Après la Révolution, l’île de Montréal est assiégée — ses ponts bloqués par l’armée fédérale. Internet disparu, une Commune improbable s'y organise, redoutant à tout instant l'effondrement du monde. Au coeur de ce chaos, Nikki Chanson, détective pour chats perdus et spécialiste de films de série Z dans un vidéo-club à la dérive, enquête sur des sacrifices de rongeurs. Entre hallucinations en VHS et cauchemars de forêt détruite, son quotidien s'engouffre bientôt dans une conspiration dont elle ne percera le mystère qu'avec l'aide d'une coureuse de bois virtuels et d'une marionnette d'un show pour enfants.
Thriller proto-cyberpunk, déclaration d'amour aux canars d'horreur, Toxoplasma est un roman poétique et politique, qui réussit à aller le burlesque à la tension d'une intrigue fantastique. Il a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire 2018 et le prix Rosny aîné 2018.
Sabrina Calvo est une écrivaine, dessinatrice et conceptrice de jeux vidéo, née à Marseille en 1974. Reconnue pour son sens inné du merveilleux, explorant une science-fiction que et sensuelle empreinte de fantastique, elle vit entre Paris et Zanzibar.
Sabrina Calvo est une écrivaine, dessinatrice et conceptrice de jeux vidéo, née à Marseille en 1974. Reconnue pour son sens innée du merveilleux, explorant une science-fiction queer et sensuelle emprunte de fantastique, elle vit entre Paris et Zanzibar.
En 2018 Toxoplasma a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire et le prix Rosny-Aîné.
J’ai acheté Toxoplasma de David Calvo sans trop savoir de quoi ça parlait, j’avais rien suivi du tout mais j’avais beaucoup aimé le trip de Sous la colline, son livre précédent. Du soleil marseillais on s’envole de l’autre côté de l’Atlantique, sous les collines… de Montréal.
C’est un Montréal assiégé que nous retrouvons au début du roman, dans un futur bizarroïde dévasté par les crises et la guerre, la ville résiste à l’envahisseur fasciste et continue sa vie dans une parenthèse autonome anarchiste, où les gens continuent de vivre en attendant, en expérimentant aussi. Au milieu de cette « Commune » on rencontre Nikki, experte es films Z pourris dans un vidéo-club et détective pour chats, qui va se lancer dans une enquête pour trouver qui est le cinglé qui zigouille des animaux dans son quartier. De l’autre côté nous avons Kim, hackeuse, coureuse ou runneuse, comme on dit. Elle résiste contre les gouvernements et corporations grâce à ses talents, et là elle est sur un gros coup !
Là c’est le départ, mais l’autrice va partir dans tous les sens dans cette cocotte-minute déjantée au rythme foufou. On va alterner (principalement) entre ces deux points de vue avec un tempo de métronome, pas plus d’une ou deux pages avant le switch, ping-pong narratif qui compte le temps dans la bulle montréalaise vouée à être engloutie. Il faut s’accrocher un peu parce que ça zappe, les dialogues sont vifs, plein de mots farfelus, un peu de patois québecois agrémenté de jargon informatique saveur cyberpunk. Ce qui démarre comme une enquête de quartier va finir en thriller cyberpunk rétro fantastique politique (rien que ça) plein de détails funs, de nostalgie, et de puissance évocatrice.
On est dans un Canada futur qui chatouille l’uchronie, post-Donald Trump mais où la VHS est toujours en train de se battre contre le betamax (et de perdre), où l’internet public n’existe plus mais a laissé sa place à la Grille, contrôlée par les entreprises et les états. Il parait que ça tape dans les racines du cyberpunk à la Gibson, mais comme je me raccroche à ce que je connais, ça m’a évoqué mes parties de Shadowrun avec ces deckers tout raccordés qui virevoltent dans la matrice au milieu de champs de guérillas urbaines. Calvo interroge brillamment sur l’autonomie des populations, la latitude de nos vies dans ce « supermarché sans issue de secours », au travers de cette commune où la liberté se mélange à la violence, où le temps est suspendu avec cette force d’invasion aux portes de la ville. Elle interpelle, comme dans Sous la colline, en mélangeant du fantastique aux mythes, et en l’injectant dans une trame techno et sociale.
