De middenklasse pikt het niet meer dat de winsten van onze samenleving zo goed als uitsluitend naar de allerrijksten gaan en komt in opstand. Burgers willen meer sociale gelijkheid, rechtvaardigheid en veiligheid, maar vinden geen gehoor bij hun regering. De gevolgen van ongeremde globalisering zijn voor iedereen goed we hebben te maken met de klimaatcrisis, met Trump, brexit, Bolsonaro, protesterende boeren en stakende leraren. De democratie, die we als vanzelfsprekend beschouwden, is in gevaar. Djaïz laat ons zien hoe we ons lot weer in eigen handen moeten nemen, door terug te keren naar een kwalitatieve, nationale democratie, en de globalisering te vertragen.
Un très bon ouvrage de réflexion sur l’évolution politico-économique de nos sociétés européennes (et la France avant toutes) face à la mondialisation ses bienfaits et la déstructuration de ses équilibres hérités des Trente Glorieuses.
Jaïz qui se veut un défenseur de la nation démocratique comme échelon central du fonctionnement du monde multipolaire, idéalise à dessein ces Trente Glorieuses et cède un peu à l’imprécation concernant le rôle de l’échelon national.
Il cède également à la facilité du vilipendage de l’Europe, construction technocratique sans contre pouvoirs asservi aux puissances capitalistes, en omettant de souligner la légitimité de cette construction neuve, originale et auxquels tous les gouvernements européens ont eu à participer, définir et orienter l’action. Il y a trois piliers européens et le rôle du Conseil Européen n’est pas des moindres. Il oublie en outre le fameux principe de subsidiarité, principe clé mais dont il faut tout de même reconnaître qu’il est rarement mis en
Il nourrit par ailleurs une réflexion très riche sur le rapport entre capitalisme et démocratie, sujet inépuisable s’il en est, et souligne l’apport de l’école autrichienne dans les prolégomènes du néolibéralisme qui émerge à l’aune de la mondialisation (distingo intéressant entre mondialisation réglementaire et technologique qui sépare les 70s et les 80s). Pour éclairer pleinement les choix opérés et la prééminence (qui donne sous sa plume comme une engeance, voire un complot) des idées libérales, il oublie de dépeindre tous les errements : 1) des démocraties lors de la tourmente des années 1930 et comment elles ont permis l’émergence sinon donné naissance au fascisme; 2) de l’Occident à partir de 1968 et l’interventionnisme de l’Etat dans toutes les sphères de l’économie avec les inefficiences corrélées.
Par ailleurs, dans l’omerta qu’il dénonce sur le manque de délibération démocratique sur les choix clés de l’Europe, il manque une partie sur le rôle des médias dans notre équation politique. On pourrait décrier le « cercle de la raison » qu’a vilipendé Seguin en son temps, mais c’est l’appauvrissement du débat politique sur plusieurs décennies qui a été la victime de cette désindustrialisation feutrée. De plus, sa critique européenne ne s’attaque pas fortement à l’élargissement irraisonnée de l’Union à des pays dont l’écart de valeurs démocratiques et de niveau de développement, juraient avec l’Europe des 12. On objectera qu’il y avait sans doute là des objectifs géopolitiques vs la Russie soviétique qui ont primé.
Il y a une certaine incantation à redonner du pouvoir aux nations dans ce cadre européen, sans qu’on sache exactement comment parvenir à ce nouvel equilibrium désiré (quel serait le bon dosage).
Enfin, la question migratoire est totalement ignorée de l’ouvrage : la décolonisation, l’immigration économique massive dans les 50-70s et le regroupement familial ont impacté très fortement la société française et en particulier les populations qui ont le plus souffert de la mondialisation, ce phénomène clef n’est pas du tout abordé.
La première partie du livre aura pour ceux qui ont fait une prepa HEC, le goût de rafraîchir les cours d’histoire et de géographie économique du XXème siècle -avec une idéalisation de Bretton Woods et un goût pour l’école de la regulation- et de les prolonger avec les différentes analyses significatives pour les années 90 2000 et 2010 (la crise de 2008 étant pour lui la date d’entrée dans le XIXeme siècle) avec l’introduction de la menace national-populiste qui prend encore plus de consistance en France depuis les crises financière, migratoire et terroriste (2015).
La mise sous tension de l’Etat Providence et de l’autonomie nationale y est dépeinte comme le résultat de la mondialisation, c’est bien sûr vrai, il décrit aussi avec insistance la tentation des élites de s’affranchir du peuple, une petite nuance près qu’on oublie de souligner pour la France, c’est le consentement à l’impôt qui reste très fort parmi ces mêmes élites, trahissant ainsi une certaine acceptation du fait de faire peuple.
