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Ténèbre (Litterature Francophone)

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Un matin de septembre 1890, un géomètre belge, mandaté par son Roi pour démanteler l'Afrique, quitte Léopoldville vers le Nord. Avec l'autorité des étoiles et quelques instruments savants, Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l'Europe nomme alors le « progrès ». À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l'accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l'art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l'avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle oeuvre d'abomination est la colonisation, et il sait qu'il aimera le géomètre d'amour. Ténèbre est l'histoire d'une mutilation. Kawczak présente un incroyable roman d'aventure traversé d'érotisme, un opéra de désir et de douleur tout empreint de réalisme magique, qui du Nord de l'Europe au coeur de l'Afrique coule comme une larme de sang sur la face de l'Histoire.

320 pages, Kindle Edition

First published January 20, 2020

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About the author

Paul Kawczak

8 books30 followers

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Community Reviews

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499 (34%)
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446 (30%)
2 stars
172 (11%)
1 star
56 (3%)
Displaying 1 - 30 of 171 reviews
Profile Image for MAPS - Booktube.
1,200 reviews403 followers
October 24, 2020
C'est probablement plus proche du 2.5, mais je ne pense pas que ça franchit le 3 pour moi.

Dès les premières pages, j'ai compris à quel point le contenu est dense. La recherche historique est importante, omniprésente et est mise en avant plan. Chaque paragraphe est un océan de données, de dates et d'événements. Je sentais que j'avais besoin de beaucoup de concentration pour ne rien manquer. Ce n'était pas une lecture légère. Personnellement, lorsque je lis des ouvrages avec un volet historique et que le but est de nous sensibiliser à l'histoire, j'ai besoin de suivre le personnage, de ressentir la douleur, de comprendre ce qui se passe. Dans ce cas-ci, ça ne fonctionnait pas pour moi.

L'utilisation des narrateurs multiples (à la 3 personne du singulier) n'est pas un aspect qui m'aide à m'imprégner de l'histoire et à comprendre les personnages.

L'écriture est vraiment fluide (et une chance), parce que les éléments mentionnés préalablement m'ont donné envie de ne pas terminer le livre :(

J'ai l'impression que ce livre est rempli de symbolique et de qui veut chercher, trouverait mine d'or. Par contre, j'aime mieux comprendre que devoir extrapoler et chercher.

Finalement, de ce que j'en comprends, ce livre veut dénoncer le génocide du Congo, les actes sont déjà dégueulasses de par eux-mêmes, je n'ai pas compris l'ajout d'images complètement tordues dans certains moments hors contextes. Surtout qu'on était dans une perspective de narrateur absent. Si on avait été dans leur tête, j'aurais compris...
Profile Image for Billy.
Author 8 books170 followers
January 18, 2020
Dans les rivières, que serpentent les pages de ce magnifique roman, coule l'histoire d'une expédition plus grande que nature. Une grande aventure contemporaine sur la nature humaine et portée par un conteur de grand talent, teintée d'érotisme et de violence, digne des plus grands romans du genre. Entrez dans ce roman sans modération!

Une grande lecture qui se démarque dans la rentrée littéraire de ce début d'année !

Profile Image for Julien Renaud.
64 reviews3 followers
February 12, 2021
«Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l’Europe nomme alors le ‘‘progrès’’. À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l’accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l’avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle oeuvre d’abomination est la colonisation, et il sait qu’il aimera le géomètre d’amour.»

J’ai entamé «Ténèbre» en sachant que j’avais entre les mains LE livre de l’année ou, du moins, un des livres de l’année, décoré à gauche et à droite, en haut et en bas, partout et en entier.

Malheureusement, je ne me suis pas abandonné dans ce récit de colonialisme, de mutilation et d’érotisme. J’ai certes apprécié l’audace de mélanger ces trois thèmes, si loin un de l’autre, dans un même ouvrage, mais je suis demeuré un lecteur-témoin, qui n’a pas vécu pleinement le voyage promis.

«Ténèbre» a été l’un de ces romans que l’on évite, parfois, comme lecteur. J’ai étiré sa lecture et ce qui est peut-être un concours de circonstances, un état d'esprit, a teinté mon appréciation.

Cela dit, j’y vois un vrai potentiel de roman coup de coeur... pour un autre coeur que le mien, visiblement. C’est bien écrit, original, audacieux. Mais j’ai trouvé ça aride, dense, surtout avec les retours dans le temps qui en font un récit discontinu, fragmenté.

