Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s’observent et s’écoutent. Ils s’échangent des idées, des armes, de l’argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d’une chorégraphie mortifère. Le boys club n’est pas une institution du passé. Il est bien vivant, tentaculaire: État, Église, armée, université, fraternités, firmes… et la liste s’allonge. À la manière d’une chasse à l’image, c’est dans les représentations au cinéma et à la télévision que Martine Delvaux le traque. Véritable plongée en eaux noires, ce livre nous invite à considérer l’entre-soi des hommes comme un phénomène régressif. Un dispositif à profaner, déconstruire, refuser, parce que nos vies comptent.
Martine Delvaux est née en 1968. Romancière et essayiste, elle a publié à ce jour chez Héliotrope trois romans remarqués : C’est quand le bonheur ? (2007), Rose amer (2009) et Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage (2012).
Le système de notation de Goodreads me pose toujours de grands dilemmes quand vient le temps de critiquer un livre que j'ai trouvé intéressant, mais qui aurait pu être encore plus que ce qu'il était. Je n'ai pas de gros reproches à faire au livre de Martine Delvaux, parce que son contenu est essentiel. Par contre, en lisant le 4e de couverture, j'étais convaincue que ce livre était adressé à un plus large public, qu'il était un véhicule d'éducation populaire. J'ai été surprise de le voir finalement assez proche du milieu universitaire, imbriqué dans un écosystème de pensées et de philosophes qui sont fondamentaux, évidemment, mais auxquels Delvaux semble recourir pour démontrer l'origine de ses réflexions plutôt que pour étayer sa thèse. Ainsi, de le nécessité de passer par la notion du dispositif chez Foucault selon l'interprétation d'Agamben pour expliquer la superstructure qu'est le club au sens non-matériel du terme, je ne suis pas convaincue. De recourir à la figure de la flâneuse traumatisée qui erre parmi les clubs pour colliger les observations qui constituent le livre, non plus. Ce qui ne veut pas dire que c'est inintéressant, ou inutile, mais j'ai trouvé que cela participait à éloigner le livre d'un public plus large qui en aurait grandement bénéficié.
Ceci étant dit, Martine Delvaux aborde plusieurs manifestations du boys club dans le livre, dont certaines offrent du matériel particulièrement riche pour l'analyse. Du club privé sélect dont les femmes sont écartées pour que le pouvoir politique soit l'affaire des hommes, jusqu'aux clubs abjects des hommes qui commettent des viols collectifs, il y a lieu de s'interroger sur ce dispositif homosocial basé sur la misogynie et l'exclusion, ce que Delvaux fait avec moult arguments et illustrations qu'il est difficile de contester. Certaines réflexions ont rejoint mes préoccupations personnelles avec acuité, comme cet étayage des violences sexuelles au cinéma qui recoupe mes propres questionnements sur l'utilisation du viol comme motif narratif dans la littérature écrite par des hommes, et la solution proposée qui est de continuer à aimer les œuvres tout en pointant du doigt leur caractère problématique. Tout ceci est réussi, mais j'aurais pris un travail d'édition un peu plus serré, pour éviter d'ouvrir trop de portes qu'on referme rapidement, alors que les questions soulevées sont nombreuses et cruciales. Pour que la dénonciation au cœur de l'essai prenne toute la place, plutôt que les exemples choisis pour en démontrer la véracité.
La structure de cet essai m’a déroutée : des chapitres très courts dont j’ai peiné parfois à extraire la moelle, une offre pléthoriques de références de pop culture que je ne partageais pas toujours… j’ai mis du temps à rentrer dedans mais je ne regrette pas d’avoir persévéré. Une fois habituée au rythme de l’autrice, c’était une lecture éclairante, du genre « MAIS BIEN SÛR PUNAISE ! ». C’est extrêmement dense et sourcé, un travail d’orfèvre, qui met parfaitement en lumière ce qui reste encore caché à nos yeux : tous ces espaces où les hommes se retrouvent et se serrent les coudes pour mieux écraser tout le monde.
