Sous la forme d’une magistrale enquête philosophique et historique, ce livre propose une histoire inédite : une histoire environnementale des idées politiques modernes. Il n’ambitionne donc pas de chercher dans ces dernières les germes de la pensée écologique (comme d’autres l’ont fait), mais bien de montrer comment toutes, qu’elles se revendiquent ou non de l’idéal écologiste, sont informées par une certaine conception du rapport à la terre et à l’environnement. Il se trouve que les principales catégories politiques de la modernité se sont fondées sur l’idée d’une amélioration de la nature, d’une victoire décisive sur ses avarices et d’une illimitation de l’accès aux ressources terrestres. Ainsi la société politique d’individus libres, égaux et prospères voulue par les Modernes s’est-elle pensée, notamment avec l’essor de l’industrie assimilé au progrès, comme affranchie vis-à-vis des pesanteurs du monde. Or ce pacte entre démocratie et croissance est aujourd’hui remis en question par le changement climatique et le bouleversement des équilibres écologiques. Il nous revient donc de donner un nouvel horizon à l’idéal d’émancipation politique, étant entendu que celui-ci ne peut plus reposer sur les promesses d’extension infinie du capitalisme industriel. Pour y parvenir, l’écologie doit hériter du socialisme du XIXe siècle la capacité qu’il a eue de réagir au grand choc géo-écologique de l’industrialisation. Mais elle doit redéployer l’impératif de protection de la société dans une nouvelle direction, qui prenne acte de la solidarité des groupes sociaux avec leurs milieux dans un monde transformé par le changement climatique.
C’est un livre très ambitieux et très dense parce que comme l’indique son sous titre il tente de faire une «histoire environnementale des idées politiques». C’est a dire de reprendre toutes les reflexions politiques majeures qui nous guident encore aujourd’hui depuis Locke au 17e siecle jusqu’à Latour aujourd’hui et de montrer comment elles prennent en compte les caractéristiques matérielles de la terre. Et ceci à travers l’articulation entre les concepts d’abondance (la libération à l’égard des contraintes matérielles) et d’autonomie/liberté (la constitution d’un sujet collectif qui definit ses propres regles et sa propre direction). Historiquement ces deux idéaux ont toujours fonctionnés ensemble (à savoir que la liberté ne pouvait se concevoir sans s’émanciper des contraintes terrestres grâce à l’idéal de production) mais aujourd’hui à l’ère du changement climatiques, ils se retrouvent en contradiction car l’abondance menace notre propre liberté.
Pendant la majeure partie du livre on traverse donc l’histoire pour comprendre «comment on en est arrivé là» : formation des concepts de propriété et de souveraineté, apparition du projet libéral qui se retrouve presque tout de suite en décalage avec la réalité matérielle de la révolution industrielle, Le socialisme, ses succès et son échec à prendre en compte les caracteristiques de la terre, l’éclipse de la nature dans l’après guerre, … C’est vraiment très éclairant parce qu’en plus de replacer des idées politiques qui sont parfois un peu abstraites pour nous dans le contexte de leurs élaboration, le fil rouge autonomie et abondance qui traverse tout le livre permet d’avoir un point de vue transversal et inhabituel.
Les deux derniers chapitres sont vraiment hyper intéressants parce qu’ils prennent en compte à la fois la nouvelle situation écologique (le changement climatique) et les grandes révolutions épistémologiques des 30 dernières années (la remise en cause du projet moderne et naturaliste, du scheme de la production et des dualismes nature/société, moderne/non-moderne, humains/non-humains) pour paver la voie à une nouvelle façon de concevoir le projet d’autonomie sans l’idéal d’abondance et en dehors de la fausse alternative «déni climatique» vs «effondrement».
C’est vraiment un livre hyper puissant, très dense et les derniers chapitres sont vraiment bouleversants (je pensais pas être aussi ému par de la philosophie politique) donc je vous encourage a le lire parce que ça remet vraiment en question l’avenir de la lutte écologique car comme il le dit : "La transformation de nos idées politiques doit être d'une magnitude au moins égale à celle de la transformation géo-écologique que constitue le changement climatique".
Det er i morgen nu, og jeg har fået vendt den med Baltazar.
Hmm den får ikke tre stjerner på en skønlitterær skala. Den er skrevet af en europæisk socialist til europæiske socialister i en uhyre utilgængeligt udlægning (medmindre man er skolet i kontinental politisk filosofi, hvilket man hverken bliver på KU eller Oxford).