Le personnage de Xi Xiao fut l’élément le plus excitant de ma lecture. Je lui aurais sans doute consacré un roman complet, avec des personnages secondaires. Lui avait quelque chose de fascinant à me proposer. Pierre Claes, le personnage principal, n’est pas inintéressant pour autant, mais je l’aurais préféré dans le moment présent, dans un récit linéaire et épuré de trop de contextes.

Je relis les critiques, qui crient au chef-d’oeuvre, et je reconnais les arguments avancés. Je pense que ce n’était juste pas un livre pour moi, à ce moment précis.

Je publie cette critique avec un sentiment d’imposture, mais j’ose le faire, car j’espère échanger sur votre lecture personnelle de ce roman, ainsi que sur votre appréciation.

Je devrai peut-être le relire pour savoir si je ne l’ai pas simplement lu de travers, la première fois. Un premier rendez-vous manqué.
Profile Image for Jennifer Coutu.
92 reviews1 follower
August 4, 2020
Un coup de coeur personnel.
Portrait cru et poétique d'un Congo dépecé par la colonisation belge. Des personnages imparfaits mais attachants, une écriture morbide mais fleurie, et une histoire sauvage mais romantique.
Profile Image for Kim Raymond.
172 reviews37 followers
December 19, 2020
Quand même mitigée par rapport à ce roman. J'apprécie, comme n'importe qui d'autre, ce récit qui sort des sentiers plus que battus de l'écriture autofictionnelle, mais la description du livre me laissait croire à une sorte de relecture de Joseph Conrad, qui aurait été à mi-chemin du roman épique et du récit de l'éclatement de l'idéal colonial. À ce titre, Ténèbre est quand même déstabilisant, parce que bien qu'en dialogue avec le récit de Conrad, on est ici plutôt dans un délire pseudo-érotique où les violences ne sont pas toutes le fait de la soif de pouvoir des protagonistes, mais aussi une sorte d'hommage poétique à la beauté du sentiment amoureux.

Paul Kawczak nous offre néanmoins une kyrielle de personnages fascinants, qui portent tous un lourd bagage de souffrance, de trahisons et d'abandon, et dont les origines sont tout aussi importantes que leurs actions. J'ai apprécié cette construction soignée et méthodique, et le fil des motivations des personnages, lentement déroulé devant nos yeux.

Ceci dit, je n'ai pas pu acheter le surgissement du désir de Xi Xiao et le sentiment amoureux qui fonde le dénouement de l'intrigue et scelle le sortde Pierre Claes par le fait même. Pire encore, j'ai détesté la représentation du désir féminin, qui s'exprimait toujours de manière foudroyante et incontrôlée, dans des conditions ridicules et invraisemblable (un boucher en train de démembrer une vache?! VRAIMENT?!), et sans que la femme ne semble jamais dotée d'une forme ou d'une autre d'agentivité raisonnée puisque ses actions sont toujours le fruit de sombres pulsions résidant au plus loin de son cerveau reptilien.

Au final, j'ai eu beaucoup de difficulté à concilier ce que j'ai aimé et ce qui m'a dérangée, et voilà pourquoi je suis mitigée.
345 reviews1 follower
September 21, 2020
Xi Xiao avoua à Mpanzu qu'il aimait Pierre Claes d'un amour qui n'aboutirait jamais autrement que dans la mort. Pierre Claes était son amant mystique et son frère dans la mort et tout ne pouvait se parfaire qu'en leur dissolution. Mpanzu demanda à Xi Xiao s'il savait quand Pierre Claes allait mourir. Xi Xiao répondit que oui.

Je suis presque gêné de ne pas partager l'opinion dithyrambique des autres lecteurs de ce livre. Je veux commencer par spécifier que la plume de l'auteur est superbe. Sa prose est légère et empreinte de magie, ce qui confère au récit un caractère onirique. Les descriptions crues et violentes de la découpe de l'Afrique et des atrocités commises par les blancs fendent à travers la douceur de l'écriture et nous atteignent droit au coeur. Le récit est très bien écrit.

La raison de ma note est mon incrédulité face à la relation unissant Pierre Claes et Xi Xiao. Leur amour destiné et fatidique est le moteur du récit et pourtant... Les deux personnages n'interagissent que rarement. Leur relation est sous-développée et le récit en souffre, car tant l'un que l'autre en vient à voir l'autre comme son destin cosmique, sans que nous n'ayons pu voir ne serait ce qu'une étincelle lors de leurs brèves apparitions communes.

