"Dès le premier jour sur cette terre d'Amérique, je me jurai que personne ne me marcherait plus sur les pieds ni ne me traiterait en petite Négresse. Personne !" New York, années 1920-1940. Venue de sa Martinique natale, Stéphanie St-Clair devient reine de la loterie clandestine. Surnommée "Queenie" par le milieu, elle affronte la pègre noire et la mafia blanche. Traversant avec panache toutes les époques - de la Première Guerre mondiale au début du Mouvement des droits civiques -, elle devient une icône à Harlem, mais aussi dans nombre de ghettos noirs du nord des États-Unis. Ce roman rend justice à celle qui fut, outre une femme-gangster impitoyable et cruelle, un précurseur de l'affirmation féministe afro-américaine.
je crois que je suis contente de la façon dont Raphaël Confiant a donné voix à Stéphanie Sainte-Claire, dont il l'a rendue passionnée, capricieuse et terrible. c'était pas évident et je pense forcément imparfait, mais il faut se dire qu'il y a aussi le décalage d'un siècle dont rendre compte, et je crois que là-dessus, il s'en tire bien. en fait, il me semble très normal que Stéphanie ne soit pas la plus progressiste des héroïnes, elle est déjà tellement prise par la difficulté de sa propre survie que ça me semble cohérent qu'elle se détache pas de ses biais, et d'une certaine violence à laquelle elle ne s'oppose pas, mais qu'elle essaye d'instrumentaliser à son compte. je trouve que c'est très fort, finalement, un portrait d'héroïne aussi pas héroïque du tout.
Attention, spoilers - mais en même temps elle va répéter ces histoires tout au long du livre donc pas besoin d'aller bien loin pour connaître ce qui va être critiqué ci-dessous:
Tellement de choses à dire sur ce livre: tout d'abord, il faut rappeler qu'il s'agit d'un roman. Inspiré de faits réels. De ce fait, je ne vois pas d'explication pour ce désordre qu'est l'écriture. Ce roman a-t-il été édité? L'histoire de Madame St-Clair est extraordinaire mais l'excitation que pourrait inspirer ses aventures est étouffée par la narration et en fait une lecture terriblement douloureuse. - Les répétitions sont sans fin. Oui, on a compris, elle a été dans la bande des quarante voleurs, elle est frileuse, a fait la peau à de nombreux hommes parce qu'ils lui avaient manqué de respect. COOL. Pas besoin de le répéter à chaque chapitre. ON A COMPRIS. J'ai eu l'impression de lire une mauvaise fanfiction. - Les contradictions, notamment amoureuses: l'héroine n'a jamais connu l'orgasme, nous dit-elle, avant que, trois pages plus tard, elle nous raconte des moments de passion avec son coiffeur PUIS, à la fin du livre, avec le corse/italien. - Cet égo surdimensionné: elle se met à parler d'elle à la troisième personne, au milieu de nulle part. Puis recommence deux ou trois fois dans le récit "excuse moi, cher neveu". Non. NON! - Et puis ces références bourrées de fausse modesties "Mes yeux marrons-gris lançaient des étincelles" p341. "J'étais si mince, par apport aux autres femmes" blablabla tout au long du roman. - Ce mépris pour tout le monde, en particulier les Noirs, tous ces clichés "les Noirs ne sont pas dignes de confiance" etc. Mais moi, je suis au dessus de tout ça, je suis généreuse, eux sont tous des imbéciles, je fréquente l'élite alors que j'ai à peine été à l'école, les femmes sont toutes des salopes; - Enfin, cette femme sans attaches, sans famille, qui est plus que ravie de raconter sa vie passionante à ce neveu qu'elle ne connaît ni d'Eve, ni d'Adam. Des "mon cher neveu" à tire l'arigot. On aurait pu penser qu'elle prendrait plus de recul par apport à cet étranger compte tenu de toutes les raisons données ci-dessus.
Donc voilà. J'ai fait preuve de patience, parce que je me disais qu'il s'agissait d'une vieille femme qui racontait son histoire, qui voulait sans doute prouver qu'elle en avait vu des vertes et des pas mûres. Mais non. C'est un ROMAN. Quelqu'un a choisi d'écrire sur ce ton et quelqu'un d'autre a accepté que le texte soit publié. Je crains que l'auteur ai transposé nombre de son mépris de race, de classe ainsi que sa misogynie dans la bouche de Stéphanie Sainte-Claire.
Il est assez rare qu'un roman français ne parle de personnages noirs sous un jour autre que pathétique, mais cette histoire à été rédigée après 2010: suffisamment tard pour une petite remise en question de ses valeurs coloniales.
< À être trop sûre de soi, on finit toujours par le payer >
Une jolie surprise. Je n'aurai pas porté mon attention sur ce roman si je ne l'avais pas eu gratuitement - il faut être honnête -. Pourtant... Je ne regrette absolument pas cette découverte.
Je ne suis pas très fan des biographies ce qui explique ma note peu flatteuse. Mais le personnage de cette biographie Stéphanie St-Clair apporte énormément à ma culture.
Je ne connaissais absolument pas cette figure de Harlem, cette cheffe de gang, une femme noire qui a su faire sa place dans les méandres de New-York.
Sur fond de découverte de cet environnement si spécial de Harlem, nous voyons la violence, l'amour et la réussite pointer au fil des pages de cette vie incongrue.