Le chauffeur n'avait plus le loisir de ralentir... Immobile, le ventre à toucher le capot, les pieds joints, Fouquet enveloppa d'un mouvement caressant la carrosserie de la voiture qui filait contre lui ; un instant, il donna l'impression qu'il allait abandonner sa veste au flanc hérissé de l'auto, mais déjà celle-ci l'avait dépassé, et, coinçant son vêtement sous son bras, il libéra sa main droite pour saluer à la ronde les spectateurs qui s'exclamaient diversement. " Ollé ", dit-il...
Je viens de relire « Un singe en hiver ». Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai lu ce livre d’Antoine Blondin (qui a été aussi magistralement transposé à l’écran après une écriture de magnifique dialogue par Audiard).
C’est un autre livre qui m’en a donné l’envie. Une petite perle de Richard Russo, « Un rôle qui me convient ». Un livre fort différent de ses autres livres et qui m’a rappelé les meilleurs David Lodge et John Irving et qui n’est pas sans rappeler l’excellent « Des garçons épatants » de Michael Chabon. Les délires d’un cinquantenaire, sorte de Hank Moody sur le retour, m’ont donné envie de replonger dans les aventures du Quartier maître Quentin et du matador Gabriel Fouquet.
Mais c’est lorsque j’ai vu mon père dans le rétroviseur de la voiture qui m’emmenait loin de lui pour de nombreux mois, un homme à la chevelure blanchie forcé à la sagesse par le poids des ans (et ce malgré un esprit enfantin qui n’a jamais cessé de l’habité), que lire ce roman unique est devenu une nécessité. Quelques jours passés en sa compagnie à renforcer, si besoin est, les liens avec ses petits enfants et perpétuant sa légende. « Trois générations qui ont besoin de s’habituer les unes aux autres. »
Mon père, qui symbolise à lui seul les deux protagonistes de ce livre, à la fois Albert Quentin, singe en hiver ayant renoncé à ses frasques d’antant pour un bonheur rangé dans une armoire, mais aussi Gabriel Fouquet, perdu lui aussi, fantôme du passé, et lui murmurant à l’oreille : « Vieux, prépare-toi. Je ne suis pas venu pour te détruire mais pour te réveiller ».
Relire « Un singe en hiver » d’Antoine Blondin, c’est replonger dans une histoire dont on connait par cœur chaque détail, retrouver des personnages familiers et pouvoir suivre leur destin immuable en se délectant de chaque figure de style.
C’est notre livre à mon père et à moi, lui qui est plus un ami qu’un père, une figure paternelle ambigüe, un modèle dont on doit se détacher mais qu’on envie. Un livre simple sans être simpliste et qui cache dans le recoin de ses truculentes frasques le mystère du sens de la vie, avec un humour qui fait peut-être défaut à des auteurs comme McCarthy.
«- Je voudrais qu’on sache qu’un jour un jeune homme et un vieux se sont avancés ensemble vers…
- Vers quoi au juste ?
- Je ne sais pas. Il fait trop sombre dans ce bled. »
Aujourd’hui, ce roman prend une nouvelle dimension alors qu’approchant la quarantaine, je prends conscience de ma mortalité et que les signes du temps se marquent sur mes mains, sur ma peau et sur mon visage. L’avenir est encore là, « un avenir précaire qui impose à travers l’imminence de la mort ». Il est juste un peu plus prévisible. Je deviens chaque jour un peu plus Quentin et un peu moins Fouquet, tous deux luttant pour mon âme.
« Je n’avais aucun effort à accomplir pour me plier aux disciplines que je m’imposais. Le sang-froid, la précision, l’exactitude, peut-être ne les ai-je poussés à l’extrême que parce que ces vertus ne me sont pas naturelles précisément, mais ce jeu ne me pesait pas jusqu’à ces derniers jours ; J’y trouvais même une satisfaction. »
« Un singe en hiver », c’est ma cabale à moi. J’y trouve à chaque âge la sagesse qui me fait défaut et aujourd’hui me rapproche d’un père avec qui j’ai encore j’ai encore pas mal de corrida en perspective, de ciels à illuminer et de voyages à entreprendre. Même si ce n’est qu’à travers une bouteille.
Trouvé ici et là, ce livre patiente tranquillement chez moi depuis toujours. Je l'ai presque abandonné dès les premières pages, je ne comprenais ni la prose ni l'idée. J'ai continué en déambulant tel un singe en ville et j'ai enfin vu. J'ai rencontré Fouquet, tombé sous son charme et fait les 400 coups.
C'est la découverte de l'année. Un magnifique roman de vie qui valse avec Godard sur une trame sonore de Lynchienne. Troublant, poète, vrai et fou.
This story is set in Normandy, a dozen years after WWII, and revolves around 2 men: Albert Quentin, the respected owner of a small hotel, haunted by his memories of his years of service in the colonial army, who quit boozing as the result of a vow made when his wife escaped the destruction of the D-Day landings unharmed; and Gabriel Fouquet, a dandy whose most conspicuous talent is that of sabotaging his relationships, largely through his drinking. The 2 men bond while Fouquet makes fumbling attempts to parachute himself back into his daughter's life while she is in a boarding school in Normandy. Although the book is somewhat overwritten, with a number of facile paradoxes about life dropped into the stew, the story and the characters are rather affecting. Blondin is more interested in the self-pitying Fouquet than I managed to get, but I liked his treatment of the relationship between Quentin and his wife. And some of his comments on alcoholism have the ring of truth about them.