Ce sont deux personnages intéressants qui ont chacun des histoires individuelles fascinantes, qui sont mises de côté pour une fusion qui est fréquemment mentionnée, mais à mon avis jamais montrée.
Profile Image for MaRysia (ostatnia_strona).
307 reviews112 followers
October 18, 2021
Musze przyznać, że nie była to łatwa lektura, ze względu na to że treść bogata jest w alegorie i niedopowiedzenia. Próbując zyskać nieco więcej klarowności przeczytałam wywiad z autorem w serwisie LC i muszę przyznać, że zdecydowanie polecam zapoznać się z nim przed lekturą samej książki. Jeśli nie do końca pamiętacie historię kolonizacji terenów Afryki przyda się Wam również krótkie opracowanie zamieszczone na końcu książki.

To co szczególnie spodobało mi się w „Ciemności” to jej różnorodność. W książce mamy dwa główne wątki fabularne - Pierre Claesa, który na zlecenie króla Belgii ma za zadanie przygotować teren pod wydobywanie kałczuku. Oprócz niego, śledzimy również losy Vanderdorpe, którego wątek jest polemiką z popularną w czasach kolonizacyjnych powieścią przygodową.

Myślę, że ze względu na tę różnorodność, nie da się napisać wyczerpującej opinii w postaci postu na GR, ale zwrócę jeszcze uwagę na ciekawy motyw popędów który możemy wyczytać między wierszami powieści. Być może sama bym na to nie wpadła, ale zarówno w posłowiu jak i w wywiadzie pada porównanie zmagań bohaterów z freudowskim erosem i tanatosem – popędem seksualnym i popędem śmierci które zaplątują coraz ciaśniejsze więzy wokół bohaterów „Ciemności”.

Na koniec przytoczę słowa samego autora, bo wydaje mi się że podkreślą ważność wydawania książek o takiej tematyce i podejmowania dyskusji: „Jesteśmy przerażeni postawą Pierre’a Claesa i współczesnych mu kolonistów, ale cały nasz sposób życia wciąż opiera się na zbierającej śmiertelne żniwo eksploatacji byłych kolonii. Gwoli przykładu, co roku w Kongu umierają tysiące dzieci, abyśmy mogli pozyskać rzadkie minerały potrzebne do produkcji naszych smartfonów. Nasze rządy i media głównego nurtu nie przywiązują jednak do tego wagi. Nadal zaprzeczamy istnieniu tej przemocy.”
Profile Image for Jamreo.
25 reviews
July 13, 2020
Ce livre est tellement mauvais... ça commençait pourtant bien, et puis il est arrivé un moment dans la lecture où j'ai compris que si j'attendais l'histoire d'un géomètre belge dépêché par le roi pour quadriller et découper le Congo, je pouvais attendre looooongtemps. On se perd et s'enfonce dans un mysticisme douteux, excessif et fort inutile, le style est lourd, mais alors lourd comme du béton, les phrases ne veulent plus rien dire... et le pire, c'est le fond malsain et pervers qui sous-tend l'ensemble, un "amour" qui ne peut s'exprimer qu'en découpant, en faisant saigner et en tuant (?), une quête de la mort qui m'a profondément dérangée. Sans parler de l' """"érotisme"""" malsain et inutilement sale, à toutes les pages, comme si l'auteur n'avait comme unique intention que de choquer ses lecteurices. Très honnêtement, à défaut de choquer, c'est fatiguant.
Profile Image for Marie Audrey.
371 reviews21 followers
May 21, 2024
Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman.
J'ai tellement vu de critiques dithyrambiques que j'attendais l'extase. Je ne sais pas si c'est l'anticipation ou juste que ce n'est pas mon style, mais j'ai été loin de trouver que c'est un chef-d'oeuvre. Une bonne histoire originale, oui. Dont le style descriptif (un peu lourd parfois) me fait penser à Jules Verne. Son vocabulaire est riche, riche comme la culture de ce pays qu'il nous fait découvrir dans la douleur coloniale. Mais c'est la plus grande qualité du livre.

