Farrukh a 15 ans et rêve de se qualifier aux jeux Olympiques avec son club d'aviron. Mais Farrukh est une bacha posh, comme sont appelées les jeunes filles afghanes transformées en garçon et élevées comme tels, jusqu'à l'âge de la puberté. Si elle est découverte, c'est le déshonneur pour les siens. Elle doit également faire face aux sentiments troubles de Sohrab à son égard. Prix Sésame 2014.
Un bon roman jeunesse qui arrive à bien dépeindre la réalité d'un bacha posh (du moins, de ce que j'en ai lu jusqu'à présent), une personne née avec un vagin, mais élevé comme un homme jusqu'à l'arrivée des menstruations (ou du mariage) où alors elle doit être forcée de changer de genre et se retrouver à faire des tâches et actions auxquelles elle n'avait jamais été confronté avant. Je pense que le roman fait bien la part des choses en justifiant bien ce recoure par les parents (pour permettre une certaine liberté à leurs filles pendant un moment), sans idéaliser (loin de là) la situation.
Je pense aussi que la critique sociale est bien faite, on n'hésite pas à critiquer le "white saviourism" de l'entraîneuse (dont les motivations reste quand même très vague et c'est honnêtement un peu incredible de la voir débarquer sans connaître l'arabe, mais prête à entraîner une équipe qu'elle n'a jamais connu), la misogynie de plusieurs des gestes, on critique aussi l'héritage colonial encore très présent et qui n'aide pas du tout le peuple afghan.
J'ai bien aimé de voir lier toutes ces discussions à une compétition sportive, mais aussi à l'ouverture que le sport permet très très souvent quand il vient le temps de rassembler des gens parfois à des pôles d'idées, d'idéologie ou d'identités, c'était un beau plus que de raconter ce désir de compétition chez ces jeunes gens avec une entraîneuse.
J'ai détesté la fin toutefois: je ne m'attendais pas à un happy ending, loin de là, mais je ne m'attendais pas non plus à ça :( J'ai l'impression que ça vient juste effacer absolument tout le travail qui est construit depuis le début de par la fermeté définitive de toutes les actions qui suivent.
Ce roman psychologique, nous captive immédiatement de par la singularité du sujet : l’éducation de vie selon le sexe de l’enfant, de rebondissements imprévisibles et de son suspense addictif qui nous tiennent en haleine. De plus, il nous émeut tant par des surprises positives que par de nombreux bouleversements. Ce récit témoigne de la vie de plusieurs familles afghanes nous plongeant dans leur réalité aux antipodes de la culture occidentale. Ainsi, cela m’a permis de prendre conscience et de considérer que des choses habituelles et naturelles pour nous, citoyens, membres d’un pays libre tel que la France où les femmes sont libres et possèdent des droits plus ou moins égalitaires à ceux des hommes, n’est pas le cas partout. En Afghanistan les femmes ne peuvent sortir que vêtues d’une burkha, escortées d’un homme. Cependant, lorsqu’il n’y a pas de garçons la famille est confrontée à des moqueries et des railleries méprisantes, leur ôtant encore plus de liberté, du fait de l’absence d’un homme qui empêche aux femmes de la famille de sortir en étant escortées. Ainsi, une des filles de la famille prénommée Farrukzad n’ayant pas encore atteint sa puberté est transformée de force par ses parents en garçon. On l’appelle une « bacha posh » d’où le titre du livre. Néanmoins, le jour où elle a ses règles sa vie change car elle est considérée comme impure et ne peut rester un garçon. Suite à ce changement brutal, l’aspect psychologique du protagoniste est mis en lumière. Elle doit alors redevenir une femme et abandonner toute la vie qu’elle a construite ces 10 dernières années. C’est alors que commence son combat pour éviter de perdre sa place, les avantages que possède un garçon ou encore le regard important que son père pose sur elle. Aussi, sa plus petite sœur la remplacera en devenant à son tour une « bacha posh » et donc « le garçon de la famille ». Nous percevons ainsi la tristesse, la colère, la haine et la nostalgie d’une ex « bacha posh » qui ne veut pas redevenir une fille ; en parallèle d’une nouvelle « bacha posh » qui ne veut pas devenir un garçon. Moi-même j’ai été bouleversée lorsque sa relation privilégiée avec son père s’arrête brutalement à sa puberté alors que dans notre société les pères portent souvent un regard bienveillant sur leurs filles… Et j’avais bien du mal à imaginer la blessure qu’a pu être la sienne avec le changement radical de son père lié à tous ces interdits. Dès lors, commence son combat pour continuer de goûter à la liberté, à cette sensation de force et de supériorité qu’elle a ressenti en tant que garçon. Une vie complètement différente que celle de s’occuper d’un ménage c’est pourquoi elle dit une citation poignante et marquante qui est d’ailleurs à la quatrième de couverture « Je ne veux pas me morfondre dans mon coin en maudissant le sort. Je n’aime pas ce rôle. Voilà mon identité : lutter. Mon identité, c’est de persévérer non pas d’être un garçon ou une fille. Je suis moi. Et moi, je me bas. » c’est cette force de caractère illustrée par cette citation, qui m’a poussé à vouloir lire ce livre. D’autant plus qu’elle dépeint parfaitement ce combat remarquable que vivent certaines bacha posh. Ainsi, je vous invite à découvrir ce livre merveilleux et incontournable qui témoigne d’une réalité méconnue et bouleversante des jeunes filles afghanes.
