Développement personnel, habitats groupés, jardins partagés... : face au désastre capitaliste, l'écologie se présente comme une réponse globale et positive, un changement de rapport au monde appuyé par des gestes au quotidien. Comme dans la fable du colibri, « chacun fait sa part ».
Mais en considérant la société comme un agrégat d'individus, et le changement social comme une somme de gestes individuels, cette vision de l'écologie ne succombe-t-elle pas à la logique libérale dominante, signant le triomphe de l'individualisme ?
Excellent petit livre (qui, c'est toujours appréciable, aborde un prix en adéquation avec sa taille) qui permet d'explorer les tensions entre engagement écologiste individuel et collectif, en relation avec l'idéologie libérale et le capitalisme. Il s'agit surtout d'une critique de la mouvance "Colibri" (se changer soi-même pour changer le monde et "sauver la planète"), qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui semble bien nécessaire dans une époque où on semble penser que les seules façons de lutter contre la dégradation totale de notre environnement (sans parler des inégalités croissantes) est le zéro-déchet et la pleine conscience...
Déplorant régulièrement l'absence de notion de rapports de domination (classe, genre, etc.) dans les luttes "bobo-bio" individualistes, cet essai m'a fait un bien fou. J'ai passé ma lecture à hocher la tête et prendre des notes. Maintenant, il manque peut-être un chapitre permettant de raccrocher une personne qui s'engage de manière uniquement individuelle, sans penser à mal (c'est parfois mieux que rien), et se retrouvera sans doute bien démunie après cette paire de claques de l'autrice : d'accord, mais alors, que faire ? Mais au moins restera désormais en tête l'attention à ne pas renforcer des rapports de domination dans ses "écogestes", de ne pas faire peser sur les individus la responsabilité individuelle des inégalités qu'ils subissent, et de repolitiser l'écologie. Et ça, c'est déjà pas mal.
Ecologie et égoïsme, tendance "not in my backyard" mais aussi "je me paye du bio parce que je peux tant pis pour les autres". Un essai intéressant, même si ce n'est pas non plus révolutionnaire, et en tant que "ex"-privilégiée qui pouvait se payer du bio parce que je pouvais, je dirais que c'est un peu généralisant tout ça, même si bien sûr c'est difficile de s'auto-analyser (n'empêche qu'on peut consommer bio non pour son confort perso mais bien pour faire sa part dans le sauvetage de la planète). En revanche il est évident que la vague du bio est une opportunité que le capitalisme s'est fait une joie d'embrasser (tout en continuant à faire de la merde agro-industrielle pour le gros des troupes ET en pervertissant la bio vers l'agro-industriel par la même occasion - quel talent!) et que certains privilégiés oublient qu'il y a plus important que leur petite santé mono-personnelle.
Ouf. En tant qu’individu facilement aspiré dans le monde de développement personnel, également installé dans un parcours écolo, ce livre révélateur a entamé une remise en question personnelle bien accueillie.
Pour ceux et celles qui croient à l’importance du changement systémique, qui sait que cette transition doit être aussi sociale que écologique, tu vas kiffer.
Une synthèse efficace et radicale, profondément politique, qui rappelle que l'écologie ne peut être que collective et sociale. Un texte absolument nécessaire.