« Il aurait voulu être un patriarche. Il n’a été qu’un bon père. Au fond de lui sommeille un petit dictateur qu’il aurait aimé nourrir pour devenir le genre d’homme que l’on craint déjà derrière la porte. Cette assurance que le pouvoir confère et qu’annonce un pas souverain avant d’entrer dans une pièce. Ceux qu’on redoute même quand ils sourient. Il aurait voulu être plus tout et moins quelque chose. Plus riche et moins pauvre en fait. »
Dans ce roman autobiographique, Saphia Azzeddine nous livre l’histoire de son père. Cet enfant élevé par des femmes au beau milieu de la plus grande palmeraie du Maroc, alors sous protectorat, qui débarquera jeune homme, comme beaucoup dans les années 1960, à Paris pour se faire une place. Mais il ne la trouvera jamais vraiment. Entre deux pays, deux cultures, à la fois fier et honteux, tour à tour infirmer, couturier, c’est en père au foyer qu’il sera le plus heureux et se donnera corps et âme à l’éducation de sa fille, son trésor. Avec beaucoup de piquant, d’émotions et d’humilité, Saphia Azzeddine retrace sa relation avec son père, ses moments de grâce, ses rébellions et ses excès.
J'aime beaucoup Saphia Azzeddine dont je trouve la parole nécessaire et les romans importants. Mon père en doute encore est estampillé "roman" sur la couverture. Mais cela ressemble davantage à un roman autobiographique, ou biographique plutôt, dans lequel le père est le personnage central et Saphia la biographe. Alors si la forme m'a un peu dérangé quelque fois car les biographies des personnages inconnus ne m'intéressent pas vraiment, le fond du texte est touchant car c'est une déclaration d'amour sincère d'une fille à son père. C'est aussi une leçon pour le lecteur.
Mais quelle beauté, quel coup de cœur absolu pour ce livre !
Saphia Azzeddine raconte son père, son enfance au Maroc, son arrivée en France et sa famille. Un livre comme une déclaration d’amour, comme un « merci de nous avoir aimés et de nous avoir grandis »
Une histoire de famille avec le Maroc, la France, l’amour des autres, les colères aussi, l’immigration. Un portrait aux milles parfums et couleurs, plein d’humour aux running gags amusants-lassants-et ré-amusants, plein de tendresse et de gratitude.
BANGER, j'ai savouré chaque chapitres, chaque mots, chaque syllabes
"Oui je sais, toi Papa si tu avais eu la chance d'aller chez le dentiste, tu aurais des dents blanches et alignées. Et tu n'aurais pas honte à rire à pleine bouche devant d'autres pères qui y sont allés, eux. Et qui ne savent pas non plus quelle chance ils ont eue."
Un hommage fulgurant à son père, son histoire, sa résilience, le profond amour qu'il a pour sa famille. Un livre qui a remué en moi plusieurs émotions.