Les personnages ne sont pas très intéressants. On met beaucoup d'énergie à nous les décrire, mais on ne vit pas avec eux, conséquence, pas d'action, et pas d'attachement. Je ne veux pas lire sur la peine d'amour de Vanderdorpe, je veux la sentir. Même chose chose au sujet de l'amour de Xi pour Claes ; c'est si soudain et mal décrit qu'on ne comprend absolument pas son dévouement, qui en devient un peu agaçant.
Profile Image for Amélie Faubert.
142 reviews160 followers
September 24, 2021
De dire que je n’ai pas compris l’engouement autour de Ténèbre est très certainement un euphémisme. Si j’ai d’abord été happée par la singularité de l’écriture, c’est fort probablement sa froideur qui m’a fait décrocher. Les personnages ne sont pas attachants et les morts qui ponctuent le récit m’ont laissé de glace. La violence coloniale dépeinte détonne avec le romantisme avec lequel on parle des colonisateurs. Une lecture pénible et confrontante - mais pas nécessairement pour les raisons qu’on pense. Un autre roman où les personnages féminins se veulent forts mais au final sont très mal écrits et relégués systématiquement aux rôles secondaires ou alors sont la cause des malheurs ennuyeux des protagonistes. Vers la fin du livre, le style d’écriture se transforme en diarrhée verbale pompeuse qui m’a fait rouler des yeux à de nombreuses reprises. Évitez-vous cette lecture si vous avez l’opportunité de lire autre chose.
Profile Image for Jeanne (Étoile littéraire).
214 reviews57 followers
July 18, 2021
J'ai un peu de misère à écrire mon avis sur ce livre. Il y a certainement des passages que j'ai aimés, mais il y en a beaucoup qui m'ont laissée perplexe. Les phrases étaient souvent très longues et les descriptions très lourdes, et j'ai trouvé cela difficile à comprendre. Le travail de recherche pour écrire ce roman est incroyable, mais les nombreux détails m'ont personnellement plus mélangée qu'autre chose. Ce n'est juste pas le genre de style d'écriture qui me plaît le plus!
Profile Image for Patrick Martel.
374 reviews47 followers
February 19, 2020
La lecture, l’an dernier, de CONGO, court livre d’Éric Vuillard, publié en 2014, m’avait conduit vers des recherches web parallèles, question d’en savoir davantage sur cette terre africaine, conquise, divisée, mâchée, puis régurgitée. Par l’élan colonialiste du souverain belge Léopold II en fin de dix-neuvième siècle, par les massacres qui nourrissaient l’avènement de la modernité, ce pays a été scindé au gré des conquérants, chacun cherchant à y exploiter au maximum les ressources qui en regorgent. Ce faisant, l’homme blanc exploite, non seulement le sol, mais aussi la chair noire dans toutes ses subtilités. Le climat transforme le visiteur. L’état primal gagne en prépondérance. Par moment, on est dans HEART OF DARKNESS (Joseph Conrad).

Le livre de Vuillard ainsi que le résultat de mes curiosités m’ont bien préparé au contexte de la lecture de TÉNÈBRE, roman de Paul Kawczak, publié récemment à La Peuplade. Malgré le buzz critique qui accompagne ce livre, je n’avais pas été préparé à tant d’enchantement. TÉNÈBRE est remarquable. De la grande littérature. De page en page, j’avais l’impression de lire un classique.

Un jeune géomètre belge, Pierre Claes, est amené en sol congolais pour y délimiter précisément la frontière nord et faire cesser les conflits territoriaux avec les français qui contrôlent les terres voisines. La page 22 nous apprend que Claes ne reverra jamais l’Europe. Quelques chapitres plus loin, on discute de son compagnon de mort. Bref, on sait rapidement où ce voyage le conduira et que la galère sera mouvementée.

Cet homme, brillant et timide, est constamment terrassé pas des élans de la malaria, confronté face à la violence envers le peuple noir, malmené par ses propres démons, dont le néant laissé par ce père — « la fuite d’un moins-que-père » — les ayant abandonnés, sa mère et lui.

« Pierre Claes était vide, de ce vide translucide s’effondrant sur lui-même au cœur des ouragans. Les fièvres s’agitaient à la surface de son âme comme de mortes tempêtes et, sombrant dans son angoisse, le jeune homme ne les entendait plus. »

Le Congo de Léopold II fait son travail. La drogue aussi. Xi Xiao, son obscur et fidèle compagnon d’expédition est un bourreau chinois, maître du découpage des chairs, expert tatoueur. Leur relation prend une tournure annoncée d'emblée. Ce qui fascine, c’est le comment.

On remonte aussi dans les décennies antérieures, en Europe. On revient dans la généalogie de Paul Claes. On côtoie Verlaine, les grandes familles. TÉNÈBRE navigue ainsi du présent au passé de façon fort habile, ne révélant de l’avant que ce dont le lecteur a besoin pour comprendre les allusions ainsi que les nuances du présent. Au moment propice, le passé et le présent se rencontrent. Une magistrale courte-pointe.

