«De prime abord, on se dit que la brume est rêveuse, et que le brouillard nous englue. Elle, vive et facétieuse, cache et révèle tour à tour, se prête aux divagations en tout genre. Pour un peu, elle enchanterait le réel. Lui, inquiétant, immobile, pèse sur les paysages et les consciences de toute son épaisseur, sombre écran sur lequel projeter nos angoisses. Mais les choses ne sont pas si tranchées. Les nébulosités sont plus subtiles que ne pourrait le laisser supposer le sens péjoratif qui, au royaume de la Raison, s’est attaché à leur nom.»
Des brumes météorologiques aux brumes métaphoriques, de Giverny à Katmandou et Kyôto, Corinne Atlan déploie une délicate ode poétique aux nébulosités.
Un livre que je me vois lire et relire tout au long de ma vie.
Dans son petit éloge des brumes, Corinne Atlan nous parle de son amour pour le Japon. Elle touche à beaucoup de sujets comme l'architecture, l'irréel ou le voyage. Le tout est incroyablement poétique. J'avais l'impression de lire Murakami, dont elle est la traductrice. Comme lui, elle arrive à "faire ouvrir une fenêtre" dans la tête du lecteur. Pendant un moment, on comprend le monde différemment à la suite de sa lecture.
J'ai particulièrement aimé la partie sur Yakushima, destination que je souhaite visiter depuis toujours. Cette île brume qui m'appelle.
J'ai appris tant de choses ! Je n'avais jamais entendu parlé de Kiri et Kasumi, ces deux types de brumes qui pourtant evoquent des sentiments familiers.
Merci Corinne Atlan pour ton regard sur le monde. Qu'il est beau de te lire. Voici quelques citations que j'ai pris le temps de noter :
"Oui, la vie est pensée, j'en suis persuadée. Nos lectures et nos songes guident nos existences plus sûrement que toute certitude. Tout commence dans la brume du rêve et de l'incréé."
"Quand nous aurons apprivoisé nos fantômes, nous pourrons refaire le chemin en sens contraire."
"À l'idée de hasard, je préfère celle du "hasard objectif" de Betron, qui me semble rejoindre la "loi de causalité" bouddhique :hasard et coïncidences sont le signe d'un ordre immanent dont le sens, caché derrière l'apparence chaos du monde, nous échappe. "
Une jolie réflexion autour de la brume et de ses multiples représentations et évocation. C'est également un excellent prétexte pour Corinne Atlan de nous faire partager ses passions, que ce soit la littérature, la peinture, l’architecture, le cinéma, et bien évidemment le Japon. Un bel essai, qui donne envie de découvrir les nombreuses œuvres évoquées au fil des pages.