Mais en se rapprochant on constate surtout des trajectoires de femmes, une Nikki incertaine qui avance à tâtons pour se trouver un sens, une Kim fonceuse engagée qui cours au rythme du temps, une Mei jeune et fofolle à l’esprit vif et multiple. Ces trajectoires vont évidemment converger, parce que le roman va quelque part. Au début c’est dur à cerner, parce que c’est tentaculaire, ça part dans tous les sens. Ça virevolte, le lecteur se laisse trainer en attrapant les concepts et les informations au vol, on a à peine le temps de digérer qu’on est déjà trois étapes plus loin, jusqu’à ce que ce puzzle géant, ce labyrinthe ludique, cette énigme, fasse sens dans un final abrupt qui n’en est presque pas un, mais que j’ai adoré. Y’a un fourmillement d’idées, des concepts, de genres assemblés qui pourraient sembler totalement incompatibles, et pourtant…
Toxoplasma est un roman déroutant mais extrêmement riche, qui tire dans tous les coins avant de nous composer ce plateau multi-saveurs pourtant cohérent. Un cyberpunk politique poétique rétro mais très actuel, un fantastique mystique, des personnages réels et vivants. Du fond, de la forme, de la vraie magie narrative.
J'ai l'impression d'avoir lu quelque chose que je n'avais jamais lu auparavant. C'est difficile, on commence à comprendre où ça va à la 200e page, les processus d'imagination et de projection habituels sont hackés en permanence, c'est une nouvelle forme littéraire, un objet textuel non identifié, inédit, j'ai rien et tout compris à la fois, je suis en capacité de tout raconter sans être sûre de ce que je raconte, c'est fou. Et il y a plein de lesbiennes.
"Toxoplasma" est un roman exigeant et nébuleux. Il faut, après quelques dizaines de pages, renoncer à comprendre. C'est un roman qui n'est pas fait pour être compris, c'est une réalité distincte, de la science-fiction dans tous ce qu'elle a de déconcertant. J'ai particulièrement apprécié l'humour et l'ambiance de commune déchue, qui résiste aux corporations, en autarcie, grâce à la volonté de ses habitants. Il y a tout un aspect ésotérique dans cette fable Cyberpunk, mais il vaut mieux découvrir cet univers par soi-même. Je ne peux que vous inviter à lâcher prise et à vous perdre dans la Grille ;)
Si Virginie Despente et Bastien Vives s'étaient rencontrés, je pense que cela aurait donné lieu à cette même atmosphère qui emporte Toxoplasma. Comme l'impression de lire un jeu vidéo cyberpunk, un manga grunge des années 80. Les personnages féminins sont des badass à gros boobs aussi capables de tirer au flingue que de coder. Livre déjanté, qui fait boum, qui soulève des questions hautement politique et d'une manière très fine.