Au-delà du fascinant récit, toujours cet érotisme lattant. Parfois, ce sont les mots qui frappent le lecteur, parfois ce sont les impressions laissées par l’absence de mot, ces moments d’intimité où rien n’est décrit, mais où tout est perçu, tant l’ambiance respire le désir et la chair, cette chair dont les parcours sont parfois retracés à l’encre ou à la lame affûtée d’un découpeur. Lorsque le supplice rencontre le fantasme. Lorsque l’abandon est la seule voie face à la détresse intérieure.

« Vanderdorpe, alluma une autre cigarette, au bord de la dissolution. Manon Blanche le regardait en souriant. Il fixa un instant son regard sur le sien. Il eût éjaculé par les yeux si cela eût été possible. Il sourit. »

J’ai plus qu'adoré cette lecture. Je m’y suis abandonné, entièrement laissé porter. Une lecture marquante. Un livre dont les effets persisteront longtemps, j’en suis assuré.
Profile Image for David.
100 reviews6 followers
May 27, 2021
3.5 - Mais plus vers le 4 que le 3. Grandiose écriture, maîtrisée au point où s’en est troublant. On se sent littéralement dans le roman du début à la fin. Réticence par rapport à certains arcs narratifs et la fin m’a cependant beaucoup déçu. Sauf que le roman fait de la déception sa pièce maîtresse, pouvait-il finir autrement?
Profile Image for Manon Auger.
Author 3 books26 followers
November 16, 2020
C'est l'histoire de deux hommes atteints de neurasthénie qui veulent mourir sans y parvenir. À la fin, tout le monde explose. On peut dire que ça finit bien.
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180 reviews
May 28, 2021
Un bon 4.5! Un livre qui nous transporte vraiment ailleurs et qui fait réfléchir. À des kilomètres de ce que j’ai pu lire dernièrement et une critique pertinente des folies colonialistes de l’homme blanc. Très belle plume!
Profile Image for Ariane.
75 reviews
January 8, 2021
« Frappés par le fourmillement noir des quais de bois, passagers et passagères franchissaient avec hésitation la passerelle de débarquement, les uns après les autres, par groupes timides, ébahis par ces corps noirs qu'ils ne connaissaient qu'à peine et qui marchaient, couraient, parlaient, criaient, regardaient autrement et pourtant étaient, cela se voyait au premier coup d'oeil - certains avaient espéré que ce ne fût pas le cas-, indéniablement humains. » -p. 23

Ma critique peu originale s'ajoute au nombreux avis dithyrambiques qui fusent de partout depuis sa sortie: c'est rien de moins qu'un chef-d'œuvre. On plonge dans cette épopée lugubre, envoûtante, tragique et cruellement magique sans ne plus pouvoir sortir la tête de l'eau avant de l'avoir terminé. Le livre nous met dans une sorte d'état second, où on ne peut lutter contre la beauté sombre du récit. On rencontre des personnages inquiétants, séduisants, irrésistibles, splendides, ou encore tout ça en même temps.

L'écriture est d'une incroyable efficacité, les mots coulent doucement comme de l'eau, une eau si forte et puissante de contenu, mais dont on ne perçoit pas la lourdeur. Je sais que l'auteur a dû faire de nombreuses recherches pour écrire cet ouvrage d'une ampleur phénoménale, mais c'est que ça ne paraît pas. Les mots s'emboîtent comme un casse-tête, ils forment une fresque si naturelle qu'on a l'impression que l'auteur n'a pas eu à fournir d'efforts, alors que c'est probablement tout le contraire. Ce livre instruit dans l'ombre, sans que personne ne s'en rende compte. Je n'avais pas entre mes mains la stérilité d'un mémoire de maîtrise, ce qui est souvent ma crainte quand il est question d'une profonde recherche, mais plutôt cette œuvre étrange, vaporeuse, captivante, presque ensorcelante. J'avais ce besoin incontrôlable de continuer ma lecture, de me laisser prendre au jeu. Et de m'émouvoir complètement de sa beauté draconienne.