C'est étonnant ce que ce petit roman jeunesse de 250 pages peut contenir. C'est un roman addictif, rondement mené, intéressant, exotique, sportif et porté sur la quête identitaire et de genre, sous une plume facile à lire aux pointes poétiques.
D'abord, il s'agit de mon second roman traitant du phénomène "Bacha Posh", le premier étant "Cachée sous mon turban", une biographie, où une jeune fille de 10 ans passe autant d'année dans la peau d'un adolescent puis d'un jeune homme. Dans ce roman-ci, Farrukh/Farrukhzad est travestie plus tôt, à l'âge de 5 ans, jusqu'à ses premières règles, à 15 ans. Et force est de constater que ce phénomène est plus répandu que je le croyais. C'est d'autant plus vrai que plusieurs romans jeunesse portent sur la question.
Donc, côté histoire, nous avons Farrukh, 15 ans, un afghan qui caresse le rêve de faire participer la première équipe d'aviron afghane aux Jeux olympiques. Ce rêve ambitieux n'est pas sans heurts: piètre matériel, pas d'entraineur qualifié ni même de vestiaire. Mais au-delà du matériel, les huit rameurs et Farrukh, leur barreur, sont motivés et unis. Les choses prennent une tournure positive quand une francaise, Maude, accepte de leur confier un "8" ( le bateau) moderne et léger avec les rames en fibre de carbone également plus sophistiquées. Cependant, Maude s'impose comme entraineuse, dans un pays où la femme n'a guère plus de droits que les animaux et où la place de la femme est dans la maison. Ce qui est bien dommage puisque, visiblement, elle sait de quoi elle parle. Néanmoins, Farrukh affronte bientôt un évènement qui lui retire à la fois ses rêves et sa liberté: Il devient une femme.
C'est assez difficile et révoltant de voir que dans certains pays, être un femme relève pratiquement de l’handicape, voir de la punition. du jour au lendemain, pour une simple histoire de saignements, Farrukh n'a plus le droit d'être scolarisé, de se promener seul dans les rues, ne peut plus exposer sa tête et son corps aux hommes et ne peut plus faire de l'aviron. de quoi rendre fou. Pourtant, après une brève période de révolte, Farrukh/Farrukhzad prend conscience que certaines barrières sont purement abstraites, solidifiés par des dogmes religieux archaïques et des mentalités rigides qui se perpétues entre les générations. Elle/Il décide d'agir.
J'ai beaucoup aimé ce personnage entre deux sexes, bien que Farrukh, pour des raisons évidentes, se sente plus "garçon" que fille. Sa détermination est belle à avoir et son esprit intelligent rend également compte d'une bonne capacité d'introspection. Contrairement à ses sœurs, Farrukh a pu vivre librement et jouir d'une éducation en bonne et due forme, ce qui explique en bonne partie pourquoi il est si difficile d'y renoncer ensuite. Farrukh a une conscience du monde très élevé et une curiosité insatiable qu'il nourrit assidument. D'une certaine manière, le condamner au rôle féminin est une sentence de mort pour son esprit.
Un personnage tel que lui/elle illustre l'absurdité absolue du système entre les genres qui a court dans cette partie du monde, puisqu'il démontre tout le potentiel de ces filles, temporairement travesties, qui se perd juste sur la question du sexe. le clivage entre garçons et filles est abyssal et en apparence, insurmontable.
