Tout créateur devrait se poser la question de savoir comment ne pas être complice, volontairement ou involontairement, des systèmes des pouvoirs. Pour cela, il est nécessaire de substituer une éthique des oeuvres à une valeur inconditionnelle de la culture.
Dans Penser dans un monde mauvais, Geoffroy de Lagasnerie proposait de placer au coeur des sciences sociales et de la philosophie la production de « savoirs oppositionnels » : comment transposer ces analyses au champ de l'art ? Dès qu'on le confronte au monde et à l'action, que l'on refuse l'autonomisation de la sphère esthétique, il est difficile de ne pas devenir sceptique sur la valeur de l'art : peut-on définir un « art oppositionnel » ? Sur quelles valeurs reposerait-il ? Contre quelles valeurs s'affirmerait-il ? Quelles relations entretiendrait alors l'artiste avec les institutions du monde culturel ?
Cet opuscule de moins d'une centaine de pages se lit assez bien et n'est pas dénué d'intérêt.
On se rend assez vite compte que l'auteur a maille à partir avec le milieu de la critique artistique, qu'il dépeint comme encrouté dans une autosatisfaction stérile.
La première moitié de l'ouvrage m'a peu convaincu : l'auteur semble poser comme des faits ses présomptions de mauvaise foi; il va jusqu'à verser dans le poncif du tout-ce-qui-est-institutionnel-est-hypocrite. Clivage, affirmations gratuites et généralisations abusives sont légion dans cet ouvrage. Nous avons l'impression d'être accompagnés d'un intellectuel un peu désabusé qui confond son cynisme avec de la clairvoyance.
Était-ce que j'avais pris un bon déjeuner lorsque j'ai repris ma lecture, la seconde moitié du livre m'est apparue franchement meilleure. J'ai notamment trouvé les réflexions sur le caractère élitiste de l'« énigmatisation artistique » bien ficelées. L'auteur nous montre assez clairement comment un art un peu plus explicite, qui exprimerait son message très clairement, serait plus démocratique qu'un art dont seuls quelques privilégiés détiennent les clés de lecture. L'auteur commence d'ailleurs à offrir quelque matière constructive à la fin de son ouvrage, ce dont on lui sait gré.
Des remarques intéressantes mais comme souvent avec de Lagasnerie, on pourrait résoudre tout ce livre avec une approche conséquentialiste de l'éthique. En l'occurrence, je trouve de surcroît l'analyse assez superficielle par endroits, notamment partout où l'auteur dit qu'on pourrait interpréter tel fait par A ou par B, et poursuit en faisant comme s'il avait démontré la pertinence de B, excluant A, alors qu'il n'a donné aucun argument.
dans ce court essai, l’auteur présente sa thèse cynique: 'l’art est une forme d’activité que l’on entreprend une fois qu’on a fait le deuil de la révolution'. si le fond m’intéresse tout particulièrement, quelque chose cloche avec la forme: trop de pistes sont abordées sans être suffisamment développées, et on saute parfois d’une conclusion à une nouvelle proposition sans réelle connexion. un ouvrage qui mériterait le double de pages, mais qui parvient tout de fois à formuler d’importantes questions éthiques sur la production et la consommation d’objets culturels.
Réflexions sur le sens de l’art, sur sa légitimité et surtout sur son utilité. Dénonciation de l’entre soi créé par l’art contemporain, de son incapacité à être accessible à toutes et tous et donc à l’exclusion qu’il génère. Réflexions sur un art éthique qui, selon lui, serait enfin un art possible et utile.
Court essai porteur d’un propos clair et d’une réelle prise de position (que je ne partage pas toujours mais qui questionne car point de vue très utilitariste de l’art).
Peut-on faire de l’art détaché de la société ? Faire de l’art pour l’art? Existe-t-il vraiment un art détaché du monde? Voici les questions de départ de ce petit livre qui offre des réflexions très intéressantes sur le sujet ainsi qu’une prise de position très claire. A relire.