Cela a pris du temps avant que j'embarque réellement dans ce livre, mais un coup "accrochée", il m'a vraiment remuée et retournée de tous les côtés. Un livre à lire et à relire.
Un livre poignant qui fait énormément réfléchir ! J’ai eu cependant un peu de difficulté à suivre par moment, car les idées sont souvent interrompues par d’autres.
Décidémment, je crois que le style d'écriture de Martine Delvaux ne convient pas à ma manière d'absorber l'information. C'est la deuxième fois que je lis un de ces essais plus longs (j'ai souvent aimé les textes plus courts) et je trouve l'expérience plutôt frustrante, ayant souvent du mal à identifier et saisir certains choix d'arguments présentés pour étoffer la thèse que le livre défend. C'est donc un avis peut-être un peu sévère, mais représentatif de la frustration que j'ai ressentie en lisant cet essai. Peut-être que cet agacement est dû au fait que j'aurais tant voulu aimer Le boys club, étant sensible au sujet et ayant soif d'en apprendre plus.
Ouuufff! Début abrupt mais écriture accessible au final. Le chapitre Boys will be boys était incroyable. Beaucoup de pages marquées. C’est si satisfaisant que quelqu’un ait trouvé les mots!
Encore une fois, Martine Delvaux m’éblouit. Après avoir dévoré Les filles en série il y a quelques années, j’ai retrouvé ce qui me plaisait chez l’autrice : une plume complexe et stimulante, une analyse du propos fine, pointue, incisive. On sent que le travail derrière ce livre est colossal, tant la recherche que le rendu. Je suis plus qu’impressionnée. Le portrait qu’elle présente du boys club donne le vertige. J’ai eu l’impression qu’il se déployait telle une toile d’araignée sous mes yeux, qu’un rayon de soleil rendait enfin visible. Cet essai a énormément nourrit mes propres réflexions féministes.
Un essai important qui dénonce la masculinité toxique, l’apport capitaliste et élitiste de ces « boys club ». Une œuvre d’actualité qui nous laisse avec un goût amer.
Lu d'une traîte. J'avais pourtant quelques réserves, je dois avouer que j'avais d'abord jugé ce livre possiblement trop "grand public", ce qui n'est à priori absolument pas négatif, si ce n'est que je me considère (le plus humblement possible) à la page en ce qui concerne le féminisme moderne. J'ai été très surprise cependant de voir citées des oeuvres tantôt accessibles (mais revisitées ô combien pertinemment), tantôt un peu plus corsées, notamment des textes poststructuralistes et néomarxistes (Foucault, Derrida et Benjamin, par exemple). Outre une incursion très tonique et choquante dans un milieu que je ne connaissais pas (je croyais que le boys club était surtout figuratif, je n'étais pas familière avec les clubs privés de tradition anglaise), j'ai apprécié la richesse des sources et les évocations multiples de textes, films et séries télévisées populaires... Une référence particulièrement intéressante à la série Netflix Jessica Jones m'a beaucoup plu (même si j'ai beaucoup apprécié la première saison, je ne me doutais pas qu'on pouvait aller aussi loin dans l'analyse). Toutefois, la note de 3.5 étoiles serait plus représentative car j'ai parfois eu le sentiment d'être restée sur ma faim... Les chapitres étaient très courts et s'attardaient parfois trop peu à des thèses qui méritaient d'être développées davantage.
Ouff. J’aurai appris beaucoup de choses et réussi à renverser mon point de vue sur beaucoup de phénomènes sociaux invisibles. Si quelques passages sont plus complexes que d’autres, la majorité des chapitres présentent des situations simples du quotidien ou des phénomènes bien connus, facilement reconnaissables. Delvaux n’explique pas, elle montre. C’est ça qui est fascinant.
