La Glace et la Nuit, opus deux : Albedo (Vertigen - Suite Majeure, #3) (roman)
En Féerie, une force s’est levée. Un vent qui fait plier les piliers du Royaume et murmurer les Saules ; qui parle, d’une voix de feu et de foudre, de résistance et de révolution, de nouvelles voies, de nouvelles pertes. Sont-ils fous, ceux qui appellent, alors que tout semble perdu, au dernier défi, au dernier combat ? Ne seront-ils vus, dans le miroir brisé de l’histoire des Cours, que comme ceux qui auront semé les graines viciées du tumulte et de la guerre, et mené le Peuple à sa fin ? La lame a quitté le fourreau. L’Obscur a endossé la Nuit. La Dame Blanche a commencé, de son pas d’hiver, à ébranler le monde. Dans les Cours, les Monarques s’agitent. Dans les fourneaux coruscants d’Isenne, les Artisans embrasent le verre. En Dorcha, la Princesse Refusante a déplié l’étendard aux Neuf Lunes. Au pied de l’Arbre des Épreuves, le destin des Aions déchus se révèle dans le sang. Et Angharad fait face à l’ombre titanesque de la Dúbailte, et au miroir brisé de son propre passé. De nouveaux mondes s’élèvent, d’antiques codes se brisent, à l’aube d’un choix entre l’espoir impossible de Seuil, et la fin des chants. Un choix qui, au-delà de l’avenir du Royaume, engage celui de tous les anciens dieux.
Et tandis que la Glace et la Nuit défont irrémédiablement la forme des Dix-Neuf Cours, le monde tremble. Y aura-t-il, au bout de la route vers Tairseach, seulement un printemps ?
Léa Silhol décompose et recompose l’histoire du monde depuis vingt ans. Transmeare (‘La Trame’) s’étend à ce jour sur dix-sept volumes (romans et recueils) et une constellation de nouvelles, au travers de toutes les couleurs de l’Imaginaire, de la fantasy au cyberpunk. Albedo, suite immédiate de Nigredo, poursuit l’aventure de la Conquête de Seuil, et continue à jointer les pans de ‘la Trame’, des Cours Féeriques aux Nordiques, des Parques aux Nornes, d’Isenne à Frontier.
Léa Silhol est une romancière, nouvelliste, anthologiste et essayiste française, née en 1967 à Casablanca. Elle a été par ailleurs l'une des fondatrices des éditions de l'Oxymore, directrice littéraire et artistique, attachée de presse, ainsi que musicienne dans le "concept band" Done by Mirrors. Ses univers s'inscrivent dans le champ de la Fantasy Mythique (Le cycle de Vertigen), la Fantasy Urbaine (l'univers des 'Fays' de Frontier), le Cyberpunk (la série Gridlock Coda), le Fantastique, le Réalisme Magique ("Sous le Lierre"), et la littérature expérimentale (La séquence Hyperfocus). Elle vit à l'heure actuelle dans le sud de la France avec sa famille, un chat poseur d'énigmes, et trois lévriers (galgos et podencos) sauvés des massacres en Espagne. Elle y partage son temps entre l'écriture, la musique, et la défense des causes qui lui sont chères.
Angharad et Finstern ont réuni les clés qui leur permettront d’accéder à Seuil, la mythique cité perdue des Tuatha. Mais encore faut-il la trouver et, pendant ce temps, échapper à l’ire de Titania, qui voit de plus en plus d’un très mauvais oeil la seule existence d’Angharad, née de deux Clartés différentes… ce qui enfreint un tabou.
Après Nigredo, voici Albedo, petit pavé que j’ai dévoré en quelques jours, hypnotisée par la plume toujours aussi poétique de Léa Silhol. Une plume parfaitement assortie aux personnages dont elle raconte l’histoire, puisque Angharad et Finstern sont des Faes.
Léa Silhol a toujours dit que ses oeuvres étaient liées. Au fil de mes lectures de sa production – je crois que je lis ses récits depuis 2004, année où je découvris cette autrice – j’avais déjà pu noter des liens, ténus, subtils, mais des liens. Et, à mesure que Léa Silhol dévoile de nouveaux textes, ces liens se font de plus en plus visibles. La Trame se dessine avec davantage de clarté sous nos yeux enchantés.