La sexualité et l'érotisme ont une place importante dans l'histoire. J'ai entendu plusieurs commentaires concernant le fait que c'est ce qui rendait le livre vulgaire, voire béotien, mais je ne suis vraiment pas d'accord. La sexualité joue un rôle prépondérant, c'est pratiquement un personnage en soi. Ses manifestations sont extrêmement éloquentes d'une symbolique toute en souplesse, mais surtout nécessaire. J'ai trouvé que sans cet érotisme, parfois sanguinolent, parfois tendre, mais toujours aussi enchanteur, il aurait manqué cette profondeur qui fait que les émotions traversent les pages pour prendre vie.

Tous les personnages sont intéressants dans l'histoire, on a tous envie de les suivre et de savoir ce qui leur arrive, sans inégalité et sans préférence. C'est leur histoire, histoire collective qui rassemble et unit, mais sépare brutalement aussi. C'est un scrapbook d'images fortes et transcendantes, dont le style rappelle agréablement les plus grands auteurs du symbolisme (dont plusieurs se retrouvent curieusement à l'intérieur même du livre). Cet amour de la littérature dépose soigneusement ici et là quelques touches toutes personnelles et transpose dans un monde de lettres délirant.

Je pense qu'en 2021, c'est important de lire cette oeuvre. Le racisme n'est plus un sujet tabou, et je pense que d'en raconter une branche de l'histoire permet de continuer la lutte contre ce fléau aussi vieux que le monde, même si là n'était pas forcément l'objectif de l'auteur.

Les livres publiés chez La Peuplade ne me déçoivent jamais. Ils ont tous cette singularité, cette souffrance intérieure, cette nature vivante, cette atmosphère envoûtante, ce lyrisme étourdissant, dont je suis complètement dépendante.

Un roman à lire, à relire et à endoctriner les autres dans cette belle folie humaine.
Profile Image for Jason Béliveau.
89 reviews5 followers
August 1, 2020
Suis soufflé par l'écriture et la charge épique, petit frère de Heart of Darkness, et c'est sûrement le roman « québécois » (Kawczak est Français mais habite la province) le plus pété et ambitieux qu'il m'ait été donné de lire depuis longtemps (La constellation du Lynx?). Une érudition perverse, traversée d'amour et de sensibilité, est visiblement à l'œuvre, et je conseille aux perplexes de continuer leur lecture, de persévérer tel Pierre Claes dans cette jungle d'un phrasé à la fois séduisant et vénéneux. Ça vaut l'effort, bien que j'aurais aimé que le finale soit un peu moins expéditive. À lire en programme double avec The Lost City of Z de David Grann, au sujet de l'explorateur anglais Percy Fawcett, présumé mort dans la forêt amazonienne à le recherche d'une ancienne cité indigène perdue.

Je suggère fortement, ça fait rudement du bien après la lecture de XX courts romans québécois d'apprentissage.
Profile Image for Anthony Leduc.
59 reviews5 followers
September 13, 2020
Ce n'est pas le livre le plus narrativement intéressant, mais la prose est exaltée, brûlante et horrifiante: comme le Congo colonial dans lequel Kawczak nous plonge.

J'ai eu beaucoup de plaisir à suivre les délires de malaria de ces Belges damnés, leur fascination pour la mort.

Le propos sur le colonialisme et le «suicide» de la civilisation occidentale sont aussi bien présentés et de manière frappante...sans tomber dans le moralisme.

Bref, une merveilleuse plume, mais un roman qui me laisse un peu tiède. Je vais quand même suivre ce que fera cet auteur pour la suite.
Profile Image for Nicolas Arseneault.
459 reviews16 followers
March 2, 2020
Hypnotisant. Savoureux. Érotique. Ténébreux.
Le style de Paul Kawczak est remarquable.
Je n'avais jamais lu de livre comme celui-ci, il est unique.
Un livre qu'on peut lire, et relire et relire avec toujours autant de plaisir!
Profile Image for Jo.
1,217 reviews223 followers
September 26, 2021
Il existe des romans dont on sait que l’étrange goût va longuement nous rester en bouche : celui-ci en fait partie.
C’est un espèce de bad-trip ultime, blindé de mysticisme et de symboles. J’en ressors paumé et étourdi mais avec la puissante sensation d’avoir voyagé.
Fascinant !
Profile Image for Tessa.
296 reviews
March 12, 2022
L'accueil délirant de la presse québécoise pour ce "roman" me sidère. Je constate heureusement que plusieurs lecteurs de GoodReads partagent mon dédain pour cet ouvrage.