Le livre commence par une exploration approfondie de l'essence, de la définition et de l'historique des « boys clubs », mais ces premiers chapitres sont difficiles à suivre et peuvent décourager la lecture. Heureusement, ça s'améliore à partir de la moitié du livre.
J’ai trouvé le chapitre 11 particulièrement marquant. Il aborde la différence entre la manière dont les hommes et les femmes occupent et s'approprient l'espace public, ainsi que leur représentation dans cet espace. Un exemple frappant est le fait que seulement 6 % des rues de Montréal portent des noms de femmes. Ce chapitre aurait mérité d'être plus long à mon avis tant le sujet est captivant.
L’autrice propose aussi une réflexion intéressante sur ce qu'elle appelle le « 11 septembre des femmes » et le principe de la Stroumpfette, des concepts que je n'avais jamais entendus auparavant.
Cependant, le livre s'enlise un peu avec un gros focus sur l'architecture et le cinéma. Par exemple, les analyses détaillées du film American Psycho ou de la série Jessica Jones deviennent assez longues (j’ai « skippé » quelques passage).
Enfin, il convient de noter que les chapitres 19 à 21 peuvent être plus difficiles à lire et pourraient nécessiter des avertissements de contenu (TW).
Un livre important à lire, comme presque tout livre féministe (ou sur l'égalité, en fait), mais il ne m'a pas conquise entièrement.
Le sujet est passionnant. Comment le pouvoir est distribué, retenu et monopolisé par des groupes fermés d'hommes rigolants assis ensemble autour de la table d'un club privé élitiste, fumant des cigares. En gros.
Les premiers et derniers chapitres du livre sont fascinants. Même si je n'était pas nécessairement d'accord avec tout ce qu'avancait l'auteure, j'ai trouvé ses idées très bien articulées et intéressantes. De bonnes réflexions sur un vrai problème. Comment le pouvoir se distribue-t-il dans notre société et comment se fait-il qu'il semble toujours rester entre les mêmes mains?
Par contre, petit (gros) bémol. Le coeur, le milieu du livre, tente d'expliquer comment l'architecture est foncièrement sexiste et masculiniste, comment l'aménagement même de nos villes est anti-femme... et là, j'ai décroché. Ces chapitres était longs, ennuyeux, difficiles à comprendre et les exemples donnés un peu tirés par les cheveux. L'un des risques majeurs dans l'écriture d'essai, féministe ou non, est de tomber dans le piège des phrases embourbées par des principes et théories sociologiques intellectuelles poussées et difficiles à comprendre, mais plus encore, des causes à effets trop faciles, qui semble exagérées (ex. Gratte-ciel = phallus = femmes rejetées par les villes).
Tout de même, ce livre vaut la peine d'être lu. Il met en lumière un phénomène réel. Un problème réel.
Un livre rough mais nécessaire qui nous emporte dans l’univers des Boys Clubs. Qui les tournent et retournent pour n’en laisser aucun angle mort. Martine Delvaux vise en plein dans le mille. Cette oeuvre devrait, tant qu’à moi, être un incontournable pour ce qui en est des essais féministes.
Si dans "Les filles en série" elle s'intéressait aux représentations de femmes identiques, interchangeables, disposées en rang afin qu'on puisse les admirer (danseuses, mannequins, etc.), Martine Delvaux s'attarde cette fois aux groupes d'hommes, sériels également, semblables les uns aux autres dans leurs complets-veston ou leurs uniformes, placés en rond et donc tournés les uns vers les autres, se regardant entre eux et excluant du fait même tous les autres.
Cette idée de partir d'une image répandue pour décrire des phénomènes de société est vraiment intéressante, très littéraire aussi. Difficile de ne pas comparer les deux ouvrages, qui semblent se répondre. Les deux livres forment ensemble un genre de diptyque riche et pertinent, à lire absolument si on s'intéresse à la question des inégalités de genre.
