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Une minute quarante-neuf secondes

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« Se croire capable de partager cette expérience avec les autres est une entreprise perdue d’avance. » C’est dans la brûlure inapaisable de cette lucidité que Riss, directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, entreprend le récit intime et raisonné d’un événement tombé dans le domaine public : l’attaque terroriste du journal le 7 janvier 2015. Tentative sans illusion mais butée de se réapproprier son propre destin, de réhabiter une vie brutalement dépeuplée, ce livre qui confronte la réalité d’une expression galvaudée – « liberté d’expression » – révèle aussi un long compagnonnage avec la mort. Et nous saisit par son très singulier mélange d’humilité et de rage.

311 pages, Paperback

Published October 2, 2019

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About the author

Riss

38 books3 followers

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Displaying 1 - 10 of 10 reviews
Profile Image for Marie-Nel.
865 reviews23 followers
December 27, 2019
Cette chronique va être difficile, pas parce que je n'ai pas aimé le livre, loin de là, juste parce que j'aimerais retranscrire dedans tout ce que j'ai ressenti à la lecture et que j'aimerais rendre hommage à cet auteur, Riss. Je sais qu'il ne lira jamais ce que je vais écrire, mais j'aime à penser que les mots s'envolent et atteignent les personnes concernées. Comme lui, j'aurais pu commencer cette chronique en disant « Il est impossible d'écrire quoi que ce soit », tellement c'est difficile d'exprimer les sentiments vécus, pour lui pendant l'attentat, pour moi, pendant ma lecture.



Une minute quarante-neuf secondes, c'est le temps que les terroristes ont passé dans la pièce où se trouvaient les journalistes en tirant sur tout le monde. Ça peut paraître court comme ça, mais quand on est en danger, ce sont des secondes qui peuvent sembler des siècles. Riss fait partie des hommes blessés, il n'est pas mort, comme il dit, il ne sait pas si c'est une chance ou pas. Une partie de lui est morte ce jour là. Lors de l'attaque, il a eu le réflexe de plonger par terre et de rester sans bouger, sans même respirer. C'est sûrement ce qui l'a sauvé. En faisant le mort, les tueurs n'ont pas eu à « terminer » leur acte. Il a été blessé à l'épaule. L'attente des secours sera longue, même si elle a mis peu de temps. Il aura également le très bon réflexe de se remettre sur le dos et de poser ses jambes sur une chaise, les relevant ainsi pour permettre l'irrigation du cerveau en sang. Quand on sait dans quelles circonstances il est, je trouve qu'il a eu malgré tout un sacré sang froid et de très bons réflexes de survie. Une fois les secours arrivés, il quittera la pièce sans jeter un regard à ce qu'il se passe autour de lui. Marqué par le grand silence qui pèsera juste après le départ des terroristes, il ne veut pas voir ceux qui sont morts ou blessés, pour ne garder d'eux que leur image vivante.



Cette partie où il raconte les faits ne fait pas tout le livre. Il raconte cela en un chapitre. Celui concernant les tirs est écrit en égrainant les secondes entre le début où ils ont tiré et la fin où ils sont sortis. Une minute quarante-neuf secondes égrainées seconde après seconde avec la phrase « je suis vivant ». Ce chapitre m'aura marquée. Glaçant. Il raconte également les soins, la rééducation, la survie, la reprise de sa vie. Tout cela entrecoupés par des souvenirs de son enfance, de la première fois où il a été confronté à la mort avec celle de son grand-père ou lorsqu'il travaillait comme employé des pompes funèbres pendant sa jeunesse et où il devait présenter les défunts à leur famille. Tout cela ne l'a pas habitué à voir la mort, on est jamais préparé non plus à se confronter à la notre, surtout dans les circonstances comme les attentats.