La seconde partie du livre est empreinte d’un certain romantisme sur le rôle possible de la nation démocratique dans les prochaines années comme modulateur de la mondialisation, d’où le titre Slow Démocratie : rôle économique, social évidemment (et l’importance de la péréquation qui en fait la garante de l’équilibre territoriale, en faisant jouer autre notion intéressante la solidarité entre les nomades et les sédentaires) et écologique (réhabilitation des communautés dans la revalorisation des patrimoines et de la gestion des ressources à l’échelle décentralisée).
Une hiérarchie intéressante est d’ailleurs faite sur les différentes appartenances : communauté, nation, Europe où l’auteur redistribue les rôles de chacun en fonction du meilleur couple légitimité démocratique / efficacité économique. Pour renforcer son opinion en faveur de la nation, l’auteur évoque les alternatives impériales ou tribales avec le déficit démocratique que chacune de ces formes de gouvernement comporte.
Il n’abandonne pas pour autant l’idée europeenne (de même qu’il ne récuse pas la mondialisation, admettant l’impossibilité de la marche arrière) et conclut en soulignant au sujet de l’Europe les 5 principes d’unité des peuples européens : 1. La forme démocratique 2. L’attachement à l’Etat de droit et des libertés publiques (vs démocraties illibérales d’Europe de l’Est) 3. L’attachement à la redistribution au moyen de l’Etat providence (vs US) 4. L’attachement à la cohésion interterritoriale (dont on ne peut nier la prédominance au niveau nationale vs Européen) 5. L’attachement à une forme de sobriété consumériste
Le livre est une réflexion vivifiante sur l’époque que nous traversons en tentant de souligner les mutations profondes de nos sociétés et la permanence de l’idée de nation comme forme d’organisation politique centrale. l’auteur avance de nombreuses propositions pour améliorer le fonctionnement de nos états que les prochains candidats politiques seraient bien inspirés de reprendre, pêle-mêle et sans être exhaustif, citons: * Délocalisation des administrations centrales en région sinistré * Création d’une organisation mondiale de l’environnement (quid du GIEC et des COP21?) * Liste noire comme le Japon des pays non démocratiques ou non transparents auxquels il impose des restrictions particulières en matière commerciale * Initiative de T Piketty : le T-DEM mutualisation de recettes fiscales entre pays européens pour interventions spécifique pertinente à l’échelle supranationale comme l’IA la robotique les biotechs ou énergies renouvelables * Service civique universel ? * Réactivation des colonies de vacances généralistes * Élargissement du périmètre géographique de la carte scolaire pour desserrer La segmentation sociale que favorise un zonage trop étroit * Encouragement à l’actionnariat populaire avec une fiscalité avantageuse pour les petits portefeuilles * Voire dotation individuel en capital pour compenser cette inégalité qui se creuse au fil de la vie * Revitalisation de la démocratie locale (avec formation des citoyens) * Rénovation énergétique des logements en s’appuyant sur les compétences locales * Marchés publics avec clauses sociales ou environnementales (je rajouterais avec une partie dirigée vers les PME à la Small Business Act) * Certification des productions locales, monnaies locales, encouragements à la création de clusters d’activité (le retour des pôles de compétitivité avec les zones franches en plus?)
Ce livre a eu un grand succès. Il n'apporte pas d'idées réellement nouvelles, mais construit une vision en mettant bout à bout des choses que nous savons, mais entre lesquelles nous ne faisons pas le lien. L'idée que la dérégulation libérale et certains choix de la construction européenne ont placé hors du champ de la démocratie la plupart de nos choix économiques, sur lesquels il pourrait y avoir des débats féconds, par exemple, est présente chez Lordon ou Jorion ; mais D.Djaïz ajoute que de ce fait, l'enjeu se resserre sur les questions sociétales à propos desquelles les positions, passionnelles, peuvent difficilement se rapprocher par le débat, d'où l'hystérisation de notre vie politique. La sécession des riches, que ce soient les individus et les territoires, la distinction entre les nomades et les sédentaires, ne sont pas bien nouvelles non plus ; mais Djaïz passe en revue les différentes formes d'organisation (le clan, la nation, l'empire) pour dire que la nation est finalement le meilleur cadre, et le plus moderne, pour l'expression démocratique. C'est dans le cadre national que nos grands choix doivent être réinvestis, car, oui, des choix sur la nature de l'ouverture à la mondialisation sont possibles ; quant à l'Union Européenne, elle n'est pas mauvaise en elle-même mais doit revoir ses priorités. C'est la fin que je trouve la plus originale, avec le territoire comme objet de réinvestissement démocratique : c'est autour de nos territoires, leur protection (qui retrouve une nouvelle actualité avec l'écologie), leur aménagement et leur promotion, que nous pouvons retrouver du commun. Un livre stimulant car il secoue l'impuissance ambiante.
L’exposé est clair, la proposition est bonne mais trop idéaliste, penser que les nations puissent prendre le dessus sur le système économique actuel est une idée intéressante mais dans le fond légèrement enfantine. J’ai tout de même apprécié la façon dont les idées mises bout à bout sont exposées, la clarté d’écriture ainsi que la pléthore d’illustrations des arguments.