Au folklore féerique celtique (Écosse, Irlande, Pays de Galles, Bretagne…) se mêlent une touche de mythologie nordique, une excursion dans les Alpes, des évocations du peuple angélique et des références, évidemment, aux oeuvres du dramaturge Shakespeare. De fait, comme son opus précédent, Albedo recèle un terreau solide de références, à partir duquel Léa Silhol construit sa propre saga féerique. Et quelle saga ! Le souffle des grandes tragédies parcoure la trajectoire et les dialogues de ces personnages qui n’appartiennent pas à l’humanité, personnages grandioses, et dont on suit la route avec une fascination semblable à celle de Kelis, le barde mi-fae mi-mortel qui s’attache aux pas d’Angharad.
Figure aussi un long séjour en Isenne d’Angharad, Finstern et leur suite. Isenne, ville fictive imaginée par Léa Silhol, et dont j’aime à parcourir les rues. Ville d’artistes et d’artisans, creuset de tant d’oeuvres singulières égrenées au fil de nouvelles, jusqu’alors. Isenne, que j’ai été ravie de retrouver ici !
Ma chronique me paraît bien courte, et bien peu représentative de la richesse de ce petit pavé que j’ai dévoré avec tant de gourmandise, mais je ne voudrais pas vous priver du plaisir de la découverte, et risquer de spoiler le contenu par inadvertance.
Si vous aimez la fantasy féerique, les plumes ciselées, les grandes sagas où la complexité des écheveaux politiques se mêle de celle de l’organisation de la société Fae, les tragédies de Shakespeare, le folklore féerique et la mythologie, aucun doute : vous aimerez la saga Vertigen !
C’est une lecture exigeante, certes, mais la récompense – un moment de lecture comme suspendu hors du temps, perdu en Féerie – en vaut largement la peine !
Il est des chants dont on ne veut sortir, des visions auxquelles on ne saurait s'arracher sans y laisser un bout d'âme, comme ces lambeaux de peau qu'il faut laisser en sacrifice à la morsure de la glace.
Voilà pourquoi Albedo — l'œuvre — reste depuis des mois, ici, en cours de lecture (de relecture, et de re-relecture, ad lib.), tandis que le livre, incarné, dispute à mes chattes, nuit après nuit, une place tout contre mon oreiller. Par quel angle aborder cette alchimie, ce coup de foudre de lectrice ? La merveille d'explorer un univers fascinant, et qui se dévoile toujours plus complexe à chaque roman. Découvrir, dans les terres de Vertigen, de nouvelles cours féeriques, qui s'incrustent dans le regard avec une force élémentale, qu'elles inspirent la révolte ou l'adhésion farouche. Rencontrer des personnages d'une présence à couper le souffle, et en accompagner d'autres, déjà aimé.e.s, sur les voies de l'accomplissement comme à travers les épreuves et le poids des responsabilités assumées. Et... voir Isenne. S'émerveiller de l'histoire d'amour qui relie un être à une cité. Je mourrai, c'est un fait, sans avoir vu Venise, mais j'aurai senti vivre et vibrer et se battre Isenne, sa frangine jaillie de la passion et de la vision d'une écrivaine, cette magnifique hybride conjuguant la magie d'un héritage féerique et les aspirations politiques de nos luttes humaines.
La plume et l'esprit de Léa Silhol sont redoutables, et filent comme des flèches sans épargner le lecteur. Cela fait des années que je guette, de parution en parution, les avancées et l'avènement de l'un des enjeux majeurs des œuvres liées à Vertigen : la courtise de Seuil, cette cour rétive qui fait le lien entre les temps anciens et le retour des fays en notre époque contemporaine. Mais à la lecture d'Albedo, à portée de pages de cet enjeu tant attendu, voilà que je me suis laissée hypnotiser à chaque étape, à chaque rencontre, au point que tourner les pages tient tant de la pulsion irrésistible (en mode page-turner) que de l'arrachement et du crève-cœur. Brava à l'auteure pour ce geis littéraire !
J'ai attendu ce livre si longtemps que je n'osais le lire, ce trésor, ce précieux. Quel voyage! Quelle splendeur! Quelle claque! Il n'a jamais été aussi bon de patienter des années et m'incline, vaincue par le maëlstrom de vifs sentiments nés de cette lecture. Je ne prononcerai pas le mot interdit en Faërie, mon coeur parle pour moi.