Le phénomène des "Bacha Posh" amène une dimension intéressante sur la question de l'identité et de ce qu'on attend de chaque genre. En créant ces "filles masculinisées", on assiste pratiquement à la naissance d'un troisième genre, qui ne répond pas aux standards des deux autres. Il y a de quoi faire des débats animés et des réflexions profondes ( Avis aux profs!).
Ensuite, ce roman aborde plusieurs thèmes intéressants: l'aviron, un sport assez méconnu de la littérature et que je me suis vraiment plu à découvrir, le rapport de genre au Moyen-Orient, la religion musulmane, la famille et l'homosexualité, légèrement abordé. Je me faisais justement la réflexion quand à Sorhab et ses tendances homosexuelles: quand le monde est si étroitement divisé entres les genres, est-ce vraiment une surprise que les garçons et adolescents développent de l'affection entre eux, sans même parler d'homosexualité? Ils vivent, pour ainsi dire, qu'entre eux et les femmes, s'ils en croisent, sont cachées sous des burkas.
Si le cadre est exotique, on ne s'y perd pas: autrement dit, c'est peut-être une histoire se déroulant en Afghanistan, mais il n'y a pas beaucoup de mots exotiques ou de concepts nouveaux laissés sans explications. On s'y retrouve très bien et c'est formidable de découvrir ce pays surtout connu pour la guerre et le terrorisme. Là, on aborde aussi le pan culturel et social du pays.
La fin m'a semblé abrupte: j'en aurais vraiment souhaité plus! On s'attache très vite à Farrukh et il me semble qu'il/elle aurait pu accomplir encore plus. Je ne peux que me figurer que c'est le cas, faute de plus d'informations. Ceci-dit, c'est une bonne fin, qui illustre que le cri de ralliement de l'équipe d'aviron est carrément un principe de vie pour Farrukh: "La fierté est dans le combat".
En somme, Bacha Posh, c'est l'histoire d'une jeune afghane qui connait son potentiel en tant que *personne* et le récit est le chemin qu'elle a choisi de suivre: celui de la lutte pour sa liberté et son identité. C'est en quelque sorte la genèse d'une battante, sur fond d'espoir chez de jeune afghans de concourir pour l'honneur de leur pays. Un roman très pertinent, à découvrir assurément, qui met en perceptive notre propre société.
Pour les profs: Ce roman ne comporte pas de scène de violence, de sexe ou de propos injurieux. le langage rappelle celui des ados de la France.
Pour un lectorat adolescent, 12-15 ans+
Catégorisation: Roman fiction français, littérature jeunesse adolescente, premier cycle secondaire, 12-15 ans Note: 8/10
J'ai lu ce livre car une de mes élèves afghane a été bacha posh dans son pays. En commençant ce livre, je n'avais pas imaginé à quel point cette pratique était présente dans le pays, un pays et ses coutumes que je connais mal, je l'avoue. L'histoire est vraiment prenante et je me suis mise à la place de ces familles qui font cela parce qu'elles en ont besoin. A la suite de cette lecture, je vais avoir un regard différent envers mon élève dont je comprends maintenant mieux sa pensée et sa vision du monde. En conclusion, je vous conseille de lire ce livre afin de voir qu'au final, on a peu de chose à se plaindre en occident.
On a du étudier ce roman pour notre cours de français. Je l'ai trouvé très intéressant, mais la fin ne m'as pas tellement plue. Ce livre m'a informé d'une tradition que je ne connaissais pas du tout.
Un roman unique qui nous plonge dans les traditions afghanes. Surtout dans la complexité de la situation, vivre comme un garçon est une chance inouïe pour ces jeunes filles, mais quand elles doivent quitter ce monde de luxure en comparaison de la position de la femme afghane, quel drame psychologique§ Cette expérience et à la fois bénéfique et dévastatrice pour l'enfant.Le roman malgré le fait qu'il soit pour adolescents montre très bien ce paradoxe. Une fin ouverte qui me laisse sur ma fin, mais qui fut très enrichissante !
Le roman se dévore, tant on se demande ce que Farrukh va faire. Le poids des traditions l’écrase. Elle cherche son identité. Au final le plus important pour elle n’est pas son sexe, mais bien sa capacité à la liberté. La fin se termine sur sa résistance.
C’est beau, convainquant et émouvant. Un roman à faire lire à tous dès 13 ans.
Une lecture ultra rapide (2h30) qui donne un aperçu de la condition des femmes en Afghanistan, au travers d'une ado "transformée" en garçon. Dommage que l'on ne ressente pas plus la peur d'être découverte et les risques encourus par elle et sa famille.