Hovedpointen findes i forordet og de sidste kapitler: "Vores nye klimatiske æra fordrer et nyt politisk subjekt, som kollektivt må kæmpe for at realisere en ny forestilling om frihed uden overflod". Det er i sig selv en spændende tanke, at vores demokrati er bygget op på at have ting, men at vi nu gerne vil have færre ting uden at vores demokrati falder sammen.
Dog irriterer det primært marxistisk omdrejningspunkt mig. Selvom også marxismen må tilpasse sig (kræve mere end blot bedre omfordeling af velstanden, men et nyt velstandsbegreb), havde jeg håbet på at bogen ville give mig flere svar. Men ak.
Resten er blot en socialistisk genealogi af de seneste 400 års 'økologiske tænkere'. Den er spændende nok, men også meget korte (og vinklede) udlægninger, som ikke just er læservenlige. Fungerer sikkert godt, hvis tilknyttet en forelæsningsrække.
In short: Great (re)readings of philosophical history with a strong emphasis on the connection of Freedom and Abundance, of the modern values of autonomy and extractive positioning towards the earth.
A book I‘d like to recommend so much, yet is written so unnecessarily vague, unprecise and complex, I hardly will. Five stars for everything but four in the end because someone should rewrite it.
Game of Hearth fait un résumé assez complet du livre dans sa vidéo (lien ici). C'est bienvenu parce que 1/ce livre est très très très dense et 2/ mon cerveau fume toujours. Mais c'est un livre que je vous recommande de lire.
Un très bon ouvrage sur l'histoire environnementale des idées politiques, reprenant et analysant les mutations profondes de la société confrontée aux défis du changement climatique en lien avec le capitalisme industriel
Charbonnier’s book is simultaneously an intellectual history and an argument. The argument is that modernity has been shaped by an alliance and polarization between two guiding ideals – those of affluence and autonomy. Through this alliance autonomy is now understood as “the ability to escape the vagaries of fortune and lack that humiliate human existence”. The book is about the history of this alliance presented in three blocks. First, the book focuses on pre industrial modernity with land as the terrain through which to imagine conquest and appropriation as something like “freedom”. Second, the book focuses on the 19th century as fossil fuels reshape political thought in an industrial and mechanical world, engendering new conceptions of solidarity and liberty. Last the book ends by studying an even greater transformation – described here as the Anthropocene – one that begins in postindustrial society and through which we are still living today. Here Charbonnier argues that the alliance between autonomy and affluence – the colonial, industrial and extractive conditions that maintained it are all exhausted. No longer can freedom be understood through the ideology of material accumulation.
The takeaway from this history is that contemporary ecological projects centered around the critique of growth require a fundamental political transformation of how one thinks about autonomy. At stake in critiques of limitless accumulation are the very terms in which political philosophy has understood freedom.
The virtues of the book however are also its shortcomings. Because the book is so stuck in European intellectual history the choice of thinkers being engaged with also feels conservative. One wonders what else freedom could mean besides autonomy and affluence if we broaden our lens?
The early chapters of the book may prove challenging for those not completely invested in the history of political thought. Nonetheless from chapter 5 onwards the story picks up with a fascinating account of how the ideals of freedom and affluence plays out within the work of diverse thinkers such as Marx, Durkheim, Proudhon, Polanyi, Veblen, Marcuse. This allows for novel readings of familiar theorists - Durkheim’s sociological project for example now appears inseparable from a carbon imaginary, or Tocqueville’s understanding of autonomy inseparable from extraction.
Definitely recommend reading it – chapters 1, 10 and 11 especially carefully.
La thèse principale du livre est passionnante. Elle suppose un lien entre toute la philosophie politique de la modernité, qui lie la liberté a l’abondance de ressource et donc à l’exploitation de la terre. Par contre le style est inutilement verbeux et complexe. L’auteur semble vouloir créer des nouvelles définitions d’une multitude de concept. On a l’impression d’une volonté de rendre plus complexe, ce qui aurait mérité d’être dit plus simplement. La pertinence de la réflexion aurait dû amener à écrire quelque chose de lisible par un plus grand nombre ou juste plus facilement.
Maybe I have read too many books by English speaking authors, but this book epitomizes everything that is wrong with French academic philosophy. The first thirty pages could easily have been 3 pages. The proze is unbearably opaque: there are certain sentences I read five times, and I would still not be able to explain what the author's point really was. I have decided to waste no further time on this - hugely dissapointed, as the topic seems hugely interesting.
Selvom bogen sikkert har været tiltænkt en smallere, akademisk målgruppe, kunne den uanset hvad have trængt til en gevaldig opstramning og gennemskrivning. Den ellers interessante historiske gennemgang bliver unødvendig tung og knudret og svær at komme igennem. Men en vigtig bog.