Le récit est ainsi étayé de ses souvenirs, mais aussi de l'après attentat. Car, comme on dit, il faut bien que la vie continue. Mais à quel prix ! Il va être confronté à des collaborateurs du journal qui ne pensent qu'à l'argent et veulent ouvrir le capital en action. Le journal qui ne se portait pas bien avant l'attentat, voit ses caisses regonfler avec tous les dons et les ventes qu'il y a eu en réaction à la tuerie. Et évidemment, comme souvent dans ces cas-là, certains ont les dents longues et lors d'une réunion, l'un d'eux osera même dire à Riss « Le temps des larmes est terminé ». Comment peut-on dire une chose pareille à un homme blessé dans sa chair, handicapé par un bras qui ne veut plus fonctionner normalement. Je comprends lorsqu'il dit qu'il a eu des envies de meurtre. Bien sûr, il faut continuer mais un peu de diplomatie aurait été bon. Surtout que Riss n'est pas un petit nouveau dans le journal, pas comme ceux qui voulaient tirer leur bénéfice. Jamais il ne nommera les personnes, pas la peine de chercher un règlement de compte à travers ses lignes. Il ne dit aucun nom, mais je pense que ces personnes se reconnaitront quand ils liront son livre, et j'espère qu'ils se rendent compte maintenant de ce qu'ils ont dit. Il parle de ses soins, de ses visites chez le psy, des cauchemars qu'il ne fait pas. Au contraire, il rêve d'eux tous vivants, il les voit vivre dans ses songes, c'en est assez troublant.



Riss fait partie des meubles de Charlie Hebdo. Il a participé à sa reparution en 1992. Il connait bien et depuis longtemps ceux qui ont fait ce journal. Alors il est tout à fait normal qu'il rende hommage à chacun d'eux dans son livre. Il en parle avec beaucoup de pudeur et d'humour à la fois. Il raconte sa rencontre avec Charb, son ami de toujours, son admiration pour Cabu, j'ai bien aimé ce chapitre le concernant, car j'aimais beaucoup ce dessinateur pour l'avoir découvert notamment au Club Dorothée, dont il fait mention aussi. Il nous parle également de Tignous, Honoré, Wolinski, Elsa Cayat en racontant des anecdotes et des souvenirs sur chacun. Il rend également hommage à Mustapha, leur correcteur, en parlant de sa vie et de son amour de la lange française et de l'ironie de la situation, de se retrouver tué par des fanatiques d'une religion qu'ils avaient en commun. Il parle de sa famille avec extrêmement de tact et des autres blessés de l'attentat, Fabrice Nicolino ou Philippe Lançon. J'ai d'ailleurs lu, l'année dernière, le très beau roman de Philippe Lançon, Le lambeau. Touché beaucoup plus grièvement que Riss, bien qu'il n'y ait pas de degré de gravité entre eux, il racontait dans son roman sa vision de l'attentat. Ils n'ont pas du tout la même écriture, celle de Philippe Lançon est littéraire, alors que celle de Riss est beaucoup plus incisive, percutante, tranchante. Il ne mâche pas ses mots, il dit ce qu'il pense, il est lui-même tout simplement, comme il est dans Charlie Hebdo lorsqu'il signe les éditos. Pas de larmoiement dans ces lignes, jamais il ne se plaint. Comme il dit « Les pleurnichards me dégoûtent, les geignards me révoltent, les nombrilistes me révulsent ». On peut lui trouver des défauts, mais en tout cas, aucune de ces façons d'être le concernent. Il est droit, honnête, ne gémit pas (et pourtant il pourrait avec ce qu'il a vécu!), dit les choses comme elles doivent être dites.



J'ai beaucoup aimé ce récit, qui permet de mieux comprendre les hommes qui ont été blessés dans leur chair et dans leur âme par des actes odieux. Chaque chapitre est une sorte de mini chronique sur un événement du présent ou du passé, sur un de ses amis, sur des pensées profondes. Il peut se lire à petite dose, ou, comme moi, d'un bloc. Il faut dire que je l'ai trouvé fort prenant, j'ai eu beaucoup de mal à le quitter. Ces attentats m'ont profondément marquée, et je trouvais que lire ce livre, comme lire celui de Philippe Lançon, est pour moi une sorte d'hommage que je fais à ces personnes qui n'étaient coupables que de dessiner l'actualité et faire réfléchir leurs lecteurs.

Je pourrais vous citer beaucoup de phrases de Riss, ses mots percutants ne peuvent qu'être marquants. Sur l'écriture par exemple, il dit : « L'écriture est un égoïsme dont le seul but est la délivrance de celui qui s'y prête. » C'est exactement ce que je ressens..

J'aime aussi ses phrases sur l'humour : « L'humour ne fuit pas la tragédie de la vie mais, au contraire, se l’approprie pour la rendre supportable. L'humour est parfois la seule issue pour espérer échapper à la folie. L'humour flottait devant moi comme une bouée de sauvetage providentielle. »

Et ce sentiment de se sentir rejeté du monde est si terrible, que j'avais envie de dire à Riss combien lui et son équipe sont importants pour nous, mais que malheureusement, nous ne l'avions pas montré assez tôt, et qu'il a fallu des événements dramatiques pour se rendre compte de l'importance qu'ils avaient. C'est un peu à chaque fois la même chose, on ne pense à dire aux gens qu'on les apprécie que lorsqu'ils ont disparu.



