L'oceano emotivo che ha travolto la nostra società sta progressivamente erodendo lo spazio sociale e politico marginalizzando lo spirito critico e la ragione stessa. Se è vero, come ha detto Hegel, che «nulla di grande può essere realizzato senza passione», questo impero dell'emozione, che depoliticizza gli eventi concentrandosi sugli effetti e non sulle cause, sta minando la capacità dell'individuo di scegliere, decidere, conoscere. Col fazzoletto in mano, l'individuo si abbandona a una facile emotività che lo depotenzia, mentre «coloro che sanno», gli «adulti» che detengono il potere, si occupano di mandare avanti il mondo. Una strategia ben congegnata che riduce i cittadini a uno stato di subalternità infantile neutralizzando ogni spirito di rivolta. Questo controllo sociale giocato sul registro emozionale, di cui si analizzano le manifestazioni più deleterie come il narcisismo compassionevole da social network o l'ossessione mediatica per le breaking news, sta mettendo a rischio la nostra vita democratica. Ed è per questo che l'autrice ci invita – senza fare sconti a nessuno, a cominciare dalla stampa – ad asciugarci le lacrime e tornare a quello spirito critico che, solo, può salvare la democrazia.
Bien déçue de cet essai dont le thème m'apparaît pourtant d'une grande pertinence. J'en ai fait la lecture parce qu'il était sur une liste d'ouvrages recommandés par Fred Dubé, j'ai malheureusement trouvé les réflexions un peu limitées.
Plusieurs points me sont apparus problématiques au cours de ma lecture. J'en détaille quelques uns ici suite à une question posée à ce sujet sur un autre avis sur le même ouvrage. Tout d'abord, bien que plusieurs sources soient citées, notamment lors de citations directes, bien des affirmations ne s'accompagnent pas de références. Pour appuyer solidement les différentes thèses amenées, le choix des citations est aussi important. Ainsi, on cite à la fois Pierre Bourdieu et René Descartes, mais également Juliette Binoche, Claude-Jean Lenoir ou Ariane Mnouchkine sans clairement établir leur crédibilité sur les enjeux abordés.
Les affirmations ainsi amenées servent de pilier à l'argumentaire qui, à mon sens, en est affaibli: - ex. les marches blanches, en tant que rassemblements non-partisans, sont longuement traitées comme des rassemblements non-politiques et désengagés... Et pourtant! - ex. au chapitre 3, on y suggère que le statut de 'victime' "confère immédiatement une place; il permet de briser le 'plafond de verre'"... Cette thèse me semble bien exagérée! Le statut de victime pourrait avoir tendance à conférer une espèce d'aura de supériorité morale, qui favorise l'inaction pour tenter de le conserver. Cette hypothèse est défendue avec clarté et précision par Liv Strömquist dans 'Grandeur et Décadence'. Briser le plafond de verre me semble par contre bien au-delà et l'argumentaire aurait nécessité davantage de profondeur pour être convaincant. - ex. ce qui s'apparente à mon avis à un faux dilemme, avec la mise en opposition des 'safe spaces' et de la liberté d'expression. Ce sont pourtant deux espaces d'expression bien distincts. Ce que les safe spaces protègent ponctuellement n'empêche pas la poursuite des débats. Là encore, le sujet est abordé en surface et l'analyse tronquée n'a pas satisfait ma réflexion. - ex. une longue citation d'André Bellon conclue la section intitulée 'Des discours conçus comme des prêches' et se termine par "On ne peut plus ainsi évoquer la République sans s'indigner des abominations de la colonisation, la nation sans s'apitoyer sur les malheurs de la guerre [...]": autre constat qui me semble bien au-delà de la réalité. Si, à juste titre, les discours évoluent et une prise de parole nouvelle dénonce maintenant le colonialisme, il m'apparaît pourtant bien exagéré d'affirmer qu'il soit aujourd'hui impossible d'évoquer la République. Encore une fois, pour être davantage convaincant, cet argumentaire aurait mérité plus de profondeur. Tel quel, il frise le 'on ne peut plus rien dire' et autres discours malaisants d'interlocuteurs qui tolèrent mal d'assumer la responsabilité de leur prise de parole. - ex. les quelques points Godwin qui s'accumulent en fin d'ouvrage, notamment "Si l'émotion dit quelque chose, elle ne dit pas forcément ce qui est juste de penser ou faire. Les grands rassemblements nazis étaient alimentés par l'émotion" ou "Bernie Sanders a souvent été qualifié d' 'authentique' [...] Il est en effet difficile de douter de la sincérité du sénateur du Vermont, mais cette qualité qu'on lui attribue pourrait tout aussi bien s'appliquer à des personnes prônant des valeurs diamétralement opposées aux siennes. Prenons un exemple volontairement provocateur: ne peut-on pas dire d'Adolf Hitler qu'il était, lui aussi, 'authentique'". Encore une fois, ces exemples pourtant lourds du point de vue symbolique, sont traités de façon somme toute superficielle. - ex. décrire Trump comme un homme à poigne, qui ne s'adonne pas aux émotions... Après un bref regard sur ses discours, la description aurait mérité plus de détails pour être convaincante et ne va pas de soi. La colère est une émotion, d'ailleurs, et il aurait été intéressant de préciser que les émotions ne reçoivent pas toutes le même traitement médiatique.
J'ai donc trouvé bien dommage que ce livre plein de promesses n'aborde en réalité que du bout des doigts la question de la place de l'émotion dans le débat public. Comment jongler entre honorer les sensibilités et cultiver l'empathie, tout en questionnant les systèmes, comment équilibrer l'écoute, la prise de parole et l'action? Ma réflexion sur le sujet reste peu éclairée par ma lecture malheureusement.
L’essai est bien, l’argumentaire selon lequel l’ultralibéralisme a fait en sorte que les émotions ont succédé à l’analyse au sein de l’espace public est vrai et bien démontré. Cependant, l’essai souffre de sa longueur et de ses répétitions. J’ai aimé, mais j’avais hâte de le finir. 2.8/5
Intéressante analyse de la place qu’occupe les émotions dans les médias. On peut résumer le propos du livre par la phrase suivante: les émotions plutôt que la raison. Est-ce que ça permet de comprendre un peu mieux la politique américaine? C’est une piste intéressante.