Vous cherchez une livre qui vous explique les ravages de la civilisation moderne sur la colonisation du Congo? Je vous suggère : Congo, une histoire de David Van Reybrouck. Une somme publiée chez Acte Sud en 2012 (Prix Médicis essai 2012, Prix littéraire AKO, Prix d'histoire Libris, Prix du meilleur livre étranger en France). Avec Van Reybrouck, on parle véritablement de l'histoire du Congo, des premiers chasseurs d'esclaves à la venue au pouvoir des Mobutu et Kabila.

Quant à Kawczak, il peut aller se rhabiller avec ses sorciers chinois, son dépeçage de peau humaine, ses histoires de sexe malsaines, ses personnages qui volent dans le ciel et la peine d'amour incurable d'un médecin qui se saoule avec Verlaine.

Tant d'incohérences qui n'ont pas été relevées par nos critiques littéraires m'étonnent aussi. Par exemple, comment deux personnes qui se rencontrent et ne comprennent rien dans la langue de l'autre peuvent en quelques minutes discourir des nuits de temps? Comment peut-on, dans le fin fond du Congo s'approvisionner en Opium pour en consommer tous les jours des semaines durant? Comment une jeune fille puritaine réussi à tromper la vigilance de ses parents un premier soir pour ensuite aller baiser tous les soirs avec son amant le pasteur McAlpine? On met ça sur le compte du fantastique?

Je veux bien que ce roman dont la classification défie tout entendement - historico-fantastico-macabro-romantique - ratisse large mais comme dit le proverbe, qui trop embrasse mal étreint. il y a tellement trop de tout que ça donne mal au coeur.

