Les répercussions mondiales de la mort de George Floyd le 25 mai 2020 l'ont montré : plus que jamais il est utile de défendre un usage critique du mot race, celui qui permet de désigner et par là de déjouer les actualisations contemporaines de l'assignation raciale.
User de manière critique de la notion de race, c'est décider de regarder au-delà de l'expression manifeste et facilement décelable du racisme assumé. C'est saisir la forme sédimentée, ordinaire et banalisée de l'assignation raciale et la désigner comme telle, quand elle s'exprime dans une blague ou un compliment, dans une manière de se croire attentif ou au contraire de laisser glisser le lapsus, dans le regard que l'on porte ou la compétence particulière que l'on attribue. C'est ainsi expliciter et problématiser la manière dont selon les époques et les contextes, une société construit du racial. Si le mot a changé d'usage et de camp, il demeure cependant tributaire de son histoire et y recourir de manière critique fait facilement l'objet d'un retournement de discrédit. Celles et ceux qui dénoncent les logiques de racialisation sont traité·es de racistes. Celles et ceux qui mettent en lumière l'expérience minoritaire en la rapportant à celle des discriminations raciales sont accusé·es d'avoir des vues hégémoniques. Dans le même temps, les discours racialisants continuent de prospérer sous le regard indifférent de la majorité. Si le mot de race sert à révéler, y recourir est donc d'autant plus nécessaire dans le contexte français d'une République qui pense avoir réalisé son exigence d'indifférence à la race et y être parfaitement " aveugle ", " colour-blind ", dirait-on en anglais.
Un livre essentiel à la formation militante et intellectuelle, qui dit les termes et remet à leur place les racelards et autres avatars tout aussi immondes mais plus républicainement acceptables.
C'est rare de lire de la socio aussi limpide, alors bravo pour les travaux !
Texte moins facile à décrypter que l'ouvrage Pour l'intersectionnalité, que j'avais trouvé plus pédagogique.
Néanmoins l'autrice explique précisément les termes de race, d'assignation raciale, de racialisation et de racisation.
C'est très intéressant, elle s'appuie autant sur ses recherches que sur les actualités, et nous encourage à continuer à nous intéresser au sujet via une bibliographie sélective.
Petit ouvrage utile et nécessaire pour toutes les personnes qui souhaitent comprendre !
"La négation de la notion de race dans son ensemble produit […] le déni de ses effets sociaux, c'est-à-dire celui des processus sociaux de racialisation et des discriminations qui peuvent en résulter."
Ce petit ouvrage remplit sa fonction en tant que constituant de la collection Le mot est faible puisqu’il redonne son sens au mot "race" tel qu’il est employé par les universitaires et militant⸱es antiracistes. J’avais déjà une certaine connaissance de ce que l’autrice évoque à l’intérieur, mais j’ai aussi appris des choses comme la nuance entre racialisation et racisation. Un essai instructif, donc, cependant je l’ai trouvé assez complexe dans sa formulation — il fallait vraiment s’accrocher par moments.
Synthétique et clair comme de l’eau de roche. Ce serait un bon livre à faire lire à toutes celles et ceux dans les médias mainstream qui veulent préparer des débats sur la race, car on a souvent l’impression que ces personnes ne comprennent pas (ou ne veulent pas comprendre) les paroles des défenseurs et défenseuses de ce terme.
Entre un premier pas et un sujet pointu de l'importance des mots dans les luttes anti-racisme. Intéressant. Heureusement que le livre est court et permet ainsi de relire certains passages pour mieux s'en imprégner.
Un livre trop court et plutôt dense qui a le mérite de proposer un lexique précis des termes employés par les chercheur·euses travaillant la question raciale : - racialisation (terme mettant en lumière les logiques politiques et raciales produisant les catégories raciales hiérachisées dans telle/telle sté - concerne aussi les blanc·hes-) - racisation (processus par lequel un groupe dominant définit un gpe dominé comme étant une race), - privilège blanc (l'avantage hérité qui consiste à être catégoriséƒe comme blanc·he ds des stés marquées par H esclavagiste, ségrégationniste..), - transposition minoritaire (capacité d'inverser les rôles afin de prendre conscience des rapports de pouvoir structurant telle/telle situation, d'évaluer la manière dont les pratiques/paroles permettent/rendent difficile l'accès à l'égalité) - condition (noire...), - colourblindness (conçue cm idéal à atteindre, croyance en le fait que l'égalité entre les individus se fait par abstraction de leurs spécificités)
J'aurais aimé en savoir plus sur ce qu'elle reproche à Gérard Noiriel, ou plutôt sur sa réfutation des thèses de celui-ci, qui prétend que les critical race studies feraient primer la race sur d'autres catégories sociales (genre et surtout classe).
Un livre qui résume une série d'arguments qui amènent à la réutilisation du concept de race en sciences sociales. Pourquoi est ce que c'est foncièrement différent du concept essentialisant utilisé par les racistes. Pourquoi est ce qu'il faut l'utiliser pour comprendre les impensés des sciences sociales et de la gauche.
Le point négatif : une vision très universitaire et médiatique du débat politique, au détriment du milieu militant (de quelque sensibilité qu'il soit). Les dynamiques politiques sont, comme souvent dans ce genre de travaux, mises sur le banc au profit d'une vision assez déterministe et figée du monde social. Même si c'est difficile dans un petit livre comme ça, la mise à l'épingle de certains chercheurs (Noiriel notamment), qui, avec des défauts aussi, font un travail avec une perspective plus dynamique. Donc la critique contre leurs notes de blogs trahie, à mon avis, un manque de perspectives à proposer pour une alternative méthodologique.
Overall, a decent introduction to the subject for those unfamiliar. However, if the reader has experience with works in the same field, especially the US ones, might feel like a recounting of known information. Reminded me of Victor Ray's On Critical Race Theory, and perhaps McMillan Cottom's Thick, especially when it comes to the description and notes on the stereotypes for black women. Touches broadly on the ideas of "colorblindness", decolonization, and intersectionality; the topics that have been meticulously inspected in the US social justice literature over the last few years. Provides a French point of view, sure, but I would not say those parts are enough to make it stand out against similar works. As I said, a great "broad" intro for those who do not know much about the modern discourse on race.
The 3rd book in the series I read (after Patron and Féminisme), and as in the other two, the book is short but dense in useful information for people willing to be introduced to the concepts around race and racism.
The author does base herself a lot on past research work, but does also manage to transpose this to current affairs and ongoing news, especially when talking about defining and differencing race, racisation, racialisation, racial assignation, etc.
The important thing to keep, besides clarifying the different concepts, is the author's admission that "most likely it is the same for racism as for sexism: the solution lies in the recognition that, in fact, it's never resolved".