, de la vie et bien d’autres. Un penseur québécois qui me semble un sage.
Premier livre de Serge Bouchard que j’ai lu après sa mort. Recueil de nouvelles, certaines m’ont touché : Lonesome cowboy, La première ironie, Montaigne sur le sujet de jouir entre autre. L’homme avait quelque chose de fascinant et je crois que pour cette raison, il faut le lire.
Lecture qui m'a été recommandée. J'ai apprécié le livre, surtout la section «Lis ou meurs». C'est le premier ouvrage de Serge Bouchard que je lis, et j'ai été assez intrigué par le reste de ses œuvres.
J’ai ouvert ce livre sans aucune attente et ne connaissant pas beaucoup Serge Bouchard et j’ai été littéralement frappée par sa vision de la nature, de l’homme et de la vie. Un livre d’une grande humanité. Je vais certainement le relire.
J’ai adoré ce recueil de Serge Bouchard. Quel penseur. Un homme simple qui partage avec merveille et douceur ses plus grands souvenirs. Merci de nous avoir amené dans différentes époques historiques avec cette touche philosophique qui est la sienne.
serge <3 recueil d’essais sur son enfance, sa famille, les premières nations et la colonisation de l’Amérique, notre relation avec le temps, la planète qui va mal - c’est tellement bien écrit j’avais l’impression de lire un ami