Esther, c'est une histoire d'amour(s) au temps des robots. Un roman à mi-chemin de Blade runner et d'un film de Chabrol. Anton et Maxine forment un couple sans histoires, doucement consumé par la routine. Une nuit, en rentrant d'un dîner, ils découvrent par hasard une lovebot, poupée sexuelle animée et douée d'intelligence artificielle, abandonnée aux ordures. L'irruption dans leurs vies de ce corps, programmé pour le plaisir mais martyrisé dans sa chair synthétique, va bien vite bousculer leur intimité. Mais tandis que la créature retrouve peu à peu vie et révèle des fragments de son passé, ils ne se doutent pas encore que les épreuves qu'elle a traversées la rendent exceptionnelle, et en font la proie d'une traque insoupçonnée.
On me l'avait recommandé à la suite d'un intérêt que j'avais manifesté pour l'idée d'androides qui commenceraient à manifester des emotions dans le cadre fictionnel, après avoir joué à Detroit Become Human que j'avais adoré
Et bien, assez déçue. Le début m'a entraînée, mais l'excès de scènes sexuelles inutiles qu'on tente de légitimer au travers de l'histoire de ce robot initialement désigné à des fins de service est vraiment...incohérent. On y croirait presque que l'auteur cherchait à s'offrir un plaisir dans la lecture. Et le langage stéréotypé des ado, les références clichées qu'on tente de faire passer sous couvert d'une naïveté d'Esther, ça donne selon moi une écriture répétitive et peu pertinente. Aucun suspens sur l'enquête évidemment, et je crois que cela était volontaire pour se concentrer sur la découverte des sentiments d' Esther ou la crise existentielle du couple, mais c'était mal géré. J'ai vraiment essayé, mais grosse déception
J'ai découvert ce roman lors d'un live organisé par le VLEEL (ou Varions Les Éditions en Live), pendant l'un des nombreux confinements (le premier ? le deuxième ? allez savoir). Le résumé m'a tout de suite intrigué et en grande fan d'anticipation (cf les 3/4 de mes lectures), j'ai tout de suite cliqué sur "acheter" (encore une fois, si mon banquier passe par là, c'est la faute du vleel). Une famille tranquille, un love-bot ou "Synthétique" travailleur du sexe, de l'espionnage industriel (une chouille, vraiment), une enquête policière et une intrigue dans un futur qui semble bien trop proche, voilà ce que nous promet Esther. Messieurs Dames, vous reprendrez bien une part de cyprine (pardon) ? Vous l'avez lu dans le résumé, Anton et Maxine décident un jour de se promener volontairement dans une ruelle sombre et mal famée (en fait ils rentraient d'un dîner mais c'était plus palpitant de dire ça). Quel surprise lorsqu'ils découvrent au pied des poubelles une masse humaine (qu'ils croient) aux multiples plaies, saccage macabre d'une entité non pas Organique (les humains donc) mais bien Synthétique. À leur pied git Esther, un robot dernière génération de Synthetic Industries, créé pour assouvir les besoins sexuels de ses utilisateur.ices. Dans cette société où le service public n'est plus qu'un souvenir lointain, remplacé par des sociétés privées qui régissent le monde (voilà à quoi vous attendre si on commence à privatiser toutes nos institutions), Anton décide de ramener Esther dans la demeure familiale (enfin la cabane de jardin, imaginez un peu la tête de Maxine si elle s'en était rendue compte). ainsi que débute notre histoire, et entre alors cette love-bot dans la vie de nos protagonistes. Elle prend une place à part entière dans ce couple qui bat de l'aile, frappé par la routine, où la vie sexuelle n'est plus qu'un lointain souvenir et porte le nom de Paul (leur fils). Mais Esther a de lourds secrets, comme en témoignent ses innombrables blessures ; et une course contre la montre s'enclenche quand les sbires de son créateur tentent de la récupérer. Autour de cela circonvoluent de nombreuses intrigues secondaires qui s’ancrent dans une société dystopique où les entités robotiques prennent une part de plus en plus grande dans notre vie : ils sont partout et tendent à remplacer peu à peu les salariés organiques (un peu comme quand ils ont dit "alala les radiologues je les aime bien mais dans 20-30 ans il n'y en aura plus", bah écoutez pour l'instant on n'y est pas encore). L'auteur écrit bien, narre bien et décrit bien : là est l'art et la manière de porter un lecteur à une réflexion poussée. Cette dernière n'est pas forcément la plus novatrice, mais elle est savamment amenée : la place du robot dans la civilisation humaine ? Un esclave, un jouet, un défouloir. Mais est-ce vraiment éthique ? Avons-nous le droit de nous en prendre à ces créations qui, grâce aux technologies modernes de l'IA (pour Intelligence Artificielle) tendent à devenir de plus en plus singulières ? Que se passe-t-il si cette entité se retrouve alors dotée d'une propre conscience et d'une propre volonté, et que cette dernière cause soit dommageable aux entités humaines ? Ce récit est rythmé par l'évolution d'Esther, qui, sous l'influence d'un apprentissage dirigé par l'observation des mœurs des Organiques acquiert des capacités d'émotion quasi humaine ; avec le lot de déboires que cela comporte. Réflexion personnelle, qu'en est-il de l'appellation Love Bot ? Est-elle volontaire, puisque ce robot n'est censé représenter qu'un accessoire de sexe ? Quand on y réfléchit bien, Frank Yalda, le créateur de Synthetic Industries, semble porter une attention bien plus particulière à ses robots, et éprouve parfois même un amour étrange pour ses créations, à la manière d'un scientifique fou ; et ces dernières, d'un réalisme fantastique, pourraient remplacer des Organiques en tant que love interest. Pour finir, et même s'il y a encore beaucoup de choses à dire sur ce livre (vous m'excuserez mais mon cerveau ne marche plus très bien, j'aurai eu besoin d'un petit coup de main IA pour tout analyser), ce roman est une fiction scientifique effrayante, qui aborde de nombreux sujets intéressants comme la place des robots dans nos sociétés, les violences, la vie conjugale et ses déboires, la mégalomanie des grands de ce monde ; bref, une bonne compotée de sujets qui fonctionnent, excellemment décrits sous la plume d'Olivier Bruneau. À la fois corrosive et lascive, elle fait autant monter le feu aux joues qu'elle détruit un cœur d'une haine pour l'homme (avec un petit h car aucune femme n'a été aussi exécrable que TOUS les hommes de ce bouquin), rendant encore plus vivace la lecture.
Formidable roman d'anticipation qui aborde la question de la relation Homme/robot, la sexualité, les relations de couple, la confiance,... On suit les personnages avec grand intérêt sur ces 500 pages de lecture. Très bonne lecture d'été !
Inquiétant et addictif, Esther raconte l’histoire d’une société où les robots sont omniprésents et permettent de souligner les échecs des humains. Un coup de cœur mécanique, à la fois thriller et dystopie, plein de réflexions intenses et percutantes. J’ai adoré !