La couverture de ce livre peut troubler, et je me suis demandée ce que ça pouvait bien être. Riss explique que c'est tiré d'une peinture de Géricault, Le chasseur à cheval. Enfant, il était fasciné, non pas par le soldat, mais par l’œil de son cheval, traversé par la peur et la folie. Tout un symbole.





Je vous partage un dernier extrait qui m'a profondément touchée également :

« Nous étions seuls au monde. Pire, nous avions été rejetés du monde. La haine qui venait de nous frapper me semblait être celle de la terre entière, qui nous avait punis en décidant de nous exclure de la compagnie des hommes. On nous avait appelés dans la cour de l'école, et devant tous les autres élèves, on venait de nous humilier en nous désignant du doigt pour nous faire sortir des rangs et nous rejeter. Effacés, comme un trait de crayon par un coup de gomme. »



Terrible cette dernière phrase...Alors je voudrais dire à Riss, que non, ils n'ont pas été effacés et que si acheter et lire ce livre a permis de les garder encore un peu vivants au moins dans nos cœurs, eh bien, je suis contente de l'avoir fait. Mon mari l'a lu également, nous en avons parlé et échangé nos opinions, comme toujours, elles sont les mêmes.

J'ai encore été trop bavarde, et j'aurais aimé vous en dire encore plus, il y en a encore tellement à dire sur les anecdotes qu'il nous livre. Je ne peux que vous inciter à lire ce récit.

Lisez-le, pour ne pas effacer ces victimes, vivantes ou mortes, de notre mémoire.
Profile Image for Emma.
1,605 reviews
January 16, 2020
J'ai trouvé Une minute quarante-neuf secondes très confus... se mêlent, dans le désordre :
- le récit des événements du 7 janvier et leurs suites
- des souvenirs de Riss (de son enfance à l'âge adulte), souvenirs qui, je le vois bien, sont censés faire écho à la tuerie de Charlie ou tout au moins en éclairer un aspect mais qui, pour être honnête ne m'ont jamais intéressée
- des portraits de toutes les victimes de l'attentat à Charlie Hebdo. Très beaux portraits, plein d'admiration et souvent d'amitié, mais sans donner dans le too much. Sans doute ma partie préférée du livre.
- une sorte de règlement de comptes concernant les conflits internes à Charlie Hebdo post 7 janvier. Difficile d'avoir un avis là-dessus quand on n'en a pas été partie prenante. On sent beaucoup de colère chez Riss sur le sujet, mais en même temps, comme il refuse d'entrer vraiment dans le détail ou de donner des noms, il est quasi impossible de se faire une opinion ou même de vraiment s'y retrouver.

Le livre m'a aussi laissé une impression de froideur. Je pense qu'il s'agit sans doute d'une distance volontaire voire nécessaire pour Riss, mais tout m'a paru raconté de loin, comme par un observateur extérieur et ça m'a empêchée de vraiment ressentir la moindre connexion avec lui.

Et enfin, pas mal de parano... encore une fois, c'est compréhensible au vu des circonstances mais non, tous les médias ne cherchent pas à effacer la tuerie de Charlie du souvenir des attentats (qui peut croire ça), et quand, par exemple, une étude fait la liste des attentats attribués à Daech et n'y recense pas le drame de Charlie car il a été revendiqué par Al-Qaida, non, ce n'est pas une volonté d'oublier Charlie Hebdo car le journal dérange, c'est juste factuel, deux groupes terroristes différents.