Ce roman m’a été conseillé par des personnes très précieuses qui avaient assisté à un discours de Sabrina Calvo. Et ce qu’elle a dit au sujet de vouloir de l’humour dans le militantisme les a fait penser à moi. Mais en lisant Toxoplasma, eh bien… je n’ai pas retrouvé cet humour, et j’ai été, honnêtement, totalement paumée. Je sentais qu’il y avait un degré supplémentaire, que le scénario était une métaphore, une thèse plus profonde. Mais je ne l’ai pas comprise. J’ai capté quelques parcelles sur le sexisme, le spécisme… mais avec quelques bouts, difficile de reconstruire l’idée. A ce stade-là de ma lecture, je devrais déjà parler de scénario, mais au début, je n’y comprenais rien non plus. Il a fallu attendre le tiens pour que je commence à démêler un peu. Le style, s’il nous plonge directement dans l’ambiance post-apocalyptique, ne m’a pas aidée : avec deux mots inconnus par phrase, c’est parfois un peu dur de suivre. Nikki, le personnage principal, m’a laissée indifférente jusqu’à la fin, et j’ai commencé à aimer à partir du moment où Kim occupe une partie de la narration. L’histoire prend une forme d’enquête policière : dans un Montréal en guerre, privé d’internet, Nikki décide de trouver la personne qui tue des animaux et laisse d’étranges tags comme signature. Mais comme je n’y comprenais rien, difficile de chercher des indices, de participer, de m’impliquer dans l’histoire. Et en effet, ma réaction devant la solution n’était pas la surprise : c’était une nouvelle info qu’on m’apportait, pas une résolution. L’Histoire de Kim était plus simple – certes, elle collecte des indices aussi – mais elle prend plus vite des allures de casse – bon, là aussi, j’étais totalement paumée sur le vocabulaire informatique, mais ça paraissait voulu. J’avais aussi lu ce roman pour la représentation trans, et la représentation y est très « banalisée » : on nous dit que Nikki est trans, et c’est tout. Aucune info sur son rapport à la transidentité, sur son rapport à la société. Elle est trans et puis voilà, pourquoi devrait-on s’attarder davantage, on ne s’attarde pas plus sur la cissitude des cis ! Tout comme j’apprécie les romances f/f dans un univers où c’est normalisé, là aussi, j’ai aimé l’idée qu’on n’en sache pas plus. La fin était bien même si je ne l’ai pas comprise, et c’est là-dessus que je suis restée : de l’incompréhension. Et pas juste du thème global : il y a certains passages de descriptions décalées que j’ai comprises, notamment sur le sexisme. Et il y a des références cinéphiles que j’ai comprises ! (au début je croyais que tous les films cités n’existaient pas tellement je n’en avais jamais entendu parler, puis j’ai reconnu L’Empire Contre-Attaque et… du coup quand il y a des références à un film, je suis sans doute censée comprendre une idée derrière – d’ailleurs le résumé précisait qu’il s’agissait de nanars, ce que je n’avais pas compris…) Autre exemple : le titre, Toxoplasma. Le titre est censé représenter l’essence de l’œuvre, et là, j’ai de la chance : grâce à une vidéo humoristique « Pourquoi aimons-nous les chats », je sais ce qu’est la toxoplasmose. Un parasite, le toxoplasma gondi, a besoin d’infecter un chat pour se reproduire. Par conséquent, inoculé à un rat, il modifie le comportement de son hôte pour qu’il soit attiré par les chats, se rapproche, et… se fasse manger. Quand les personnages évoquaient la toxoplasmose et les chats sans la moindre explication, j’ai donc compris. J’ai compris le titre ! Mais il s’agit d’un paragraphe. Combien d’autres ai-je manqué ? Résultat : j’ai l’impression que c’est un bon roman, et j’ai aimé la 2e partie, mais j’ai l’impression d’être passée à côté du livre.
Plutôt déçue, les idées sont là mais la forme ne m'as pas convaincue, pourtant je ne demandais qu'à l'être... C'est vraiment dommage, l'auteur m'est sympathique, je partage plein de ses idées, mais le texte n'a pas réussi à me captiver, poétiquement parlant. L'action surtout, l'histoire que j'ai trouvée pas tellement mal ficelée mais mal équilibrée, avec des temps morts où on tâtonne trop au début, et une fin précipitée (surtout concernant le mystère du début). En toute honnêteté, j'ai trouvé que Calvo ne maîtrise pas super bien la description et les scènes d'action. Pourtant, il y a eu des moments bien, très bien même, les monologues de la radio et leur charge idéologique rêveuse, presque romantique, toujours réussie (je me demande s'ils n'ont pas été écrits à part du roman puis disséminés dans le texte); les aventures de Nikki et Finn étaient probablement le moment le plus drôle, plus maîtrisé que le reste. Je pense pas que je lirai d'autres romans de Calvo, mais j'essaierai de lire ses nouvelles. Quelque chose me dit que ses petits formats devraient être plus réussis.
Un roman déjanté, difficile de lâcher cependant, une enquête loufoque, sans fils conducteurs. Des protagonistes anarchistes vivant barricadés dans une ville telle la Commune de Paris. Montréal est une bombe à retardement. La ville menace d'être détruite sous peu mais ses habitants, résistants, refuse de lâcher leurS existences et sont prêts à tout pour détruite leurs assaillants. Des hackeur.ses, une femme Ventriloque, une Mommy au passé étrange, des drones assassins, des Japs, mais surtout, Nikki et Kim. La pair indissociable du roman qui rejoindra le ciel.
