Si je pense à elle ou prononce son nom, les premières images à surgir sont des clips : c’est elle qui danse, c’est elle à la platine dans le salon-navire, c’est elle à un concert, jamais loin de la scène, ou dans une boîte de nuit, jamais loin des enceintes. Elle danse, la sueur irise sa peau, elle a toujours une mèche de cheveux qui lui barre le front ou se colle à ses tempes, parfois une boucle plus longue descend jusqu’à sa bouche, qu’elle écarte en riant, heureuse comme on peut l’être en dansant sur une musique qu’on aime, qui nous transporte, nous hisse au ciel sur des arcs électriques.
À l’été 1984, le narrateur apprend la mort de sa meilleure amie des suites d’un viol. Ils ont vingt ans, vivent de l’air du temps et, quand ce temps s’interrompt brutalement, c’est le vertige, la révolte, puis un très long silence. Tournant le dos au sordide du crime, indifférent à l’enquête policière qui ravale l’être aimé au seul rang de victime, trois décennies plus tard l’ami devenu écrivain choisit de faire revivre une personnalité fascinante, libre et lumineuse, de sauver sa mémoire faute d’avoir pu lui sauver la vie. C’est le roman d’une amitié et d’un Paris à l’unisson que nous livre Gilles Leroy avec ce portrait d’une jeune femme que l’on aurait aimé connaître.
Gilles Leroy (born in Bagneux, Hauts-de-Seine) is a French writer.[1] He studied at the Lycée Lakanal in Sceaux, which appears in his 1996 novel, Les Maîtres du monde, as the "Lycée Ducasse". His novel Alabama song, won the Prix Goncourt in 2007.
Quel ennui ! Le monde littéraire contient déjà trop de romans où des hommes vieillissants se remémorent de belles jeunes femmes. Quand bien même leur relation ne soit restée qu'amicale. Un peu nombriliste cette histoire. Dommage j'avais tellement aimé Alabama song
L’écriture est belle, certes, mais qu’est-ce que c’est long. J’ai eu l’impression que l’auteur se regardait écrire et oubliait de nous donner envie de partager son chagrin et sa révolte. Je n’étais peut-être pas la cible visée mais n’ai pas adhéré du tout à ses divagations.
Si la quatrième de couverture ne vous donne pas envie de vous jeter sur ce court roman, je vous invite à écouter la chronique de Clara Dupont-Monod sur France Inter, car c’est bien elle qui m’a convaincue de me précipiter chez mon libraire. Et bien m’en a pris, car ce Requiem pour la jeune amie s’emploie effectivement à montrer la femme, l’amie, la fille, derrière cette victime que d’ailleurs le narrateur ne reconnaît pas dans les propos des policiers. Il nous rappelle que, fort heureusement, on ne saurait résumer une vie à l’horreur de ses derniers instants. Au passage, Gilles Leroy (car le narrateur et l’auteur ne font qu’un) ne se contente pas de rendre son humanité et son intégrité à son amie, il nous livre aussi le chouette roman d’une époque, le milieu des années 1980 vu à travers les yeux de deux jeunes gens épris de liberté et en pleine construction. Qu’ils repeignent des appartements, qu’ils assistent à des concerts historiques ou qu’ils dansent avec leurs parents pour Nouvel An, c’est une très belle histoire d’amitié qu’ils écrivent ensemble.
Cela étant, je regrette que l’auteur ne soit pas allé au bout de son parti pris. Car, au final, il nous livre tout de même de nombreux détails sur le meurtre, alors que j’aurais préféré que cela reste en retrait. Bien sûr, c’est important de montrer que la conclusion d’une enquête ne rime pas forcément avec la fin du deuil, bien au contraire, et que la justice, quand par bonheur elle s’applique, n’atténue pas la souffrance de l’absence. Mais j’aurais aimé, je crois, ne m’attarder que sur cette parenthèse insouciante dans l’existence de l’auteur, cette parenthèse dans laquelle la jeune amie est encore en vie…