Ceci étant dit, si Kawczak peut contenir un peu son délire dans une prochaine publication, on pourra parler d'une écriture maîtrisée.
Profile Image for Emeric Pare.
25 reviews4 followers
January 14, 2024
Une histoire très bien fisselée et une écriture paufinée. On comprend bien pourquoi l’oeuvre a gagné autant de prix. J’y ai été accroché dès les premières pages. Cela dit, la fin est plutôt « gore ». À ne pas lire si vous avez le coeur sensible, car on n’y va pas de main morte avec les détails sanguinaires de la colonisation écoeurante du Congo belge.
Profile Image for Audrey-Anne Trudel.
53 reviews
February 21, 2021
Merveilleusement bien écrit. L'auteur nous fait voyager au coeur du continent africain et de l'âme humaine, au fond de sa noirceur et de sa sensualité. Fascinant!
4 reviews2 followers
February 3, 2021
Lire et finir ce livre fut une torture. En théorie, ça aurait pu être un bon livre, de par ses thèmes. Le style, la narration et la structure du livre alourdissent énormément ce roman et on en perd le fil plusieurs fois. Rien ne semble se passer. La promesse des décors splendides et des horreurs du Congo n’était pas au rendez-vous.
Profile Image for Madeleine LeBlanc.
293 reviews17 followers
February 23, 2021
Assez hallucinant comme histoire. Assez virtuose aussi comme écriture. Il me semble par contre que la 2e partie n'ajoute pas grand-chose à la première. Juste un peu trop dark aussi pour que je donne 5 étoiles.
Profile Image for Jules-Valéry Perras-Foisy.
26 reviews
November 18, 2021
J'ai été généreux dans mon classement. Ténèbre s'emploie habituellement au pluriel. Paul Kawczak a choisi la forme du singulier pour intituler son ouvrage. Un singulier qui veut sans doute être annonciateur d'une singularité de l'ouvrage. La justifiant peut être par la transcription littérale des idéogrammes qui ornent la cassette de Xi Xiao. Cet étui en bois contient les ustensiles qui lui permettent de se livrer à son art : le tatouage et la découpe des corps humains.
Xi Xiao est un bourreau expatrié de sa lointaine patrie, la Chine. Son art est celui de la lecture des destinées dans les lambeaux de chair qu'il découpent sur les corps de ses suppliciés. L'excellence de son art consistant à retirer peau et organes en conservant le sujet en vie le plus longtemps possible. Je ne vais pas dire que cet ouvrage m'a comblé d'aise, loin s'en faut. Pas seulement à cause de ce qui précède mais aussi du fait de son style et de sa construction. Mais bien entendu, c'est l'effet recherché.
Ce maître du dépeçage à vif intervient dans des circonstances et vers un objectif qui ne m'ont pas permis de comprendre la relation de cause à effet. Pierre Claes, géomètre missionné par le roi Léopold II de Belgique pour déterminer les limites de ses possessions africaines, s'est attaché les services de Xi Xiao, personnage pour le moins singulier, en qualité de factotum pour gérer l'intendance de ses expéditions. Se tisse alors entre les deux hommes une curieuse relation, une forme d'attraction vers un avenir de perdition, laquelle attraction se qualifie d'amoureuse, et dont l'accomplissement ne serait ni plus ni moins qu'une mort programmée concomitante, par dépeçage. La conception est pour le moins déroutante. Mysticisme morbide dont on imagine attribuer l'origine au passé calamiteux des protagonistes lesquels pensaient gagner leur rédemption en se dévouant à leur pays dans son entreprise de colonisation. Ladite entreprise dévoilant ses aspects sordides - racisme, maltraitance des africains, appropriation des ressources naturelles - les enfoncerait dans la désespérance en l'espèce humaine. Les précipitant vers une fin convoitée, libératrice des affres de ce monde.
Le style est aussi obscur que l'intention. Elliptique, métaphorique, il fait usage de tous les artifices et tournures qui l'enlisent dans un suggestif labyrinthique. Pour verser dans une forme de mysticisme divinatoire et abandonner son lecteur dans les méandres d'une intrigue aussi inextricable que la forêt vierge qui lui sert de décor. Avec des allers et retours dans le désordre du passé des protagonistes, mettant à mal la compréhension, par moi, de la chronologique des faits.
Le contexte historique étant celui de la colonisation de l'Afrique au XIXème siècle, avec en particulier le traçage des limites des possessions que se disputent les voraces nations colonisatrices, sombre découpage qui n'est pas sans rappeler celui des corps auquel se livre le bourreau chinois, l'auteur n'a pas de mots assez durs pour condamner ce triste chapitre de l'histoire de l'Europe.
Je n'ai donc pas adhéré à la conception résolument moderne de cet ouvrage. Outre cet élan irrépressible du héros, Pierre Claes - c'est quand même lui le héros, on l'oublie parfois tant les digressions sont longues et dispersantes - vers son bourreau, sa quête d'une fin masochiste par dépeçage son style et sa construction m'ont rendu sa lecture laborieuse. Au point d'en perdre la finalité et surtout le goût. Même si je me suis accroché pour terminer ce premier roman, j'avoue qu'il me rend méfiant à l'égard de cet auteur s'il devait récidiver. Ce qui me paraît probable vu l'accueil qui lui a été globalement réservé, et dont je me démarque. On ne peut pas plaire à tout le monde.
Profile Image for Fábio de Carvalho.
234 reviews13 followers
November 30, 2020
Il y a quelque chose de très romantique dans l'immensité de la jungle et l'incapacité de l'humain à la dompter et dans le destin tragique des personnages (mentionné dès le début, c'est pas un spoiler). Ténèbre est un roman extrêmement cruel. On y lit les dégueulasserie du colonialisme et du racisme au Congo dans ses détails les plus morbides, puis c'est toujours fait avec une espèce de résignation qui est triste à en mourir, mais qui est quand même à propos.
Pour toutes ses ténèbres, le roman de Paul Kawczak présente quand même beaucoup d'amour, ce qui fait que, quand ça vire à une fin terriblement cauchemardesque, ça fesse quand même, parce qu'on a quand même l'impression pendant longtemps que c'est un roman dans lequel l'émotion va triompher au final de manière positive, malgré un monde où tout nous afflige. D'un côté, c'est un trope qui me lâsse énormément, donc je suis content qu'il ait été un peu évité, mais d'un autre côté, j'étais horrifié rendu à la dernière page, puis j'avais pas le goût de feeler de même.

C'était tout de même franchement bon.
Profile Image for Catherine Dubé.
108 reviews12 followers
February 24, 2021
Dans Ténèbre, on incise les continents comme les corps. Les chimpanzés parlent d'amour et versent des larmes, un serpent n'est jamais bien loin. L'écriture est magnifique, oscille entre le sublime et l'horrible. Le parfum des fleurs émane, le sang et le sperme jaillissent, les corps sont démembrés. Dans les pages de Ténèbre se côtoient le réalisme magique, les délires hallucinés d'une lignée condamnée à se donner la mort et le colonialisme génocidaire du roi Léopold (bien réel, celui-là). Une lecture envoûtante, atroce, viscérale. On est quand même un peu soulagé à l'arrivée du dénouement, qui se fait attendre vers la fin.


Avertissement: Le récit se déroule en bonne partie sur le territoire du Congo colonisé par la Belgique à la fin du 19e siècle. Les personnages empruntent le vocabulaire qui était d'usage à l'époque. Soyez-en averti.e.s.
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