Un récit à lire comme il se déroule, à l'arraché, sans se poser trop de questions, sans chercher trop de sens aux mots. Rejoindre la rébellion et s'envoler tout simplement.
Thriller, fantastique, réalisme magique, cyberpunk et punk tout court, Toxoplasma multiplie les étiquettes à cause de sa construction tentaculaire et de toutes les touches, les références que parsème Sabrina Calvo dans son texte au style pointilleux mais généreux qui rend aussi hommage à tout un pan de la contre-culture et de l'underground. Un roman à lire et à recommander autour de soi !
Une langue peu châtiée pour une écriture bien travaillée où le français québécois tient une belle place, donnant une dystopie cyber-punk anticapitaliste réussie. Les meufs tiennent le pavé et la mystique s'imbrique à l'informatique, sur fond de trauma des autochtones du Canada, de chats crevés et de VHS introuvables. C'est un peu longuet toutefois, avec une trop forte tendance au hâchement des récits selon les points de vue et quelques points d'exotisme pas très finauds (sur les Asiatiques, les Musulman.e.s). Le style de l'autrice donne envie de pousser plus loin sa bibliographie.
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J'ai adoré ce livre, mélange dynamique entre langage codé de hackers, onirisme et vieux mythes québécois. Découvrir une nouvelle facette de Montréal ravagée par une guerre fédérale. Faire la connaissance de bons gros nanars du vidéo club où travaille Nikki, le personnage principal. C'est un bon livre si on n'a jamais lu de livres bien barrés en SF.
J'ai eu de la difficulté à me mettre au diapason de la langue à mi-chemin entre le français de France et du Québec, parfois maladroitement utilisé. Était-ce un effet larsen volontaire? Peut-être, venant de Calvo. Ça n'a toutefois pas gâché mon plaisir. Je me suis laissé séduire par cet univers à la fois cyberpunk et fantastique.
C'est assez difficile de tirer un bilan de ce livre. Je n'arriverais pas vraiment à en extraire le scénario, diantre que c'est barré. Mais le style psychédélique mélangeant le canadien et le street-slang est un délice. Les chapitres foncent sur les chapeaux de roues, faisant des embardées dans les virages. A lire.
J'ai acheté ce livre lors de la journée de l'auteur et autrice québécois.e. Alors qu'on présente ce livre comme un livre québécois, c'est plutôt un livre français avec des personnages français qui parlent un français de France.....à Montréal. #publicitétrompeuse #fakenews
Dans Toxoplasma, Sabrina Calvo mène une intrigue qui tient à la fois du fantastique et du cyberpunk dans un Montréal transformé en Commune, où les contre-cultures s'érigent contre d'étranges conspirations. L'intrigue pourra vous paraître ardue à comprendre dans les premiers chapitres, mais ne vous en faites pas, un fil rouge vous apparaîtra à mesure que vous avancerez dans votre lecture. Le style de l'autrice retranscrit avec beaucoup d'authenticité le parler montréalais, ainsi que le vocabulaire technique du cyberpunk, ce qui confère une identité certaine à son roman. https://leschroniquesduchroniqueur.wo...
J'avoue ne pas avoir compris grand chose à ce livre qui me semble toutefois très intéressant. Je n'avais pas du tout les références des nanars qui passionnent tant Nikki, l'une des héroïnes de Toxoplasma. Pourtant, je me suis laissée embarquer dans les rues sombres de Montréal, j'ai été transportée par l'intrigue, je me suis accrochée à ce qui m'était familier, j'ai adoré Finn, j'ai surkiffé l'humour et surtout le rythme de la narration. J'ai adoré lâcher prise et accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout saisir. Il s'agit d'un livre riche et dense qu'il faut sans doute lire et relire pour pouvoir en comprendre les tenants et les aboutissants. Malgré mes a priori sur la SF, ce livre fut une très grande et belle découverte !