Aujourd’hui, l’histoire est partout. Divertissement, outil de connaissance, elle est aussi devenue un formidable enjeu de pouvoir, inspirant de nombreuses instrumentalisations et appropriations. Face à ceux qui affirment qu’il n’y aurait qu’un sens de l’histoire, que l’histoire serait fermée et que nous serions incapables d’en rouvrir les portes, il faut au contraire assumer l’histoire comme une activité critique et partagée de la vie sociale. Dire cela, ce n’est ni l’affaiblir ni surestimer ses pouvoirs. C’est au contraire, et à la condition expresse de respecter quelques règles, se donner les moyens de lutter contre toutes les formes de dépossession.
«Face aux nuages qui s’épaississent, la responsabilité des historiens d’aujourd’hui consiste à ne pas se payer de mots : nous ne sommes ni en 1940, ni en 1919, ni dans les années 1930, pas plus que la fin du monde ou le fascisme ne sont des fatalités. Mais pour donner une chance à l’histoire dans le travail d’émancipation collective qui permettra, peut-être, de forger d’autres futurs, pour défendre l’utilité sociale de la science aussi, il faut aussi qu’ils acceptent de prendre une part active à l’histoire commune. Et partager avec leurs contemporains ce qu’ils devraient mieux savoir que quiconque : qu’il y a toujours des raisons d’espérer. »
Petit essai intéressant sur la manière de penser l'histoire (avec un petit h), une pratique large dont "l'histoire scientifique" fait partie, mais qui n'empêche pas les autres histoires d'exister et d'avoir de la valeur.
Mazeau, même s'il est pour une réappropriation de l'histoire par tous le monde, rappelle tout de même que l'utilisation non rigoureuse de l'histoire sert souvent a nourrir les extrêmes droites. Il faut face à ça réaffirmer une histoire scientifique rigoureuse, mais qui n'exclut pas (et ne snob pas) pour autant l'existence d'une histoire dans les marges, qui se fait constamment et qui doit être prise en compte.
L'histoire scientifique, doit ainsi accepter les discours non professionnels, tout en rejetant la récupération politique de l'extrême droite. Pour cela elle doit se réaffirmer et s'assumer plus politique, sortir d'un discours qui se veut neutre sous prétexte qu'elle est scientifique. Les choix, sujets, angles, n'ont jamais rien de neutre et doivent être assumés par les historien-nes.
C'est inégal je trouve dans les chapitres. Des très bonnes références et en même temps le constat final est vraiment mid ... honnêtement on est dans un temps où le fascisme avance de plus en plus, je comprends la peur de retrouver une sorte de magistère moral des historiens mais en même temps il faut s'engager beaucoup plus. Ça cite Christofferson et ça pleure sur le marxisme mais ça ne reprend pas le flambeau