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272 pages, Paperback
Published July 30, 2020
LLH :Quels livres lus dans votre adolescence vous ont le plus touchée et pourquoi ?
JK : Le plus important, c’était La Cave de Thomas Bernhard, le récit autobiographique de son expérience d’apprenti dans un magasin de condiments, ses phrases interminables et bouleversantes, et sa façon de répéter au début, je voulais aller dans le sens opposé. J’ai trouvé ça brillant, et c’était merveilleux d’apprendre qu’on pouvait écrire comme ça, en prenant autant d’ampleur, en construisant quelque chose avec un effet boule de neige, en répétant les mots parce qu’il faut les répéter pour les comprendre, et même en traduction on sentait la solidité de la langue allemande riche de verbes, et ça rendait tout si précis et émouvant. Et Bernhard est tellement hostile, il a tellement de raisons d’être hostile, et en même temps il est tellement fin. Pendant des années, ça me paraît incroyable, mais j’ai eu seulement ce livre-là de lui
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Même si c’était la meilleure chose que j’avais lue, je n’ai pas pensé à en chercher d’autre. Et puis, quand j’avais vingt-cinq ans, je vivais à Rome et j’ai vu Maîtres Anciens dans la devanture d’une bouquinerie, et c’était encore mieux que La Cave. C’est une splendeur. Il y a tout dans ce livre. On peut même le lire à voix haute tellement il est parfaitement écrit. C’est un peu bizarre, parce que je lis principalement des auteurs anglais ou américains, et je fais une thèse de littérature américaine, pourtant mon auteur préféré est un Autrichien.