What do you think?
Rate this book
Le Livre des anges, suivi de La Nuit spirituelle et de Carnet d'une allumeuse
La vie de Lydie Dattas à laquelle son oeuvre est intimement liée est en vérité peu banale : née en 1949, fille du musicien Jean Dattas, organiste de Notre-Dame de Paris, elle écrit très tôt des poèmes et connaît sa première publication à 20 ans au Mercure de France, elle épouse à 23 ans Alexandre Bouglione, se lie d'amitié avec Jean Genet, rencontre Jean Grosjean qui préfacera son livre majeur Le livre des anges, correspond avec Ernst Jünger, avant de partager le chemin de Christian Bobin. Le volume que nous proposons donne bien sûr à lire ce Livre des anges dont la parution eut en son temps un large écho en raison de sa puissance lyrique et de la tonalité étrange du propos entre mysticisme, sensualité et féminité revendiquée. Nous y adjoignons deux livres qui contribuent à complexifier le jugement du lecteur sur le parcours de cette poétesse qui prétend faire prévaloir la puissance du coeur sur le prestige de l'intelligence, et qu'on réduirait en l'enfermant dans le simple registre d'une mystique contemporaine : La nuit spirituelle, écho de ses relations ambivalentes et tourmentées avec Jean Genet, et le récent Carnet d'une allumeuse (ici dans une version nouvelle) qui d'une autre façon revendique la force créatrice de la femme et dénonce les malentendus qui contribuent à la nier en l'enfermant dans le statut d'objet de séduction et de plaisir. Dans un article de La Croix Patrick Kéchichian a justement situé cette poésie entre "mystère et fureur". C'est naturellement Christian Bobin qui offre une magnifique et inspirée préface à cet ensemble poétique insolite et de haute intensité.
266 pages, Paperback
First published January 1, 2003
2 people are currently reading
28 people want to read
Ratings & Reviews
Friends & Following
Create a free account to discover what your friends think of this book!
Community Reviews
Displaying 1 - 5 of 5 reviews
February 18, 2021
Trois recueils très différents, si ce n'est qu'ils partagent une thématique commune : le poids de la beauté.
Le Livre des anges procède par infimes variations autour d'un nombre très restreint d'images (les roses, les lys, les anges, le ciel, la neige, l'éclair), et pourtant, malgré les effets de répétitions, chaque poème ou presque contient son moment de fulgurance. Je l'ai savouré à petites doses pour ne pas m'en lasser, mais j'ai été conquise par cette poésie simple et profonde, par cette symphonie mystique.
La Nuit spirituelle démontre à nouveau l'habileté de Lydie Dattas à manier le langage, et surtout à décliner subtilement un thème étroit, de sorte que ce qui commence comme une réponse teintée d'ironie à la misogynie de Jean Genet s'achève en véritable affirmation d'une poésie au féminin, qui se nourrie de cette nuit spirituelle plutôt que de la déplorer.
Carnet d'une allumeuse m'a davantage déstabilisée. Par sa violence, d'abord. Ces poèmes en effet décrivent avec cruauté et réalisme la situation des jeunes filles dans nos sociétés patriarcales (parmi les pages les plus belles et les plus dures, je retiens "Couronne d'épines"; parmi les phrases qui disent le mieux le regard masculin prédateur, celle-ci "Je m'imaginais lancée dans une chasse spirituelle : je n'étais que gibier !"). Tout ça sonne trop vrai pour ne pas faire mal. Mais je suis aussi déstabilisée par l'attitude adoptée par la voix poétique à l'égard des autres femmes ou jeunes filles. Mon édition indique que, à rebours du féminisme actuel, Lydie Dattas cherche à libérer les femmes des valeurs masculines, et tout d'abord apparemment de la pensée. Si une critique de l'intellectualisme froid et désincarné ne m'aurait pas dérangée, j'ai plus de mal avec cette poétesse qui se pose comme seule frappée du sceau terrible de la pensée parmi un troupeau sublime de jeunes filles aux grand yeux analphabètes de vaches sacrées. Il y a des pages magnifiques sur l'art du maquillage, mais il me semble qu'il traîne quand même un peu de condescendance dans tout cela. Je ne suis pas non plus à l'aise avec l'insistance sur "les vierges" et "les garces" qui parcourt certains des textes... Si Lydie Dattas a voulu chanter un nouveau féminisme, je ne suis pas sûre que ce soit le mien.
Enfin, il faut mentionner la très belle préface de Christian Bobin, fort peu instructive, il faut bien le dire, mais infiniment poétique, et qui mérite d'être lue ne serait-ce que pour cette seule phrase : "L'écriture d'un poème est le seul instrument scientifique de haute précision qui ne torture pas le réel."
