La crise de la société française – et des sociétés occidentales en général – conduit à se poser une question de fond : faut-il envisager la disparition du système démocratique ? Et, par voie de conséquence, quel système serait alors susceptible de le remplacer ?Cet ouvrage combine l’analyse instantanée et l’étude des processus de longue durée pour envisager la situation de la politique et de l’économie et l’évolution des structures familiales. De ce travail d’investigation se dégagent, entre autres thèmes, le caractère fondamentalement religieux de la crise actuelle (le religieux étant considéré comme structurant la société), le pessimisme culturel ambiant (conséquence de la stagnation éducative), la réapparition d’une stratification de la société (l’ascenseur social cher à la démocratie fait place à l’instauration d’une nouvelle oligarchie), l’impact du libre-échange provoqué par la mondialisation, la possibilité d’une réémergence de la lutte des classes (conséquence de la disparition des classes moyennes)…Dans ce nouvel ouvrage qui ne ménage personne dans aucun camp, Emmanuel Todd brille une fois de plus dans son rôle d’historien et d’observateur et se passionne pour ce sujet essentiel : où va notre société ? --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.
Emmanuel Todd is a French historian, anthropologist, demographer, sociologist and political scientist at the National Institute of Demographic Studies (INED) in Paris. His research examines the different types of families worldwide and how there are matching beliefs, ideologies and political systems, and the historical events involving these things.
Il est certain que Emmanuel Todd est quelqu'un d'intelligent, capable de brasser des connaissances dans de multiples domaines. A la lecture de Après la démocratie, il apparaît aussi certain que l'auteur en est parfaitement conscient. Le ton du livre trahit en effet une certaine suffisance et une certaine certitude de ce qui est à faire et de ce qui n'est pas à faire. L'analyse repose essentiellement, si ce n'est totalement, sur l'anthropologie et laisse le lecteur autant impressionné par sa clairvoyance qu'il le laisse parfois dubitatif, d'autant que nombre d'affirmations n'apparaissent pas démontrées ou expliquées. Mais cela manque de sens critique. Ainsi quand il fait référence aux travaux de Schoenbaum sur la société allemande sous le IIIe Reich sans se demander si les autres historiens du IIIe Reich, à commencer par Ian Kershaw, jugent ces analyses pertinentes. Autre exemple, p.146 de l'édition de poche, il parle de l'incapacité de la classe politique à enrayer la baisse du niveau de vie. Or, et je rappelle que le livre date de 2008, le PIB/habitant fléchit à peine après une hausse ininterrompue depuis 1993, année de la dernière baisse. Surtout, encore une fois en 2008, le rapport entre les 10% des salaires les plus hauts et les 10% les plus bas a recommencé à baisser après avoir augmenté seulement en 2007. En fait ce rapport ne fait que baisser depuis 2000. Sans doute Emmanuel Todd voulait parler de sentiment de baisse du niveau de vie. Dans les mêmes parages (p.149), il écrit que Sarkozy "s'apprête à se venger de ses complexes scolaires en diminuant le nombre des enseignants". Indépendamment des sentiments que peut générer Sarkozy (je précise que je ne l'aime pas), gageons que cette phrase n'a rien de scientifique et tient plutôt de la psychologie de comptoir. Si elle n'est pas à prendre au sérieux, elle tient plus du pamphlet politique de mauvaise qualité que de l'essai d'analyse. A côté de cela, il y a bien sûr des idées géniales, comme le lien entre la passion égalitaire française et les modalités d'héritages pratiquées dans le Bassin parisien. Il a aussi le mérite de proposer une solution - le protectionnisme européen. Reste que je suis loin d'être convaincu par le contenu et ses prédictions ne sont pas réalisées et même l'histoire a pris un tournant différent dans le cas des Etats-Unis, dont Todd ne cesse d'annoncer le déclin (à tout le moins celui-ci est ressenti à défaut d'être réel), mais n'avait pas prévu le tournant protectionniste trumpien.
Ecrit en 2008, ce livre a une saveur particulière en 2012. Charge violente contre le sarkozisme, Emmanuel Todd présente ce président comme un symptôme de l'état de la société française et d'une crise démocratique. Partant de ce constat, il développe son discours pour positionner le moment Sarkozy dans une perspective historique et sociologique. Bien que les arguments et les faits semblent lui donner raison, il est difficile de tirer une véritable analyse de ce livre. Beaucoup de choses sont affirmées et mises en relation sous la seule foi de l'auteur. Les idées sont intéressantes, mais les bases semblent parfois faibles —ou du moins me l'ont semblé. Alors de là à en tirer des perspectives pour l'avenir... Ce livre n'est reste pas moins intéressant et donne envie d'aller creuser plus loin, ce qui est déjà pas mal.
Comme dans tous les livres d Emmanuel Todd, des idées brillantes étayées par des faits. On doit cependant cette fois regretter des attaques tous azimuths (y compris sur ses anciens amis 'nationaux républicains'), l incohérence de sa nouvelle prise de position pro-européenne, et surtout le faible developpement donné au sujet de fonds qui était le recul de la democratie dans les pays occidentaux. Sur un sujet bien lancé par Galbraith dans son dernier livre, on reste malheureusement sur sa faim!
Une lecture salutaire meme si certaines analyses auraient méritée d'être plus poussée car on sent parfois confronté à l'énnoncé de vérités non-démontrées. La conclusion qui identifie le protectionnisme comme le seul moyen de sauver la democratie dans un monde qui voit une telle divergence entre la territorialité économique (mondiale en ce moment) et la territorialité politique (nationale tout au plus) a le mérite de présenter une voie de sortie.
Un premier chapitre de défoulement très réussi sur Sarko. Très bien écrit et réjouissant, même si le style entièrement à charge empêche de se concentrer sur l'argumentaire. Toutefois il faut reconnaître qu'écrire ce chapitre en 2008 c'était aller à contre-courant. Hé oui, on oublie bien vite la sarkolâtrie des élites et des médias de l'époque.
La suite est un peu plus roborative. En particulier j'ai retenu des considérations très intéressantes sur l'égalitarisme et son origine.
Emmanuel Todd pense en effet que la structure familiale est déterminante. La famille nucléaire crée des égaux qui doivent s'installer à l'extérieur et partager également l'héritage. Alors que la famille souche bénéficie à un héritier unique qui en restant au sein du domaine a tendance à être plus conformiste.
Par ailleurs la notion d'égalité se forme souvent entre pairs, ce qui suppose donc en creux une inégalité avec ceux qui ne sont pas reconnus comme tels.