« Le plus beau livre de montagne de cette dernière année… »Paolo Cognetti, prix Médicis étranger 2017 pour Les huit montagnes
« La montagne m'a vu naître, elle m'a nourri, m'a appris, m'a protégé. Alors je suis devenu le seigneur des corniches rocheuses, la sentinelle des cols reculés, le maître des moraines isolées. Je règne sur ce royaume de pierres non parce qu'il est à moi, mais parce que je lui appartiens. La montagne m'a accepté auprès d’elle et je suis devenu son gardien respectueux, le berger de ses bouquetins, en toutes saisons et par tous les temps. »
Louis Oreiller est né en 1934 dans le Val d’Aoste, à Rhêmes-Notre-Dame, aux confins sauvages du parc du Grand-Paradis, à 1 700 mètres d’altitude. La montagne ne lui a jamais inspiré ni défi ni performance. Elle est sa terre et son ciel, un horizon avec lequel il fait corps. Pour conjurer la pauvreté, il a été braconnier, contrebandier… Puis il a pu changer de camp, devenant garde-chasse et finalement garde du parc national. Une vie éloignée des sentiers balisés par la société, le plus souvent à l’écart des hommes, dans une vallée que les avalanches coupaient autrefois du monde six mois par an. Une vie à caresser la roche et la glace, à parler aux arbres et aux marmottes, à suivre le vol des aigles et à veiller sur les mouflons. Une vie en communion avec la montagne. Le monde de Louis Oreiller va disparaître, enseveli sous le déferlement de la modernité. Alors sa parole, rare, résonne de toute la puissance des éléments. À qui, comme Irene Borgna, sait l’écouter, elle semble poésie et sagesse. Il n’est pas tout d’avoir de la mémoire, encore faut-il la langue de Louis et son esprit libre pour nous conduire là-haut, où l’air est plus pur et les pensées plus claires.
"la montagne nous rappelle qu'on est tous comestibles : elle n'a pas de préférences, mais elle apprécie l'expérience et la sagesse."
"La solitude est faite pour ceux qui savent qu'ils ne sont jamais vraiment seuls."
" Quand tu pars en excursion, surtout si tu tiens à atteindre ton objectif, il faut que tu remplisses ton sac à dos de matériel, de vivres et d'habits, mais dans ta tête, tu dois laisser un peu de place à l'éventualité d'un échec et une voie d'accès à la peur, pour qu'elle puisse t'atteindre et t'indiquer le moment de rebrousser chemin avant l'erreur fatale. Tes limites, il n'y a qu'avec l'expérience que tu les découvres, que tu les discernes et que tu les développes ; la peur n'est pas une compagne très agréable, mais elle est précieuse : il faut apprendre à l'écouter sans qu'elle devienne trop envahissante. Ou bien, solution alternative, tu peux demander à quelqu'un en qui tu as confiance de mesurer tes limites que tu ne connais pas encore, pour que, comme un tailleur, il te prépare une excursion parfaite, sur mesure, et qu'il se fasse le dépositaire de tes peurs, qu'il les garde à l'œil."
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Excellent short book in which Louis Oreiller, helped by anthropologist Irene Borgna, tells us about his life in the mountains. From lumberjack and poacher to guard in a natural park and in a hunting reserve. It is vibrant with character, color, energy, emotion. I read it in a few days.
I spend a lot of time in the mountains - as a tourist, hiker, alpinist ... This book is a reminder that, despite the ski lifts and the souvenir shops, the mountains are not an amusement park, sold by the locals for the amusement of the plains peoples, but an inhabited land with its own history, values, and dignity.
Découvert par hasard, un des meilleurs livres lu cette année sans aucun doute. La traduction est parfaite - je trouve qu'on sent parfaitement les passages de patois / italien / français. Irene Borgna a accompli un travail remarquable en donnant la parole à Louis Oreiller : dire que nous aurions pu passer à côté de son témoignage ... C'est une parole puissante, chaleureuse, drôle, très triste parfois, qui m'a comme souvent rendue "nostalgique" d'un endroit et d'une époque que je n'ai pas connus.
Louis Oreiller est comme la montagne qu'il aime tant. Tour à tour majestueuse et froide, rude et accueillante, silencieuse et bruyante... Irène Borgna nous décrit l'un et l'autre avec merveille et comme le dit Gaston Rébuffat : "La montagne dispense une richesse qui n'a pas de prix : le bonheur que l'on découvre dans les yeux de ceux qui la fréquentent".