Intéressant, parfois lourd (la vérité n’est pas toujours belle), pertinent. J’ai beaucoup aimé cette lecture, car viens nourrir mon opinion et met des mots justes sur le sentiments opposant qu’on peut parfois ressentir en tant que femme.
Quel essai! Écrit en 2019, je le lis 6 ans après sa parution et pourtant c'est malheureusement toujours autant d'actualité. En 2025, les Boys clubs de ce monde nous gouvernent, nous dictent et tentent de faire taire par tous les moyens, même de façon permanente, les féministes. Les cours chapitres m'ont vraiment plu. L'essentiel est dit. En même temps, sans vouloir tomber dans les théories du complot, quand je lie que ces hommes ont étudié, travaillé ensemble et forment leur entourage selon leurs forces et besoins au profit d'eux-mêmes, avons-nous besoin de chercher loin? Il y a de nombreuses références populaires et d'autres moins, en général, si le lecteur a suivi les bulletins d'informations et l'actualité, il peut s'en sortir. Sans parler que ces exemples connus de tous sont la banalisation de l'influence de ces groupes d'hommes. Je recommande sans contre-dit.
Un sujet tellement intéressant. Un point de vue clair et pertinent. J’ai cependant eu beaucoup de difficultés à lire ce livre. Je ne suis pas une universitaire, certes, mais je suis une féministe. Être féministe et souhaiter en comprendre plus sur le boys club n’étaient pas suffisant pour rendre cet essai accessible. J’ai dû me convaincre pendant le 3/4 de ma lecture d’y retourner. Des chapitres presque entiers analysant et remémorant des scènes de films et de séries. Je travaille dans le milieu télévisuel et j’ai trouvé tous ces passages d’une grande lourdeur. Peut-être m’aurait-il fallu la liste de ces références pour prendre le temps de voir ou revoir les films et séries en question avant ma lecture… La fin du livre était cependant plus digeste et intéressante.
Le boys club est opaque, mais Martine Delvaux en dessine habilement les contours en se basant sur les images qui flottent dans notre subconscient, celles de tous ces films et séries télévisées qui s'impriment sur notre rétine. Chaque chapitre déconstruit des mécanismes de pouvoir qu'on ne soupçonnait même pas, si présents qu'on oublie leur existence. Comme elle le dit elle-même, le temps a manqué pour aborder les liens entre boys club et capitalisme, patriarcat et destruction de l'environnement. Dans un autre livre, on espère!
Livre intéressant et important. Plusieurs aspects sont couverts mais certains ne m’ont pas accrochés notamment celui sur l’architecture et trop de références cinématographiques auxquelles je ne pouvaient m’accrocher. J’aurais pris un peu plus de contenu politique (lien entre les boys club et le capitalisme, l’environnement) ou historique (avant les clubs anglais) mais je comprends que l’on ne peut pas tout couvrir dans un seul livre. Excellent essai dans son ensemble.
Structure un peu déroutante du type documentaire , loin de ce que je lis naturellement , qui m’a laisser à l’extérieur de ma zone de confort , donc que j’ai adorer. Le concept du boys club et sont hégémonie sur la société contemporaine est beaucoup plus intronisé suivant la lecture de ce livre. Capitalisme et patriarcat est intrinsèquement lié au statut quo à travers le Boys club. Cinéma, architecture et Donald Trump sont les exemple parfait de la masculinité toxique. Comme le dit si bien Martine Delvaux : le privilège se crée et s’entretient , il n’est pas naturel et le boys club est l’outil systémique de ce processus.
Fluixet, fluixet. La tesi està més que clara des del principi i es dedica tot el llibre a anar posant exemples que em semblen força obvis. Tampoc proposa moltes solucions, ni tampoc va a fons en la qüestió de la relació entre boys clubs I capitalisme.
Un pamphlet plutôt qu'un essaie. Les exemples sont choisis pour servir le propos, sans nuance et sans balance. Un sujet qui méritait d'être mieux abordé.