"J'ai tenté de masquer ma douleur en l'enveloppant de belles formules. Certains se taisent et entourent de discrétion leur drame (...) D'autres, comme moi, trouvent dans l'urgence de dire quelque apaisement." Il est des livres qui se lisent comme une lettre d'amour. Juin 98, Edith Fournier et Michel Moreau entrent dans la soixantaine. Quelques signes avant-coureurs et un diagnostique qui vient confimer le pire, Michel est atteint d'une dégénérescence neurologique foudroyante combinant la maladie d'Alzheimer et celle de Parkinson.
Cette maladie fait de lui un cas lourd dont la condition impose d'évidence un hébergement en établissement médicalisé. Et pourtant. Sans présumer de son état à venir, sa femme témoigne dans ce livre de son refus de l'hébergement qui aura duré sept ans.
Arrive la peine, le deuil, puis la tendresse qui revient, plus forte encore. L'amour aussi. Le temps passant, la dégénérescence s'accentue. Et si le bonheur était une histoire à redéfinir?
J'AI COMMENCE MON ETERNITE est un témoignage troublant et d'une rare beauté sur cette réalité douloureuse qu'est la vie de chaque jour avec un grand malade. Un malade qui, dans ce cas précis, a été, et demeure, l'amour d'une vie. Parce qu'il y a parfois urgence de dire quelque apaisement.
J'ai mis plus d'un an à le lire. Pas par manque d'intérêt. Mais le parcours d'Edith Fournier dans l'accompagnement de son conjoint malade se prend à petites bouchées. Probablement comme se digère à petites bouchées l'expérience même de l'accompagnement. A mettre entre les mains de ceux et celles qui accompagnent un conjoint atteint d'une maladie neurodégénérative. Livre à pleurer, à souligner, à méditer. Livre miroir qui fait ressurgir la peine d' endroits où on ignorait qu'elle était enfouie, qui soulage parce qu'émerge également et très souvent un "elle aussi" qui allège la solitude et déculpabilise. Un très beau livre.
Ce récit est bouleversant! Que de courage ceci a du prendre à cette auteur pour s'ouvrir de cette façon! Beaucoup de gens vivent ce chemin déchirant avec un proche. Point à retenir: ne jamais jugé l'aidant qui fait don de soi! La culpabilité n'a pas de place dans ce lieu où l'on s'oublie pour l'autre. J'ai vraiment apprécié l'honnêteté de cette femme, je suis certaine que son histoire sera prémordiale pour des milliers de gens! Merci!