Bref, je n'ai pas apprécié cette lecture et pour autant, quand on s'intéresse au sujet, je la trouve nécessaire et instructive au moins pour le côté témoignage.
Profile Image for Hypathie.
276 reviews18 followers
April 25, 2022
Le soleil et la mort sont les deux choses que les humains ne peuvent regarder en face ; pendant une minute quarante-neuf secondes, Riss va avoir la mort en face, d'abord en voyant l'homme en noir et sa kalachnikov, ensuite quand tombé blessé au milieu des autres, il s'efforce de ne pas bouger. Récit de la terreur, puis ensuite de la lente et douloureuse reconstruction dans un hôpital militaire parisien, parsemé de ses souvenirs d'enfance et de son début de carrière, ce récit est en forme d'épreuve, un émouvant retour parmi les vivants, mais sans rien oublier de ce qu'il a vécu, ni ses copains. C'est aussi un vibrant hommage aux trois vies de Charlie Hebdo, à ses fondateurs dessinateurs, à la difficile reconstruction d'un journal dont l'équipe a été fauchée par des fascistes islamistes le 7 janvier 2015, avec quelques mises au point fermes sur les bruits qui ont couru, sur la lâcheté des intellectuels du microcosme parisien de la presse, sur l'équipe divisée par les dons, chèques et ventes fabuleuses générées par le numéro de retour du journal dans les kiosques. Dur et sans concession. A lire pour ne pas oublier que Charlie hebdo a payé sa liberté de caricaturer et de publier au prix du sang.
Profile Image for Baptiste Briet.
69 reviews
April 19, 2020
Riss dans cette ouvrage nous parle de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo. Revenant sur l'attentat, ses blessures, l'après pour la rédaction ainsi que ses souvenirs avec ses collègues, les dissensions et le changement d'âme du journal par certains nouveaux. Riss reviens sur le début de sa carrière jusqu'à Charlie, par La Grosse Bertha.
Riss s'en prend à juste titre à cette élite, une partie, qui par peur, lâcheté vont dans le sens de l'avis majoritaire de leur milieu afin d'y rester. Prenant le cas des caricatures, quand celles-ci s'agissaient d'Homme politique cela ne posais aucun problème. Mais dès que la caricature deviens plus gênante, comme celle d'une religion, toute cette élite lui tombe dessus. Ils dénoncent aussi le silence de leur part. <>. Une hypocrisie pour ma part.
Ce que je trouve dommage, c'est d'avoir mélangais l'avant et l'après tout au cours de ses nombreux chapitres. Mais à part cela, j'ai trouvé son témoignage plutôt bien retranscrit.
Profile Image for Flapidouille.
851 reviews3 followers
February 9, 2020
Difficile, voire complètement déplacé d'attribuer un nombre d'étoiles à un tel témoignage, aussi cette notation correspond à mes sentiments personnels, mélangés malgré le caractère bouleversant, voire insoutenable de certaines pages.
Ce qui m'a permis de poursuivre la lecture -- et j'ai douté au début, heurtée de plein fouet par la magistrale introduction -- est finalement le style: souvent faible à mes yeux, en regard de ce que je connais de l'auteur par ailleurs.
J'ajouterai que les événements du 7 janvier 2015 et les années fracassées suivantes de la vie de Riss semblent ne laisser dans son existence et ses sentiments qu'amertume tous azimuts, ressentiment, agressivité et antipathie. C'est le désespérant arrière-goût de ce livre, dont tout amour ou empathie semble avoir été arraché...
Profile Image for Jake Goretzki.
752 reviews152 followers
January 20, 2022
Another great Charlie Hebdo 'rescapé' memoir. This one being angrier and more acerbic than Lançon's, but still lyrical and pretty impressively philosophical on matters of death, subtraction from the world and 'life goes on'.

It's impressive how brutal he is with the Charlie critics and assorted calmunies (for example that CH was 'saved' by the attack...that it was racist...etc, etc) and various unnamed movers, who wanted to turned it into a shareholder enterprise.

Bravo.
Profile Image for Claudie D.
394 reviews
September 5, 2021
Il y a longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi beau. Lu d'une seule traite, ce livre m'a bouleversée. C'est très bien écrit, c'est limpide, c'est sec comme un cri pour la liberté. Riss comme un frère combattant. Quel homme.
Profile Image for Richard Odier.
124 reviews7 followers
January 17, 2020
Puissant témoignage du patron de CH: lâchetés , traumas, médisances, amitiés ..
; un livre humain sur un journaliste ayant vécu la barbarie
138 reviews3 followers
November 6, 2019
Victime de l’attentat contre Charlie Hebdo livre avec beaucoup de sincérité et de talent son histoire en 3 parties alternatives : sa propre histoire, l’hommage aux victimes décédées qui étaient ses amis et son point de vue sur l’histoire. La troisième partie pouvant être moins attractives. Je suis Charlie néanmoins
Profile Image for Agnès.
500 reviews30 followers
October 7, 2019
Un témoignage poignant sur les attaques contre Charlie Hebdo en 2015, et le long travail de reconstruction qui suit.
"Les jours qui s'écoulent m'éloignent des adieux que je leur fis, et me rapprochent de l'accueil qu'ils me feront demain. Un jour, c'est sûr, on se retrouvera tous".
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