Le Livre des anges procède par infimes variations autour d'un nombre très restreint d'images (les roses, les lys, les anges, le ciel, la neige, l'éclair), et pourtant, malgré les effets de répétitions, chaque poème ou presque contient son moment de fulgurance. Je l'ai savouré à petites doses pour ne pas m'en lasser, mais j'ai été conquise par cette poésie simple et profonde, par cette symphonie mystique.
La Nuit spirituelle démontre à nouveau l'habileté de Lydie Dattas à manier le langage, et surtout à décliner subtilement un thème étroit, de sorte que ce qui commence comme une réponse teintée d'ironie à la misogynie de Jean Genet s'achève en véritable affirmation d'une poésie au féminin, qui se nourrie de cette nuit spirituelle plutôt que de la déplorer.
Carnet d'une allumeuse m'a davantage déstabilisée. Par sa violence, d'abord. Ces poèmes en effet décrivent avec cruauté et réalisme la situation des jeunes filles dans nos sociétés patriarcales (parmi les pages les plus belles et les plus dures, je retiens "Couronne d'épines"; parmi les phrases qui disent le mieux le regard masculin prédateur, celle-ci "Je m'imaginais lancée dans une chasse spirituelle : je n'étais que gibier !"). Tout ça sonne trop vrai pour ne pas faire mal. Mais je suis aussi déstabilisée par l'attitude adoptée par la voix poétique à l'égard des autres femmes ou jeunes filles. Mon édition indique que, à rebours du féminisme actuel, Lydie Dattas cherche à libérer les femmes des valeurs masculines, et tout d'abord apparemment de la pensée. Si une critique de l'intellectualisme froid et désincarné ne m'aurait pas dérangée, j'ai plus de mal avec cette poétesse qui se pose comme seule frappée du sceau terrible de la pensée parmi un troupeau sublime de jeunes filles aux grand yeux analphabètes de vaches sacrées. Il y a des pages magnifiques sur l'art du maquillage, mais il me semble qu'il traîne quand même un peu de condescendance dans tout cela. Je ne suis pas non plus à l'aise avec l'insistance sur "les vierges" et "les garces" qui parcourt certains des textes... Si Lydie Dattas a voulu chanter un nouveau féminisme, je ne suis pas sûre que ce soit le mien.
Enfin, il faut mentionner la très belle préface de Christian Bobin, fort peu instructive, il faut bien le dire, mais infiniment poétique, et qui mérite d'être lue ne serait-ce que pour cette seule phrase : "L'écriture d'un poème est le seul instrument scientifique de haute précision qui ne torture pas le réel."
March 12, 2023
La première partie comporte de très beaux vers qui m'ont touché bien que je n'aie pas de croyances religieuses. J'aime les répétitions de Dattas dans le livre des anges, de vers en vers, de poèmes en poèmes, recréant petit à petit la récurence de certains motifs dans notre vie et notre psyché.
La nuit spirituelle est magnifique, mais je n'ai pas encore d'avis.
J'aime beaucoup le Carnet d'une Allumeuse, qui malgré un titre tape à l'œil, est une superbe manière de revisiter la poésie de Rimbaud au féminin, et ce qu'être femme et voyante signifie. Effectivement, madame Dattas est une Allumeuse : comme le poème voyant et à l'image de prometee, elle vient allumer du beau et du vrai.
La nuit spirituelle est magnifique, mais je n'ai pas encore d'avis.
J'aime beaucoup le Carnet d'une Allumeuse, qui malgré un titre tape à l'œil, est une superbe manière de revisiter la poésie de Rimbaud au féminin, et ce qu'être femme et voyante signifie. Effectivement, madame Dattas est une Allumeuse : comme le poème voyant et à l'image de prometee, elle vient allumer du beau et du vrai.
March 28, 2025
Si je vous parle, ce n’est pas depuis une conscience lumineuse, mais depuis cette région de l’âme tissée de nuit et d’épouvante où la pensée n’est plus la marque d’une richesse intérieure ou d’ une supériorité morale, mais la trace humiliée d’une misère spirituelle si grande qu’elle fut toujours occultée, misère d’autant plus grande qu’elle ne sait pas son nom et qu’ elle est faite précisément de l’ignorance de sa propre malédiction.
« La Nuit Spirituelle » de Lydie Dattas
« La Nuit Spirituelle » de Lydie Dattas
March 19, 2024
sauf l'atroce préface de bobin
December 13, 2023
J’ai beaucoup aimé les deux premiers recueils en revanche j’ai eu un peu plus de mal avec le dernier
Displaying 1 - 5 of 5 reviews