Le livre est sans doute moins connu que le film, largement porté par la rencontre entre Gabin et Belmondo. Le scénario a d’ailleurs été largement adapté pour permettre à ces deux acteurs d’occuper l’écran à leur guise. Mais au départ, il y a donc ce livre d’Antoine Blondin au titre mystérieux. De mystère, il n’y en a pourtant pas. Pas de suspense non plus. Juste la rencontre de deux hommes presque banals, dont les dérives mornes se croisent un bref instant. Un beau roman, tout en suggestion et retenue.
Prima ancora che il libro, merita di spendere due parole sulla casa editrice che lo ripropone: la milanese Settecolori. Nata sul finire degli anni '70 su iniziativa di Pino Grillo, alla sua scomparsa, nel 2000, viene ereditata dal figlio Manuel, che nel nel 2020 la rilancia con un manipolo di amici e con lo scopo precipuo di far scoprire al lettore italiano autori stranieri misconosciuti. E' il caso del francese Antoine Blondin, un mito del giornalismo del suo Paese, ma pressochè sconosciuto da noi, del quale ora Settecolori ripropone quello che è ritenuto il suo capolavoro, Una scimmia in inverno, edito originariamente nel 1959 e dal quale fu tratto anche un film con Jean Gabin e Jean-Paul Belmondo. Da quando ha smesso di bere, Albert Quentin, sessantenne, rivive nel ricordo le campagne militari vissute durante i suoi anni di servizio in Cina, quando era fuciliere marinaio sulle rive dello Yang Tse Kiang. Ora è un placido direttore d'albergo in un paesino sulle coste normanne, ma la sua esistenza viene stravolta dall'arrivo nell'albergo di Gabriel Fouquet, alter ego delle stesso Blondin, che invece di bere non ha smesso affatto. Fouquet è giunto lì per visitare sua figlia Marie, ospite di un collegio locale, ma soprattutto per dimenticare il fallimento della sua vita sentimentale con Claire, che è andata a vivere a Madrid. Gabriel e Albert stringeranno un'amicizia sigillata dall'alcol e racchiusa attorno ai punti fermi della nostalgia del passato e della solidarietà. “Se mi manca qualcosa, non è il vino, ma l’ebbrezza. Cerca di capirmi: degli ubriachi voi non conoscete che i malati, quelli che vomitano, i bruti o quelli che cercano ad ogni costo la rissa; ma ci sono anche i principi in incognito che si indovinano anche se non si riesce a identificarli”. Blondin è uno scrittore di altri tempi, ma capace di parlarci ancora oggi.
Ciò che distingue spesso la narrativa europea da quella statunitense è l'amoralità di fondo. Un esempio di quanto intendo è questo romanzo, nel quale l'alcolismo non viene demonizzato come inevitabilmente accadrebbe in altri lidi, tutt'altro: è visto come una forma di autodistruzione, certo, ma almeno è un sentimento "vivo" in confronto alla mancanza di vita data dal sobrio autocontrollo. Il protagonista cede con gioia al ritorno del suo vizio, come una riscoperta dell'avventura e della passione, come uno spiffero nostalgico di giovinezza, con l'ebrezza vista come scelta di vita consapevole, una lode alla resa (anche in questo il romanzo è decisamente europeo e decisamente poco USA) che libera dall'insopportabile peso della ragione. Verrebbe voglia di approfondire Blondin, con la sua partecipazione così umana ai suoi personaggi, così simili a lui, peccato che sia stato tradotto così poco in Italia della sua (per altro ridotta) produzione letteraria.
“[…] deriva dalla maledizione Fouquet padre e figlia, quella che allontana Claire in Spagna con Dio sa chi, incita Parigi a considerarmi un disertore, mi affonda nel bere e nel disgusto di me stesso. I miei mostruosi appostamenti tra le rocce, lo so bene, non sono quelli d'un voyeur; peggio: sono quelli d'un masochista. Soffrire di non poter contribuire alla vita di Marie non è un modo d'amarla di più, ma di struggermi di più. È ancora su me stesso che mi intenerisco. Quelle che m'apparivano come delle circostanze attenuanti in condizioni normali oggi mi opprimono. Non sono un individuo triste, sono un triste individuo. Ho un bel dirmi che il calvados d'Esnault spinge all'angoscia, non tutti gli stati d'animo vengono dal fegato. Il casco delle preoccupazioni mi sprofonda sulla testa, fino alle sopracciglia. Non vorrei che si levasse il giorno...”.
Pour ceux qui ont un souvenir du film, le livre est un choc. On perd les dialogues de Michel Audiard et le deux premiers tiers du livre sont essentiellement descriptifs de l'État d'esprit de Fauquet. J'ai donc été légèrement déçu de cette lecture qui est toutefois très riche. L'imaginaire de Fouquet et les remords de Quentin sont mis en évidence de manière somptueuse. l'analyse psychologique est grandiose. On est littéralement dans la tête des protagonistes.
Plus déprimant, tu meurs : rencontre entre deux générations d'écorchés qui ont abandonné leurs rêves, réunis autour de l'alcool dans une belgique pluvieuse sous les bombes. Pas d'échappatoire, simplement la prise de conscience que l'hiver sera long. Selon l'humeur du lecteur, l'impression laissée pourra s'avérer aussi belle que cafardeuse.
Un livre touchant sur une amitié fraternelle et intergénérationnelle, phénomène qui me semble de plus en plus rare pour ma génération. Bien que poétique par séquences, j’ai trouvé l’intérêt de la narration inégal et même si le texte demeure dans l’ensemble plaisant, il reste en deçà de la grande littérature selon moi.
Je reste assez mitigé de ce livre, certains passages m'ont plu (surtout dans le chapitre deux, quand on plonge dans les pensées de Fouquet), mais j'ai eu du mal à le finir. Au début, je n'arrivais pas à suivre et à rapprocher les différents prénoms des personnages associés, et une fois ça bien ancré, je m'ennuyais assez dans l'intrigue. Au moins je l'aurais lu.